Un Doha dans le PSG
Une balle dans le pied – Précédant l'acquisition d'une partie des droits de la L1, le rachat du PSG par un fonds qatari lance une révolution culturelle à l'issue incertaine...
Auteur : Jérôme Latta
le 27 Juin 2011
Jusqu'à il y a quelques semaines, le football français ne s'estimait absolument pas concerné par ce qui vient de lui arriver. Que des émirs, des princes, des oligarques ou tout autre variété de milliardaire s'offrent des clubs anglais, d'accord. Mais que cela se produise en notre modeste Ligue 1 – si constamment dénigrée en son sein même –, voilà qui n'était pas envisageable. Les "repreneurs" auxquels on avait eu droit relevaient d'un folklore un peu désespérant: ici Waldemar Kita, fossoyeur du FC Nantes, là Jack Kachkar, héros de l'invraisemblable fausse reprise de l'Olympique de Marseille. Ou encore Colony Capital, qui a souhaité vendre le Paris-SG sitôt son rachat effectué en 2006.
"Marketing politique"
Pourtant, en devenant le nouveau propriétaire du Paris Saint-Germain, Qatar Sport Investments a débarrassé Colony Capital d'un avoir aussi déficitaire qu'encombrant (lire le dossier très documenté du site PSGMag.net sur le PSG et ses structures). Puis QSI a, sinon projeté le club dans une nouvelle dimension, du moins offert à ce dernier des perspectives économiques et sportives totalement inespérées – même une fois retranchée la part des fantasmes.
De fait, cet investissement ne répond pas à une logique classique: le football est fort peu rentable, et le football français ne peut se prévaloir d'un prestige suffisant pour attirer les milliardaires en quête de "danseuse" ou de supplément d'âme. Le rachat du PSG ne représente évidemment pas pour ses nouveaux propriétaires un investissement financier (c'est une poussière cosmique dans leur galaxie financière, et un piètre centre de profit), mais il constitue un élément d'une stratégie géopolitique qui dépasse complètement le club et le football lui-même (lire "Le PSG ne vaut rien"). "C'est du marketing politique", a résumé Fréderic Bolotny dans une interview à Libération, ou de la "diplomatie sportive" (lire "Pays du Golfe: les nouveaux rois du sport" dans Le Monde du 24 juin).
La suite sur :