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Un livre à déposer au pied du sapin de Noël

Mes secrets d’entraîneur de Carlo Ancelotti est sorti récemment, aux éditions Solar. Un ouvrage aussi instructif sur son approche du métier d'entraîneur qu’agréable à lire.

Auteur : Gilles Juan le 26 Oct 2015

 

 

Carlo Ancelotti (aidé par son collaborateur technique Giorgio Ciaschini) a généreusement entrepris de parler de son expérience d’entraîneur, de raconter, annonce-t-il en introduction, “la dimension technico-relationnelle de ce travail: la programmation des entraînements, la gestion de la veille d’un match important, le rapport avec les joueurs, avec les dirigeants d’un club, les supporters et les médias”. Toutes ces parties annoncées ne se verront pas toutefois accorder la même importance: le programme concernera surtout l’encadrement des joueurs, au quotidien (entraînements, vestiaires) et sur le terrain.

 

 

Un tacticien consciencieux

Les secrets d’Ancelotti sont prioritairement ceux d’un tacticien consciencieux. On retiendra par exemple que le chapitre “Les dix matches qui ont marqué ma carrière d’entraîneur” contient surtout des récits de victoires ou de défaites qui se sont jouées, à ses yeux, prioritairement sur le plan tactique. Pour autant, les 348 pages n’ont pas pour but de proposer des réflexions théoriques déconnectées du jeu: les explications sont toujours motivées par les récits personnels des matches.

 

 

  

 

Parmi les principales qualités de l’ouvrage, citons pour commencer la patience et la précision avec lesquelles l’auteur présente, schémas clairs à l’appui, les systèmes de jeu qu’il a pu mettre en place. Le sapin de Noël occupe évidemment une position centrale (pas moins de quatorze schémas différents pour sa seule utilisation à l’AC Milan, afin de décliner les situations, les vertus, les failles à compenser, les automatismes à créer…). Autour de cela, Carlo prend bien sûr soin de faire le tour des dispositifs qu’il a pu tester, avec plus ou moins de réussite, club après club.

 

En plus des aspects tactiques, une large place est faite à tous les aspects du métier d’entraîneur aux côtés des joueurs, de la motivation de ces derniers à la programmation des entraînements. De nombreuses pages détaillent notamment les semaines types des séances, exercice par exercice, expliquant même les inflexions à apporter lorsqu’il y a des matches de coupes à jouer en plus des championnats.

 

 

Une personnalité séduisante

Le livre est écrit avec le souci prioritaire d’être pédagogue. Beaucoup de définitions, de listes, d’exemples. Le lecteur fait progressivement connaissance avec un entraîneur soucieux de toujours tirer des enseignements de ses expériences et de les partager avec application. Ancelotti confie volontiers ses regrets (dont un “tout particulier: celui de n’avoir pas mis en valeur tactiquement et techniquement un joueur de la valeur de Gianfranco Zola”). Il est un coach sans radicalité, doté de patience (regrettant parfois que le monde du foot n’en ait pas autant), cherchant les justes milieux, les ajustements inventifs, les bons réglages. Il est suffisamment lucide sur la valeur de ses succès pour ne pas tomber dans la fausse modestie, et suffisamment philosophe pour vouloir témoigner prioritairement de la sagesse qu’il convient d’acquérir pour exercer ce métier (il ne fera pas la même erreur avec Pirlo qu’avec Zola: il adaptera son schéma à un Pirlo placé là où il sera le meilleur).

 

C’est en outre un entraîneur qui souhaite être proche de ses joueurs. On ne sait jamais trop ce que cela veut dire, d’habitude, mais on là a quelques exemples. Il a ainsi toujours eu le souci de “construire et consolider le sentiment d’appartenance de tous les joueurs à l’équipe”. Lors de la chevauchée qui a mené l’AC Milan à la victoire en Ligue des champions en 2007, il a pris la peine de faire un montage vidéo des contributions décisives, compilé les épisodes marquant qui ont jalonné le parcours pour montrer que chaque joueur a été indispensable. “L’entraîneur ne peut pas non plus toujours exprimer le fond de ses pensées, car il doit à tout prix préserver le moral du joueur”, tempère-t-il aussi (peut-être en souriant, le sourcil gauche relevé).

