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Y a-t-il une équipe dans l'équipe de France?

Indépendamment des débats tactiques, des considérations morales et des choix de joueurs, c'est d'abord le facteur humain qui déterminera les chances des Bleus en Afrique du Sud.
Auteur : Pierre Martini le 9 Mars 2010

 

Le parallèle entre la défaite de mercredi et le France-Espagne de 1998 qui avait inauguré la Stade de France vaut ce qu'il vaut, mais il dit deux ou trois choses. Le mythe de la médiocrité des matches amicaux sous l'ère Jacquet a occulté le fait que ceux d'entre eux qui présentaient un enjeu avaient donné lieu à des prestations de nature à rassurer (si toutefois l'alarmisme et la vindicte contre le sélectionneur d'alors n'avaient pas aveuglé tout le monde). Celle-ci avait été la plus probante, avec un Zidane buteur et des promesses dans le jeu (lire "Zidane Keeps Playing on the Field"). Confirmée contre la Norvège un mois plus tard (lire "En avant toute"), l'impression avait été que ces joueurs avaient un projet commun et se préparaient avec détermination, effaçant le sentiment issu d'une interminable campagne de matches amicaux durant laquelle on avait déjà pu constater que des joueurs évoluant dans de grands clubs affichaient une motivation aléatoire lors de ces rendez-vous.
L'enjeu de la confrontation contre l'équipe de Del Bosque était très semblable, voire plus vif encore compte tenu des circonstances de la qualification et de la défiance générale envers la sélection et son sélectionneur, qui dépasse celle de 1998 à bien des égards. On peut bien charger le sélectionneur et désigner les lacunes tactiques, mais le décalage entre ceux qui ont semblé concernés (sans être forcément bons) et les autres (forcément mauvais) a été accablant. Le souvenir, cette fois, c'est 2002, quand on apprend que le rassemblement à Clairefontaine a été le moment d'intenses "sollicitations" par les sponsors.


Commando belote
Alors dans ces circonstances, l'envie un peu puérile de tout bazarder, à commencer par les joueurs, se fait pressante. Et d'imaginer une équipe de jeunes et de seconds couteaux qui en veulent, un commando d'amateurs de belote qui iront au sacrifice en défendant au moins une idée du jeu et la joie de jouer. Envoyez les compos, avec l'obligation de mettre Djibril Cissé ou André-Pierre Gignac en pointe.
La solution du lock-out ne résiste évidemment pas au bon sens, ne serait-ce qu'en raison de l'importance de l'expérience dans les phases finales. En revanche, prendre des options plus radicales dans les choix de joueurs, bousculer la hiérarchie et remettre en cause certains statuts, c'est de l'ordre du possible. Mais ce scénario est très peu probable, tant Raymond Domenech semble avoir pris le parti de sceller cette hiérarchie, accordant une confiance de principe à certains de ses cadres qui ont épousé son destin en qualifiant la France. Des joueurs dont la place dans le bus est garantie, en quelque sorte. Sur le terrain aussi, même si leur position est moins assurée – notamment du fait de désidératas qui varient beaucoup: avec Ribéry qui revendique ouvertement sa mutation à gauche et Henry qui suggère son repositionnement dans l'axe, on a le sentiment que les postes se négocient.

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Le pari Ribéry-Gourcuff
On ne saurait pourtant réduire cette stratégie à des choix politiques du sélectionneur, même si elle ressemble beaucoup au pacte scellé lors de la Coupe du monde 2006 avec les leaders du groupe. Pour la plupart, les titulaires qui se dégagent en vue de l'Afrique du Sud sont assez naturellement désignés par l'option tactique du 4-2-3-1 et n'usurpent pas leurs sélections sur le plan sportif, ni sur le plan de la mentalité. Lloris assume ses responsabilités et on lui doit beaucoup de la qualification. Contre l'Espagne, les latéraux ont encore été courageux, et il est difficile de reprocher éternellement à Diarra et Toulalan le manque d'animation offensive quand si peu de possibilités se présentent devant eux. Gourcuff a été médiocre, mais au moins n'a-t-il jamais renoncé à essayer de jouer et de trouver des ouvertures, émergeant de nouveau après les changements en attaque. Loin de son meilleur niveau, Ribéry a peut-être amoindri sa performance d'un peu de mauvaise volonté, du fait de son positionnement, mais son engagement est resté au-dessus de la moyenne.
On sait que les prétentions de l'équipe de France en Afrique du Sud dépendront directement de la contribution des deux meneurs de jeu, c'est-à-dire du retour en forme du Bavarois, et de la capacité du Girondin à renouer avec son niveau d'expression de la saison passée. Et même en méforme, ces deux-là sont des paris qu'il faut faire lors d'une Coupe du monde.

