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Platini : « Je ferai tout pour défendre ce jeu »

En décembre 2003, Michel Platini accordait aux Cahiers du football, dans leur numéro 2, un long interview…

Auteur : Propos recueillis par Etienne Labrunie et Jérôme Latta le 24 Jan 2007

 


Vous menez désormais une carrière «politique» dans les instances du football. Est-ce une vocation ou les circonstances qui vous y ont amené ?
Ce sont les circonstances. Le destin a fait que j’ai co-présidé l’organisation de la Coupe du monde 98 et que par ce biais j’ai fréquenté les institutions. Sepp Blatter m’a demandé d’être à ses côtés à titre de conseiller. Par la suite, je me suis rendu compte que la légitimité passait par une élection. J’ai été élu et me suis donc engagé dans une voie qui me convient. Je pourrais peut-être gagner des milliards comme entraîneur, mais j’ai choisi d’essayer de faire passer mes idées, mes convictions.

Justement, quelles sont-elles ?
Mon idée de base est que le football est un jeu. Je fais et ferai tout pour défendre ce jeu qui est souvent bafoué par les marchands du temple. Je suis pour qu’il y ait du business dans le foot, pour que la popularité du foot génère du business, pour que les Cahiers du football gagnent bien leur vie, mais à la condition qu’on préserve le jeu.

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Un jeu dont on s’éloigne de plus en plus…
Tout a été fait pour le dénaturer. La Commission européenne, les grands clubs, la bourse... Aujourd’hui un gamin ne dit pas qu’il veut jouer au foot, il dit qu’il veut être footballeur professionnel. Je ne veux pas paraître archaïque, mais le foot a des valeurs qui font que nous l'avons tous aimé, qui ne répondaient pas à une logique économique. Les quarante milliards de gens qui regardent la Coupe du monde regardent le jeu. Je ne suis pas sûr que dans vingt ans il y en aura autant, parce que le foot ne sera peut-être plus qu’une grande affaire de business.

Ce sont des convictions que l’on peut défendre à la FIFA ou l’UEFA ?
Si vous êtes le patron, vous pouvez.

Justement, lors de votre élection au Comité exécutif de l’UEFA en avril 2002, vous avez déclaré que votre ambition était de devenir président de l’UEFA. Qu’en est-il maintenant ?
C’est vrai que j’avais l’intention de me présenter, Lennart Johansson avait décidé de se retirer et il n'y avait pas de candidat. Je n’étais peut-être pas assez bon ou trop jeune pour être président, mais la logique voudrait qu’effectivement je postule un jour à ce poste.

Un ancien joueur président de l’UEFA c’est donc concevable ?
Ça emmerderait beaucoup de monde. L’arrivée des joueurs dans les institutions, c’est récent, je crois que je suis le premier. Si j’ai envie de faire passer mes idées, c’est là que ça se joue, pas à la FFF.

En disant que le foot est menacé par les « marchands du temple », vous n'êtes pas forcément bien reçu ?
Non, peut-être… Je suis d’accord pour qu’il y ait des marchands du temple, il y en a toujours eu, mais la dérégulation actuelle, c'est n'importe quoi.


« Qui permet à vos gosses de jouer au foot aujourd’hui ? La fédération, pas le G14 »


La FIFA et l’UEFA doivent aujourd’hui compter avec le lobbying du G14. Le dialogue est-il possible ?
C’est sûr le G14 est très présent dans les médias, en tout cas plus que le E22, le groupement des clubs les plus pauvres. Je pense qu'il serait logique que les instances parlent avec le G14, mais sans lui reconnaître une légitimité particulière, sans lui donner une place dans les institutions. Ce n’est pas parce que ces clubs sont les plus riches qu’ils ont vocation à représenter l’ensemble des clubs. Ce sont peut-être aussi les quatorze clubs les plus endettés…

Le G14 semble néanmoins imposer petit à petit ses règles, notamment dans l’organisation des compétitions…
Mais que veulent-ils de plus ? Ils critiquent l'UEFA, qui leur a pourtant concédé une Ligue des champions qui leur permet de gagner plus d'argent et de recruter les meilleurs joueurs. Mais comme ils sont sur-endettés, que les salaires ont augmenté, ils sont pris à la gorge et ils ont toujours besoin de plus d'argent…Karl-Heinz Rumenigge, une fois qu'il a réglé ses problèmes de droits de télévision, il va demander un peu plus d'argent à l'UEFA ou à la FIFA.

