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Bal populiste

Grâce à la ridicule "affaire Fiorèse", tout est prêt pour atteindre des sommets de bêtise dans un remake des folles années de la rivalité Paris-Marseille.
Auteur : Jamel Attal le 9 Sept 2004

 

Dans le football, pour faire jaillir la connerie, il n'est pas besoin de creuser très profond. L'idéal, c'est de gratter un peu la terre à l'endroit où l'on a enterré les restes de la dernière guéguerre. Entre le pathos délirant d'un Halilhodzic qui vomit quand un joueur l'embrouille (et qui le raconte), et la démagogie crasse d'un Anigo qui s'enorgueillit de s'être opposé à Tapie pour mieux rivaliser avec lui dans ce domaine, les remous du transfert de Fiorèse à Marseille réunissent tous les ingrédients d'un cocktail dont les remugles nauséabonds sont bien connus. Les dirigeants parisiens ont perdu une belle occasion de jouer l'indifférence en laissant Fiorèse se décrédibiliser tout seul, ce à quoi ses déclarations sur l'OM, "club de ses rêves" et sur le PSG — "dictature" ou "prison" sans viande au menu ni cellules individuelles —, auraient largement suffi. Faute de quoi, ils ont tendu la perche au joueur et à son nouvel entraîneur, qui n'en finit pas de s'enfoncer dans cette insupportable façon qu'il a de jouer de sa prétendue légitimité de Marseillais pur souche. "Je ne connais pas Paris et les gens qui y vivent (...) Ma seule philosophie c'est celle des quartiers nord. Je suis allé à l'université de Calendat, mais [Halilhodzic] il connaît pas". Il s'est trouvé des gens, parmi les tendeurs de micros, pour ricaner grassement à ces saillies tordantes, qui suivaient ce qu'on prendra inévitablement pour des menaces voilées: "C'est certainement eux seuls qui porteront le poids de toutes les conséquences de PSG-OM ou d'OM-PSG". On dirait un souhait. Anigo reprochant à quiconque son "manque d'intelligence" ou, en l'occurrence, de "mettre le feu aux poudres", c'est l'hôpital plastiquant la charité. Plus prosaïquement, c'est aussi une façon de maquiller un recrutement sans intérêt en événement passionnel. La tentation étant peut-être trop grande, tant les acteurs de ce vaudeville semblaient prêts à s'y vautrer avec délectation, et tant ils sont nombreux à y trouver leur intérêt... Le Parisien sonne la charge à sens unique en accusant Fiorèse de "mensonge" et de "manipulation" et en parlant de "machination Déhu-Anigo". Luis Fernandez, impérial de bouffonnerie, complètement surexcité, profite de sa tribune sur RMC pour jubiler ouvertement et faire l'apologie de Fiorèse, "un garçon très bon" et un joueur fabuleux qui va planter comme Drogba. Ça sent le comptoir malpropre et le règlement de comptes, mais qu'importe, tout le monde est content. Au fond de l'histoire, il n'y a que le transfert banal d'un joueur banal, qui représente assez bien la médiocrité que peuvent atteindre les footballeurs quand ils cherchent à justifier — avec des notions dont ils ignorent tout — l'opportunisme qui préside à leur gestion de carrière. Il a aussi le cynisme de dirigeants qui copinent dans les cénacles du foot-biz, mais qui laissent leurs employés jouer la comédie de la rivalité ancestrale (ancêtres de la période paléolithique) au profit du peuple (qui veut du pain dans la gueule et des jeux de con, c'est bien connu). Car on perçoit surtout l'envie collective de faire renaître, sous ses aspects les plus hideux, la si lucrative rivalité entre l'OM et le PSG. Le bouquin de Pérès et Riolo ("Les meilleurs ennemis" — voir les CdF n°3) avait pourtant bien montré comment elle avait été montée, quasiment de toutes pièces, dans le même but mercantile. Les loufiats de l'histoire aimant resservir toujours les mêmes plats, même frelatés, il ne fallait pas croire que les imbéciles qui truffent le monde du football cherchent à en tirer le moindre enseignement. Ça se paiera peut-être par des blessés sur le terrain, dans les tribunes ou aux abords du stade, mais ça, on s'en fout. Le business de la haine, du régionalisme bas du front et du tacle à la carotide reste un secteur porteur.

