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Top 10 : les oxymores du commentaire footballistique

"Démarrer sur le banc", "revenir de hors-jeu", "manquer l’immanquable"… Les commentateurs manipulent volontiers les oxymores – sans s’en rendre compte.

Auteur : Gilles Juan le 18 Jan 2013

 


Figure proche de l’antithèse, l’oxymore ne se limite pas à l’assemblage d’un nom commun et d’un adjectif que leurs sens devraient opposer. À partir du moment où l’on réunit des termes, quels qu’ils soient, dont les significations paraissent se contredire, il s’agit d’un oxymore. Cette définition légitimement élargie de l’oxymore permet alors d’atteindre la barre psychologique des dix exemples, qui ne donnent le sentiment du travail achevé qu'à l'auteur.
 


Démarrer sur le banc

Normalement, au début d'un match, soit on démarre, soit on est sur le banc. Mais lorsque les commentateurs donnent une composition d’équipe, ils présentent qui sera sur le terrain, annoncent qui sera sur la touche, et ils réservent quelques précieuses secondes, qu’ils pourraient passer à se taire, à mentionner ceux qui vont "démarrer sur le banc". C’est-à-dire ceux qui vont rentrer. Mais qui va rentrer? Il y a fort à parier que seul l’entraîneur le sache, et que seul le déroulement du match oriente le choix.

 

 

 

La passe aveugle

L'expression ne désigne pas l'ensemble des passes que l'on fait sans regarder (on n'entend jamais qu'une talonnade est une passe aveugle), mais plus précisément les feintes de regard sur la passe: on ne regarde pas vers le destinataire de la passe, on ne regarde même pas ce qu'on fait, on regarde délibérément "ailleurs", généralement du côté opposé au destinataire. C'est un oxymore d'associer aveugle à passe, car une passe est clairvoyante par définition. La passe aveugle n'est que de l’esbroufe: réellement, à quoi sert la feinte de regard? Si la passe est bonne, à rien. Si la passe n'est pas bonne, à rien non plus.

 

 

 

 

 

"Comment fait-on pour choisir cinq volontaires?"

Posée pour meubler avant la séance de tir aux buts opposant la France à l’Italie en 98, cette question de Thierry Gilardi reste un modèle du genre.

 

 

 

Si elle est dedans, c’est pareil

Tout porte à croire que si elle est dedans, ce n’est pas pareil: le fait a été mille fois soulevé et l’expression moquée. Mais tout porte à croire, aussi, que personne ne pense vraiment que si elle est dedans c’est pareil. Rien à voir, donc, avec les autres exemples, que leurs auteurs emploient à leur insu. En remarquant, à très haute voix, que si elle est dedans c’est pareil, il s’agit simplement de signaler que le gardien était aux fraises – et pourquoi ne pas utiliser des figures de style pour s’exprimer? Les formules usuelles qui peuvent être prises au pied de la lettre sont choses rares.

 

 

 

La passe décisive

Espèce discutable d’oxymore, le compte des "passes décisives" est une contradiction qui cache bien son jeu. Supposé être une consécration de la passe, une reconnaissance de la dignité et de l’importance d'une chose aussi simple que la passe, le compte doit finalement tout au buteur, et rien à la passe. Puisque la passe n’est décisive que lorsqu’elle est suivie d’un but (c’est-à-dire, "suivie"? Reprise sans contrôle? Avec deux touches de balle maximum? Et si la passe mal ajustée a obligé l’attaquant à réaliser un geste acrobatique improbable, pour effectuer une frappe qui partait à l’ouest mais qui a été déviée dans son but par Morel par exemple, parle-t-on encore de passe décisive?), puisque la passe n’est décisive que parce qu'elle est suivie d’un but, disions-nous, existe-t-il des passes décisives en elles-mêmes? Pas dans le commentaire sportif, en, tout cas.

