Si vous saisissez votre mot de passe PUIS votre e-mail, vous aurez la confirmation que ça n'a aucun effet particulier. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

La Coupe de l'autre côté du monde

Tribune des lecteurs – Comment vivre le Mondial et lui survivre quand il se déroule en pleine nuit? Un expatrié au Japon explique sa méthode mais aussi son système d'évaluation des matches…
Auteur : Jean-Noël Polet, à Osaka le 16 Juin 2006

 

Chers lecteurs des Cahiers en France, à qui j'adresse mes salutations fraternelles, je souhaitais vous faire part de la difficulté, pour un passionné de football normalement constitué, de suivre la Coupe du monde à l'autre bout de la terre. L'édition 2002 nous avait permis de nous moquer de vous qui pestiez derrière votre bureau pendant que nous, Asahi, Sapporo ou Foster à la main, pouvions suivre les rencontres en toute quiétude. Ce Mondial 2006 sonne comme votre revanche et elle constitue pour nous un véritable parcours du combattant…


Des nuits saucissonnées
Sachant que le coup d'envoi du premier match est donné à 22h00 au Japon, celui-ci résonne comme la récompense légitime d'une dure journée de labeur. Il se termine aux environs de minuit. Après douche de rigueur compte tenu de la chaleur et de l'humidité du climat en cette saison (celle-ci peut être prise à la mi-temps), on peut espérer pénétrer dans l'univers des songes vers 0h30 voire un peu plus tard si l'état d'excitation est trop avancé. Aussi, on évite les cafés, les alcools forts qui provoquent le sommeil de manière anticipée mais aussi la bière qui entraîne des remontées d'acide peu élégantes lorsque l'on devra rejoindre l'épouse qui nous attend sagement au lit. Cependant, la bière a la vertu de ne pas endormir mais aussi de pouvoir, tactiquement, éviter l'accomplissement d'un devoir conjugal qui, compte tenu des circonstances, tiendrait de l'exploit de Maradona contre la Belgique en 1986.

Le réveil étant programmé à 7h30, il nous reste sept heures de sommeil. La nuit blanche rend absolument impossible la réalisation de notre travail. Toutefois, si un salarié japonais dort entre cinq et six heures par nuit, nous pouvons raisonnablement nous permettre de regarder un match supplémentaire quitte à transporter les bagages d'Henri Emile le lendemain sous les paupières. Intervient alors le choix cornélien du match à suivre. Le deuxième match se déroule de 1h00 à 3h00 et le troisième de 4h00 à 6h00.
Certes, le critère sportif est important mais il n'est pas toujours déterminant. Par ses dernières minutes intenses autant que par les cris de dépit stridents du commentateur japonais, le match Japon-Austalie avait plus de chances de nous tenir en forme jusqu'à 1h00 pour République tchèque-Etats Unis et, de ce fait, nous faire manquer les premiers pas de l'équipe italienne dans la Coupe du monde.

Il nous faut donc opter entre deux configurations : la première étant la nuit courte mais effectuée d'un trait. On a l'avantage de dormir quatre heures non-stop mais l'on devra accepter de supporter une période d'alcoolémie plus longue qui garantit la gueule de bois et des stigmates physiques lorsque l'impitoyable réveil nous sortira du lit. La seconde étant la nuit la nuit tranchée. En théorie, elle nous permet de dormir un peu plus longtemps (de 0h30 à 4h00 et de 6h00 à 7h30) et réduit notre consommation d'alcool. Prendre une bière après trois heures trente de sommeil équivaut à boire le vinaigre blanc de notre grand-mère au goulot. En réalité, après un Argentine-Côte d'Ivoire, comment peut-on trouver le sommeil alors qu'il fait plein jour et que les camionnettes de livreurs sadiques font vibrer leur moteur diesel sous la fenêtre?


Les symptômes
Les conséquences physiques d'un tel rythme de vie apparaissent après quelques jours. Elles se manifestent par ce que l'on pourrait appeler le "syndrome Edith Cresson" c'est-à-dire un état de fatigue qui nous amène à suivre passivement l'ensemble du troupeau des travailleurs. Il s'exprime par une patience inattendue dans les files d'attentes et les lieux publics toujours bondés, par une capacité à dormir debout dans le métro, par une absence totale de réaction aux remontrances du chef du service japonais (ce dernier préfère le baseball dont la diffusion se termine à 22h00) et, enfin, par une aptitude insoupçonnée à avaler d'un trait les nourritures les plus étranges : le tofu, la soupe de miso, le poisson cru et autres nouilles trempées dans un jus d'apparence suspecte.

Mais les conséquences psychologiques sont sans doute plus graves et déstabilisent les esprit les plus aguerris. Ainsi étions-nous sur une plage de Tahiti, cernés de créatures de rêve lorsqu'une voix nous fit ouvrir l'oeil et découvrir soudainement la vision terrible de Koller les bras levés au ciel après son but. Comment ne pas parler de cette villa avec vue sur le golfe de Saint-Tropez dont nous signions l'acquisition lorsque trois coups de sifflets cruels nous mirent face au regard désespéré de Zewlakow dans la défaite. Le football dans ces nuits sans sommeil apporte aussi des retours en enfance. Par son scénario maintes fois aperçu dans le passé, le match Allemagne-Pologne fleurait bon les parties de Subbuteo endiablées, les figurines Panini et les tartines au Nutella.