Réactions

  • la rédaction le 09/09/2004 à 02h07
    Avertissement : sur ce sujet traditionnellement polémique, les réactions agressives seront plus que jamais prohibées.

  • garavou le 09/09/2004 à 02h29
    Cette etape ne serait elle pas l'etape ultime d'une sorte de copie par Bouchet de la méthode Tapie...

    Avec Fiorese, le duo Anigo/Bouchet obtient SON ravanelli... la copie est presque conforme.... en tout cas vu de l'extérieur du club, j'ai l'impression que ca n'a pas beaucoup changé depuis Tapie... malgré le discours de bouchet qui clame haut et fort qu'il est et qu'il veut faire tout l'inverse de nanard...

    Pour ce qui et de Paris, il ne leur reste plus qu'a essayer de rappatrier Bakayoko pour qu'il aille mettre le but de la victoire a la 90eme minute au vélodrome... et ils auront leur vengeance... ;)

    Enfin pour en revenir au sujet, il parait evident que s'il n'y avait pas la rivalité OM/PSG... ce transfert aurait paru a tout le monde pour le moins saugrenu!

  • JP13 le 09/09/2004 à 08h16
    Tout est dit et en termes que j'approuve absolument. Mais d'un non évenement, on fait une affaire d'état. Celà ne vous rappelle t il rien, dans la récente actualité sociale et politique? Des réactions exacerbées, avant de connaitre la réalité des faits. "Nos" sportifs, "nos" entraineurs, "nos" hommes politiques, sont tellement avide de caméra, de micros, et de stylos! Pour des "voyeurs" qui n'attendent que ça et s'en pourléchent d'avance derrière leur écran, leur radio ou leur feuille de choux. Mais quid de ceux qui tendent les instruments ? Informateurs objectifs? Et de quelle objectivité? Ou vendeurs mercantiles, investissant sur des drames futurs....Je n'ose l'imaginer! Et je n'ai pas de réponse....

  • Bourrinos le 09/09/2004 à 08h33
    De toute facon, au Theatre de la mediocrité, les acteurs surjouent tout le temps leurs rôles.

    Dans le fond, les CdF ont raison de s'offusquer d'une "affaire" (elle aurait du, comme disait l'autre, faire "pschitt" ) lamentable de foot-bizness et de mensonges. Mais tout le monde n'y trouve-t-il pas son compte?
    Oservations en vrac visant a mettre a jour un complot impliquant les plus hautes spheres du foot francais:
    -Paris et Halilodzic veulent mettre sur le compte de Fiorese et de l'ambiance délétere qu'il créait le mauvais debut de saison
    -Fioirèse retrouve son ami fusionnel Dehu (il a été prouvé cliniquement qu'ils n'avaient tout les deux qu'une moitié de cerveau, ce qui soulève la these de siamois separés a la naissance)
    -Anigo laisse eclater sa gouaille partisane et populiste pour remporter une seconde fois le trophée "Bernard Tapie" du Populisme bien maitrisé (voire CdF n°8 je crois)
    -Paganelli pourra ainsi interroger Fiorese sur ce match "bon simplement, je dirais que c'est un match un peu particulier pour vous"
    -Telefoot a pu parler d'autre chose que du triste 0-0 de France-Israel avec "une interview qui va faire du bruit" (dixit Thierry Roland)
    -Les supporters ultras des deux camps y voient une raison magnifique de finir leur derniere baston("Enfoirés, vous nous avez volé Fiorese!" ; "Enfoirés, vous nous avez filé Fiorese!")
    -Thiriez pourra parler d'un OM-Psg "Exeptionnel, magnifique, extraordinaire" (a moins que cela ne concerne Ajaccio-Istres)
    -Fiorese pourra chanter "Aussi libre que moi" ( de Calogero) lors de sa reconversion en chanteur (A l'entrainement, voyant Costa amorcer un tacle, il plonge et se blesse: rupture de ligaments du serre-tete, sur quoi il stoppe sa carrière)

  • JPDarky le 09/09/2004 à 09h08
    "Simulacres et Simulations" de Baudrillard, on est en plein dedans.

