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Footballeurs et conscience politique

Les bonnes et mauvaises raisons pour lesquelles les joueurs de football ne sont pas incités à penser plus et parler mieux.
Auteur : Jamel Attal le 21 Avr 1998

 

La pandémie publicitaire, la marchandisation du football, le basculement des clubs dans la logique financière, l'inflation des droits de télévision, l'exploitation du spectateur-consommateur sont des phénomènes qu'on nous enjoint d'accepter comme autant de fatalités. Pour faire passer un tel impératif, il faut que le sport marchand reste un no man's land intellectuel et politique, où tous les acteurs économiques doivent bénéficier d'une totale impunité.

On connaît déjà les censures et auto-censures des journalistes, leur indigence critique, on est plus habitué encore au grand vide des propos de footballeurs, entre langue de bois et sempiternelles phrases stéréotypées. Ils sont ainsi les victimes de railleries nombreuses et traditionnelles stigmatisant leur crétinisme incurable. A y regarder de plus près, il n'y a pourtant rien de surprenant à ce que des sportifs, issus en majorité de milieux modestes ou moyens ayant rejoint très tôt des centres de formation, disposent de moyens d'expression limités. D'ailleurs, que les railleurs s'essaient à cet exercice : après 90 minutes d'effort, encore essoufflé, se prendre un micro et une caméra dans la gueule et répondre à des questions bêtes (nombre de sportifs sont beaucoup plus intelligents que les journalistes sportifs, mais on ne s'en aperçoit pas parce que ce sont toujours les mêmes qui tiennent le micro). Ce mépris véhicule en fait une forme très banale de racisme de classe qui désigne sans gloire un objet de moquerie facile, renforcée par le grand écart entre le capital culturel des joueurs et leur capital économique.

Il n'en reste pas moins que les footballeurs figurent parmi les personnalités médiatiques dont le registre est le plus restreint, dont les interventions restent au ras de la pelouse et se limitent strictement au terrain. En dehors des participations aux œuvres humanitaires, peu de joueurs se sont fait remarquer sur la scène politique. Il faut un Christian Karembeu pour mettre les pieds dans le plat du nucléaire ou de la Nouvelle Calédonie, et troubler très légèrement un océan d'huile. La grève des joueurs du Bayern de Munich à la fin des années 70 est un souvenir oublié; les Glassman et Bosman sont répudiés et accusés de tous les maux. Seul leur intérêt personnel motive les joueurs à revendiquer ou à mener des embryons d'action collective (en témoigne le pouvoir remarquablement limité des syndicats professionnels). Le footballeur doit être politiquement inexistant, et il y a là une nécessité plus économique que sociale : les acteurs principaux du grand cirque footballistique ne doivent pas avoir trop d'états d'âme. Comme un soldat, un bon footballeur ne doit pas réfléchir pour être performant, il ne doit lui venir des idées saugrenues propres à le “démoraliser”, des idées que pourtant tout citoyen est en droit de se poser. Son salaire est un peu celui du silence et sa place de choix dans le système vaut acceptation du système. L'explosion des salaires a d'ailleurs produit une nouvelle espèce de joueurs, mercenaires que collectionne l'Inter et qui désespèrent le supporter.

Afin de baigner rêveusement dans une science fiction très irréaliste, on peut imaginer un joueur du PSG déclarant sur Canal+ être très préoccupé par la façon dont les conditions occultes d'attribution des marchés publics ont bénéficié à des entreprises comme la CGE, ou s'offusquer du maintien de Jean Tibéri à l'Hôtel de Ville, un autre de l'OM se dire scandalisé par les conditions de travail dans les pays où les grands équipementiers sportifs sous-traitent leur production, un autre encore de Rennes refuser de porter son maillot floqué Pinault suite au scandaleux non-paiement de l'ISF par le dit Pinault, Frédéric Jailland critiquer la gestion du Stade de France par le consortium, un attaquant refuser de rejoindre le Milan AC du facho-populiste-affairiste Berlusconi... Mais ne rêvons pas, dans le foot, le modèle du rebelle est Eric Cantona, qui a cachetonné grassement pour un nombre record de marques et n'a fourni en guise de mots d'ordre ou de prises de position que des phrases fumeuses.

Sportifs, footballeurs, politisez-vous! Lisez Charlie, le Canard, le Monde diplo et les Cahiers du football!

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