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Roman Dugarry

Pour saluer la retraite de Christophe Dugarry, rien de mieux qu'une biographie subjective, en forme d'éloge à l'un des joueurs les plus controversés du foot français...

Auteur : Frédéric Sanz le 21 Fev 2005

 

 

Nom : Dugarry. Prénom : Christophe. Rarement patronyme footballistique aura déclenché dans le paysage hexagonal autant de réactions passionnées que celui de notre gaillard aux cheveux perpétuellement gominés. Les éructations vindicatives de ses détracteurs ont très souvent répondu aux louanges empreintes de raison et de mesure de ses supporters. Un rapide micro-trottoir nous a permis de recueillir ces témoignages édifiants: "Quelle tête à claques, je traverserais même pas la rue pour lui serrer la main" (Frédéric D.). "L'est nul ce Dugâchis, l'a jamais été foutu de marquer un but !" (Robert R.) "Ah l'assassin !" (Jean-Michel L.). "Oui non euh, il est fort quand même ce mec euh... Il est capable de faire euh avec le pied ce que euh... un autre joueur serait incapable de faire avec... euh... comment il dit déjà Monsieur Platini... euh... le pied!" (Zinedine Z.). "Si j'avais été pote avec Zizou, moi aussi j'aurais été champion du Monde en 98" (Frédéric D. encore). "Duga être indispensable à équipe de France : si lui pas marquer au premier tour, elle pas faire bon parcours dans compétition internationale" (Zorino).


Contraste serait le mot définissant le plus justement notre personnage. Attaquant de classe, attachant et combatif pour les uns, piètre buteur, horripilant et vile pleureuse pour les autres. La Coupe du monde 98 a constitué un résumé parfait de sa carrière: commencée sous les quolibets des medias et du grand public, elle se terminera en émotion incontrôlée dans les bras de son pote Zizou, après que Duga soit passé de la joie revancharde suite à son but inaugural au désarroi face à la blessure musculaire le privant de la majeure partie du tournoi, puis à la déception immense d'avoir raté un face à face avec Taffarel. Occasion qu'il s'était joliment créée avec la complicité de Zidane et qui aurait pu le réconcilier définitivement avec la majorité du public. Mais il était sûrement écrit qu'il ne marquerait pas ce but final et qu'il n'aurait pas droit à une amnistie définitive.
 


Belle gueule et tête à claques

Rien n'aura jamais été facile pour lui, desservi qu'il était par un physique fragile, un caractère loin d'être inoxydable, une belle gueule et des cheveux longs lui attirant plus d'inimitiés qu'autre chose dans les stades. Psychologiquement, l'homme est entier, émotif et parfois irraisonné. Incapable de ne pas répondre aux sifflets et moqueries des différents publics hexagonaux ou des médias. Parfois de fort belle manière, comme en attestent en 1999 sa merveille de lob à Geoffroy-Guichard ou sa tête rageuse au Vélodrome sous les couleurs bordelaises, et bien évidemment son but contre l'Afrique du Sud en 1998. Mais, trop souvent, de façon médiocre avec des interviews à l'emporte-pièce ou des chambrages incontrôlés.


Incapable de réfréner ses pulsions guerrières quand Luccin ou Zidane sont agressés à Bologne ou Saint-Étienne. Incapable de ne pas dire ses quatre vérités au psychorigide Luis Van Gaal après lui avoir adressé une reprise de volée en pleine figure à l'entraînement. L'homme, à tort ou à raison, n'a jamais baissé la tête, tant face à des bœufs de tribune qu'à des vaches sacrées comme Mozer ou Boli au début de sa carrière. Des zones d'ombre planent au-dessus de celle-ci, au moment d'en faire le bilan. Il s'est sorti d'une sombre affaire de dopage à la nandrolone grâce à un vice de procédure, alors qu'il clamait vouloir faire prouver scientifiquement son innocence. Il a récolté de nombreux cartons rouges sur la deuxième partie de sa carrière et n'a pas que des amis parmi les défenseurs qui lui ont été opposés, de Luc Sonor à Frédéric Déhu.
 


