Transferts de fond
Le numéro "Spécial Transfert" de France Football revient chaque année avec le printemps, tel un marronnier bourgeonnant,... Il nous en apprend finalement plus sur les motivations des joueurs que sur les futurs recrutements des clubs.
Auteur : Francis Dolarhyde
le 30 Mars 2007
La "bible du football" n°3181 est depuis mardi, dans les kiosques. Qu’y apprend-on? Pas grand chose évidemment, le but étant surtout, pour le bi-hebdomadaire, d’occuper le terrain alors que la Ligue 1 fait relâche pour cause de trève internationale. On s’interroge donc sur le futur de quelques Bleus en difficulté dans leur club: Cissé, Thuram, Trézéguet… On remet en question l’avenir français des stars de la Ligue 1: Malouda, Ribery voire Mavuba. Et on envisage de nouveaux horizons pour les "révélations" de notre championnat: Savidan, Bodmer ou Gignac… Sans oublier le très traditionnel tour des clubs. Tout cela reste très flou, le conditionnel est de rigueur.
Et pour cause, à deux mois de la fin des championnats, si certains ont clairement décidé d’aller voir ailleurs si l’air est plus frais, et le compte en banque mieux fourni, la plupart des joueurs attendent de connaître les verdicts des principaux championnats avant de nouer des contacts plus sérieux. Ainsi, on voit mal le géant suédois de Toulouse, Johan Elmander, répondre favorablement à l’appel du pied du Paris Saint-Germain, alors que celui-ci est de plus en plus proche de la Ligue 2. En fait, un seul terme concentre toutes les attentions des joueurs: "Ligue des champions". Tous, ou presque, y font référence, en semblant oublier qu’ils sont les acteurs principaux d’un éventuelle qualification de leur club, ou plutôt employeur, dans la plus importante des compétitions, et accessoirement, aussi, la plus lucrative.
L’exemple Ribéry
Vedette incontournable du mercato hexagonal depuis deux ans, Franck Ribéry illustre bien cette tendance. Convoité par les plus gros clubs européens, l’électron libre de l’Olympique de Marseille aurait obtenu, l’an dernier, la promesse de Robert Louis-Dreyfus, de le laisser partir si l’OM ne se qualifiait pas, en fin de saison, pour le Ligue des Champions. Mais pour se qualifier, le club phocéen n’a t-il, justement pas besoin d’un Ribéry au sommet de son art? Comment interpréter, alors la méforme supposé de l’attaquant international? Bien sûr, Ribery est avant tout un compétiteur, un joueur qui aime gagner des matchs, mais en mettant, lui aussi, dans la balance, la participation de son club à la LdC, il semble se positionner en spectateur, et non plus en acteur. Evidemment, Ribéry, seul, ne peut pas hisser l’OM sur le podium de la Ligue 1, mais il faut bien le reconnaître, sans son feu follet, Marseille n’est plus aussi redoutable.
Même cause – double conséquence
L’avenir de l’autre star de l’OM est également en suspend… Djibril Cissé va t-il rester sur la Canebière ou retourner lustrer le banc de touche à Liverpool? Là aussi, la réponse est étroitement liée à une éventuelle qualification pour la Ligue des champions. Si l’OM ne termine pas dans les trois premiers, il n’aurait pas les moyens financiers de conserver Cissé. Mais, encore une fois, Marseille n’a t-il pas besoin que son avant-centre enfile les buts pour parvenir à décrocher le Grâal? Or, selon France Football, "Cissé s’interroge sur son envie de rester à Marseille"…
À la lecture de ces quinze pages "Spécial Transferts", on peut s’interroger, une fois de plus, sur les réelles motivations de joueurs qui apparaissent de plus en plus comme des mercenaires du ballon rond. Après les bouderies d’Essien ou de Diarra, pressés d’aller récolter, ailleurs, les fruits de leur talent, on s’aperçoit que les candidats au départ disposent d’une autre arme: l’incapacité de leur club à se hisser à leur niveau… Une arme qu’ils tiennent pointée vers leurs présidents, le doigt sur la gâchette, sans penser qu’ils pourraient bien se tirer une balle dans le pied.