La Gazette : 20e journée
Les gaziers reprennent du service en donnant la vedette au mercato de l'ASM et aux trépidations du PSG. La rédaction en profite aussi pour présenter ses vœux aux vingt clubs de L1, un par un...
Auteur : Le Feuilleton de la L1
le 11 Jan 2006
Il était écrit que l'affrontement entre L'OL et le RCS étirerait le classement, et que ce dernier aggraverait sa différence de buts. L'AJA ne s'en est cependant pas laissé compter en battant les Monégasques et en retrouvant la deuxième place, juste devant un PSG moustachu et vainqueur de Sochaux.
Le LOSC se replace à hauteur de Lens et Bordeaux, auteurs de matches nuls (leur spécialité). Saint-Étienne, Monaco et Marseille, n'ayant pas su tirer avantage de cette reprise, se fondent dans le décor.
En queue de classement, trois défaites plombent les semelles de Metz, Ajaccio et Strasbourg – même si Toulouse, Sochaux et Nantes ont fait en sorte de ne pas accroître l'écart. Du coup, c'est Nice qui reprend de la hauteur pour flotter avec Nancy entre deux eaux, tandis que Le Mans et Rennes recollent au premier groupe.
Les résultats de la journée
Paris SG-Sochaux : 3-1
Lille-Ajaccio : 2-0
Le Mans-Metz : 2-0
Nice-Toulouse : 2-1
Auxerre-Monaco : 2-1
Saint-Étienne-Troyes : 1-1
Marseille-Lens : 1-1
Nancy-Bordeaux : 0-0
Nantes-Rennes : 0-2
Strasbourg-Lyon : 0-4
Vieri à tout prix…
On se demandait qui était cette Gwendoline venue d’Italie en charge de succéder à "notre" Didier parti comme un prince, dégoûté par le manque de moyens d’une "pas grande équipe" qui n’avait que les joueurs qu’elle pouvait. Et puis badaboum… Le mercato arrive et voilà le décevant huitième du championnat, tout juste battu à Auxerre, qui enrôle coup sur coup deux internationaux transalpins en puissance: Marco (qui a inscrit son premier but à Auxerre) et Christiane (c’est la prononciation tendance), surnommé Bobo. L’effet Gwendoline. "C'est un joueur qui faisait partie de la liste soumise à mes dirigeants pour le mercato", commente un brin flambeur l’entraîneur italien.
L’AS Monaco, avec ses sept défaites au compteur en championnat, sa Ligue des champions loupée dès les préliminaires (en même temps qu'une grosse poignée de dollars), ses comptes plombés – comme l’a souligné deux années de suite la DNCG (rétrogradant même le club en L2 en 2003) – et donc ses stars… Celles de l’hiver. De l’Italien grande classe. D’aucuns diront qu’elle dégraisse en même temps (Evra et Maoulida), mais l’immigration italienne est surtout liée à une fiscalité avantageuse. Ainsi, un transfrontalier ne paie pas d’impôt sur le revenu de ses activités monégasques s’il réside au moins six mois et un jour par an en Principauté. Ça se passe comme ça à Monte-Carlo, et dans cette vaste résidence pour millionnaires, on s’arrange comme on peut pour trouver un logement digne. À coup sûr, les deux recrues italiennes ne seront pas dépaysées: elles pourront admirer les noms des plus illustres de leurs concitoyens sur des boîtes aux lettres plaquées or, ou retrouver leurs compatriotes supporters dans les pizzerias locales. On entend d’ici Jean-Michel Aulas…
En attendant, incontestablement, les venues de Di Vaio et Vieri sont deux beaux coups. Chers aussi. Ainsi Vieri, "qui a fait un effort" nous dit-on, ne touchera "que" 4,7 millions d’euros net pour son année et demie de contrat, l’ASM complétant la somme de quelques substantielles primes et intéressements.
Voilà donc Monaco pourvu de l’attaque de l’équipe d’Italie en 2004. Elle pourrait être alignée dès mercredi face à la lanterne rouge, Strasbourg. Reste maintenant à pourvoir Bobo et Vava en ballons. On parle de Camel Baggio…
Impair hâtif
Le PSG de Lacombe a donc remporté son premier match face à Sochaux sur le score de 3 buts à 1. Le nouvel entraîneur parisien l'a échappé belle : si l'on en croit Le Parisien du mercredi 4 janvier, soit quelques heures avant le début de la rencontre, "tout autre résultat [aurait entamé] son crédit", pour ce "match qu'il ne [fallait] pas perdre". A posteriori, on en vient à regretter que les Doubistes n'aient pas infligé une défaite aux Parisiens: il aurait été amusant de voir le quotidien abattre ses foudres sur le coach à moustache après une seule rencontre à la tête de l'équipe de la capitale.
Quoi qu'il en soit, Lacombe peut être satisfait de cette nette victoire face à son ancien club. Elle n'est pourtant pas spécialement riche d'enseignements : même si les Parisiens avaient accusé leur dernière défaite à domicile contre une équipe de milieu de tableau, le PSG 2005-2006 s'est avant tout caractérisé par une belle réussite à domicile face aux "petits". C'est d'ailleurs cette aisance contre les équipes de bas de tableau qui avait valu à la France du foot la première enflammade médiatique sur le "nouveau PSG", après des victoires contre Metz et Toulouse. Il faudra donc attendre un peu, sur ces matches à l'extérieur où Paris peine régulièrement, pour savoir si Guy Lacombe sera capable, ou non, de donner un véritable coup de fouet au PSG.
