À qui le tour ?
> Tribune des lecteurs - Le "syndrome Denoueix" frappe généralement les entraîneurs en année 2 et leur fait payer l'excès de bons résultats.
Auteur : Delfarilie
le 15 Juin 2004
Halilhodzic? Bazdarevic? Logiquement, ce seront les deux entraîneurs les plus menacés la saison prochaine. Non pas en raison de leur origine (Guy Roux s’est un peu calmé sur ce sujet). Mais à cause de leurs résultats. En effet, une tendance consiste à faire payer à un coach ses trop bonnes performances. On pourrait appeler cela une "Denoueix" tellement l’ancien entraîneur nantais en a fait sa spécialité. Reprenons sa carrière d’entraîneur… Il débute avec l’équipe première de Nantes, qu’il mène au titre. Pas de star dans l’effectif, mais un jeune gardien talentueux (qui ne tirait pas encore les penalties), un passeur aussi chétif qu’efficace (qui ne meublait pas encore le banc de touche) et un pagayeur déchaîné (revenu sur la terre ferme depuis). Et tout le monde s’égosillait sur le retour du "jeu à la nantaise", ce cliché immortel. Ah, le bel esprit! Bon, quelques mois plus tard, les choses étaient bien différentes. On se posait moins de questions pour se débarrasser de l’entraîneur (qui avait vu son passeur quitter le navire quelques heures avant le début du championnat)… Denoueix part alors en Espagne. Où il prend les rênes de la Real Sociedad à une médiocre quinzième place pour finir deuxième de la Liga. Un an plus tard, l’équipe retrouve son rang et le milieu de tableau. Elle est éliminée en huitième de finale de la Ligue des Champions. Insuffisant pour des dirigeants ingrats. Adios, senor Denoueix ! Ces mésaventures ne tiennent pas qu’à la personnalité de cet entraîneur. Prenons le cas d’Alain Perrin. L’an dernier, il faisait l’admiration de tous pour le redressement de l’OM, qualifié pour la Ligue des Champions. Avant d’être licencié en milieu de saison alors que l’équipe est sixième du championnat. Et Bertrand Marchand... Salué par tous pour sa remarquable première année aux commandes de Guingamp. Son équipe, dépouillée à l’intersaison, pas renforcée depuis, finit dix-huitième du championnat. Kenavo! On a aussi le cas de ceux qui font remonter leur club en Ligue 1. Cette année, c’est au Mans qu’on a vu cela. Oublié, l’exploit de l’an passé. Dans le genre, on avait aussi le cas de Patrick Remy. Après avoir contribué au parcours exceptionnel de Sedan (première année en D1 étonnante, qualification européenne à la clé), il est viré pour un conflit avec ses dirigeants. Autant dire qu’à Caen cette année, il sait ce qui l’attend… Heureusement, des entraîneurs malins ont compris qu’il valait mieux, pour la poursuite de leur carrière, ne pas trop se mettre en valeur. Le meilleur exemple de cette intelligence? José Anigo! Eh oui, il ne paraît pas comme ça et pourtant… Il emmène l’OM en finale de la coupe de l’UEFA, le malheureux! Oui, mais il la perd. Et il s’offre en prime un bilan inférieur à son prédécesseur en championnat. Malin, non? Et Luis Fernandez? Qui n’évite la relégation à l’Espanyol qu’à la dernière journée? Enfin, il y a les jusqu’au-boutistes. Ceux qui partent d’eux-mêmes en plein succès. Comme Antonetti, qui avait survécu à une première saison médiocre à la tête des Verts. Il a bien compris qu’il aurait payé son titre de champion de Ligue 2. Le plus fort? Jacques Santini, bien sûr. Il annonce son départ plusieurs semaines avant de remporter un Euro qui lui coûterait son poste. Bien joué, Jacquot!