 

Un entraîneur proche des joueurs, mais exigeant: Drogba est resté sur le banc lors d’un match à Manchester décisif pour le titre parce qu’il avait été retard. Ancelotti le raconte surtout pour montrer qu’il faut aussi, pour remporter des titres, le coup de main du destin et des autres: aligné seul en conséquence, Anelka avait réalisé un grand match. Car ce livre est aussi celui d’un entraîneur superstitieux. Il n’emploie pas ce mot-là, il le trouverait peut-être trop fort, mais il fait régulièrement remarquer des signes qui n’ont cessé d’apparaître tout au long de sa carrière, de la possibilité d’avoir une revanche contre Liverpool en finale de la Ligue des champions à la blessure de Dida laissant sa place à un Abbiati qui réalisa une demi-finale formidable contre l’Inter en 2003, en passant par son opportunité d’apporter au Real sa dixième Ligue des champions. Les Secrets d’entraîneur sont une jolie histoire.

 

 

Un observateur relativiste

Le livre suit d’ailleurs l’ordre chronologique. Les chapitres, mêmes s’ils sont thématiques, accompagnent le déroulement de la carrière d’Ancelotti. Il ne manque donc pas l’occasion de faire un peu de relativisme culturel, pointant principalement ce qu’il a apprécié dans tel ou tel championnat, se permettant de temps en en temps quelques préconisations. Il trouve par exemple très sain de d’accueillir dans son vestiaire l’entraîneur et l’équipe technique adverses au terme des matches à domicile, comme cela se fait en Angleterre. Globalement, le “Mister” mentionne surtout ce qu’il trouve intéressant, et reste suffisamment vague sur les sujets qui pourraient être sensibles pour ne créer aucune polémique.

 

C’est d’ailleurs le reproche principal que l’on pourrait faire à l’ouvrage: on n’espérait évidemment pas qu’il fut écrit “pour régler des comptes”, comme l’on dit, mais on pourra regretter que certains points (les relations avec les médias ou les supporters, notamment) ne soient qu’esquissés. Décrits sans être évalués. Les chapitres sont très nombreux et relativement courts, on est parfois frustrés de déjà passer à autre chose.

 

Même si tous les points ne sont donc pas aussi développés qu’on le souhaiterait, il reste assez passionnant de lire le récit d’un entraîneur qui vit sa carrière comme se situant à un tournant de l’histoire du métier. Celui-ci a pris notamment un virage technologique (GPS sur les joueurs, complexification des séances d’entraînement et de récupération, etc.) et s’est compliqué logistiquement. L’élargissement du staff technique fait que l’entraîneur devient un chef d’équipe; le métier peut tendre vers celui d’un coach général, d’un “superviseur”.

 

Un métier qui rend Ancelotti heureux, en tout cas. Faisant suite à un petit lexique et un pertinent index des noms de joueurs cités dans le livre (nous permettant de retrouver les éloges de Zidane ou d’Ibrahimovic, les inflexions tactiques conformes aux qualités de Pirlo ou Lampard, etc.), le CV au terme du livre rappelle qu’on vient d’achever l’ouvrage de l’un des entraîneurs les plus titrés, voyageurs et brillants. On éprouve une forme de gratitude, en même temps qu’on aimerait quand même bien lui poser quelques questions, sur quelques points plus politiques notamment.

 

Réactions

  • Ba Zenga le 26/10/2015 à 10h37
    Merci pour cette revue. Voilà bien un livre qui me fait de l’œil, adorant le genre et le coach.

    Petite question Gilles stp: est-ce une traduction/mise à jour de l'ouvrage "Preferisco la coppa"?

  • Gilles Juan le 27/10/2015 à 10h22
    Non, Preferisco la coppa est son livre précédent, accès "sur l'émotion", comme il dit lui-même.
    Là il est vraiment question du métier, de ses stratégies et de sa culture d'entraîneur.
    Je ne retrouve plus le titre de l'ouvrage original, mais je sais qu'Ancelotti a un peu développé, pour la publication en français et à la demande de Solar, les passages sur les joueurs français (Zidane principalement) et le chapitre sur le PSG.

  • Ba Zenga le 27/10/2015 à 13h26
    Merci Gilles pour la précision.

La revue des Cahiers du football