Spirale du meilleur moment de la saison
Même les "saisons à la con" ont leurs moments de grâce, de ceux dont on se souvient longtemps et que l'on espère revivre... Nous en avons ramené cinq dans nos filets, le vôtre est-il parmi eux?
le 18 Juin 2007
Lorsqu’on vient de terminer la saison précédente sur une défaite en finale de Coupe du monde, qui plus est aux penalties, on peut être amené à se demander par quelle pulsion masochiste on est devenu passionné de football et quelle lubie autodestructrice a bien pu nous amener à nous porter volontaire pour vivre autant de frustrations.
La Spirale du meilleur moment de la saison répond à cette question: parce qu’à chaque seconde de chaque match, le supporter de foot sait qu’il peut se passer un évènement incroyable, qui le fera se lever de son siège, de son canapé, et dont il parlera à ses enfants avec des vibratos dans la voix en pensant "J’y étais". L’histoire footballistique personnelle de chacun pullule d’ailleurs de ce genre de moments, qui oblitèrent tous les 0-0, tous les matches piteux qu’on s’est forcé à regarder et qui entretiennent l’illusion que le football est avant tout porteur de moments heureux.
Dans une année sans compétition internationale ni exploit retentissant d’un club en Coupe européenne, la Spirale du meilleur moment de la saison vient chercher dans les recoins de l’année footballistique écoulée pour dénicher ces instants de bonheur, qu’ils durent quatre-vingt dix minutes, ou quelques dixièmes de secondes.
Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...
La victoire de la France contre l'Italie (3-1)
Deux mois après le cruel finish berlinois, tous le peuple bleu attendait ce match qualificatif pour l’Euro 2008 comme une revanche… C’est bien de cela qu’il s’est agi, et bien plus encore, cette rencontre s’étant métamorphosée en véritable rendez-vous du beau jeu: cascades de buts dans la première demi-heure, exploits personnels d’un Sidney Govou enfin décisif, Stade de France en quasi-fusion…
Atout : encore six mois de méthode Coué, et on sera tous persuadés qu’on est vraiment champions du monde.
Faiblesse : si ça se trouve, on aura déjà oublié cette rencontre au soir du match retour début septembre.
Manchester United-Milan AC (3-2)
Pour les puristes, il s’agit du plus beau spectacle de la Ligue des champions 2007/2008. Et pourtant la rencontre cumulait les handicaps: il s’agissait d’un match aller, sans club français, et sur TF1 (les matches mythiques, d’habitude, c’est sur Canal+). Oui mais voilà, Kakà, Pirlo, Seedorf d’un côté, Giggs, Christiano Ronaldo et Rooney de l’autre, un stade en ébullition, le but de la victoire inscrit à la dernière minute après un renversement de situation nous ont rappelé, quatre-vingt dix minutes durant, pourquoi on aime le football. Dans vingt ans, c’est le genre de match qui trouvera une place de choix dans la rubrique "C’était mieux avant" des Cahiers du foot.
Atout : Mickaël Silvestre ne pourra pas dire "j’y étais".
Faiblesse : ça reste le match entre les plus riches et les (presque) plus corrupteurs.
Manchester United-AS Rome (7-1)
Le tirage au sort des quarts de finale de la Ligue des champions avait fait regretter aux amoureux du beau jeu que les deux équipes les plus attirantes du plateau dussent se rencontrer si tôt. Ils eurent finalement droit à un véritable bijou de match, le genre de rencontre qu’on n’a l’occasion de voir qu’une dizaine de fois dans sa vie. L’ampleur du score pourrait laisser croire qu’il n’y eut pas de match, c’est au contraire une opposition de très haute volée qui eut lieu à Old Trafford, magnifiée par l’insolente réussite des Mancuniens.
Atout : le score laisse rêveur quand à une éventuelle opposition entre Manchester et l’Olympique lyonnais.
Faiblesse : la dernière fois qu’une équipe a planté sept fois en Ligue des champions, c’était le PSG face à Rosenborg.
Le but de Benzema sur une passe de Nasri
Les Français sont de sacrés veinards. Le but marqué contre l’Autriche au Stade de France, estampillé 100% classe biberon, atteste en effet de l’incomparable vivier de talents que l’Hexagone est capable de produire sans discontinuer depuis des décennies. Certes, la conviction populaire que ces deux-là sont promis à un immense avenir est peut-être irrationnelle, mais la promesse d’une sélection nationale aussi exaltante que ses devancières doit nous faire prendre conscience que nous sommes des privilégiés. Avoir eu la chance de voir évoluer Zidane, Platini, et maintenant ces garçons sous le maillot bleu vaut tous les trophées du monde. Car finalement, hésiterait-on une seule seconde à échanger notre histoire footballistique avec l’Allemagne, trois fois championne du monde, mais dont les internationaux les plus techniques se nomment Olaf Thon et Thomas Hassler, et dont le joueur mythique est un défenseur central?
Atout : la promotion du "futur Zidane" a été efficacement assurée par les médias sportifs.
Faiblesse : cette image pourrait devenir énervante si elle venait à se dérouler sous le maillot de l’Olympique lyonnais après le transfert du Marseillais au mercato.
Le slalom de Bernard Mendy dans la surface de l’AEK Athènes
Saint-Valentin 2007: Paul Le Guen vient à peine d’être intronisé. Tout à son projet de sauver la place du Paris Saint-Germain en L1, il envoie une équipe pour le moins improvisée se faire étriper en Grèce afin d'en finir enfin avec cette encombrante coupe de l’UEFA. Pourtant, les tricards vont subitement retrouver leur mo-jo: non seulement ce PSG ultra-expérimental tient bon en défense mais, en plus, Traoré marque (sur corner d’Hellebuyck!) et, surtout, à la dernière minute, le cultissime Nanard Mendy se fend d’un slalom époustouflant conclu d’un missile du gauche dans la lucarne opposée. Cette année, y a pas de lézard, on le défend à mort pour le Ballon d’Or.
Atout : ça nous donnera l’occasion de lui remettre enfin son Ballon de Plomb.
Faiblesse : cette année, Bernard Mendy ne s’est fait voir que chez les Grecs.