La demande des clubs d'être indemnisés pour leurs internationaux qui vont en sélection vous semble-t-elle légitime ?
Absolument pas ! Ils doivent s'adresser aux associations nationales auxquelles la FIFA et à l’UEFA redistribuent l'argent. S'ils ne veulent pas payer pour leurs joueurs internationaux, la solution la plus simple, c’est encore de ne pas les recruter.

Ce bras de fer entre les clubs et les sélections pourrait être décisif…
(il coupe) Non, il ne peut pas être décisif. Le jour où les clubs prennent le dessus, il n’y a plus de sélections, plus de fédérations nationales, plus de développement du football. Qui permet à vos gosses de jouer au foot aujourd’hui ? La fédération, pas le G14. Il faut protéger les associations nationales, ce sont elles qui doivent être les patrons du football. Les dirigeants ont le droit de râler… Les Bez, les Rocher, les Tapie ont toujours parlé plus fort que les fédérations, mais les fédérations sont toujours là. Aujourd'hui, Aulas ou Bouchet leur ont succédé. C'est vieux comme le football: ceux qui ont les résultats veulent plus de pouvoir pour avoir plus de résultats, en empêchant les autres d'en avoir. C’est sans fin.

Et la menace de création d’une ligue privée que le G14 agite ?
Je n’y crois pas. Ils prendraient en tout cas de gros risques, dont celui d’être exclus de leurs championnats nationaux et finalement de se couper du public. Et puis, ce serait Berlusconi le président ? Elle serait diffusée par la TV Italienne ? C'est lui qui choisirait les arbitres ? Quand les clubs français termineront 17e, je ne suis pas sûr qu'ils trouveront que c'était une super idée… Il n'est pas là le football ! C'est vrai que je suis content de voir un Juventus-Arsenal, mais le football, c'est aussi ce que nous avons tous connu quand nous étions gosses, ce sont les petits clubs amateurs. On ne peut pas faire deux foot, celui des riches et celui des pauvres. Les uns ont besoin des autres. Il faut fixer les limites et réguler tout cela. 

À propos de régulation, la reconnaissance de « l’exception sportive » européenne n'est-elle pas un dossier prioritaire ?
C’est effectivement celui sur lequel nous nous battons depuis quelques années, c'est une priorité. La FIFA et l’UEFA sont totalement mobilisées sur ce sujet. On a le soutien de douze pays sur quinze, seuls la Finlande, le Danemark et l’Irlande s'y opposent et bloquent le dossier.

Cela doit également passé par l’imposition de règles comme fixer le nombre de joueurs étrangers par équipe (le "6+5" : six joueurs nationaux + cinq étrangers)…
C’est un objectif, mais la Commission européenne est contre. Le football existe depuis plus d'un siècle mais Madame Reding (la Commissaire européenne à l'éducation et à la culture, ndlr) veut en changer les règles. À l’arrêt Bosman se sont ajoutés les arrêts Malaja et l'accord de Cotonou. Demain, on peut avoir onze Slovènes à l'OM, onze Polonais à Paris, onze Marocains à Saint-Étienne... Dans ce cas, pourquoi Marseille ne jouerait pas ses matches en Slovénie ? Je trouve scandaleuse l'idée que les gosses de Paris et de sa région ne puissent pas jouer au PSG, ni les gosses marseillais à l’OM. Il y a des choses qui me dépassent.