 

 

 

Les occasions immanquables

On parle toujours de l’occasion immanquable rétrospectivement ("c’était immanquable"), et toujours pour une occasion manquée. Une occasion, c’est toujours manquable, et aussi professionnalisé que soit le football, il y aura toujours des Brandao pour nous le rappeler.

 

 

 

Revenir à la faute

Indice incontestable du mépris pour les compétences de l’arbitre (l'arbitre revient à la faute: "C’est très bien arbitré!" – comme s’il était extraordinaire d’attendre l'efficacité d'un "avantage" pour siffler la faute ou non), l’expression est oxymorique puisque "revenir à la faute" est contradictoire. S’il y a faute, c’est que l'arbitre est venu la siffler, et s'il n’est pas venu, eh bien il n’y a pas faute. La "faute en soi" n’existe pas. La faute, c’est ce que l’arbitre signale comme une faute. Pas de coup de sifflet, pas de faute.

 

 

 

Perdre contre le cours du jeu

On ne perd jamais contre le cours du jeu. Si on a perdu, c’est que le cours du jeu a mené à notre perte.

 

 

 

Trouver un angle impossible

Cet oxymore se passe de commentaire (et en disant cela, je ne propose pas un nouvel oxymore, mais une contradiction performative: le contenu de la phrase est contredit par l'énonciation même de cette phrase).

 

 

 

Le retour de hors-jeu

Retour de hors-jeu? On pourrait penser que soit on est hors-jeu, soit on n’est pas hors-jeu. Mais apparemment non, on peut aussi être "de retour de hors-jeu": c’est lorsqu’on reçoit le ballon et qu’on n’est plus derrière le dernier défenseur, mais qu’au moment de la passe, on y était. Donc "retour de hors-jeu", cela veut dire "hors-jeu au moment de la passe". Donc retour de hors-jeu veut dire hors-jeu.

 

* * *

 

 

Bonus de la rédaction : le penalty imaginaire

Cette expression est tellement courante que plus personne ne se rend compte de son absurdité: car s'il arrive qu'une faute soit "inexistante" (autre terme consacré), le coup de pied de réparation qui s'ensuit est tout ce qu'il y a de plus réel, puisqu'il est bel et bien exécuté. Le penalty imaginaire, c'est plutôt celui que l'on rêve de voir accorder à son équipe.

 

Réactions

  • José-Mickaël le 18/01/2013 à 02h53
    Belle petite liste !

    Rappelons que ce type d'expression contribue à enrichir le langage et que si on peut rire en les listant (comme dans cet article), il ne faudrait pas aller jusqu'à souhaiter leur disparition, car alors le commentaire sportif, en devenant trop juste et trop précis, serait aussi rébarbatif qu'un texte de loi.

    Bref, vive le pénalty imaginaire (on emploie le mot pénalty pour la faute qui aboutit au pénalty, je suis sûr que ça porte un nom) et le "si elle était dedans c'était pareil" (que tout le monde comprend immédiatement, même si ça ne veut rien dire a priori - c'est fort) !

  • Freddy le 18/01/2013 à 07h23
    "Revenir à la faute", quand l'arbitre laisse l'avantage avant de voir ce qui suit, ça me semble correct non ? Il peut très bien y avoir faute, qu'elle soit vue par l'arbitre sans qu'il ne la siffle !

  • Paul de Gascogne le 18/01/2013 à 07h58
    Ah non Freddy, justement, la faute n'existe que par le coup de sifflet de l'arbitre ! Une agression de Busquets non sifflée n'est pas une faute, un double boucle piquée de Fiorès signalé par l'arbitre en est une. C'est là tout le paradoxe.

    L'arbitre ne peut donc pas revenir à la faute.

    En revanche, Pierre Ménès le peut régulièrement: "non mais attendez, j'aimerais bien qu'on revienne sur cette faute que siffle Monsieur Delerue - enfin c'était plutôt Monsieur A-la-rue sur cette 1ere mi-temps - à 40m du but et qui conduit au but lorientais 3 minutes plus tard".

