À l’image de du R'n’B dégoulinant qui envahit nos ondes radio, la Spirale de la progression est finalement – mais tardivement – importée des États-Unis où elle naquit en NBA sous le nom de trophée du "Most Improved Player", il y a bien des années.
Spirale ascendante par excellence, elle est susceptible de récompenser aussi bien d’indécrottables bourrins devenus indispensables à leur équipe par un sens du jeu et une finesse découverts par hasard à l’intersaison, que d’authentiques perles ayant éclos au cours de l’année écoulée. L’évidente supériorité de la Spirale de la progression sur un vulgaire trophée du meilleur espoir ou de la révélation de l’année réside dans le fait qu’elle met aux prises des joueurs arrivés à des niveaux d’évolution disparates et qu’elle juge avant tout le travail accompli. Et puis, Olivier Monterrubio a obtenu le trophée du meilleur espoir, ce qui discrédite d’emblée toute récompense s’en rapprochant.

Le football a également ceci de merveilleux qu’un joueur peut briller sur une saison, à la faveur d’un assemblage de paramètres improbables – un coéquipier sympa qui lui passe mieux et plus souvent le ballon, un mariage heureux, un entraîneur un peu plus subtil que les autres –, mais que cette conjonction d’éléments est plus fragile qu’un tibia d’avant-centre. Le lauréat du trophée 2007 pourra donc très bien se retrouver nommé au Ballon de Plomb l’année suivante, à la faveur d’événements contraires qui l’auront fait retomber du haut de son piédestal vers ses anciens travers.La Spirale de la progression, si le pied d’appui est bon, est capable de propulser très haut. Attention, cependant, à l’atterrissage.

Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...



Achille Emana
Achille, il y a quelques saisons, c’était la promesse, pour tous les habitués du stadium, d’une chanson de geste. Celui d’une main qui part au dessus de la tête, haut dans le ciel, aussi haut que les centres du Camerounais dans les virages. Prenant compte de ces prédispositions techniques, Erick Mombaerts puis Élie Baup ont eu l’idée de l’installer là où il n’y a plus de centre à faire: au milieu du terrain. La puissance et la technique d’Emana, en récupérateur, en attaquant de soutien, et même en avant-centre se sont révélées au grand public cette saison. Le Toulousain a inscrit neuf buts – son meilleur total en Ligue 1, dont une praline d’anthologie à Rennes. Sa plus belle réalisation, un coup du foulard face au PSG, a été annulée pour une main imaginaire. On l’a même vu réussir ses centres. Enfin, c’était Elmander à la réception, et plus Fauré.
Atout : avec le crâne rasé et la moustache, il ressemble à Michael Jordan.
Faiblesse : on ne peut plus dire d’un joueur toulousain qu’il est explosif.


Taye Taiwo
Il n’aura fallu que quelques mois. Entre le match cauchemardesque au Vélodrome contre Lyon, au cours duquel le défenseur marseillais fut mis au supplice par un Sydney Govou en forme internationale, et la rencontre de la 34e journée contre Sochaux, Taye Taiwo aura vécu une véritable métamorphose. Le match gagné 4-2 par les Marseillais fut le véritable aboutissement d’une progression fulgurante: le Nigérian eut alternativement l’occasion de museler Ziani, puis de délivrer un caviar dans la course de Ribéry que le Kaiser n’aurait pas renié. C’est le résumé d’une saison qui aura vu le latéral phocéen passer du statut d’athlète mal dégrossi à celui de défenseur de haut niveau.
Atout : dans un championnat où l’arrière latéral de référence se nomme Bernard Mendy, on a toutes les chances de se faire remarquer à ce poste.
Faiblesse : depuis qu’il s’est découvert une technique et un toucher de balle, il est infoutu de marquer un coup franc.


Samir Nasri
Cela semble incongru aujourd’hui, mais souvenons-nous que Samir Nasri a commencé la saison sur le banc d’un OM qui s’en sortait très bien sans lui. Albert Émon attendra la cinquième journée et le déplacement au Parc pour titulariser le jeune espoir du club face au Paris Saint-Germain. Il ne sortira plus de l’équipe type et se métamorphosera même en patron du jeu marseillais lors d’une catastrophique Dubaï Cup hivernale dont il est la seule satisfaction. Depuis, son talent éblouit le Vélodrome et séduit même Raymond Domenech, qui semble résolu à en faire le futur dépositaire du jeu de l’équipe de France.
Atout : une cote de popularité calquée sur sa courbe de progression qui fait de cette récompense une Spirale aussi imperdable que la finale de Saint-Denis.
Faiblesse : à son âge, l’essentiel de sa progression est encore devant lui.


Benoît Cheyrou
Le cadet de la fratrie Cheyrou semble suivre une trajectoire inverse de celle de son aîné. Bien que tous deux révélés au sein du LOSC d’Halilhodzic, Bruno sera allé se brûler les ailes en Angleterre avant d’entamer une lente régression en portant la poisse à des clubs de moins en moins prestigieux, pendant que Benoît progressait patiemment dans le Nord avant de devenir le joueur clef du dispositif de Jean Fernandez à Auxerre. Le chassé croisé familial pourrait d’ailleurs bien trouver une confirmation aussi concrète qu’ironique: alors que Bruno se sera vu refuser une place sur le podium à la dernière minute du championnat, Benoît pourrait bien s’inviter en Ligue des champions à la faveur d’un transfert mérité à l’OM… club dans lequel son frère fit un passage particulièrement discret.
Atout : passer une saison complète à côté de Benoît Pedretti est l’assurance d’une valorisation extrême aux yeux des observateurs.
Faiblesse : il est aussi sexy qu’un arrière latéral slovène.


Bafetimbi Gomis
Bien sûr, une rumeur flatteuse le précédait et Jean-Marc Furlan, lors du prêt du joueur à Troyes – alors en L2 –, n'avait pas lésiné sur les éloges. Pour autant, Bafetimbi Gomis n'était qu'un remplaçant en début de saison et sa titularisation à la pointe de l'attaque verte, après le départ de Piquionne, un simple expédient. Souvent maladroit au cours de l'exercice précédent après ses nombreuses entrées en jeu, le garçon (vingt-et-un ans) a fait preuve d'un surprenant réalisme en accédant aux responsabilités: dix buts pour seulement huit titularisations, dont neuf de la 21e à la 31e journée.
Il ne put rien contre la syncope stéphanoise en fin de saison, mais montra bien plus qu'un simple talent d'opportuniste: puissant et habile à s'extirper des défenses, il dispose d'une frappe puissante et précise qui peut jaillir de ses deux pieds. À en juger par l'afflux de recruteurs à Geoffroy-Guichard, l'attaquant stéphanois n'a pas tapé que dans l'œil de ceux qui l'ont élu joueur du mois en janvier.
Atout : en plus, il a l'air sympa et intelligent.
Faiblesse : même Piquionne a réussi à être bon avec Feindouno et Ilan derrière lui.