Un mardi soir sur Marseille (après le match)
le 29 Août 2005
L'arbitre a sifflé la fin. Les neuf joueurs de la Corogne sont rentrés au vestiaire en demandant aux deux autres s'ils leur avaient laissé de l'eau chaude. Pendant qu'ils rentraient dans le tunnel, Nasri faisait des naquenaquenère tout en restant bien à l'abri derrière Andre Louisse des fois que. L'entraîneur de la Corogne était pas content, il a dit qu'à l'OM, on était que des tricheurs, qu'il allait porter réclamation et que ça allait pas se passer comme ça. Franchement, l'entraîneur de la Corogne il exagère. T'imagine, si on devait porter réclamation à chaque défaite. On en verrait plus la fin.
Au fond de la présidentielle, on entendait les commentateurs de M6 qui pleuraient d'émotion en se repassant les ralentis « Oh quel but magnifique, quelle inspiration de génie et quel match absolument prodigieux. C'est un exploit inimaginable auquel on a l'immense privilège d'assister ce soir. On n'a jamais vu ça, c'est éblouissant ! » Je me suis retourné vers eux, j'ai dit « Oh les gars vous en faites un peu trop là, non ? » Ferreri a répondu que eux ils avaient pas la championce ligue ni l'équipe de France, et qu'ils avaient que les matchs de l'OM et de Bordo pour se rattraper. C'est bête à dire mais ça m'a fait de la peine pour eux.
On a frôlé l'incident quand Robert Louis-Dreyfus a voulu descendre sur la pelouse, il s'est fait bloquer par deux stadiers qui voulaient rien savoir. « Mais c'est moi le président du Sporting Club de Marseille ! » Il a crié. Les stadiers ont regardé Robert Louis-Dreyfus, ils ont regardé ses claquettes. Ils ont eu comme un doute. Finalement, il a réussi à passer grâce à un ramasseur de balle qui l'a reconnu. Il a pu venir danser au milieu des joueurs en chantant « On est les champions ! On est les champions ! On est – on est – on est les champions ! » Robert Louis-Dreyfus nous a dit « Maintenant que j'ai gagné la coupe d'europe, c'est fini plus personne pourra critiquer mon palmarès ». Il avait l'air tellement heureux, on n'a pas eu le cœur de lui dire la vérité.
Dans les vestiaires, on a ouvert une bouteille de champomy qu'on se gardait au frais en attendant une occasion à fêter. Depuis le temps, c'était devenu un grand cru millésimé. En levant son verre, Lamouchi a tenu à raconter une de ses anecdotes tirées de son expérience. Personne était très chaud pour l'écouter mais quand Sabri est parti, c'est difficile de l'arrêter. On dirait Higgins dans Magnum. Il a levé les yeux vers le plafond et a dit « Je me rappelle en 1994 avec l'aji auxerre, nous avions à charge d'affronter le Croatia Zagreb au stade de l'Abbé Deschamps après avoir était défaits 3 buts à 1 lors de notre périple en terre adriatique. Forts de ce but inscrit à l'extérieur, Diomède, Martins et moi-même possédions un avantage qui permettait... » Le reste de l'équipe s'est esquivé en catimini sans faire de bruit en marchant à reculons. Sabri a rien remarqué et il a continué à parler tout seul jusqu'à ce que le type de l'entretien vienne nettoyer les vestiaires.