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Henry, retour de balancier
Désormais plus contestés, les deux attaquants non-attaquants Thierry Henry et Nicolas Anelka posent des questions plus ardues, même si leurs cas ne sont pas comparables. Anelka nous a habitués aux chaud et froid, et on peinera toujours à décrypter son attitude, sinon pour dire qu'elle entretient l'image d'une certaine désinvolture envers la sélection – image pas très indiquée en ce moment. S'il a pris une partie de l'animation offensive à son compte ces derniers temps, c'est souvent pour pousser en pure perte le ballon au milieu des défenseurs adverses et, qu'il évolue en pointe ou à droite, il épaissit les problèmes tactiques plus qu'il ne les résout.
Le brutal retournement de tendance concernant Henry est plus inattendu. Un peu comme si la main de France-Irlande avait aussi ouvert la boîte de Pandore, car ses deux dernières prestations spectrales ont eu de nombreux précédents depuis 2006. Après avoir été assez inexplicablement épargné par la vox populi comme par la doxa médiatique (lire "Henry, la position de force"), le retour de balancier est brutal, à coups de sifflets et de notes soudainement impitoyables. Outre qu'il se trouve dans une situation sportive précaire à Barcelone, il finit par cristalliser les reproches faits à la sélection et son propre discours entretient l'idée de privilèges accordés à certains (1). Performances en berne, statut incertain, leadership contesté: le capitanat d'Henry en 2010 présente des similitudes inquiétantes avec celui de Desailly en 2004.

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Facteur X
Pour autant, quoi que l'on puisse craindre de ces choix, reconnaissons qu'ils n'ont rien d'hérétiques en soi. Des joueurs de la trempe d'Henry et Anelka sont parfaitement capables de se retrouver lors d'une phase finale et leur expérience plaide pour eux. Avec une concurrence assez relative (Gignac trop tendre ou trop guivarc'hien, Govou et Malouda trop seconds couteaux, Benzema et Nasri trop casque sur les oreilles, Saha trop blessé, etc.), le problème est plus celui de l'animation globale du jeu et de la hiérarchie entre ces éléments (2). Il ne faut pas, non plus, négliger le facteur X, c'est-à-dire l'émergence subite de joueurs ou de solutions inespérées (3).
Cela fait beaucoup de variables à maîtriser, mais sur le plan sportif, il est en théorie possible de trouver une formule qui – moyennement quelques circonstances favorables – permettrait d'exprimer un potentiel plusieurs fois constaté au cours des éliminatoires. Si France-Irlande a frôlé le néant et constitué un sombre présage quant aux ressources des Tricolores, au moins faut-il pondérer les constats de France-Espagne de quelques éléments déterminants: absences en défense centrale, méformes de joueurs clés, qualité de l'adversaire.

Reste à savoir s'il est possible de trouver la confiance et les idées justes dans un contexte d'hostilité sans précédent, si ce groupe a les ressources morales pour se souder autour d'un projet, si le sélectionneur dispose de suffisamment d'autorité pour imposer une ligne directrice et arbitrer entre les ego, si Henry peut être un vrai capitaine... Le doute étant de rigueur aujourd'hui pour tous ces aspects-là, il est difficile d'être optimiste pour une formation dont la cote a dégringolé ces derniers mois (lire "Bleus 2010:comment être plus mal barré?"). Mais le football étant ce qu'il est, tous les destins sont possibles: pourquoi pas celui d'une équipe de France façon Mannschaft, déchirée par les conflits internes et en guerre avec l'opinion, mais capable de former une redoutable machine à gagner sur le terrain?


