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Encens unique

France Football ajoute une belle pièce à sa collection de publi-reportages à la gloire des grands hommes du foot français. Cette fois, c'est l'homme de l'année qui en a bénéficié : Jean-Michel Aulas, proche de la canonisation.

Auteur : Jamel Attal le 16 Jan 2006

 

La réussite économique donne tous les droits. Celui, par exemple, de ne plus vivre qu'au milieu des flatteurs. Celui, aussi, d'avoir raison en toute chose, votre sagesse étant considérée comme universelle. Couplée à la réussite sportive, elle donne à Jean-Michel Aulas un droit d'accès illimité à la presse sportive pour y étaler ses idées avec l'assurance de ne pas y être contrarié.

 

Le sens du poil

C'est ainsi que l'homme fort du Rhône a été gratifié d'un remarquable publi-reportage dans le numéro de France Football du 10 janvier, le sourire crispé du nouveau gourou du football hexagonal s'inscrivant en clair-obscur au-dessus d'un titre explicite : "Le patron". Le fond est noir, d'un noir de cirage. Le "dossier" est en réalité une hagiographie menée par le sujet lui-même, puisque sur ses huit pages, seuls l'éditorial et l'introduction ont été écrits par les rédacteurs du journal.

Le reste n'est constitué que de la bonne parole du président, à laquelle s'ajoute une colonne "Tous fans de lui" (sic) pour recueillir des avis dithyrambiques sur l'homme. Était-il donc impossible de recueillir une seule opinion défavorable, ou bien faut-il comprendre que le parti pris éditorial l'interdisait formellement?

 

 

Nous n'aurons bientôt plus besoin de parodier les journalistes sportifs si ceux-ci s'en chargent eux-mêmes avec tant de zèle. Voilà un journal à l'avant-garde de la modernité, qui a résolument abandonné l'idée désuète que son rôle consisterait à apporter un minimum de contradiction ou à s'interdire de présenter une réalité univoque. Non seulement le personnage lui-même fait l'objet d'une admiration sans borne, mais ses prises de position ne suscitent pas la moindre contradiction.

Mieux encore, figurez-vous que selon l'éditorialiste Denis Chaumier qui l'affirme dans un texte d'une minceur confondante Jean-Michel Aulas n'est rien moins que "la voie de la France"! "Personne n'est obligé d'épouser tous ses combats", nous concède cependant le directeur adjoint de la rédaction, histoire peut-être de se souvenir qu'il n'écrit pas dans un journal nord-coréen. JMA peut toutefois dormir tranquille au milieu de la mer huileuse du consensus : France Foot lui fait allégeance dans un exercice d'aplatissement à montrer dans toutes les écoles de journalisme (1).

 

Dans le texte

La servilité du journal semble presque inconsciente (on peut le comprendre, c'est ainsi qu'on la vit le mieux), au point que le dossier s'ouvre sur un titre qui donne au président lyonnais du "Monsieur Aulas". On imagine bien les intervieweurs à la fin de l'entretien, en tenues de majordome, demander à "Monsieur" s'il désire autre chose après toute cette soupe servie, ou s'il estime que ses bottes brillent assez.

La brosse à reluire n'a pas chômé, en effet, avec des questions d'une grande liberté de ton : "N'avez-vous pas un peu moins d'ennemis, du moins déclarés, depuis que vous êtes utile à tout le monde?" "Pouvez-vous aider la collectivité?" "Vous voyez-vous comme un super-syndicaliste du foot?" "N'est-ce pas fatiguant d'être toujours celui qui monte au front?" "La persévérance chez vous n'est-elle pas finalement le secret de votre réussite?"

