Vive la rose et le Lilla
On avait très envie d'y croire, mais de l'envie à la réalité, il y a la distance entre Lille et Parme. L'histoire était tellement jolie que les Nordistes ont pourtant fait survenir l'inattendu au milieu d'un mois d'août qui n'en attendait pas tant.
Si le rush initial des Italiens a pu inquiéter quelque temps, les Lillois ont rapidement assis leur domination avec une belle démonstration de maîtrise tactique, une démonstration qui durera en fait tout le match et nous permettra de nous caler confortablement dans nos canapés, d’où nous pûmes assister à l’inévitable, un sourire aux lèvres. Halilhodzic était dans son jardin au stade Ennio Tardini, et son mythe personnel s’enrichit d’un chouette épisode.
Bakari et N'Diaye avaient eu des occasions plus belles avant la pause, mais le destin a donc voulu que ce soit un centre heureux de Landrin qui prenne tout le monde à revers. L'arbitre est précieux, il résiste à toutes les simulations des Italiens, et même aux vraies fautes lilloises, qui comme chacun sait sont toujours nombreuses. Passées quelques minutes pénibles durant lesquelles on crut le match près de basculer, les visiteurs purent retrouver leur équilibre et conserver l'initiative. Le bonheur simple d'une frappe mortelle de 30 mètres sous la barre vint ensuite parachever le coup des Blancs et l'excellent match de Ecker.
En face les Italiens se sont montrés courts physiquement, et très nettement débordés par l'infernal pressing nordiste. Lamouchi s'est démené pour placer des accélérations et orienter le jeu, mais il a dévissé deux fois devant le but. C'est effectivement sur quelques attaques vivement menées que l'équipe de Ulivieri aurait pu faire la différence, par sa redoutable triplette Di Vaio, Nakata, Milosevic, mais à chaque fois la densité défensive lilloise et les excellentes interventions de sa défense centrale sauvèrent la mise (un ou deux clubs anglais ont pu se mordre les doigts s'ils ont vu la prestation de Cygan). Jusqu'à l'ultime minute où Sensini trouva le moyen de frapper une tête à bout portant sur la poitrine de Wimbée.
Les chipoteurs diront que Parme était amoindri par sa trop courte préparation, que le LOSC a eu de la chance en bénéficiant d'un penalty non sifflé et d'un but de raccroc, mais ils oublient qu'on ne chipote pas en coup d'Europe, a plus forte raison contre une équipe transalpine. Et le plaisir d'entendre un entraîneur italien se plaindre de la chance d'une équipe française est trop précieux, d'autant qu'il est difficile de croire qu'un peu de condescendance n'est pas aussi responsable de la contre-performance des locaux. Soyons tout de même conscients que les Parmesans vont être énervés au match retour et qu'il s'agira de blinder l'affaire. Mais pour ça, on peut avoir confiance en coach Vahid.
Guest star
La bêtise est une inépuisable objet de fascination, jamais défraîchi, même quand c'est Charles Biétry qui tient absolument à prouver l'ampleur de la sienne. Son problème est d'abord d'avoir écrit le match avant qu'il ait lieu, ce qui lui laisse très peu de marge pour changer d'avis. Le chef du service des sports de France Télévision nous fait bien sûr sa spéciale : l'explication détaillée de se qui passe en un dixième de seconde dans la tête d'un joueur en général, mais cette fois de l'arbitre.
Il décide plus tard d'attribuer le but lillois à Landrin, "parce Bassir a déjà joué des grands matches". Du gâtisme pur et simple, et l'on pourrait diagnostiquer Alzheimer si son état n'était pas totalement stable depuis des années. Heureusement, Biétry reste dans le comique. Il terminera sa prestation en citant toutes les marques de gants de gardien, initialement pour ne pas faire de pub (mais cela a permis à son faire-valoir de faire valoir qu'il était gardien de but)