(1) Notamment quand il dit que l'essentiel pour lui est de ne pas se blesser avant la préparation. D'une manière générale, depuis les barrages, son discours semble aussi découplé des attentes que celui de Raymond Domenech.
(2) Si des alternatives crédibles existent pour de nombreux postes en sus des joueurs cités (Mandanda, Fanni, Cissokho, Clichy, A. Diarra, Diaby, Cheyrou, etc.), elles ne sont pas de nature à bouleverser le visage de l'équipe. Seule l'inconnue Vieira peut transformer l'équation.
(3) Ben Arfa a ce profil. N'oublions pas que parmi les conditions d'une réussite minimale en juin figure aussi l'improvisation d'une charnière centrale efficace.

Réactions

  • Raspou le 09/03/2010 à 01h56
    Une très bonne synthèse.

    Le chantier de la défense centrale me semble encore plus inquiétant que celui de l'animation offensive. Toutes les grandes campagnes de l'EdF se sont construites sur une base défensive irréprochable, sur le sentiment qu'il fallait se lever de bonne heure pour nous planter un but. Là, comme en 2008, chaque attaque adverse fait frissonner.

    Plus que le France - Espagne de 98, c'est celui de 2006 dont le souvenir est douloureux. La France de l'époque avait tellement bien maîtrisé la jeune génération dorée espagnole! En 4 ans, que les trajectoires se sont croisées: les Rouges sont devenus un rouleau compresseur, les Bleus un bidule friable et sans âme... Espérons une faille spatio-temporelle en juin prochain...

  • José-Mickaël le 09/03/2010 à 08h38
    Oui, une très bonne synthèse : les motifs d'inquiétude, les motifs d'espoir, sans parti pris, sans chercher à se positionner en pro ou anti je ne sais quoi.

    Pour moi, le motif d'espoir principal (hypothétique : c'est juste un espoir), c'est : peut-être que nos meilleurs joueurs retrouveront leur meilleur niveau. Benzema, Ribéry, Henry, Gignac, Toulalan, Gourcuff ne font pas, cette année, leur meilleure saison. S'ils retrouvaient leur forme d'il y a un ou deux ans, le potentiel de l'équipe de France serait nettement meilleur à mon avis. Ah, revoir Benzema péter le feu comme sous Perrin ! Ah, revoir Ribéry superstar en Allemagne comme il y a deux ans ! Ah, revoir Gourcuff si bon qu'on commence à le comparer à Zidane comme la saison dernière !

    Or un motif d'inquiétude qui n'a pas été abordé est le calendrier démentiel qui précède cette coupe du Monde. En 1998, le championnat avait 34 journées, dont 22 jouées avant la trève, il n'en restait donc plus que 12. Là, on a 7 journées de plus à caser en 4 mois. En février on a joué deux fois par semaine à part une fois (ceux qui ont joué la C1 le premier mercredi étaient au repos le mercredi suivant - sauf match de coupe en retard à rattraper). J'ai vu hier à la télé, je ne sais plus sur quelle chaîne, le calendrier de mars-avril des Girondins : s'ils ne sont pas éliminés en C1, c'est deux fois par semaine avec un seul trou (qui sera sans doute utilisé pour rattraper un match en retard d'ailleurs).

    Du coup j'ai peur que mon motif d'espoir tombe à l'eau, et qu'au contraire les Bleus soient tous cramés. (Mais si c'est le cas, on ne sera pas les seuls.)


  • Tonton Danijel le 09/03/2010 à 08h39
    "pourquoi pas celui d'une équipe de France façon Mannschaft, déchirée par les conflits internes et en guerre avec l'opinion, mais capable de former une redoutable machine à gagner sur le terrain?"

    Les Euro 2000 et 2004 sont quand même là pour rappeler que la Mannschaft machine à gagner, ça marche pas à tous les coups. Et il est possible que la Mannschaft dérape dans son groupe de la mort (Serbie-Ghana-Australie, les commentateurs locaux sont loin d'être rassurés).

    Sinon, excellent article. L'EdF a clairement un gros problème dans la tête actuellement. Soit ils le surmontent et vu le niveau des joueurs, il y a moyen d'aller loin quel que soit le système utilisé. Soit ils continuent dans cette léthargie et on peut craindre une sortie rapide, surtout que l'Uruguay a des arguments à faire valoir - et je crains que les matchs de poule ne se finissent par un match décisif contre les Bafanas...

  • Qui me crame ce troll? le 09/03/2010 à 08h52
    C'est un groupe de la mort Serbie-Ghana-Australie? Parce qu'il me semblait avoir entendu que la Serbie était une mauvaise équipe que la France devait battre facilement (sisi je vous jure, j'ai entendu ça).

