Touré 1985, buteur céleste
Un jour un but – Le 21 août 1985 au Parc des Princes, José Touré est à l’origine puis à la conclusion d’un but qui porte sa griffe et qui permet à l’équipe de France de battre l’Uruguay (2-0).
Près de la ligne médiane, José Touré se bat pour arracher un ballon à l’Uruguayen Miguel Bossio. Il le transmet à William Ayache et celui-ci lui rend une passe mal assurée, un peu trop élevée. Touré s’élève, contrôle de la poitrine, puis récupère du pied droit, en extension.
Face à lui, Bossio touche le ballon, mais c’est pour mieux le perdre. Le Nantais enchaîne et se retrouve balle au pied face à Jorge Barrios. D’un pas de danse, il subjugue le numéro 8 uruguayen et fait frissonner le Parc. José Touré, plus brésilien que jamais, donne aussitôt à Michel Platini.
Nuances de jaune
À vingt-quatre ans, José Touré illumine cette douce soirée parisienne du 21 août 1985 où l’équipe de France déroule face à une équipe uruguayenne dépassée. Les Bleus d’Henri Michel réalisent une prestation proche du France-Belgique de l’Euro 1984: un jeu fluide, un collectif huilé, une rencontre agréable qui nous réconcilie avec le football, trois mois à peine après une saison qui s’était terminée dans l’horreur du Heysel.
L’équipe de France avait l’habitude de commencer ses saisons par un match amical au Parc des Princes, souvent contre un club. Cette année-là, l’UEFA a proposé aux champions d’Europe en titre d’inviter l’équipe d’Uruguay, vainqueur de la Copa América 1983, et de créer ainsi la première Coupe Intercontinentale des Nations. Un trophée est mis en jeu et porte le nom d’Artemio Franchi, défunt président de l’UEFA.
Pour sa septième sélection, José Touré est associé à Dominique Rocheteau en attaque. L’équipe de France est par ailleurs privée de Tigana, Battiston et Amoros, et le sélectionneur s’est appuyé sur un club qu’il connaît très bien pour construire son équipe. Rien que la défense est fortement teintée de jaune avec Bossis, Le Roux, Bibard et Ayache. Au milieu, Thierry Tusseau est intégré au carré magique aux côtés de Platini, Giresse et Fernandez.
Au rang d’art
Michel Platini, au milieu de terrain, a donc reçu le ballon de José Touré. Le capitaine français l’envoie sur la gauche à Luis Fernandez, qui laisse passer pour Alain Giresse. Le Bordelais lève la tête et centre dans la surface. Le défenseur uruguayen Nelson Gutiérrez tente de couper la trajectoire de la tête mais il est trop court. Derrière lui, on retrouve Touré qui contrôle de la poitrine – un geste qu’il élève au rang d’art. Puis, face au gardien Rodolfo Rodríguez, le Nantais pousse le ballon d’une subtile touche du pied droit.
La France mène 2-0 après 56 minutes de jeu et on sait déjà qu’elle a gagné le match. Elle aura des opportunités pour inscrire encore deux ou trois buts supplémentaires face à une équipe uruguayenne un peu perdue, trop occupée à multiplier accrochages et provocations.
Dominique Rocheteau avait ouvert le score dès le début du match après trois minutes sur une lumineuse ouverture de Platini. Lorsque José Touré inscrit le deuxième but, il devient pour de bon un titulaire indiscutable chez les Bleus.
Élegance céleste
José Touré connaît l’équipe de France depuis avril 1983 et une victoire 4-0 contre la Yougoslavie (avec déjà un but magnifique de l’intéressé). Le Nantais n’a malheureusement obtenu que six sélections en un peu plus de deux ans. Des blessures, mais aussi un problème tactique à régler pour Michel Hidalgo puis Henri Michel, qui veulent en faire un avant-centre alors que son club l'aligne comme meneur de jeu.
Finalement, cette position de deuxième attaquant aux côtés d’un avant-centre expérimenté lui va à ravir. José Touré peut revenir plus bas organiser ponctuellement le jeu lorsque le besoin s’en fait sentir. Puis se porter en attaque et se montrer décisif comme il l’a démontré à la 56e minute de ce France-Uruguay et son deuxième but en Bleu, qu’il a déclenché puis ponctué avec une élégance céleste.
On connaît la suite, malheureuse, de l’histoire. En novembre, l’équipe de France se qualifie pour la Coupe du monde au Mexique et José Touré est fortement pressenti pour faire partie des vingt-deux. Mais en avril, au cours d’un match de Coupe UEFA contre l’Inter Milan, le Nantais se blesse grièvement au genou. Il manquera le Mundial mexicain. Et ne retrouvera jamais vraiment le talent qui avait fait naître tant de promesses.