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Un « livre noir » pas très net

Avec la sortie du Livre noir de l’arbitrage, les relations entre joueurs et arbitres ne s’apaiseront sans doute pas. Coup calculé ou coup dans l’eau ?

Auteur : Sylvain Zorzin le 29 Avr 2015

 

 

On pourra toujours s’interroger sur le timing choisi pour la sortie de ce “livre noir” – il y a quelques jours, les arbitres arboraient un tee-shirt “arbitres agressés = football en danger”. Une coïncidence que Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel, balaie d’un revers de la main: “Quand il y a urgence, la notion de timing ne compte pas. Lorsqu’un incendie dévaste une maison, examine-t-on les RTT des pompiers en exercice? Il y a une réalité, notre arbitrage est déficient. Et prendre les choses en main, voilà qui est important pour la ‘maison football’”, ajoute-t-il avec un sourire heureux.

 

Et lorsqu’on lui demande s’il n’est pas là pour soutenir les arbitres, Frédéric Thiriez rétorque aussitôt que son devoir est de “soutenir le football français. Non pas une corporation. Je vous rappelle que le terme ‘corporation’ vient du latin «corporatus», qui signifie grosso modo la même chose qu’aujourd’hui. La démonstration est implacable.

 

Preuve qu’il sait se servir de ses mains, Frédéric Thiriez signe justement la préface de cet ouvrage. Une préface dans laquelle il prétend “prendre sa plus incorruptible plume (sic) pour dénoncer une barbarie des temps modernes”. “À quand, demande-t-il, une ‘Goal Line Technology’ sur nos hommes en noir, pour constater leurs décisions qui entrent mal dans les têtes (et pour cause!), leurs hésitations qui franchissent le seuil de l’hérésie? Pourtant, l’humain sait être beau, notamment lorsqu’il braque une caméra au bon endroit, au bon moment” – et de se fendre d’une défense attendue sur l’arbitrage vidéo, “dont même les plus violents terroristes ont démontré l’utilité, suscitant ce que j’appellerais des ‘daily emotions’”. Tout est dit.

 

 

 

 

Au menu de ce livre noir, une dizaine de contributions. Certaines dépassent à peine le stade de l’anecdotique (Michel Onfray appelant l’arbitre à faire preuve de davantage de “psychologie tant qu’il ne s’agit pas de psychanalyse”; François Bégaudeau réussissant à regretter “les erreurs d’arbitrage d’avant, lorsqu’on pleurait, seul, devant des ralentis clairsemés, flous, qui nous clairsemaient en même temps – souvenirs flous”.

 

Certains textes apportent des éclairages plus intéressants, comme celui de Nicolas Gratteux, économiste du sport à l’Erpes, qui explique, statistiques à l’appui, que, “contrairement à ce que l’on pourrait croire, un match émaillé de fautes d’arbitrages aboutira à une perte financière sèche d’environ 14 à 17%: s’ils sont légitimes, les polémiques et appels à émasculation entraînent des ventes moindres. Le lecteur de L’Équipe, par exemple, refuse peu à peu qu’on flatte ses instincts les plus vils, qu’on entretienne son dégoût, sa haine, qu’on charrie des torrents de boue où s’enfonce le cadavre de son intelligence et de son désir. Il préférera directement attaquer la tribune adverse.

 

Qu’en est-il à l’étranger? Sur ce point, le choix de Ludovic-Jean d’Oreval, sociologue proche de l’extrême droite flamande, peut surprendre. Comparant les “erreurs et errances d’arbitrage” dans différents pays européens, d’Oreval annonce, dans une prose fleurie (qui ne déroutera pas ses lecteurs) l’avènement d’une “France Blague, Bambi et Leurre”, qui “plutôt que d’un logo La Poste use d’un logos postiche”, et “prive la raison d’un argumentaire sensé; mais comment parler de sens lorsqu’on ne sait plus où vont les arbitres?” Le rappeur Booba s’associant à Jean-Jacques Goldman pour exécrer “ces membres d’un boys-band qu’on appellerait ‘One Blind Direction’, des Gilbert Montagné du pauvre qui mêlent à La légende d’Ennjimi les coups de sifflets de Richard Anthony pas réveillé hier”.

 

Plaidoyer à charge, donc, forcément monolithique. On pourra d’ailleurs s’interroger sur la faible épaisseur de cet ouvrage – 180 pages seulement; par comparaison, Le livre noir du communisme en fait 650, Le livre noir de la psychanalyse 440, Le livre noir du cyclisme huit tomes (un neuvième est en préparation), Le livre noir de l’humour dépassant même les 200 pages, alors que quand même. Serait-ce la preuve qu’un tel livre fait difficilement consensus? Une partie de la réponse sera donnée par les lecteurs – si cet ouvrage en trouve.

 

Les contributions

 

Frédéric Thiriez, préface: “France, tu vaux mieux que ça

Jean-Michel Aulas: “Réseaux sociaux et risée sociale: sur la Toile, les arbitres vont sans filet

Nicolas Gratteux: “Une richesse fiscale mise hors jeu: la France, entre Burundi et Corée du Nord?