Paris sans gérant
Avec un peu de mysticisme, on y verrait un clin d’œil du destin adressé à Laurent Fournier, débarqué du banc parisien pendant la trêve hivernale: en 1997, un fax égaré avait incité le PSG à aligner le joueur Fournier, pourtant suspendu, lors du match aller du tour préliminaire contre le Steaua Bucarest, ce qui valut au club de la capitale, vaincu 3-2 sur le terrain, une défaite 3-0 sur tapis vert. Huit ans plus tard, le PSG est passé tout près de commettre une erreur comparable en faisant jouer Cristian Rodriguez contre Sochaux. Alors que le jeune Uruguayen avait passé la semaine dans le groupe des titulaires de Lacombe, à parfaire ses automatismes avec Pauleta et consorts, ce n’est que le jour du match que le PSG fit ses comptes et comprit que l’expiration du prêt de Paulo Cesar (que tout le monde avait parfaitement oublié) portait le nombre de joueurs extra-communautaires enregistrés au club à six. Un de trop. Dernier arrivé, dernier servi, et l’Oignon alla pleurer dans les tribunes…
Si cet imbroglio n’a pas prêté à conséquence — la finalisation du transfert d’Ibisevic (mais si, voyons, l’ex-huitième meilleur buteur du championnat universitaire des États-Unis!) à Dijon ayant, depuis, permis au futur Francescoli de jouer, et briller, en Coupe de France dès le weekend suivant —, il s’inscrit dans une longue litanie de déboires comparables qui ne lassent de surprendre venant d’un club aussi riche et censément bien fourni en avocats, comptables et autres responsables administratifs. Rappelons seulement que, hormis l’affaire Fournier — qui avait, il faut bien l’admettre, offert aux supporters un inoubliable 5-0 au retour —, le PSG a dû se coltiner plusieurs tracas similaires, au premier rang desquels l’affaire Ronaldinho ainsi que l’inactivité forcée de Rodriguez et de son compatriote Bueno, subtilisés cet été au Penarol pour mieux squatter les tribunes du Parc pendant plusieurs mois, faute d’avoir trouvé un arrangement à l’amiable avec le club uruguayen.
Paris a beau incriminer tantôt la Ligue, tantôt la mauvaise foi de clubs sud-américains qui devraient se laisser dépouiller de leurs meilleurs joueurs sans moufter, tantôt un fax défectueux, on se dit que son image sortirait bien écornée de toutes ces péripéties… si elle n’était déjà largement froissée.
Nos vœux pour 2006
Lyon : que Jean-Michel Aulas cède le club à Louis Nicollin afin de rétablir l'équité du championnat.
Auxerre : que Santini prenne Fournier comme adjoint, pour faire un super concours de gros yeux.
Paris SG : que Pierre Blayau se licencie lui-même par inadvertance.
Lens : que Gervais Martel prête charitablement le terrain d'honneur de La Gaillette au LOSC pour que celui-ci y dispute ses matches la saison prochaine.
Lille : que l'équipe nordiste reste à la L1 ce que Calais fut à la Coupe de France 2000.
Bordeaux : que les Girondins finissent quatrièmes, comme au bon vieux temps, pour pas trop dépenser l'argent de l'actionnaire.
Marseille : que le club ne compte aucun nominé au Ballon de Plomb 2006, qu'il défende son titre en Intertoto et que Robert Louis-Dreyfus décide de donner vingt millions d'euros aux Cahiers du foot plutôt que d'acheter un avant-centre moldave.
Monaco : que Vieri ne se blesse pas sur la pelouse de Louis II en butant sur les ossements de Chevanton.
Saint-Étienne : que Jérémie Janot se déguise en Fabien Barthez pour reprendre la place de Coupet en équipe de France.
Rennes : que les médias, après avoir vanté le centre de formation, commencent à parler de "jeu à la rennaise".
Le Mans : que Bologne achète Matsui en juin pour cinquante millions d'euros.
Nancy : que les Lorrains assurent leur maintien avec des joueurs tellement inconnus que personne ne songera à leur piquer.
Nice : que Cyril Rool mette un bon coup de pagaie à Vahirua.
Nantes : que le FCNA ne soit pas le Mirage le plus déficitaire du groupe Dassault.
Troyes : que Blaise Kouassi ne dévore pas un joueur adverse avant la fin de la saison.
Toulouse : que les débats s'enflamment au Stadium quant à la présence en première ligne d'un joueur aussi chétif que Santos.
Sochaux : que Jean-Claude Plessis compose une équipe redoutable, à l'intersaison, en faisant revenir à bas prix tous les joueurs qui ont échoué depuis leur départ du Doubs.
Ajaccio : que Rolland Courbis bénéficie d'une émission spéciale d'une heure et demie pour détailler les 135 excuses expliquant la descente de l'ACA en L2.
Strasbourg : que les Cahiers du foot fassent un numéro spécial Racing avant qu'il ne soit trop tard.
Metz : que Robert Pires reviennent sur ses terres pour expliquer à Grégory Proment qu'il doit muscler son jeu sous peine d'aller au devant de grosses déconvenues.