Toujours bleu
Un trophée sans trop en faire
Le stade de Yokohama, où se déroulera la finale de la prochaine Coupe du monde, a peut-être été victime d'une erreur de calcul, qui explique pourquoi les tribunes ont été placées aussi loin du bord du terrain. La surface comprise entre ses limites et les premiers gradins permettrait d'organiser un tournoi de sixtes pendant les rencontres.
La sélection y a donc remporté la Coupe des confédérations au terme d'un match assez convenu, probablement le moins intéressant de tous, puisqu'il ne compta qu'un but et ne fut pas une défaite. Le Japon a bien mieux exprimé qu'à Saint-Denis son potentiel technique, haussant en même temps son niveau d'engagement. Pas de quoi rendre la vie impossible à des Bleus appliqués mais qui n'ont pas eu à se transcender. Ce relatif manque de brio explique qu'aucun joueur se s'est fait particulièrement remarquer, si l'on veut bien excepter Vieira, buteur opportuniste. Il ne fallait vraisemblablement pas en faire tellement plus, pour clôturer tranquillement une campagne asiatique plutôt bénéfique.
Deux sur quatre
À peine s'inquiète-t-on de ce manque persistant de réalisme devant les buts (intermittent, parce que la Corée et le Mexique ne l'ont pas observé), qui sera imputable en partie à la méforme d'Anelka —lequel ne s'est pas libéré de ses doutes, bien au contraire. On pourra sur ce match objecter que le Parisien a reçu peu de ballons réellement exploitables, et regretter à cet égard que Carrière n'ait pas eu plus de temps de jeu. L'activité de Wiltord n'a pas eu le rendement escompté lors de la quinzaine, mais ses prestations sont toujours au minimum très honorables, particulièrement dans les configurations observées en Corée et au Japon, le duo offensif évoluant assez bas. Rares et précieux sont les attaquants qui se replacent.
Pendant ce temps, en Italie, Trezeguet inscrit un doublé avec la Juve (et Nakata ne rentre pas en jeu avec la Roma)… Le Franco-argentin conclut à son avantage une saison difficile pour lui, et parvient à s'extirper de son image de remplaçant trop idéal et d'avant-centre au registre unique, aussi bien à Turin où il a réussi à s'imposer face à l'affreux Inzaghi dans un effectif de haute volée, que par défaut en équipe de France, où ses statistiques n'auront bientôt plus de concurrence. Contrairement à ses trois compères, il a montré une totale régularité devant le but (quand il a joué), sans connaître de périodes de doute (dans l'adversité, il ne doute visiblement pas). La saison de matches amicaux qui s'annonce pourrait le voir prendre un rôle plus important dans le casting tournant des attaquants. Quant à Henry, il est en vacances.
Les uns et les autres
Lemerre a pour sa part plutôt conforté sa position. Même le faux-pas australien, qui lui a valu quelques critiques, lui aura finalement servi à montrer la difficulté d'intégrer un groupe qu'il fait peu évoluer dans des circonstances normales. Quelques "nouveaux" en auront fait les frais sans qu'ils soient pour autant condamnés (mais ils mesurent eux-mêmes la distance à parcourir), et certains anciens ont tenté de remettre les pendules à l'heure. Lebœuf y sera mieux parvenu que Karembeu ou Djorkaeff, bien que ce dernier ait infiniment plus de sens diplomatique que son collègue de Chelsea. Vieira et Pires ont profité au mieux du tournoi pour consolider leurs statuts respectifs, Sagnol a prouvé sa capacité se mettre au niveau et Carrière pleinement réussi son entrée. On aimerait voir bientôt le Nantais en concurrence avec Micoud pour épauler Zidane…
One more time
On ne sait pas jusqu'à quand court l'abonnement aux victoires de l'équipe de France, qui a remporté toutes les compétitions auxquelles elle a participé depuis le tournoi Hassan II de 98. La sélection devait ramener la Coupe des confédérations dans sa vitrine pour donner une pleine justification à cette expédition, tant les doutes prévalaient quant à sa pertinence. Elle a rempli sa mission avec une régularité de métronome, assurant la continuité de son palmarès malgré les absences, sans même s'offrir le luxe d'un commencement de doute, la "fameuse" défaite contre l'Australie ne pouvant en tenir lieu.
Les acquis de ce séjour sont multiples. Ne serait-ce que sur le plan logistique, avec l'occasion d'un repérage dont les avantages seront évidents l'an prochain. Durant le Mondial 98, le groupe avait vécu dans le confort des infrastructures nationales, mais l'an prochain il faudra maîtriser au mieux un environnement nettement plus étranger que la Belgique et la Hollande l'an dernier.
Il reste juste à espérer que cette prolongation de la saison, qui vient juste avant la prochaine, écourtée en raison de la CM, ne pèsera pas trop lourd à terme sur les conditions physiques et les blessures.
Les Bleus sont sereins, et peu de choses les menacent dans cette dernière année avant la remise en jeu de leur titre mondial, si ce n'est peut-être un péché d'orgueil parfois manifeste. Prochain rendez-vous : France-Danemark, le 15 août. L'affiche officielle du match comportera donc un Viking, si l'agence de com de la fédération n'a pas été virée à coups de pied au cul entre-temps.