Des cahots et des bas

Le gaillard fut par ailleurs trop souvent trahi par un physique fragile, tel un pur-sang apte à réaliser des performances éclatantes au coup par coup, mais incapable de s'inscrire dans la durée d'une épreuve de longue haleine. Sa carrière en club n'aura de ce fait pas été celle que laissait présager son immense talent à ses débuts en D1, à seulement dix-sept ans. Une montée en puissance au début des années 90 à Bordeaux qui en fit l'un des plus sérieux espoirs du football hexagonal... Une longue absence lors de la saison 95-96 due à une déchirure musculaire... Un retour de tout premier ordre face à Milan (et sur la suite de la Coupe de l'UEFA 96)... Une saison mitigée au Milan AC, justement après avoir connu une nouvelle indisponibilité de trois mois (suite à une blessure contractée à l'Euro)... Une demi-saison ratée au Barça, Van Gaal étant convaincu que son poste de prédilection était milieu défensif... Une demi-saison poussive suivie par une autre excellente, puis à nouveau par une demi-saison chaotique à l'OM...


Un retour mi-figue mi-raisin à Bordeaux achevé tristement au mercato 2002-2003 par un désaveu collectif, après avoir, six mois plus tôt, soulevé fièrement une Coupe de la Ligue en tant que capitaine — et avoir subi l'agression du doucereux et sucré Muscat lors d'un Australie-France ayant tant fait jaser... Une demi-saison de feu à Birmingham, puis une nouvelle indisponibilité avant un nouveau départ pour un hypothétique challenge qatariote, avant de tirer sa révérence à trente-deux ans. Cette carrière en club, à l'aune de ce palmarès relativement modeste dans les compétitions nationales (un titre de Champion de D2, un demi-titre de Champion d'Espagne et une Coupe de la Ligue) n'est à coup sûr pas sa plus belle réussite.
 


Ponctuel aux grands rendez-vous

Au contraire, ses performances en Coupe d'Europe et en sélection nationale se révèlent beaucoup plus appréciables. Le joueur a rarement déçu dans les grandes occasions. Artisan majeur de l'épopée bordelaise en 96, il a été de la plupart des combats victorieux de l'équipe de France, de 95 à 2002. Ses performances, lors de certains des matches les plus remarquables de cette grande équipe, furent de tout premier ordre: Roumanie-France 95, France-Afrique du Sud 98, France-Brésil 98 (oui messieurs-dames, qui fait une remontée de balle parfaite de 50 mètres avant le but de Petit?), Angleterre-France 99, France-Espagne 2000 sont autant de monuments à placer dans le Panthéon footballistique national. Ce joueur, relativement inconstant par ailleurs, aura su, grâce à une technique ciselée, un très bon jeu de tête et une grinta rarement démentie, se sublimer à l'occasion de ces sommets et élever son niveau de jeu bien au-delà des capacités de la masse footballistique grouillant sur les terrains hexagonaux.


Que restera-t-il de sa carrière ? En dépit des bons mots des gratte-papier aigris et des beuglements des hordes peuplant les tribunes françaises, tous persuadés de détenir la suprême vérité footballistique, le Christophe Dugarry se plante là, ceint de sa couronne de champion du monde — rêve ultime pour tout footballeur que ce grand enfant a su approcher et faire sien. Bien au-delà des cris d'orfraie de certains consultants hurlant à l'assassinat pour un but "tout fait" et néanmoins raté, restent en mémoire des buts fabuleux, aux premiers rangs desquels ses reprises de volée venues d'ailleurs avec Bordeaux face à Strasbourg et Nantes au début des années 90, et cette frappe sous la barre du grand Milan AC, un soir de mars 1996.


Pour conclure, je ne saurais parler au nom de la majorité. Je me contenterai d'évoquer mes souvenirs anecdotiques relatifs au gaillard. De cette première vision télévisuelle grâce aux caméras de Canal+ lors d'un Marseille-Bordeaux à l'automne 89, avec un cri assourdissant de ma midinette de sœur: "Mais pourquoi ce pitre d'entraîneur fait rentrer celui-là au lieu du mignon Bernard Gimenez? Hein? (...) Rhooo mais il est pas mal le bougre. Comment il s'appelle déjà?" De ce ballon chipé à Bernard Lama lors d'un Bordeaux-PSG, après un vil plagiat de ce dernier du dribble "La Dugarry" présenté en exclusivité dans la tribune technique d'un Onze Mondial du printemps 90. De ma plus grande émotion dans un stade suite au match de feu de Duga face au Milan AC en 96. De mon cri bestial après son but face à l'Afrique du Sud alors que je subissais les invectives de mes camarades suite à sa cagade amenant un coup franc bien placé devant les cages de Barthez. De ma plus grande émotion télévisuelle sportive à la vue de ce mal-aimé pleurant comme un gamin dans les bras de Zizou un soir de juillet 98.