    Appliquer certaines fulgurances de ce livre au pathetique brouet de la feinte rivalite OMo-PSGienne peut paraitre un peu exagere, mais ca aide bien quand meme.

    Mais bon, je l'avoue, a l'instar du Pollux et du grand PD, moi-meme, je dois dire, que comme on peut, a la fin d'un dimanche de desoeuvrement, lorsque la deprime post-Drucker vient toquer au carreau, apprecier un pate henaf avec un carre de vigne en slip et birkenstock en se grattant les cuisses alors que le samedi meme on etait en smoking au bal de l'ambassadeur en appreciant voluptueusement un Pommard en humant un cuissot de biche du Liban a la truffe du Perigord, he bien j'avoue que j'aime ces rivalites fausses ou entretenues, en tous les cas toujours particulierement pueriles, qui font que le foot n'est pas juste une somme de resultats empiles sur le teletexte. [evidemment, je vous arrete tout de suite les comissaires de la bienseance bienpensante, pas quand ca amene des faibles d'esprit a provoquer des blessures, mort, racisme und so weiter].

    Blourg.

    JPDarky

  • Tom York le 09/09/2004 à 09h17
    Je suis tout à fait d'accord avec cet article. Le foot n'a rien à y gagner et j'appréhende déjà le prochain affrontement Marseille Paris. Même si tous les acteurs de cette sinistre farce sont ridicules, mention spéciale à Anigo qui dans le genre populo-poujadisme fait plus fort que bien des politiques se revendiquant du "terrain". A quand un "La terre du Vél, elle ne ment pas"?

  • Dave O'Brien le 09/09/2004 à 10h34
    Vahid triste lire ça. Vahid avoir estomac fragile, Vahid très sensible. Si Vahid choqué, Vahid tout dégobiller. D'ailleurs Vahid rendre dans vestiaire après chaque match cette saison quand voir jeu parisien.

    D'ailleurs Vahid pas seul à déposer gerbe. Pourquoi vous croire JP Darky écrire toujours "Blourg" quand lui parler jeu alsacien ?

  • JPDarky le 09/09/2004 à 10h40
    Dave, tu es fourbe. C'est moche ce que tu fais la.

    Je vois que le blourg provoque des intepretations fort disparates (cf. l'excellent ACA-mirror), c'est pourtant simple.

    Blaourg. [subtile nuance].

    JPDarky

  • thibs le 09/09/2004 à 10h50
    Il s'agit en fait d'un complot de Otorhinolaryngologistes.
    En effet, lors du prochain PSG-OM, les supp parisiens devront siffler pendant tout le match à chaque fois que Dehu ou Fiorese toucheront le ballon. D'ou : inflamation des levres et de la langue. Une aubaine financière pour les spécialistes.

  • antigone le 09/09/2004 à 10h56
    OK Sombre Jean-Pierre pour le kif de la rivalité. Mais qu'elle soit bien jouée, que diantre.

    Là, c'est Jean-Pierre 'Bounigo' Castaldi répliquant à Georges 'Grahid' Descrières dans du Eugène 'Thiriez' Labiche.

    Le premier a la gouaille grasse, on le sait. Sa grossièreté n'a d'égal que son peu de talent. Son poujadisme est sa seule arme, et il en use, il en use... Mais ça remplit les salles, non ?

    Le deuxième est un dramatique acteur dramatique. Ses "j'ai vomi" et "qu'il aille travailler à la chaîne" pourraient être drôles s'il n'y ajoutait un cabotinage ridicule. Sa bouche en cul de poule lui donne mauvaise haleine. Et il aurait tout à gagner à la garder fermée.

    Pire que tout, le troisième se frotte les mains en se frisant les moustaches, ce qui n'est point aisé. Le jour où il s'apercevra qu'il y a écrit "Pandore" sur le tiroir-caisse, il sera trop tard.

    Bien entendu, cette comedia pas du tout dell' arte n'aura pas de happy end. Et c'est Monaco ou Lyon qui aura le César.

    Une tragédie, je te dis.

    PS: Je n'ai pas mentionné Fabrice 'Christophe Lambert' Fiorèse, car sa présence n'est finalement qu'anecdotique. Et puis l'amant passe généralement son temps dans le placard. Histoire de s'y habituer, car il y vivra bientôt.

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