Textile 2001
L’intersaison est le moment de turpitudes bien particulières, parmi lesquelles la présentation des “nouveaux maillots“. Les trouvailles de nos designers peuvent faire hurler de rire ou d’horreur, c’est selon. Pauvres supporters.
Auteur : Pierre Martini
le 17 Juil 2000
S’il est un sujet qui peut sembler d’une immense futilité, c’est bien celui des livraisons annuelles des équipementiers sportifs pour nos chers clubs. Il est pourtant très important pour les directeurs du marketing de ces derniers, qui font des produits dérivés un de leurs objectifs prioritaires de ressources. Chaque début de saison, le supporter est donc invité à s’habiller avec le tout dernier modèle, agrémenté des nouveaux sponsors s’il y en a. Cela implique pour les stylistes d’inventer toujours de subtiles ou radicales modification du dessin et des motifs des tuniques, même si le prétexte devient de plus en plus ridicule. Exemple chez Nike pour le PSG, qui a supprimé les bandes blanches et remis un col, bleu pour éviter toute ressemblance totale avec un modèle ayant déjà existé. Mais des drames esthétiques bien plus graves peuvent arriver. Si le maillot lensois signé Umbro et aperçu en Intertoto est bien le maillot officiel, on hésitera entre le rire et les larmes. Le ridicule plastron horizontal rouge et jaune (qui n’est pas sans rappeler le costume des majorettes) dépasse en gravité tout ce qu’on avait pu voir auparavant. On a même du mal à y croire. A Saint-Etienne, l’arrivée du nouveau partenaire (le même qu’à Lens…) est soigneusement mise en scène en même temps que le dévoilement du millésime 2000. A voir quand même sur le site de l’ASSE un morphing très réussi des maillots du club dans l’histoire, qui permet de voir quelles atrocité ont pu être commises, surtout lors de la dernière décennie (ne pas rater les versions 89/92 affublées du vilain rond rouge "Casino"). En attendant, les Verts jouent avec la version "extérieur", c’est-à-dire en noir, sans raison très claire. En Loire atlantique, les livraisons n’ont peut-être pas encore été faites, car le maillot nantais actuel, disponible uniquement en XL, semble prêté par une équipe de promotion régionale. A Bordeaux, le scapulaire échappe encore au massacre, mais le sponsor a tenu a placarder son logo sur un fond clair qui fait tâche, ce qui ne le rend pas plus visible mais nettement plus laid. Par contre à Marseille, le choc sera plus important: les Olympiens auraient-ils rejoint l’ordre des chevaliers de la croix de Malte, ou celui de la croix bleue? S’agit-il en fait d’un costume d’ambulancier, hérité de la saison précédente? Bonne croisade à eux, en tout cas! Côté lyonnais, le gros Pathé jaune sera bien sûr reconduit, mais il devra laisser de la place aux innombrables autres sponsors de la SA d’Aulas (le short sera sollicité). Bref, ce défilé criard donne l’envie d’un nouveau règlement interdisant les variations graphiques superflues et obligeant au respect des couleurs et des motifs originels, avec de sévères restrictions concernant la taille et la couleur des flocages. Sans même évoquer le rêve de maillots vierges comme celui du Barça, pourquoi ne pas autoriser seulement le blanc ou le noir pour les logos des sponsors, et limiter leur nombre? Avec l’afflux des ressources financières notamment télévisuelles ou de billetterie, nos présidents pourraient d’ailleurs se passer d’aussi inesthétiques revenus, et présenter à leurs publics des maillots qu’ils puissent vraiment aimer...