Feuilletons le grand livre de la L1, avec ses saintes paroles, ses images pieuses et ses apôtres en short…
Bordeaux / Nantes : les piétineurs attendent
Bien calés dans le ventre mou du championnat, Canaris et Girondins s'enfoncent inexorablement dans une torpeur à laquelle ils ne sont pas habitués. Systématiquement candidats à des titres divers depuis plusieurs années — avec un certain succès: Nantes a remporté deux championnats et deux coupes de France lors des dix dernières années, Bordeaux un championnat et une coupe de la Ligue — les deux clubs vivent une saison relativement anonyme.
Les jaunes sont désormais 7e, les marine et blanc 11e, et les deux clubs alternent avec une certaine nonchalance coups de mou et coups d’éclats. Si les Girondins sont quasiment intraitables à domicile depuis l'arrivée de Pavon (neuf matchs, sept victoires et deux nuls), ils piétinent à l'extérieur, faisant preuve d'un manque total d’ambition dans le jeu, même lorsqu'il s'agit de se déplacer chez des clubs mal classés. Avant la défaite de ce week-end 1-0 à Toulouse, Bordeaux s'était déjà incliné sur le même score à Ajaccio.
Les Nantais, en revanche, marquent le pas à domicile : malgré un jeu plutôt plaisant et bien que "dopés" par le retour tonitruant de Moldovan, ils viennent ainsi de laisser filer quatre points à la Beaujoire, en concédant deux nuls consécutifs contre Metz et Strasbourg, après avoir mené au score pendant une bonne partie de chaque match. La rencontre contre les Lorrains faisait pourtant suite à un brillant succès (3-0) chez le voisin rennais, et celle face aux Alsaciens à une bonne performance au Vélodrome (1-1).
De fait, il ne reste sans doute désormais aux deux clubs que les coupes pour donner un peu d’éclat à une saison bien terne : Nantes peut ainsi espérer ajouter une Coupe de France à son palmarès, tandis que les Girondins pourraient prétendre à une affiche de prestige en quarts de finale de l’UEFA s’ils ont la bonne idée de ne pas se faire surprendre à Bruges.
Curieusement, le parcours des deux (ex-) ténors de la façade Atlantique commence à présenter de frappantes similitudes. D’abord, les Girondins ont rejoint les Canaris dans la mise en valeur du cheptel local. Ensuite, les staffs nantais et bordelais ont désormais chacun un ancien joueur du club à la tête de leur équipe première. Enfin, les deux clubs doivent composer avec la présence d'un actionnaire fortuné (la Socpresse pour Nantes, M6 pour Bordeaux) mais qui ne semble pas prêt (ou plus prêt), à mettre la main au portefeuille pour former un effectif de stars. Leurs meilleures années seraient-elles derrière eux?
Bernard Mendy ne respecte ni les limitations de vitesse, ni les distances de sécurité. |
Les observations en vrac
> Djibril Cissé rate toutes ses occasions. Ça doit être sa façon de se mettre déjà au niveau de Liverpool.
> Jérôme Rothen se fait poser des points de suture. Après la coupe de cheveux, les boucles d'oreille et les centres enroulés, encore une tentative pour ressembler à Beckham.
> Daniel Jeandupeux reçoit le prix du fair-play pour le mois de février. Au nombre de points laissés à l'adversaire, c'est pourtant Robert Nouzaret qui aurait dû être récompensé.
> Cette fois, Basto se fait lober par un rebond mal apprécié. C’est donc qu’il peut encore nous surprendre.
> Malgré leurs efforts pour remporter le trophée "Dutruel" de la semaine, Bedenik et Fernandez ont été nettement dominés par Chaigneau, le remplaçant rennais de Cech.
> Triplé de Jérôme Leroy avec une volée somptueuse et un lob subtil. Il va donc pouvoir se rendormir pour une dizaine de matches.
> Nicollin a pleuré après la défaite de Montpellier à Guingamp. Letizi l’aurait appelé pour lui soumettre l’adresse de son médecin traitant.
> Nouvelle victoire pour Toulouse. C'est fois c'est sûr, c'était Nougaro le chat noir.
