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Afrique : l'exode continental

Extrait du n°19 des Cahiers, octobre 2005. L’association Culture Foot Solidaire lutte contre l’«importation» anarchique des jeunes joueurs africains.
le 6 Fev 2006

 

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Footballeur professionnel récemment retraité, Jean-Claude Mbvoumin a créé l’association Culture Foot Solidaire en 2000, pour venir en aide aux jeunes Africains naufragés du football en France. Autant de jeunes qu’il croisait partout auprès des pelouses de la région parisienne, abandonnés à leur sort, livrés à la précarité et à la clandestinité. Lui-même y a goûté: comptant neuf sélections A avec le Cameroun, il a connu les fins de contrats, les blessures sans assurance, les essais sans suite... Il a cependant pu rebondir à l’Entente Sannois Saint-Gratien (National), où il a mis un terme à sa carrière la saison passée.  Rencontre avec un footballeur militant.


France, terre d’exil
bout_footsol2«Au départ, il s’agissait d’un travail de terrain, pour constater auprès des clubs ou dans les ambassades africaines l’ampleur du problème. Je n’imaginais même pas ce que j’allais voir: une population inconnue vivant dans un monde parallèle, presque tous sans papiers, la plupart mineurs... Des jeunes complètement désespérés». Certains, mis à la porte d’un centre de formation, ne peuvent plus justifier de leur séjour sur le territoire, d’autres sont venus à l’initiative d’intermédiaires ou d’agents de joueurs et n’ont pas trouvé de club dans le délais de leurs trois semaines de visa — ce qui empêche les clubs de les recruter. «Quand les jeunes partent, c’est un investissement que toute leur famille consent, avec beaucoup d’espoirs, et le retour est très difficile, il peut être vécu comme une humiliation». La fédération camerounaise traite 850 demandes de lettres de sortie par an. Un chiffre qui exclut évidemment le secteur informel...


Las de ne gérer que l’aide d’urgence avec des moyens insuffisants, aux frontières de la légalité puisqu’il pouvait s’agir d’aide au séjour illégal, Jean-Claude Mbvoumin décide, avec quelques autres bénévoles, d’agir à la source de cet exode. C’est-à-dire dans les pays d’où sont issus la plupart de ces candidats au rêve. L’objectif est donc de prévenir plutôt que de guérir, d’informer et de préparer les adolescents. «Il s’agit d’aller en Afrique, d’y apporter des compétences, d’informer les gens sur le métier de footballeur professionnel, de les sensibiliser sur les risques. Pas forcément pour dissuader les jeunes de venir en Europe, parce que l’appel est trop fort et qu’ils trouveront toujours des moyens de venir, mais d’abord pour mettre en garde les familles, les entraîneurs, les clubs, les écoles de football».

 

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Informer, accompagner
Le projet phare de Culture Foot Solidaire est la Maison du jeune footballeur, qui a été mise en place cet été à Yaoundé avec le soutien du gouvernement et de la fédération camerounaise. Cette structure est conçue comme un organe d’information, de conseil et de contrôle à la disposition de tous, et notamment des structures de formation locales. Elle a déjà pu mesurer à quel point la demande est forte. «Les familles n’ont aucune information et font confiance au premier venu, elles croient par exemple qu’il faut payer l’intermédiaire, alors que c’est interdit!» Il s’agira aussi d’encadrer les relations avec les clubs français afin de court-circuiter un maximum d’intermédiaires, mais sans jamais exercer des fonctions d’agent. Prévenir, c’est aussi évaluer la capacité des jeunes à franchir le pas en fonction de leur niveau réel et de leur maturité, et leur proposer des alternatives s’ils ne sont pas encore prêts. «Tout le monde se lance dans le football, mais tout le monde ne peut pas réussir. Il faut faire comprendre ça aux parents et, par exemple, suggérer qu’il y a d’autres métiers que joueur: entraîneur, kiné, etc. D’autre part, si les gens avaient une image moins déformée, moins idéalisée de la France, ils hésiteraient à envoyer sans garantie leurs enfants dans de telles aventures».
L’objectif est aussi de préparer les jeunes qui partent et de les suivre une fois en France. «Ils ne savent pas ce qui les attend... Sur le plan culturel, de l’alimentation et du climat par exemple, et même sur le plan sportif: l’intensité de la préparation physique, notamment. Les entraîneurs ne sont pas là pour faire du sentiment, mais on peut regretter qu’il n’y ait pas d’efforts particuliers pour accompagner les jeunes Africains, qui sont à des milliers de kilomètres de leur famille et qui ont une énorme pression sur les épaules. Le but de Foot Solidaire est justement d’être au service du mouvement sportif».