Jean-Michel Aulas a évoqué son intention de délocaliser la formation de l'OL en Europe de l'Est ou en Afrique…
Il fait ce qu'il veut. Mais cela sert à quoi qu'il joue à Lyon et qu'il s'appelle d'Olympique lyonnais s'il ne veut plus former des joueurs de la région lyonnaise ? Si je suis lyonnais, je gueule, parce que pour jouer à l'OL, il faudra que j'aille au centre de formation de l'OL en Guinée. Je ne suis pas sûr que l'intérêt d'Aulas ou d'autres dirigeants soit l'intérêt du football. Jean-Michel a fait un superbe boulot et quand on parle avec lui, il est intéressant, mais je ne suis pas d'accord avec lui. En tout respect de l'homme.


« Le football appartient de moins aux joueurs et de plus en plus aux entraîneurs, voire aux présidents »


Vous faites des propositions concernant les règles, l’arbitrage ou le calendrier. Etes-vous entendu ?
Oui, parce qu'on a un président qui aime le football et qui aime les footballeurs. On peut dire ce que l'on veut de Sepp Blatter, mais il s'intéresse à tout cela.

Les calendriers restent surchargés, malgré l'harmonisation internationale à laquelle vous avez travaillé. Que proposez-vous ?
Déjà, j'ai dit que j'étais contre la Coupe des confédérations. Ensuite, je pense qu'il faut réserver les Jeux olympiques aux équipes de jeunes. En revanche, un championnat du monde des clubs, avec douze clubs, tous les deux ans, c'est faisable et c'est légitime. Pas n'importe comment, pas sur invitation, mais avec ceux qui ont gagné les compétitions continentales. La Coupe intercontinentale n'a plus lieu d'être, les clubs d'Afrique ou d'Asie ont le droit de participer. Enfin, la seule grosse difficulté dans l'harmonisation du calendrier reste la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), parce qu'il n'est pas envisageable de la disputer à un autre moment en raison des conditions climatiques.

Vous pensez pouvoir rallier les clubs à un championnat du monde ?
Pour le moment, ils refusent car ils ne voient pas leur intérêt. Mais ils pourront difficilement laisser passer l'opportunité d'être champions du monde, et changeront d'avis en constatant qu'ils pourront gagner beaucoup plus d'argent qu'avec une tournée au mois d'août. Un titre mondial, ça se valorise…

Pensez-vous que l'augmentation du nombre de matches renforce les risques de recours au dopage ?
Les joueurs d'aujourd'hui ne jouent pas plus de matches qu'à mon époque.

Les matches sont plus intenses…
Ils n'ont qu'à faire plus courir le ballon, au lieu de courir (rires). C'est vrai que les matches sont plus intenses aujourd'hui, mais c'est aussi parce que les joueurs sont différents.

Vous aviez regretté en analysant la CM 2002 que le physique prenne le pas sur la technique, le collectif sur l'individuel…
Le football appartient de moins aux joueurs et de plus en plus aux entraîneurs, voire aux présidents. Aujourd'hui, il y a des joueurs qui n'auraient jamais pu jouer il y a vingt ans.

Comment cela ?
Ils auraient fait de l'athlétisme. Certains ne savent même pas faire une passe.

Et vous, vous auriez pu jouer au foot aujourd'hui ?
Oui, je pense, mais je ne sais pas si cela m'aurait plu. Même si le Real, Milan et quelques autres clubs jouent très bien au ballon et s'il y a encore de la place pour les créateurs. Zidane est un très grand meneur de jeu. Le problème c’est que si on le fait jouer sur le côté gauche pour régler un problème de couloir gauche, c'est dommage. Si Zidane avait joué à mon époque, il aurait été libre de jouer où il voulait, parce qu'alors le football appartenait à Zidane. En fait, je pense que le football a toujours le même charme, mais d'une autre façon. Ne me faites pas dire que «c'était mieux avant»: je pense simplement que les choses ont changé.


« Je suis entendu par ceux qui ne cherchent pas à profiter du système à tout prix »


Peut-on préserver le côté technique, artistique du football en changeant les règles ?
Elles ont évolué positivement. Le football aujourd'hui est beaucoup plus athlétique, mais beaucoup moins violent. Il y a aujourd’hui beaucoup moins de blessures, les carrières durent plus longtemps. Cela grâce à une sévérité accrue, comme par exemple le carton rouge pour un tacle par derrière. Il y a eu une époque où il fallait sauter à la corde de la première à dernière minute. Ça n'existe plus grâce aux modifications des règles adoptées dès 1990, qui permettent de beaucoup plus jouer. La Coupe du monde en Italie a été un tournant, car on a constaté que les attaquants ne marquaient plus et que les règles étaient très difficiles à appliquer pour les arbitres.