    J'aime ce papier qui expose vraiment les raisons d'espérer et les raisons de désespérer. Et j'oscille entre les deux.

  • Tonton Danijel le 09/03/2010 à 09h02
    Qui me crame ce troll?
    mardi 9 mars 2010 - 08h52
    C'est un groupe de la mort Serbie-Ghana-Australie? Parce qu'il me semblait avoir entendu que la Serbie était une mauvaise équipe que la France devait battre facilement (sisi je vous jure, j'ai entendu ça).
    ___________________________________________

    Eh bien si ça peut te rassurer (mais je n'en doutais pas personnellement), les Allemands ont plutôt été impressionnés par le parcours qualificatif des Serbes. Donc le Duga entre autres qui a dit ça, il m'a plutôt scié, surtout que ce n'est pas dans la double confrontation contre les Serbes qu'on a perdu la première place du groupe...

  • kikidou le 09/03/2010 à 09h17
    C'est la première fois depuis bien longtemps que je lis un article des cahiers sur les Bleus dont je partage les grandes lignes.
    La dénonciation de la comparaison foireuse avec 98 (cf nos échanges de ces derniers jours sur le fil bleu), la constatation que Domenech ne maitrise pas réellement son groupe depuis 2006, etc.
    Et le "wishful thinking" à la fin qui est vraiment tout ce qui nous reste.

  • Tricky le 09/03/2010 à 09h34
    Mais il nous reste quand même.

    Parce que, comparaison pour comparaison, vous, je sais pas, mais, juste avant le Togo, je ne faisais pas le malin en 2006 dans le marasme post-suisse (échaudé par 2004 de surcroit).

    (et je ne suis toujours pas revenu du niveau abyssal qu'avait touché quelqu'un comme Vieira sur les deux premiers matches).

    C'est quand même très particulier une phase finale, avec des histoires de quinze jours qui se dessinent de manière très surprenante, qu'on peut parfois rationaliser a posteriori (Corée du Sud 2002), parfois pas (Bulgarie 1994, Argentine 2002).

    Serrer les fesses très fort sur le premier tour. Après, c'est de l'élimination directe, et n'importe qui peut passer à la casserole.

  • DarkZem13 le 09/03/2010 à 09h37
    +1 kikidou, et j'insiste sur le fait que la France n'a jamais démontré cette capacité italogermanique à se sublimer sans joueur fuoriclasse dans ses rangs. Et j'ai bien peur que Domenech n'arrive pas à resouder ces joueurs autour d'un projet, et que l'autogestion ne marche pas, sachant que les cadres n'ont pas la carrure de leurs homologues de 2006.

    En ce qui concerne le niveau de forme qu'auront les joueurs en juin, c'est effectivement la grande inconnue. Il n'y a que Ribéry que je vois bien en pleine bourre... si tant est qu'il ne se blesse pas à nouveau, hein. Et je suis d'accord sur les Girondins, à qui le calendrier risque de faire mal.

  • 5ylV@iN le 09/03/2010 à 09h46
    Passionnante lecture matinale avec un un bon café et ce beau soleil, merci les CdF, vivement le retour du journal ;~)

    L'absence d'une envie collective évoquée un peu partout (par Lilian Thuram entre autres), accentuée par l'individualisme dont Henry est l'exemple le plus probant alimente cependant mon pessimisme.
    Trois mois pour transformer une équipe (avec un gros potentiel) en groupe sportif, si on y ajoute la surcharge du calendrier et —à priori— pas de match amical aux Antilles pour créer qqch, ça fait court.

    Pour le Post Scriptum, j'ai passé un bon moment devant France-Espagne que je n'ai trouvé ni "Effroyable" ou "Scandaleux" les bleus étant limités par leur manque de complicité sur le terrain, et confrontés à un adversaire à son meilleur niveau amha.

  • J'ai remis tout l'allant le 09/03/2010 à 12h24
    L'histoire de calendretard là, c'est fou ça, ça plombe à la fois les clubs et les sélections... Aucune mesure n'est envisagée pour les années à venir pour son allégement ?!

    Faudra pas s'étonner si le niveau du Mondial, qui plus est pour la 1ère fois en Afrique, et quelque peu en altitude, est fluctuant...

La revue des Cahiers du football