  • theviking le 18/01/2013 à 08h49
    Mouais, je vois pas ce qu'il y a de contradictoire dans l'énoncé de la plupart des propositions (et le texte ne me convainc pas).
    "Retour de hors-jeu" par exemple, je vois pas en quoi les mots ne collent pas. On peut trouver l'expression pas adaptée, ou sans signification (grand cheval de bataille de Larqué à une époque me semble-t-il),mais contradictoire ?...
    Pour ma part, cette expression ne me choque pas : il y a plusieurs "dispositions" de hors-jeu, et cette expression permet à mon sens de décrire rapidement une de ces configurations.

  • Paul de Gascogne le 18/01/2013 à 09h17
    Je ne pense pas que l'auteur cherche à dénoncer des errements de langage ni à fustiger des expressions contradictoires des journalistes. Mais plutôt pointer du doigt le fait que, certainement bien involontairement, les journalistes sportifs usent de nombreux oxymores dans leur langage usuel.

    Après tout, un oxymore est une figure de style, pas un abus de langage.

  • Paul de Gascogne le 18/01/2013 à 09h17
    Sinon, ça se voit que j'aime bien cet article ?

    (promis, c'est pas moi qui l'ai écrit !)

  • Christ en Gourcuff le 18/01/2013 à 09h29
    Bref, vive le pénalty imaginaire (on emploie le mot pénalty pour la faute qui aboutit au pénalty, je suis sûr que ça porte un nom)
    _____

    Je ne suis pas expert, mais je dirais que c'est une Métonymie. A confirmer cependant, la page wikipedia m'ayant plus embrouillé l'esprit qu'autre chose !

  • theviking le 18/01/2013 à 09h51
    >Paul de Gascogne
    "Après tout, un oxymore est une figure de style, pas un abus de langage."

    J'ai justement l'impression que ce sont des abus de langages répertoriés ici, plus que des oxymores. Je ne vois pas en quoi penalty imaginaire est un oxymore. Ou alors, toutes les expressions avec "imaginaire" le sont.

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 18/01/2013 à 10h09
    @theviking
    L'intro de l'article précise qu'il recourt à une définition assez large de l'oxymore.

    Quand on emploie l'expression"penalty imaginaire" pour désigner un penalty bien réel, on fait bien un contresens. En pareil cas, l'expression "faute imaginaire" serait juste, c'est son apposition usuelle avec "penalty" qui est absurde.

    Enfin, manifestement l'article n'a pas pour but de dire "Oh là là, voyez comme les commentateurs sont des imbéciles", mais plutôt de faire un inventaire de ces expressions (cf. aussi le paragraphe sur "Si elle est dedans...", qui dit bien que personne n'emploie cette expression en la croyant juste).

  • Elmander mon cher Larsson le 18/01/2013 à 10h19
    Je suis d'accord avec Paul, un oxymore est une figure de style, pas une faute de langage, à la différence du pléonasme par exemple. Mais certaines expressions répertoriées dans l'article ne sont pas à proprement parler des oxymores comme "revenir à la faute" qui est plutôt un paradoxe ou une erreur. L'oxymore typique repose sur l'association de deux mots de sens contraire tels que "une obscure clarté" ou "une réalité imaginaire". Dans "pénalty imaginaire" si on admet que "pénalty" = "réalité" on a une oxymore par extrapolation et on peut en trouver plein ayant trait au foot :

    - "Le fair-play de Cyril Rool"
    - "Le calme d'Antonetti"
    - "La sobriété de Govou"
    - "Un Ibrahimovic très humble"
    - "Un stade Louis II en ébullition"
    - "Un ultra monégasque"
    - "La bonne humeur de Jean-Louis Triaud"
    - "Joël Muller enthousiaste"
    - "Un buteur nancéien"
    - "Un titre pour le TFC"

    etc...

La revue des Cahiers du football