L’arbitrage est également un sujet qui vous tient à cœur…
C'est un dossier très difficile à gérer. Dans le football, il y a trois problèmes : est-ce que le ballon est entré dans le but ? Est-ce qu'il a penalty ? Est-ce qu'il y a hors-jeu ? Je pense qu'un arbitre de champ et quatre assistants, c'est la solution. Si l'on veut éviter la vidéo, il faut mettre un arbitre derrière les buts. Mais ce sera difficile à faire passer. L'assistant s'occupe du hors-jeu, mais il ne peut pas voir ce qui se passe dans la surface. La preuve en est que l'on ne sait toujours pas s'il y a eu penalty pour l'Allemagne lors de la finale de la Coupe du monde 1990. Un arbitre placé derrière les buts pourrait dire s'il y a penalty ou si le ballon a franchi la ligne. Ce n'est peut-être pas possible à mettre en place pour les championnats, mais qu'on le fasse au moins pour la Coupe du monde, où il y a suffisamment d'arbitres présents.

Il a également été question de deux arbitres de champ ?
Les arbitres l'ont refusé, parce que deux coqs dans le même poulailler, c'est difficile (rires). Cela avait pourtant commencé par leur plaire lors des tests, mais ensuite, il y a probablement eu un problème d'ego.

On ne risque pas de se retrouver un jour avec l'arbitrage vidéo ?
C'est un gros problème, parce que si on met la main dedans, on ne pourra plus s'en sortir. Si on commence par l'appliquer pour un cas de figure, comment la refuser pour tous les autres ? Et est-il nécessaire de la mettre en place pour savoir si le ballon est entré ou pas, alors que ce sont des cas rarissimes ? Au départ, je n'étais pas contre, parce que c'est une certaine forme de justice qui est rendue, dans 90% des cas du moins. Mais en fin de compte, les problèmes que cela poserait sont trop importants. Le football est un jeu, il faut bien accepter ses aléas.

Vous avez évoqué l’idée d'une coupe d’Europe unique à 256 clubs, était-ce un réel projet ou une provocation ?
L’idée était de dénoncer le fait qu’un club champion de son pays ne soit pas représenté en Ligue des champions, que le Real Madrid ne joue plus en Islande, que la Juventus ne joue plus à Malte. Comment développer le football dans ces conditions ? Donc, pour revenir à plus d’équité, en ayant bien réfléchi à la question, sachant qu'on ne peut pas revenir sur les acquis et que la Coupe de l'UEFA est dévaluée, je suis arrivé à une conclusion logique : créer une coupe d’Europe unique à 256 clubs, avec un système de têtes de série, et laisser les clubs gérer leurs droits de télévision.

Qu’en a-t-on pensé à l’UEFA ?
Ils sont entièrement contre ! C'est dommage, car en plus l'UEFA n'aurait à s'occuper que de la gestion des compétitions, et pas des finances des clubs comme aujourd'hui. Si les clubs géraient les droits de télévision de cette coupe d'Europe, ils n'auraient pas à le regretter. Celui qui va vendre à trois cents télévisions les droits d'un quart de finale ou d'une demi-finale, va gagner beaucoup plus d'argent qu'avec la Ligue des champions aujourd'hui… Mais évidemment, il ne faut pas perdre au premier tour !

Pensez-vous être entendu quand vous dites ça ?
Non! (rires). Si, je suis entendu par tous ceux qui ne cherchent pas à profiter du système à tout prix…
 
Finalement, vous militez pour un retour à la logique sportive. N’est-ce pas utopique ? 
C'est ma philosophie. Le jour où il y a trois majorités qui sont contre moi et bien je me retirerai, ce ne sera plus mon football. Mais je me souviens de tous les bénévoles, de mon père qui a passé du temps sur les terrains, à ceux qui ont formé des joueurs qui ont fait le bonheur de tas de clubs, qui donné de la passion, ont amélioré la vie des gens… Je regrette qu'aujourd'hui dans un centre de formation, les gamins ne jouent plus les uns avec les autres mais les uns contre les autres.