C'est pour faire comme les joueurs que tu te sens obligé de te coller devant un panneau des sponsors ou c'est parce que tu espères une ristourne sur ta 307? |
Le pécheur puni par là où il a péché
Dado Prso (L'Équipe) : "Il y avait au moins deux penalties sur moi". Sachant comment tu les tires, l'arbitre a dû considérer que cela ne valait pas le coup de les siffler.
Le sauveur ou presque
"Crucifié quatre fois, Rudy Riou a pourtant réalisé un grand match" (Midi Libre). Et Dieu sait que ce n'est pas facile de faire des miracles quand on est cloué sur des poteaux.
Les derniers sacrements
Djibril Cissé (L'Équipe) : "Je veux partir en paix". C'est l'Abbé Deschamps qui te donnera l'extrême onction?
Les portes du paradis
Habib Bamogo (FF) : "Même quand on sera morts, on continuera à défendre notre but". C’est Saint-Pierre qui va bien rigoler.
La cour des miracles
Habib Bamogo (FF) : "On tombe sur un Jérôme Leroy en état de grâce. Que voulez-vous faire quand le destin s’acharne autant à vous pourrir la vie?". Prier pour que le prochain élu des dieux soit Fodé Mansaré?
Fernando D’Amico a décidé d’assortir sa coupe de cheveux à son maillot eighties. |
Le porteur de valises de la Gare Saint-Charles
Brahim Hemdani (DNA) : "On leur a refilé la valise qu'ils nous avaient mise au match aller".
Le syndrome sochalien
José Anigo (DNA) : "(Mido) n'avait pas dormi de la nuit à cause d'une gastro-entérite". S'il n'a pas joué, c'était par peur d'un contrôle positif aux corticoïdes?
Le génie dans la bouteille
Mathieu Chalmé (Est républicain) :"Au premier but, j'étais hyper heureux. Au deuxième, je me suis dit: 'Mais qu'est-ce qui se passe?' Au troisième, j'ai fait des signes aux copains sur le banc en leur disant : 'Pincez-moi, je rêve!'". Oui mais maintenant, tu as grillé tes trois vœux.
La fertilisation
Philippe Genin (C+) : "Un geste de bonheur pour Chalmé, dont Bérangère la fiancée attend un heureux événement". Bérangère, prépare-toi à avoir des triplés.
En fait, le couloir de la mort n’est pas si flippant que cela. |
Le témoignage contradictoire
Gérard Gnanhouan (C+) : "Vu la position de Juninho, je savais que c'était Edmilson qui allait tirer". Gérard Gnanhouan (Est républicain) : "Je m'attendais à recevoir un tir de Juninho. Ça m'a un peu surpris que ce soit finalement Edmilson qui tente sa chance".
L'harmonie linguistique avec l'entraîneur
Danijel Ljuboja (Le Parisien) : "Nos forces sont rigueur et discipline".
Le grand sommeil
Jérôme Alonzo (FF) : "A 17h, d’habitude on fait la sieste". Enfin, surtout si c’est Le Racing Club de Lens qui est télévisé sur Canal+.
La déclaration paternaliste
José Anigo (FF) : "Avec Mido, il y a eu un conflit comme je peux en avoir avec mes gosses". Du coup, l’Egyptien a été privé de sortie et de dessert.
Cette fin de championnat sera un duel sans merci entre les cols roulés gris-noirs et les cols à la con rouges. |
L’anti-star
Frédéric Thiriez (FF) au sujet de son arrivée mouvementée au Mans : "Je suis arrivé seul au volant de ma voiture, sans escorte".
Le risque de flatulence
Antoine Kombouaré (DNA) : "Désormais, nous jouerons sous pression. Et comme mon équipe ne fait que réagir, je vais savoir ce qu'elle a dans le ventre".
Le cerveau malade
Éric Carrière (Le Progrès) : "On ne doit sous-estimer personne à commencer par Paris qui n'a que le championnat à penser". Si ce sont les Parisiens qui pensent le championnat, on est mal barré.
Le bon élève
Rémi Vercoutre (Le Progrès) : "Je veux faire mes devoirs".
Le point de convergence entre TF1 et Canal+, c'est le spectateur qui achète une écharpe par match. |