Dans la plus pure tradition du burlesque français – version Bernard Menez et Jean Lefebvre – la Spirale de la meilleure performance comique de la saison rend hommage à ces artistes de la vanne, qui trouvent dans les passionnés de football un public déjà conquis à leur cause. On compte d’ailleurs dans cette catégorie tous les types de comiques: du spécialiste de la caméra cachée et du canular, capable de faire croire à un pays entier qu’il préside un club sans avoir le début d’un sou pour l’acquérir, à l’orfèvre du comique de répétition, capable de reproduire encore et encore les mêmes erreurs, jusqu’à provoquer l’hilarité dans tout le pays (à l’exception de la petite zone géographique autour de sa ville, dans laquelle plus personne ne rigole depuis longtemps).
Les champions de la catégorie se trouvent cependant dans la rubrique "comique involontaire", qu’ils soient capables de produire les boutades les plus cocasses en croyant protéger leur chapelle avec des arguments bidons, ou qu’ils soient tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils sont persuadés d’embobiner la foule avec leurs justifications foireuses.
C’est une sorte de Spirale de remerciement qui couronne avant tout un sens de la comédie inné. Rien n’est encore signé, mais nous avons bon espoir qu’elle sera remise par Jacques Mellick et Bernard Tapie.

Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...


Jack Kachkar pour "Champagne pour tout le monde !"
Bien sûr, au départ, on s'est demandé d'où sortait ce personnage à l'origine aussi alambiquée que celle de sa fortune, et pourquoi il voudrait acheter au prix fort un Olympique de Marseille que personne n'avait auparavant évalué à 115 millions d'euros... Mais ensuite, c'est un tapis rouge que l'on déroule sous les pieds de Jack Kachkar, qui met toute la ville sous son charme. Ribéry lui offre son maillot, le club l'invite à la cantine avant de le présenter à Jean-Claude Gaudin. Peu de temps après avoir expliqué dans L'Équipe sa passion pour le foot et son statut de "fan inconditionnel de l'OM" dont il veut faire une "marque internationale", l'ami Jack fait son plus grand show lors du quart de finale de la Coupe de France contre Lyon, au Vélodrome. Il effectue un tour d'honneur écharpe en main, martelant sa poitrine du poing, avant de danser sur la table des vestiaires afin de fêter la victoire avec les joueurs. Quelques semaines plus tard, après plusieurs reports de la signature définitive, Robert Louis-Dreyfus officialise la fin des tractations.
Atout : personne n'aurait pu inventer une histoire pareille.
Faiblesse : on a l'impression de l'avoir rêvée.


Bernard Caïazzo et Roland Romeyer pour "Duo sur canapé"
Rapidement devenus Zozo et Roro pour les supporters des Verts, les co-présidents stéphanois ont, cette saison encore, appliqué leur philosophie du management: tout foutre en l'air quand tout va bien. Cette fois, c'est l'épisode Piquionne, admirablement mal géré, qui a mis le feu aux poudres. S'est ajouté à cela un désaveu d'Ivan Hasek en cours de route et un rôle trouble dans un turnover incompréhensible lors des ultimes journées. Bilan: un microcosme stéphanois en ébullition, une équipe en chute libre dans la dernière ligne droite du championnat et des joueurs-cadres très remontés qui expriment leurs velléités de départ dans une ambiance délétère. L'hydre à deux têtes s'est mordu la queue, et cette fois, aucune déclaration lyrique de Bernard Caïazzo n'a pu travestir la réalité.
Atout : on n'avait plus connu pareil duo comique depuis Luis Fernandez et Michel Denisot.
Faiblesse : il paraît que les résultats du merchandising sont en hausse.


Arsène Wenger pour "C'est la faute au match contre la Bosnie en août si Thierry Henry s'est blessé en avril avec Arsenal"
À n’en pas douter, c’est une découverte qui entrera dans la grande Histoire de la médecine aux côtés de l’invention de la pénicilline et du vaccin contre la rage: avec la "blessure décalée", le docteur Arsène Wenger a ouvert une nouvelle voie, rien de moins. Inlassable militant de la cause patronale, porte-parole officieux du G14, grand pourfendeur des matches amicaux "inutiles" de l'équipe de France, l'entraîneur d'Arsenal n'a pas raté beaucoup d'occasions de pourfendre le sélectionneur national cette saison. Sans pour autant renoncer à ses émoluments de consultant pour TF1 à l'occasion des rencontres des Tricolores – poste qu'il occupe probablement pour mieux minuter le temps de jeu de son cheptel sous le maillot bleu... L'austère Arsène a toutefois perdu ce qui lui restait de crédibilité sur ce dossier en assurant que la blessure de Thierry Henry, survenue en avril, était due au match disputé contre la Bosnie... au mois d'août. Raymond Domenech en a profité pour le reprendre de volée. Probablement un des plus beaux gestes de l'exercice 2006/2007.
Atout : vu que personne n'ose, c'est à vous de lui mettre une calotte.
Faiblesse : on est tellement habitués qu'on ne l'écoute plus.


Jean-Michel Aulas pour "Houllier et Lacombe s’entendent comme larrons en foire"
Cette phrase, plus que le mois de janvier de l’équipe première, fut véritablement le sommet de la première crise lyonnaise des années Champions, que se sont échinés à décrypter les journalistes d’investigation les plus tenaces du pays – dont Vincent Duluc, grand renifleur. Jean-Michel Aulas en fut contraint de battre le record du monde du foutage de gueule afin de protéger sa politique manifeste (résiliation anticipée du mandat Houllier), une discipline où il détenait déjà nombre de records intermédiaires.
Atout : une phrase qui aurait pu aller comme un gant à Santini.
Faiblesse : que pourra-t-il faire de mieux avec Perrin?


Anthony Reveillère pour "Mancini m'a dribbler".
Le passement de jambes a mauvaise presse en  France. Soupçonné d’inefficacité, il synthétise toute la haine des défenseurs envers les artistes du ballon. De Denilson à Zaïri, en passant par le mono-passement de Dugarry, il n’a, c’est vrai, pas été toujours défendu par les meilleurs avocats. Lorsque le (télé)spectateur de OL-AS Rome voit Mancini les multiplier quasiment à l'arrêt, les zygomatiques de tous, dont celles de l’international français, se mettent en action… Mort de rire.
Atout : tout ceux qui se sont aventuré sur un terrain de foot ont forcément ressenti, un jour, cette impuissance comique.
Faiblesse : on aurait aimé que le premier geste du buteur fût d’embrasser son défenseur.