Je peux avouer sans honte que pendant plus de quinze ans, j'ai grandi avec Duga, j'ai souffert avec lui, j'ai exulté avec lui. Pour toutes ces émotions, merci l'artiste.


Christophe Dugarry dans les archives des Cahiers

Portrait des Bleus, mai 2002.
Psychologie du siffleur, août 2000.
Dugarry vers sa rédemption?, juin 2000.
Le chevalier inexistant, septembre 1999.
La facile victoire des antidugarristes primaires, juin 1998.
Tête de Dug', juin 1998.

 

Réactions

  • wedr2 le 21/02/2005 à 04h19
    Deux choses :
    - Fallait-il voir quelqu'un derrière Robert R. ?
    - le 0-2 à Wembley c'était en 2000 et non en 98.

    A part ça je trouve la synthèse assez objective, malgré une omission dans la liste de ses défauts :
    son incapacité à choisir le bon club.

  • benabaraparis le 21/02/2005 à 08h27
    Le 2-0 c'etait en 99, et pas de trace de France-Angleterre en 98...

    Je ne me rappelais même pas qu'il jouait, on ne parle que du duo Zidane-Anelka en tres grande forme ce jour la.

  • benabaraparis le 21/02/2005 à 08h30
    D'apres lien Dugary serait rentré a la mi-temps a la place d'un certain Robert R. qui avait du sortir une performance digne de 2004.

    Dugary fait s'ailleurs la passe pour anelka sur le deuxieme but apres un relai avec Zidane (toujours d'apres lien)

    Plus que quelque minutes pour corriger ca avant que tout le monde arrive au boulot!

  • Bourrinos le 21/02/2005 à 08h40
    Vu que on aimait bien rigoler de Dugarry, Robrt R. doit etre Robert Rires

  • harpagraille le 21/02/2005 à 09h05
    Malgré tout le talent du joueur, le premier souvenir que j'ai de lui est son carton rouge rouge en andorre. Ca résume bien tous les aspects négatifs du personnage.

  • manuFoU le 21/02/2005 à 09h39
    Duga laissera un souvenir (on ne peut plus) contrasté chez les supporters marseillais. ses très bonnes performances de la saison 98-99, son départ au mercato d'hiver 99-2000 alors que le club était dans une situation difficile (et que Pires, dans les même circonstances délétères, avait le courage de rester jusqu'à la fin de la saison), son but au Vel' avec bordeaux suivi d'un chambrage du public qui le sifflait, et enfin ses tentatives l'été dernier pour revenir au club ne peuvent laisser personne indifférent à marseille.

    personnellement, bien qu'ayant mal vécu sa "désertion", je dois avouer que j'ai toujours apprécié dugarry, ses coups d'éclats, ses ratés monumentaux, ses coups de gueule et ses coups de poings (ahh, bologne...). je suis de ceux qui ont poussé un hurlement de joie et de revanche lorsqu'il a marqué contre l'afrique du sud (au Vel'...). je me rappelle aussi son match phénoménal 3 mois plus tard dans le même stade face à montpellier (entré en jeu à la 60ème mn à 0-4, victoire finale 5-4). c'est con à dire, mais il me manque : lui au moins avait de la personnalité, du charisme.

  • thibs le 21/02/2005 à 11h05
    Juste pour signaler : le lien "portrait des bleus" en bas de page ne renvoie pas sur le bon article (ou alors j'ai vraiment rien compris)

    Sinon c'est une tres belle bio.

  • luckyluke le 21/02/2005 à 11h24
    Zorino!!

    Excellent!

  • Ponda le 21/02/2005 à 11h45
    C'est le joueur que j'ai le plus kiffé (comme disent les djeuns). La grande classe.

  • fabest77 le 21/02/2005 à 12h14
    "Roman Dugarry", c'est par rapport à Romain Gary ?

    Sinon ce footballeur m'a toujours semblé trop bête pour être intéressant.

    Parmi ses grands matchs (comme quoi on ne parle pas de carrière mais de matchs épars), son premier en Premier League (avec Birmingham je crois) a été, paraît-il, grandiose.

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