Une pétition contre la Ligue des champions?
L'UEFA réfléchit actuellement à un abandon de la formule actuelle de la Ligue des champions, organisée avec deux phases de poules et qui ne devient intéressante qu'au stade des quarts de finale, après une sélection impitoyable pour les outsiders. 12 matches en aller-retour plus la finale, 12 vraies rencontres de haute compétition sur 97 au total… La confédération européenne consulte actuellement les clubs avant de prendre toute initiative, ce qui augure mal pour la suite, tant le lobbying du G14 pousse à entretenir et développer les gisements de profit de la nouvelle LdC (jusqu'à rêver d'une ligue privée gérée par eux-mêmes).
Pour sa première saison, cette formule "enrichie" aura pourtant marqué les esprits: banalisation des grandes affiches, saturation des spectateurs, multiplication des matches sans enjeu ou suspects d'"arrangements", poids financier supplémentaire sur les supporters, éthique sportive douteuse, calendriers surchargés et déréglés, prime à l'ampleur des effectifs…
Avec un tel bilan, seule la pression des grands clubs, via le G14, peut inciter l'UEFA à maintenir en l'état sa compétition-phare, tant le bilan de cette formule plaide pour un retour en arrière salvateur.
Paradoxalement, les dirigeants du Bayern (membre du G14) ont critiqué à plusieurs reprises un système qui épuise joueurs et spectateurs. Quant à ceux de Barcelone, ils veulent se déclarer forfaits pour la demi-finale de Coupe du Roi, leur effectif étant insuffisant et leurs joueurs au bout du rouleau… Si des clubs aussi pourvus ne peuvent "physiquement" assurer un rythme de compétition pourtant conçu pour eux, il est temps de s'alarmer. Les instances nationales et internationales peuvent-elles alors assumer des politiques sportives qui constituent une telle incitation au dopage?
Comme prévu, seul le bilan financier est positif. L'UEFA annonce des revenus marketing (télévision et sponsors) de 828 millions de francs suisses, au-delà des objectifs fixés. Les télévisions, malgré une certaine érosion de l'audience, ont vu leurs recettes publicitaires globales augmenter, ce qui suffit à les dissuader de toute critique. Dans leur ensemble, les médias spécialisés sont trop intéressés à la croissance de cette économie du football pour quitter leur prudente réserve: la Ligue des Champions rapporte beaucoup de profits directs ou indirects à tout ce monde.
En définitive, les spectateurs et le football lui-même font les frais de cette fuite en avant et malheureusement, eux ne disposent pas d'un puissant lobby pour les défendre. Pour autant, l'UEFA ne doit pas laisser une élite autoproclamée transformer la compétition européenne majeure en une parodie de championnat qui lui serait réservée.
Nous pouvons rappeler à l'UEFA ses devoirs et ses responsabilités envers l'éthique sportive et l'avenir du football, l'encourager à tenir ses engagements de ne pas céder devant les pressions des plus riches.
Pourquoi ne pas saisir l'opportunité de faire entendre une voix différente, de laisser s'exprimer les points de vue ce ceux qui sont systématiquement exclus des tables de négociation? Les chances de succès sont minces, mais des précédents existent, et après tout, Internet est bien le média idéal pour ce genre d'initiatives. Alors si le cœur vous en dit, commencez par la signer, et faites la connaître autour de vous… A suivre.