Michel Onfray: “Pour une euthanasie perspicace

François Bégaudeau: “Entre les mûrs, nostalgie d’une décomposition

Zlatan Ibrahimovic et Nicolas Anelka: “QI de merde. Pour un système poétique qui dézone

Jean-Jacques Goldman et Booba: “Toute la vie, moins 90 minutes de honte

Pascal Amateur: “L’arbitrage en Iran, pour un Chapron farsi

Francis Decourrière: “Raclures de BD, pour un Maus tome 3

Frédéric Thiriez, postface: “France, tu vaux plus que ça!

 

Le livre noir de l’arbitrage, collectif, 180 pages, éditions de l’Archipel, 22,50 euros.

 

Réactions

  • Lucho Gonzealaise le 29/04/2015 à 06h10
    Sylvain Zorzin est en fait Pascal Amateur, qui était Pierre Minus ? Plus rien ne sera jamais comme avant...

  • Julow le 29/04/2015 à 09h14
    J'adore l'étymologie thiriezienne.

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 29/04/2015 à 10h08
    Ce livre a l'air puissant et costaud, mais pas très fin techniquement.

  • LLBB1975 le 29/04/2015 à 10h16
    Le pire dans tout cela, c'est que j'y vraiment cru jusqu'à la fin du 1er paragraphe. C'est à dire que je pense Moustache capable de dire :
    "Quand il y a urgence, la notion de timing ne compte pas. Lorsqu’un incendie dévaste une maison, examine-t-on les RTT des pompiers en exercice? Il y a une réalité, notre arbitrage est déficient. Et prendre les choses en main, voilà qui est important pour la ‘maison football' ".

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 29/04/2015 à 10h37
    Pareil, j'ai commencé à lire l'article en rigolant, j'ai eu un doute en voyant les citations de Thiriez, puis j'ai repris confiance dans mon jugement initial à l'avant-dernier paragraphe mais en revoyant Thiriez et Bégaudeau dans les citations finales je me suis surpris à faire une recherche sur amazon pour m'assurer que le monde n'était pas devenu fou. Clap clap (bon après j'ai vu Anelka et Booba et je me suis dit que je paniquais un peu vite quand même).

  • Nadine Zamorano le 29/04/2015 à 10h58
    J'y ai aussi cru, jusqu'à "Nicolas Gratteux, économiste du sport à l’Erpes".

  • lemeu le 29/04/2015 à 12h53
    A ce niveau, le mot n'est plus "crédible", c'est "combien d'heures faudra-t-il avant qu'un média le reprenne au premier degré"?

  • Coach Potato le 29/04/2015 à 12h56
    Cher Monsieur, je vous remercie d'avoir attiré l'attention des cédéfistes sur ce précieux ouvrage.

    Toutefois, je tenais à réhabiliter les excellents travaux de l'Ecole Rationaliste de Prospection Économique et Sociale qui ne publie pas seulement des travaux dans le domaine du sport et qui sont assez faciles à obtenir. Une étude sur les conséquences des 35 heures dans les conventions collectives de la sécurité civile fait autorité en la matière et aura sans nul doute inspiré l'excellent M. Thiriez qui ne mérite pas le traitement partial qui lui est infligé ici. Je m'interroge sur les conséquences des fautes qu'on lui impute es qualité de dernier défenseur de la Ligue 1.

    Je tenais aussi à mettre en exergue une contribution précieuse de l'utopiste fouriériste Michel Onfray qui a aussi contribué à ce livre noir en ces termes:
    "L'ultra-libéralisme du football ne peut se contenter d'avoir le mercato pour seul horizon. La régulation de la main invisible dans la surface et l'immanence de la double peine prend sa source dans une ontologie déiste de la philosophie du corps arbitrale. Son refus du dialogue, de la video, de toute forme de remise en cause trahit une conception moniste de l'arbitrage."

    Il faut aussi aborder le point de vue controversé d'un polémiste en vue qui explique le recul notable du football allemand par le trop grand remplacement de dolichocéphales blonds par des corps étrangers favorisé par l'alliance du grand patronat et des élites libérales-libertaires mondialisées qui pratiquent un jeu d'évitement dès l'école de football.

    En dehors de deux ou trois points de détail récurrents, cette critique de l'establishment arbitral parle d'or.

    Je vous prie de recevoir l'expression de mes sentiments cédéfistes les meilleurs.

    Le jour où un malfaisant va écrire le livre noir des Cahiais, on va prendre cher, très cher...

  • osvaldo piazzolla le 29/04/2015 à 14h58
    c'est beau comme du Maffesoli !

  • José-Mickaël le 29/04/2015 à 15h42
    J'y ai cru jusqu'à l'apparition de Booba et Goldman. Pfffouu, vous m'avez fait peur !

La revue des Cahiers du football