Très cher Monsieur Simonet, À la suite d’informations diffusées dans la presse, il me revient que vous cherchez une personne pour le poste de sélectionneur de l’Equipe de France. Compte tenu des qualités qui sont les miennes, j’ai le plaisir de vous soumettre ma candidature qui, j’en suis sûr, attirera votre attention. Inutile de revenir sur mon passé professionnel, mon CV, à ce sujet, est suffisamment éloquent. Passons donc, si vous le voulez bien à mes exploits footbalistiques : j’ai été le gardien de la mythique équipe d’histoire qui arriva en demi-finale du tournoi des facs de Namur en 1995, n’abdiquant que devant les crapuleux informaticiens. En 2001, j’ai été le meilleur passeur du tournoi de sixte de Genval, ce qui en dit long sur mon pied droit. Tout ceci vous renseignera sur ma connaissance du jeu, d’autant plus que je peux vous le dire, je passe la majorité de mes heures de bureau à consulter des sites spécialisés (j’ai même versé cinq euros à La bande à Lilian). Ceci étant dit, Monsieur Simonet, ma plus grande qualité pour occuper ce poste est sans doute ma nationalité. Eh oui, comme vous l’aurez remarqué, je suis belge. Connaisseur du football comme vous l’êtes, vous n’êtes pas sans ignorer tout ce que mon pays a fait pour votre football: la méthode Goethals pour acheter un match, la part prépondérante d’Eric Deflandre dans le triplé lyonnais… Et il a suffi que Van Buyten quitte l’OM pour qu’on y installe ce pitre de José Anigo. Fort bien, me direz vous, mais pourquoi prendre un Belge à la tête de l’Equipe de France? Trois raisons s’imposent. Tout d’abord, l’humilité. Permettez-moi de vous le dire, vos joueurs ont le melon. Entre Grégory Coupet qui se prend pour un expert en team-building, Zinédine Zidane qui participe à des défilés de mode et Lilian Thuram, le Martin Luther King du pauvre, il y a du ménage à faire. Je propose d’ores et déjà de remplacer leur tenue officielle par des sous-pulls en lycra verts bouteille, bleu marine, bordeaux ou marron. Croyez-moi, le ciel si bas qu’un canal s’est pendu, ça va les changer du gai Paris. Ensuite, l’esprit d’entreprise. Le centre de Clairefontaine existe et je dis bravo, mais avez-vous songé au coût pharaonique d’un tel complexe alors qu’à quelques centaines de kilomètres, des enfants du soleil peuvent vous construire les mêmes infrastructures et vous fournir des tribus de joueurs reconnaissants pour une bouchée de pain? Appuyons-nous sur les anciennes colonies avant que les Qataris ne le fassent à notre place. Enfin, l’autodérision. C’est une qualité dont les Belges sont très fiers. Mettons fin à la lignée des coaches constipés et imbus d’eux-mêmes. Il suffira d’un bon mot ou d’un "alleï, une fois" pour me mettre en poche un parterre de journalistes, d’autant plus que je compte lancer une grande opération de dessous de table vis-à-vis des gratte-papier de L'Équipe et du Parisien. J’ajoute que j’ai déjà été introduit auprès du célèbre Jamel Attal, ce qui écarte toute attaque de la part de la presse crypto-marxiste. Vous le voyez, je suis sans aucun doute l’homme qu’il vous faut. N’hésitez pas à me recontacter. Si vous voulez, on se fait une bouffe, ma femme a une délicieuse recette de carbonnades à la gueuze. Bien à vous, Numéro 14