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Le football selon Saddam

Invité : We Are Football – L'équipe nationale irakienne a été instrumentalisée par le régime de Saddam Hussein avec une rare brutalité. Sans jamais transformer les espoirs (déçus) nés de la participation à la Coupe du monde 1986.
Auteur : Stéphane Mourlane le 26 Juil 2007

 

Présenté dans le #24 des Cahiers, le site We are football est la jolie vitrine d'une association fondée par des historiens universitaires qui ont fait du football un objet d'étude. "We are football association a l'ambition d'explorer la complexité d'un lien ambivalent tissé par le fil de la culture, de la mémoire et de l'histoire". Au menu: une mine d'articles dans les rubriques Dossiers, Matches ou Portraits, mais aussi des ressources précieuses... À explorer avec délectation!
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Si sa fédération est affiliée à la FIFA depuis 1950, l’essor du football irakien sur la scène internationale se confond avec l’histoire du régime mis en place par Saddam Hussein. Les premiers succès dans les compétitions internationales interviennent en effet après que l’homme de Tikrit s’est installé seul au pouvoir en 1979, après avoir tiré les ficelles du coup d’État de 1968 dans l’ombre de Ahmad Hassan Al Bakr. Les victoires aux jeux panarabes (1985), à la coupe du golfe (1979 et 1984) et plus encore à la coupe d’Asie des nations (1982) servent la propagande du dirigeant irakien, dont la doctrine baassiste combine socialisme, panarabisme et nationalisme. De fait, la dictature irakienne fait du football un instrument de mobilisation nationale et de prestige international. En confiant la direction de la fédération à son fils – également président du comité olympique national – Saddam Hussein manifeste clairement cette ambition.

Le frère de Zico et le fils de Saddam
Les victoires de l’Irak au championnat du monde militaire en 1972, 1977 et 1979, bien que significatives pour un régime militariste, ne procure qu’un faible rayonnement international. Après deux échec en 1974 et 1982 et un refus de participation en 1970, afin de protester contre la présence d’Israël, l’objectif est la qualification pour la phase finale de Coupe du monde 1986. Afin de se préparer dans les meilleures conditions, la fédération irakienne choisit de confier l’équipe nationale à un technicien brésilien.
À Jorge Viera succède le frère de Zico, Edu, qui jouit de toute la confiance du fils du dictateur. Or, l’entraîneur brésilien doit quitter ses fonctions à la veille du Mondial pour lequel les Irakiens se sont finalement qualifiés, malgré l’interdiction de jouer à domicile prononcée par la FIFA, en raison de la guerre contre l’Iran. Edu est victime des conflits d’intérêts entre le président de la fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports ; le dernier reprochant au premier d’user de ses relations paternelles pour étendre son pouvoir.

Après une vraie fausse démission, s’estimant "bafoué en public" à la suite de l’éviction d’Edu, son protégé, le fils de Saddam Hussein reprend les rênes de la fédération, avec pour mission de franchir le cap du premier tour de la Coupe du monde. L’enjeu symbolique est de taille: il s’agit de faire mieux que l’ennemi, l’Iran, éliminé au premier tour en 1978. À un moment où la guerre amorcée en septembre 1980 s’enlise, il fait peu de doute que le régime irakien trouve dans le football un exutoire.


Camp retranché et promesses de récompenses
Fort de cet objectif, la sélection irakienne rejoint les vingt-et-une autres équipes, dont deux représentants des pays arabes, le Maroc et l’Algérie, participant à la Coupe du monde au Mexique en juin 1986. Pour y parvenir, les dirigeants font le choix d’un nouvel entraîneur brésilien, Evaristo Macedo, qui a forgé sa réputation à la tête de la Seleçao. Les joueurs sont confinés dans un véritable camp retranché inaccessible à la presse, tandis que promesse leur est faite, comme par le passé à l’occasion des compétitions remportées, de les gratifier de larges récompenses (appartements, voitures) en cas de qualification pour le deuxième tour.
La cinquantaine de supporters présents dans les tribunes du stade de Toleca leur rappelle en outre, en brandissant un énorme portrait de Saddam Hussein, le sens politique de leur engagement sur le terrain. Rien n’y fait cependant: dans le groupe B, l’Irak s’incline à trois reprises face au Mexique (0-1), au Paraguay (0-1) et à la Belgique (1-2). Le but inscrit face aux Diables rouges par Ahmed Amaiesh ne suffit pas à sauver l’honneur. Au lendemain de la Coupe du monde, il est décidé d’écarter certains joueurs et de les remplacer par d’autres "plus dignes de représenter la sélection nationale", selon les termes du président de la fédération.


Bien plus tard, à la chute du régime, l’opinion publique internationale apprendra par le biais de témoignages, que les contre-performances des joueurs étaient sévèrement punies par le fils de Saddam Hussein qui n’hésitait pas à recourir à la torture. Conforme au régime de terreur instauré en Irak entre 1979 et 2003, ces méthodes n’ont pas eu l’effet escompté car l’Irak n’est jamais, depuis 1986, réapparue en phase finale d’une Coupe du monde, mais plus encore elles ont contribué, une fois révélées, à jeter un peu plus l’opprobre sur Saddam Hussein en renforçant son image de dictateur cruel.