 

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Images de la mission menée à l'été 2005 au Cameroun, avec notamment Jean II Makoun. Photos Culture Foot Solidaire. 

Financer la mission
Aujourd’hui, l’association est à un tournant. Après cinq années de bénévolat acharné, elle doit pérenniser son action. «Nous avons connu des moments très difficiles, mais nous y croyons. Les résultats commencent à se faire sentir et il serait vraiment dommage que tout s’arrête». Foot Solidaire ne pourra en effet mener ses missions sans un soutien tangible des «familles» du football, au-delà du parrainage actif d’Aimé Jacquet et de quelques personnalités. «Nous partons du principe que les dirigeants du football sont des gens responsables. D’ailleurs, tout le monde nous a reçus. Mais il s’agit de passer aux actes. Nous disons: “Donnez-nous un peu de moyens“, nous vous garantissons le droit de contrôle, vous pouvez entrer au comité de pilotage de l’association pour vous assurer de sa transparence. Nous en appelons à la solidarité et à la responsabilité». Dans les prochaines semaines, un partenariat avec l’UNFP (syndicat des joueurs) est en voie de concrétisation, une convention avec l’UNECATEF (syndicat des entraîneurs) permettra d’inciter les entraîneurs français au chômage à passer quelques semaines en Afrique afin d’y former les éducateurs. L’association compte aussi faire appel aux footballeurs professionnels africains pour qu’ils deviennent des ambassadeurs de Foot Solidaire. «Ce sont tous des idoles en Afrique, leur message serait entendu».


L’appel est lancé. Étant donné l’urgence de la situation et la responsabilité des clubs dans cet exode dont ils tirent profit, la moindre des choses serait que le football professionnel — Ligue et Union des clubs professionnels de football en premier lieu — regarde le problème en face et lui consacre des moyens. Ce ne sont pas ceux-ci qui manquent.

>>  Information et soutien : www.footsolidaire.org

Réactions

  • Toni Turek le 06/02/2006 à 18h13
    A propos de l'exil des jeunes Africains dans le foot, cet article des CDF m'a fait penser a un article paru recemment dans Le Monde, qui mentionne aussi l'association Culture Foot Solidaire.

    L'article est dispo sur lien :
    - Partie I : lien
    - Partie II : lien

    Dans cet article, les travaux d'un geographe sont egalement cites :

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    Pour le géographe Raffaele Poli, chercheur au Centre international d'étude du sport (CIES) de l'université de Neuchâtel, en Suisse, et spécialiste des migrations internationales des footballeurs, les joueurs africains sont victimes d'un système purement spéculatif. "Le footballeur africain est une matière première qu'on va chercher dans l'espoir de la qualifier pour la revendre plus cher, explique le chercheur. Pour accroître leur valeur, poursuit-il, on fait d'abord transiter les footballeurs africains par des championnats de troisième (Roumanie, Albanie, Chypre, Malte) puis de seconde zone (Suisse, Belgique ou Pays-Bas) avant de les revendre aux grands clubs professionnels." Le géographe note par exemple que les Ghanéens sont surreprésentés en Roumanie et les Nigérians en Albanie. En 2003, les joueurs africains représentaient 20 % des 5 000 étrangers évoluant dans des clubs professionnels ou semi-professionnels européens. "Au niveau européen, les joueurs sont utilisés comme une main-d'œuvre bon marché et subalterne."
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    Et le miracle europeen se transforme en mirage europeen pour beaucoup...

La revue des Cahiers du football