Dans cette tendance à considérer l'œuvre de JMA comme d'utilité publique (c'est l'angle manifeste de l'interview), nos reporters poussent la candeur jusqu'à lui demander s'il pourrait ambitionner de présider la Ligue ou la Fédération. Outre ce contresens sur sa vocation et ses motivations, soulignons qu'il n'a en outre aucun besoin de présider la Ligue quand celle-ci applique déjà aussi largement son programme. Heureusement, un humour involontaire traverse les propos aulassiens, avec quelques perles comme "La pêche, c'est une grande école d'humilité" (venant juste après "je n'y vais pas assez souvent", ce que l'on pouvait déduire). On rigole toutefois un peu moins quand le porte-voix du G14 glisse au détour d'une réponse : " (...) les clubs, qui sont propriétaires des joueurs". Le mot est lâché et le fond de la pensée révélée : l'employeur est "propriétaire" de son employé. De droit divin?

 

 

Contre-pouvoir, tout contre le pouvoir

Le football est ainsi fait que les puissances en son sein, qu'elles soient médiatiques ou politiques, sont destinées à se flatter les unes les autres. Les acteurs de ce milieu considèrent probablement que le public du football du moins, en l'espèce, le lectorat du bihebdomadaire ne verra pas l'indécence de cette flagornerie , porté à sa plus haute expression par ce n°3118 (qui pratique donc goulûment le 69).

La faute la plus insidieuse de cette hagiographie est justement de ne pas distinguer ce qui relève de la réussite sportive de l'OL incontestable et due à une gestion exemplaire des engagements éminemment politiques de Jean-Michel Aulas. À plus forte raison depuis que l'activité extra-lyonnaise de ce dernier s'est très largement étendue, avec entre autres choses un recours juridique contre la FIFA dans le dossier de la libération des internationaux (voir Fractures impayées).

Or France Football, comme L'Équipe, se montre incapable de simplement mentionner les enjeux, les objectifs et les conséquences potentielles de telles démarches. L'indigence critique de ces deux supports est d'autant moins acceptable qu'ils prétendent régulièrement défendre les intérêts supérieurs du sport, avec une bonne conscience que dément leur passivité...

Le jour où le G14 aura effectivement pris le pouvoir dans le football professionnel avec la complicité au moins passive de tels médias il faudra sérieusement redéfinir ces intérêts. Mais on pourra encore, ce jour venu, compter sur les grandes plumes de la presse sportive pour dresser le portrait radieux de leurs nouveaux maîtres.

 

Arbitrage impartial

Rendons justice à France Football : c'est encore sur le chapitre de l'arbitrage que les questions des journalistes ont le plus approché l'irrévérence. Certes, le journal a commencé, dans cette partie, par féliciter Aulas de s'être présenté devant le Conseil de l'éthique lorsque celui-ci l'a convoqué après ses propos sur les arbitres, "alors que d'autres présidents n'y sont jamais allés".

"Est-ce une façon de respecter tout le monde?", ose même le journaliste qui doit exclure les arbitres du monde civilisé. On apprend donc que les convocations devant le Conseil de l'éthique sont facultatives, et que le fait que JMA y réponde est une belle preuve de respect de l'instance et des arbitres.

On ne saurait mieux mesurer l'inanité de ce conseil fantoche, qui laisse les dirigeants mettre allègrement en cause les arbitres sans les sanctionner (voir "Lynchage en famille" dans le numéro 22 des Cahiers) et dont le président Dominique Rocheteau félicite également Aulas d'avoir honoré... ses deux convocations en trois ans!

Réactions

  • Nasty Nas le 16/01/2006 à 03h43
    ah ben enfin , directement quand j'ai vu ce numéro de France Foot en kiosque , je me suis dis que c'était du pain benni pour vous , ah !!! notre petit Jean Mimi de partout on parle de toi .
    Bon pas forcement en bien , mais l important comme dis Ardisson "que ce soit en bien ou en mal l'important c'est qu'on parle de toi"
    Bon on a les références qu'on merite , après tout je ne suis qu'un lyonnais.

  • Jon-Dahl Tomasson le 16/01/2006 à 09h27
    Tout pareil, je n'ai meme pas osé ouvrir ce numéro de France Foot, à la vue de la une.
    Je constate que le contenu est fidèle à ce à quoi je m'attendais.