Réactions

  • Gentil Ghana le 26/07/2007 à 00h46
    C'est vrai que c'est un aspect de la CdM 1986 que j'avais complètement oublié...

    Juste une remarque factuelle:
    L'équipe d'Irak avait rejoint 23 autres équipes pour la compétition (21 autres qualifiés + Mexique et Italie qualifiés d'office). La FIFA avait alors introduit cette savoureuse formule des 4 meilleurs 3e qualifiés pour le second tour qui signifiait que le 1er tour comptait quasiment pour du beurre pour les "grosses" équipes (la Belgique en avait d'ailleurs bien profité...). Mais je m'égare...

    Merci pour cette piqûre de rappel!


  • Save Our Sport le 26/07/2007 à 09h00
    "Fort de cet objectif, la sélection irakienne rejoint les vingt-et-une autres équipes, dont deux représentants des pays arabes, le Maroc et l’Algérie,"


    "Pays arabes"le Maroc et l'Algérie, mouais.

  • Raspou le 26/07/2007 à 09h27
    C'est quoi ta définition d'un pays arabe, SOS?

  • zouhire le 26/07/2007 à 10h24
    Pays arabe : pays dont la majorité de la population est arabe.

    Exemple : Maroc, Algérie.

    C'est pourtant pas compliqué, SOS.

  • antigone le 26/07/2007 à 10h27
    "Conforme au régime de terreur instauré en Irak entre 1979 et 2003 (...)"

    Ouf, le régime s'est arrêté en 2003.

    Reste la terreur.

    Plus de 50 personnes qui fêtaient la qualification de l'Irak en finale de la Coupe d'Asie sont mortes hier soir dans un double attentat à la voiture piégée.

  • Save Our Sport le 26/07/2007 à 10h56
    Il me semble qu'un pays arabe se trouve en Arabie, et on m'a toujours appris que l'Arabie se trouvait limitée dans le cadre de la péninsule qualifiée ainsi.

    On m'y opposait ainsi le Maghreb s'établissant de la Mauritanie à l'Egypte(avec une réserve quant aux deux extremités), qui en tout état de cause est loin d'être la même chose que l'Arabie sur nombre de points (langue, histoire, culture, politique..) même si évidemment ces territoires ont eté étroitement liées, et disposent d'aspects communs assez nombreux.

  • BigS le 26/07/2007 à 11h03
    Ouh là...

  • salatomatognon le 26/07/2007 à 11h28
    > antigone :
    La terreur est extérieure au régime, maintenant, non? Du moins celle des terroristes, si l'on considère que le gouvernement a partie liée avec un occupant qui en joue aussi.

    D'autre part, l'auteur désigne spécifiquement le "régime de terreur instauré en Irak entre 1979 et 2003", ce qui n'exclut en rien qu'il y en ait eu un autre ensuite.

    Bref, quand tu violentes une mouche, vise mieux!

  • Tricky le 26/07/2007 à 11h54
    Save Our Sport
    Thursday 26 July 2007 - 10h56
    Il me semble qu'un pays arabe se trouve en Arabie, et on m'a toujours appris que l'Arabie se trouvait limitée dans le cadre de la péninsule qualifiée ainsi.
    -------
    Concept mouvant encore une fois, l'Al Alamul Araby, le 'monde arabe' s'etendant de la Mauritanie a Oman, et se definissant par l'unite de langue officielle.

    Pour s'amuser un peu, on peut egalement relever les arabes non arabophones (Indonesie) ou les arabophones non arabes (Maltais, Somaliens, Djiboutiens).

    Mais il existe egalement d'autre entrees (la Ligue Arabe par exemple).

  • antigone le 26/07/2007 à 13h06
    salatomatognon
    Thursday 26 July 2007 - 11h28

    "La terreur est extérieure au régime, maintenant, non? Du moins celle des terroristes, si l'on considère que le gouvernement a partie liée avec un occupant qui en joue aussi."

    ~~~

    Tu as tout as fait raison, salatomatognon.

    La terreur est extérieure au régime, du moins celle des terroristes.

    Et la terreur est intérieure au régime, du moins celle des patrouilles qui massacrent quotidiennement des civils en recherchant les terroristes responsables de la terreur extérieur au régime.

    Pour cette terreur là, tu noteras que les statistiques ne sont pas légion. (Je considère les sources du Réseau Voltaire de Meyssan moyennement fiables.)

    ~~~

    "D'autre part, l'auteur désigne spécifiquement le "régime de terreur instauré en Irak entre 1979 et 2003", ce qui n'exclut en rien qu'il y en ait eu un autre ensuite."

    ~~~

    Ah ben non, ça l'exclut pas. Mais disons qu'en ne le mentionnant pas, ça ne l'implique pas non plus, hein. L'état actuel de l'Irak et sa sanglante perspective ne me donne pas du tout l'impression d'une "fin de régime de la terreur". Voilà. Je réagissais là-dessus. C'est tout.

    Ceci dit, ce n'était pas le sujet de cet l'article, par ailleurs passionnant. Et merci aux CdF de continuer d'éclairer ces pépites du web. Ce site "We are Football" est une mine d'or.

    ~~~

    Bref, quand tu violentes une mouche, vise mieux!

    ~~~

    Ou, quand tu niques La Palisse, t'étonnes pas du retour de bâton sadammite.

La revue des Cahiers du football