Cela fait quelques années que les gens qui le détestent se régalent du spectacle offert par le football. Entre conflits d’intérêts, déclarations peu glorieuses, affaires de corruption en tout genre et violences équitablement partagées entre le terrain et les tribunes, il est devenu presque trop facile de dénoncer ce sport qui n’en est plus un, qui s’est éloigné de ses valeurs et qui sert à illustrer l’ensemble des maux de la société. La Spirale de l’action pour un foot moins équitable est piquante en ses deux extrémités et sert avant tout de thérapie de groupe pour supporters désespérés de voir leur passion sombrer dans un cynisme dévastateur, et l’équité foulée aux pieds, le plus souvent par des édiles qui ne portent même pas de crampons.
Elle est surtout un cri d’alarme, car si il s’agit de donner un maximum de publicité aussi bien aux actions positives qu’aux actions négatives pour sensibiliser à des enjeux qui dépassent de loin le cadre du football, la Spirale est surtout la pour rappeler que, pour l’instant, ce ne sont pas les gentils qui gagnent.

Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...


L'équipe de France "black-black-black" d'Alain Finkielkraut
"Les gens disent que l'équipe nationale française est admirée par tous parce qu'elle est 'black-blanc-beur'. En réalité, l'équipe nationale est aujourd'hui 'black-black-black', ce qui en fait la risée de toute l'Europe". Alain Finkielkraut a regretté la parution de cette phrase, tirée d'une interview pour le journal israélien Haaretz. Paru fin 2005 au moment des émeutes d'après le drame de Clichy-sous-Bois, l’article comprenait des propos plus violents encore, concernant son appréciation "ethnico-religieuse" de la situation. Si la phrase a fait couler beaucoup d'encre, son auteur a voulu se dédouaner en faisant un parallèle avec des commentaires amusés entendu de son père polonais dans sa jeunesse, concernant la proportion de joueurs d'origine étrangère au sein de l'équipe de France. Reste que Thuram a toujours du mal à saisir la nuance et que la qualification par Nicolas Sarkozy de philosophe (sic) "fai[san]t honneur à l'intelligence française" a eu des allures de coup de grâce.
Faiblesse : aujourd'hui, les graffitis du type "Italia 5 – Negri 4, 09/07/06", faisant référence à la finale de la dernière Coupe du monde, ne sont plus l'apanage des toilettes de Cafés des Sports, on en trouve jusque dans celles de lieux biens comme il faut.
Atout : le nettoyage de ces traits d’esprits pourrait constituer un travail d'intérêt général tout à fait raccord pour une personne un peu repentante.


Le milliard et demi d'euros annuels pour la Premier League
Le spectre de la période 1977/84, lors de laquelle l’Angleterre glana sept des huit C1 mises en jeu, plane sur l’Europe. En effet, le contrat signé entre la Premier League et la télévision anglaise pour les saisons à venir laisse augurer de lendemains qui déchantent pour les clubs du continent, et il n’y aura plus guère que le climat britannique pour dissuader les meilleurs joueurs de la planète de rejoindre la perfide Albion (ce qui devrait garantir un certain quota de Brésiliens et d’Argentins incapables de quitter les latitudes les plus tempérées de nos championnats latins). Associé à l’afflux d’investisseurs dans le championnat d’Angleterre, ce contrat garantit au championnat d’Angleterre une suprématie durable sur ses concurrents européens. On va enfin savoir définitivement si, oui ou non, l’argent fait le bonheur du footballeur.
Atout : Max Havelaar ne sponsorise aucune équipe de la Premier League.
Faiblesse : ça fait des années que les clubs anglais sont les plus riches et le seul joueur à y avoir gagné le Ballon d’Or s’appelle Michael Owen.


La non-exclusion du Milan AC des compétitions européennes
Le réquisitoire du procureur Stefano Palazzi jugeait trop légère la peine infligée au Milan AC en première instance: échappant à la relégation, le club de Berlusconi se voyait seulement écarté de la Ligue des champions pour cette saison. Mais la cour d’appel de la Fédération italienne de football a, malgré tout, allégé les sanctions prononcées en permettant au Milan AC de prendre part au troisième tour préliminaire de la compétition… qui mènera le club au titre suprême en fin de saison. Quand Milan est sacré Champion d’Europe, le petit monde du football se montre soudainement amnésique, Silvio Berlusconi mis à part, qui croit bon se fourvoyer en déclarations nauséeuses, tournant la justice en dérision en saluant une victoire aussi vertueuse. La très grande classe internationale.
Atout : on n’est plus à un trophée près remporté par les Italiens, en ce moment…
Faiblesse : on n’aura vraiment touché le fond que lorsque Super Pippo sera désigné Ballon d’Or.


Le quota de blancs en équipe de France de Georges Frêche
Les Montpelliérains sont habitués à la "gouaille méditerranéenne" (en fait: au populisme droitier de bas étage) de leur ex-maire. Les déclarations à l’emporte-pièce du président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon n'en ont pas été moins lamentables: sa "honte" de voir aussi peu de joueurs blancs évoluer en équipe de France a ainsi été très mal accueillie, y compris par les joueurs eux-mêmes, qui n’ont pourtant pas l’habitude de se mouiller quand il s’agit de politique…
Atout : on en connaît d’autres qui ont réussi dans la vie en reprenant les idées de Le Pen à leur compte.
Faiblesse : apparemment, ce n’était pas assez scandaleux pour mériter une exclusion d’office du Parti socialiste.


La victoire de Toulouse à Nantes par 0-0
En accordant les points de la victoire au TFC, alors que les Violets évoluaient à dix, qu’aucun but n’avait été marqué à la Beaujoire, et qu’il restait une poignée de secondes à jouer, la Ligue a fait un chouette cadeau au club du président Sadran. Car au décompte final des points, les deux unités supplémentaires envoient le club disputer le tour préliminaire de la Ligue des champions à la rentrée. Quelle conclusion tirer de cette décision? Toulouse est enfin un grand club, capable d’influer sur les décisions des instances? Nantes est au fond du seau (d’eau)? La ligue fait n’importe quoi?
Atout : ça va permettre à Emana et Elmander de découvrir la C1.
Faiblesse : ça va permettre à Dieuze et Arribagé de découvrir la C1.