Notre contribution
Sachant que nous ne sommes pas en mesure de porter des jugements sur les matchse à la manière des spécialistes qui dorment la nuit et regardent la compétition le jour, nous proposons néanmoins d'apporter notre modeste contribution à la compréhension de notre sport favori de manière singulière et originale. Après une semaine de Coupe du monde, nous réalisons que notre capacité à lutter contre le sommeil dépend de critères sportifs objectifs que nous pourrions appeler l'indice de potentialité morphéique (IPM). Les amateurs de football de la zone Pacifique pourraient, à la manière des magazines, attribuer une note aux deuxièmes et troisièmes rencontres selon leur période d'assoupissement. Un point IPM correspondrait à un cinquième de sommeil durant le match, soit 18 minutes. Par exemple : Angleterre-Paraguay n'est pas loin de la note maximum de 5 IPM.
Voici les notes des rencontres que nous avons vues ou que nous avons essayé de voir.

- Argentine-Côte d'Ivoire : 2 IPM
- Etats-Unis- République Tchèque : 1,5 IPM
- France-Suisse : 4,5 IPM
- Allemagne-Pologne : 3 IPM
Nous attendons la suite de la compétition avec impatience pour décerner le gourdin d'or, c'est-à-dire le prix de la partie la plus assommante et j'invite les lecteurs de la zone Pacifique à attribuer leurs notes sans délai.

Réactions

  • Ashe le 16/06/2006 à 14h44
    Sinon y a le magnétoscope mec !

    De rien ça m'a fait plaisir de t'aider.

  • el magnifico le 16/06/2006 à 15h10
    Excellent article, etant voisin (presque) de l'auteur ici aux Philippines, je compatis et vis a peu pres le meme calvaire. J'ai juste une petite heure de decalage en moins.

    Pour le magneto, ca ne change pas grand chose si tu bosses la journee tu les regardes quand tes matches?

    Tres bonne idee l'indice IPM mais pour moi le FRA-SUI=0, dans un bar avec d'autres Francais, le stress empechait tout assoupissement. Par contre, ITA-GHA, ESP-UKR et SWE-TRI = 2,5 comme quoi la performance des joueurs sur le terrain n'explique pas tout...

  • Cush le 16/06/2006 à 15h18
    Je ne résiste pas au plaisir d'apporter un petit éclairage supplémentaire.
    J'étais moi-même à Kyoto en 2003-2004, ce qui s'est révélé très pratique pour la coupe du monde de Rugby, en Australie, mais beaucoup moins pour l'Euro. Dans ces conditions de visionnage extrêmes, la qualité du match et le résultat de son équipe favorite influent directement sur la récupération (comme dirait tout bon Larqué du commerce: on ressent bien plus la fatigue avec la défaite).
    Bref, l'excitation qui avait suivi France-Angleterre m'avait permis de tenir le coup pendant la journée et d'arborer une bonne bouille réjouie de winner à cernes, vision pénible pour mes camarades britanniques. Par contre, la torpeur de France-Grèce m'avait transformé en droopy sous morphine pour quelques jours (pas de grec dans les environs, heureusement)...

  • betomar le 16/06/2006 à 15h37
    Personnellement j'ai atteint le summum de la torture footballistico-noctambuliste lors de France-Danemark il y a 4 ans: lever à 3 heures du mat pour voir le match. Défaite. Elimination. Humiliations répétées par les collègues brésiliens pendant toute la journée du lendemain.
    Lot de consolation: la lecture de "Nous nous sommes tant aimés" sur les CDF.

  • taivince le 16/06/2006 à 17h11
    Allez je craque aussi et vous fais part de mon cas:
    J'habitais en Europe en 1998, en Asie en 2002, et maintenant je suis à nouveau en Europe.
    Et ça, ça bat tous les magnétoscopes du monde.

  • redondo13 le 16/06/2006 à 17h17
    tu travaille pour la FIFA taivince?

  • jukku_ le 16/06/2006 à 17h34
    Voila un texte tres sympa... je vis ici un peu la meme chose (je vis a Seoul) sauf qu'en plus en Coree, on subit les assauts des journaux qui decrivent en long, large et en travers l'adversaire a descendre dimanche soir (lundi matin) : la France. Ils sont surmotives.

    Sinon j'etais en Coree aussi pour l'Euro 2004, mais en France pour le mondial 2002.

    J'ai un probleme de synchronisation je crois.

  • taivince le 16/06/2006 à 17h37
    Je bosse pas pour la FIFA en fait je m'appelle Zinedine.


    ou alors c'étati just une coïncidence, va falloir penser à déménager en Afrique d'ici peu.

  • Dede Bâilleur le 16/06/2006 à 17h48
    taivince - vendredi 16 juin 2006 - 17h11

    Pareil ! J'etais en Australie en 2002, c'etait quand meme assez bon !! enfin... à part la coupe du monde des Francais, qui plus est entouré d'étudiants étrangers (Allemands, Americains, Hollandais...).
    C'est depuis cette époque la que j'ai appris la retenue AVANT une coupe du monde...


    PS : Pour la prochaine, pas besoin de bouger de l'Europe, l'Afrique du Sud a le meme fuseau.

  • taivince le 16/06/2006 à 17h51
    Ha oui tiens j'y avais même pas pensé. Tant mieux ça va être bien plus simple.
    Tout cela me fait penser à un vieux fil sur le forum: "expats... un pas en avant"

La revue des Cahiers du football