« Si on arrive à réguler, ce sera positif pour les clubs français »


L’UEFA semblent décidée à réagir en instaurant la licence européenne, obligeant les clubs à présenter des comptes positifs pour s’aligner dans  les compétions européennes ?
C'est une bonne chose, mais après la licence, il va falloir prendre des sanctions un jour ou l'autre.

Peut-on prendre une sanction contre le Real Madrid par exemple ?
Oui, même si on peut leur dire, vous avez trois ans ou quatre ans pour régulariser. On ne peut pas faire une compétition avec des clubs qui ont des millions de déficit et d'autres qui sont sains... On triche, mais personne ne s'y oppose, on dit «le spectacle est beau»…. Le PSG est obligé de se séparer de Ronaldinho, mais il va au Barça qui a un déficit beaucoup plus important ! Il y a des choses qui ne sont pas tout à fait logiques. Tant mieux pour le Real Madrid et le Barça si on les laisse faire ce qu'ils veulent, mais je pense qu'il y a des limites…

Croyez-vous à une évolution positive ?
Si ça ne tenait qu'à moi, je vous dirais oui.

Il faut attendre que Platini ait le pouvoir à l'UEFA, alors…
Aujourd'hui, c'est l'administration qui a le pouvoir à l'UEFA : dans toutes les commissions, les patrons sont les administratifs. Mais je préfère parler de philosophie du football plutôt qu'évoquer cela, parce que ce n'est pas le moment, et que je ne suis pas sûr que ce que je suis en train de vous dire est très électoraliste (sourire).

Que pensez-vous du niveau du championnat de France ?
Au niveau tactique, physique, intérêt sportif, il est au top. Sur le plan technique, c'est un peu plus difficile. Les joueurs sont bien préparés, les stades sont bien, les arbitres sont pas mal, le contexte est favorable… Mais si les cinquante meilleurs joueurs français ne sont pas là, c'est un problème. Ce sont les individualités qui font le football.

Peut-il y avoir un renouveau pour les clubs français dans un contexte de crise économique en Europe ?
On le voit déjà. Avec la baisse des droits de télévision, des joueurs comme Elber, Morientes, Marlet ou Barthez viennent ou reviennent en France. Si on arrive à réguler, ce sera positif pour les clubs français. Après, s'il y a plus de ventes de maillots et de spectateurs à Manchester qu'à Guingamp, c'est normal que les meilleurs joueurs y aillent.

Vous avez été le premier joueur à partir à l'étranger, aujourd'hui, un jeune joueur rêve d'être professionnel, mais dans un grand club étranger…
(il coupe) Son rêve c'est de gagner de l'argent. Mais peu importe. Qu’il fasse ce qu'il veut après avoir effectué son premier contrat jusqu'à 22 ou 23 ans, c'est normal. Mais ce qui me dérange c'est qu'un joueur puisse signer à l'étranger à seize ans. Si Jean-François Domergue avait vendu directement Sinama-Pongolle et Le Tallec à Liverpool, Le Havre aurait formé des joueurs qui n'auraient jamais joué pour eux.  C’est ce qui s'est passé à Saint-Étienne par exemple. On est dans un système aberrant. Si en 1972, des clubs étaient venus prendre Bathenay ou Rocheteau, on n'aurait jamais eu le grand Saint-Étienne. Aujourd'hui, non seulement les clubs ne peuvent plus acheter, mais ils ne peuvent plus former. Ce n'est pas normal, on est en train de paupériser le football français.

Réactions

  • José-Mickaël le 25/01/2007 à 08h31
    Dans mes bras Michel !

    Eh oui, si peut-être Platini n'a pas d'idées concrètes, comme s'interroge l'article d'à côté ("Faut-il voter Platini ?") du moins il a des convictions. Et c'est la base.

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