    Le dernier chapitre de cet article, Arbitrage Impartial, risque fort de faire bondir certains forumistes du fil lyonnais, chauds partisans du complot anti-ol.

  • El Chibre De Oro le 16/01/2006 à 09h34
    Cela fait une éternité que je ne lis plus France Football mais, celui-là, j'ai eu la chance (?) de le lire dans la salle d'attente de mon médecin.

    Et bien, on ne m'y reprendra plus.

  • Georges DeWilder le 16/01/2006 à 10h02
    Si on avait été le 1er avril, j'aurais cru à un numéro parodique (type "Laberration", "Le Monstre"...) sorti par la rédaction des CdF!
    Et n'oublions pas le passage où JMA rend hommage à son mentor en communication: Guy Roux, qui avait compris longtemps avant les autres l'interêt d'avoir le bras très long et de connaître tous les rouages des différentes institutions qui régissent le monde du football (instances fédérales, professionnelles, internationales, financières, médiatiques, médicales...). Bon, maintenant, c'est plus facile, elles tendent à ne faire plus qu'une!

  • loubet le 16/01/2006 à 11h07
    Ouais , enfin, FF c'est bien le mardi quand on sait qu'il n'y aura rien à lire dans l'Equipe et que ma femme a jeté tous les mags qui traînaient aux chiottes (m^me les CDF, je consulte mon avocat conseiller matrimonial demain). Mais à part les pages sur les ragots de la L1 et L2 où on apprend avec intérêt que Kevin Duchemol vient de signer
    à Valenciennes et que Robert Dutruc a fait son jubilé avec Dugarry et Papin , il n'y a pas grand chose d'autre que du léchage intensif généralisé que le sujet porte sur Platini, Ronnie ou Aulas. Quand à l'édition du vendredi c'est un scandale rapport qualité-poids du papier-prix.

  • luckyluke le 16/01/2006 à 11h56
    Enfin, on aura appris au moins une chose:

    il y a des salles d'attente de médecins avec des journaux récents!!


    (et dire que personne n'en parle!)

  • DixDeDer le 16/01/2006 à 15h03
    moi, ce qui m'étonne, c'est que l'on s'étonne encore que les journaleux servent aussi souvent la soupe aux pseudos puissants de ce bas-monde

  • El mallorquin le 16/01/2006 à 16h16
    C'est vrai que c'est beaucoup plus simple de fermer les yeux ou de s'en accommoder.

  • gurney le 16/01/2006 à 18h05
    Ca donne envie de le lire! et dire que je suis passé a coté :)
    Moi de mon coté, j'aurais plutot tendance a me demander "pourquoi autant de temps?" pour un tel numéro?
    Ce que fait Aulas à la tete de l'ol, c est monstrueux! 4 titres d affilés dans un club qui n'etait plus rien avant sa venue, ca laisse a reflechir.
    Aprés, bien evidemment ce numéro aurait pu servir à fustiger les prises de positions d'aulas sur l'arbitrage, la bourse, etc, mais a quoi servirait les CDF si france foot s'occupait de ce domaine????

  • Zizou Krist le 16/01/2006 à 19h33
    J'ai eu la "chance" de lire cette itw, où JMA nous explique sa stratégie par rapport à l'arbitrage.
    Quand celui-ci est plus que favorable à l'OL (ex Bordeaux), Aulas réagi avec toute sa verve dans les médias en "prétendant l'inverse pour établir une certaine équité dans la communication". Il s'en fout de savoir qui est favorisé par l'arbitrage, l'important est d'occuper le paysage médiatique. Toute ressemblance avec un homme politique existant ou ayant existé est fortuite... Alors coup de vice, ou coup de génie, à chacun de juger...

    De toute façon, l'arbitrage, c'est plus un problème pour lui. Grace au héros, PaceMakerMan : "Gérard est quelqu'un [...] qui connaît le fonctionnement de l'UEFA, qui peut saluer les arbitres en les appelant par leur prénom." Hum, oui, ça aide.

La revue des Cahiers du football