Les comédiens

Autant les films qui durent plus de deux heures, je trouve que c'est souvent vite chiant, autant ce feuilleton de plus de trois mois était une pure merveille de scénario, une histoire rocambolesque. Et quelle mise en scène! Mon dieu mais quelle mise en scène! Et que dire des comédiens? Mon dieu, ces comédiens, mais on n'en fait plus des comme ça des acteurs de nos jours. Ils étaient si justes, toujours sur le bon ton, le bon rythme, toujours dans l'action, en un mot brillants, parfaits. C'est bien simple, on aurait dit que cette histoire, ils la vivaient pour de vrai.
Souvenez-vous de ce Pape qui jouait le sage au début du film, qui nous expliquait empli de certitude qu'il n'y avait rien, que le murmure, le bruissement, la rumeur naissante d'une vente étaient de la pure affabulation. Quant on pense à tout ce qui s'est passé ensuite...Mon Diouf, comme dirait l'autre! Il m'a bluffé!
Et le nerveux au crâne rasé, si à l'aise dans ses joggings Adidas et à la mine toujours un peu contrite dès qu'il enfile un costard... Quelle performance il nous a offerte, dans cette fameuse scène de jalousie à Dubaï. Lorsqu'il prend à parti le Suédois grisonnant alors que celui-ci tente de faire les yeux doux aux plus précieux de ses petits protégés. Une merveille de séquence. On aurait dit qu'il avait en lui la "You talking to me" attitude. C'est bien simple, Bob De Niro n'aurait pas fait mieux, foi de fan.
Kachkarisme
Mais alors le chef-d'œuvre, la perle rare, l'instant magique, le moment de grâce, c'est quand même cet acteur oriento-canadien qui nous la fait vivre. Le fameux épisode du match de Coupe de France face au leader du championnat! Un régal! Un must! D'aucuns, je me souviens, ont vu en cet homme un cousin plus ou moins germain d'Enrico Macias. Sans faire injure à l'enfant de tout pays, le Jack, c'est quand même autre chose que le troubadour africain. Point d'instrument pour exprimer son talent. Pas même besoin d'user de la voix. Seule sa prestance, son bagou, son aura... Comment dire? Seul son kachkarisme, en quelque sorte, lui a permis ce soir-là de conquérir plus de 60.000 personnes massées dans le stade Vélodrome. Et quelle classe dans sa façon de brandir l'écharpe de supporteur. Et que dire de la scène des vestiaires? Mon dieu, la scène des vestiaires! Cul-ti-ssime.

Et au milieu de tout ce cirque, imperturbable face aux événements et tentant de maintenir la boutique dans un état correct, déambulait ce pauvre Bébert, avec sa gouaille, sa bonhomie, sa joie de vivre, j'ai presque envie de dire son air ravi. Essayant chaque semaine de nous remettre les pieds sur terre en nous affirmant que tout ceci était bel et bien du sport et non pas une comédie de boulevard. Il le jouait à fond, son rôle d'entraîneur, l'Albert.
Enfin bon, ça a jamais vraiment volé très haut, c'était parfois un peu fait de bric et de broc, à l'image d'une mauvaise sitcom, mais franchement, je me suis laissé prendre comme un con. J'ai pas décroché du début jusqu'à la fin. Ah non vraiment, y'a rien à dire, Plus Belle la Vente, ça restera à jamais mon feuilleton préféré! On en redemanderait presque.