Spirale de l'action pour un foot moins équitable
Les forces du mal étendent progressivement leur empire. Saisissons l'occasion de leur tirer vigoureusement les oreilles…
Les gens qui le détestent se régalent du spectacle offert par le football. Entre conflits d’intérêts, déclarations peu glorieuses, affaires de corruption en tout genre et violences équitablement partagées entre le terrain et les tribunes, ils sont servis. La Spirale de l’action pour un foot moins équitable est piquante en ses deux extrémités et sert avant tout de thérapie de groupe pour supporters désespérés de voir leur passion sombrer dans un cynisme dévastateur, et l’équité foulée aux pieds – le plus souvent par des édiles qui ne portent même pas de crampons.
Elle est surtout un cri d’alarme, car la Spirale est surtout là pour rappeler que, pour l’instant, ce ne sont pas les gentils qui gagnent.
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La Spirale de l'action pour un foot plus équitable
La Spirale de la régression
La spirale de la progression
La Spirale de l'ennui et de la frilosité
La Spirale du beau jeu et de l'audace.
La Spirale du pire moment de la saison
La Spirale du meilleur moment de la saison
La Spirale de la résurrection
La Spirale du truc utile
La Spirale du truc inutile
La Spirale de la meilleure performance comique
La déclaration de l'année
La pseudo réforme de la Ligue des champions
En janvier 2007, avec la pondération propre aux supporters de foot, nous avions été nombreux à accueillir l’élection de Platoche à la tête de l’UEFA comme s’il s’agissait de la chute du Mur de Berlin multipliée par la fin de l’apartheid et mise à la puissance 8 mai 1945. Au moins. On allait voir ce qu’on allait voir! Sus aux privilèges! À bas les puissances de l’argent! Numérote tes abattis, G14! Aulas à poil! Dans la foulée, le nouveau parrain se voyait décerner la prestigieusissime Spirale pour un foot plus équitable des Cahiers, venue récompenser sa capacité intacte à nous faire rêver, en costard comme en short.
S’il n’est pas question ici de se lancer dans un bilan exhaustif de l’action de notre cornac favori à la tête du mammouth suisse, on n’hésitera cependant pas à jeter en pâture à nos impitoyables mais clairvoyants votants l’une des grandes déceptions de la première année Platini, à savoir l’ersatz de réforme de Ligue des champions. Bien loin des projets jadis évoqués – une grande coupe d’Europe regroupant 256 clubs et démarrant à des 128e de finale à élimination directe, par exemple –, Platini s’est livré, selon ses propres termes, à un "simple rééquilibrage" consistant à qualifier directement les trois premiers des grands championnats, au lieu de faire passer le troisième et le quatrième par le tour préliminaire. Une avancée qui n’en est pas vraiment une – 2+2 peut faire moins que 3+0 – et qui, surtout, ne suffira certainement pas à ralentir la concentration des moyens entre les mains d’une minorité de clubs issus des championnats les plus médiatisés.
Atout
Platini n’a pas son pareil pour soulever des trophées – sauf quand il les reçoit en Belgique.
Faiblesse
Il a quand même supprimé l'Intertoto.
En Afrique, on ne s'était pas marré comme ça depuis Giscard d'Estaing.
Gérard Houllier à la DTN
En matière de cynisme et d'absence de vergogne, on pense avoir déjà tout vu, mais la nomination de Gérard Houllier à la DTN de la Direction technique nationale a quand même repoussé quelques limites. Parfait petit soldat du G14 dans sa lutte contre les sélections nationales quand il travailla à Liverpool et Lyon, acteurs d'échauffourées pas très dignes avec le sélectionneur, opposant au déplacement fondateur des Bleus en Martinique (octobre 2005), l'ami Gérard avait brutalement coupé les liens qui auraient dû l'unir à ses anciennes fonctions.
Les scrupules n'ont donc étouffé personne : ni lui-même, donc, ni la Fédération qui l'a rappelé, ni les médias spécialisés qui ont fait passer cette couleuvre avec une petite gorgée de lubrifiant. En bon politique, Houllier a su exploiter sa nouvelle position, d'abord en menaçant de la quitter, affirmant n'avoir pas mesuré les difficultés internes, ensuite en profitant de l'affaiblissement de Raymond Domenech en lui accordant un soutien à la Pyrrhus pour raffermir sa propre influence et se placer en vue d'un éventuel remplacement. Dans la bergerie, le loup n'a pas chômé.
Atout
On parle quand même de Gérard Houllier, là, le type le moins sympathique du foot français.
Faiblesse
On ne peut pas lui imputer l'échec des Bleus à l'Euro.
À droite du sélectionneur, le laser du fusil à lunette de Gérard Houllier: le DTN, mal placé, n'a pas pu ajuster sa cible.
Le tacle de Martin Taylor sur Eduardo
On a beaucoup glosé sur le public anglais: c’est plus ce que c’était, ma bonne dame, vous comprenez, maintenant qu’ils obligent les gens à payer cher pour rester assis. Mais le championnat anglais n’a, lui, pas tout à fait perdu ses bonnes vieilles habitudes. Mythifié par les révélations de Roy Keane, l’attentat y est élevé au rang de rite de passage. En vertu de l’appréciation poussée du public anglo-saxon pour le tackle (tandis que le latin s’esbaudit d’un sombrero) il est d’usage en Premier League de bizuter les petits nouveaux (sans parfois même recevoir d’avertissement). Cet amalgame que font certains joueurs entre le beau geste rugueux et l’agression physique a, cette année, cristallisé l’attention autour d’un des tacles les plus idiots qui soient. Ever.
Il faut revoir, si on en trouve le courage, ces images de Taylor qui, dans le plan serré, jaillit par surprise dans le champ de la caméra pour lancer une semelle appuyée encore plus en retard que le métro londonien. Revoir, dans le plan d’ensemble, le jeu de jambe du défenseur qui, de face, s’apprête à ajuster son tacle vers l’avant – mouvement qui préfigure de l’intelligence sportive de son auteur. Revoir et rester interloqué devant son attitude juste après, légèrement badaud, presque surpris devant le rouge brandi par l’arbitre. Revoir cela tout en ignorant la blessure elle-même, sauf si on adore le Journal de la Santé sur France 5.
Atout
Si on regarde bien, il y a petit bout d’os qui sort de la chaussette.
Faiblesse
Ce genre de tacle, on peut en voir presque chaque journée, dans presque tous les championnats (mais ils ne font pas mouche).
Manuel du milieu défensif moderne, leçon n°7: si ton adversaire bouge encore après ton tacle, arrache-lui les yeux.
La création de FAP
Jean-Michel Aulas n'ayant pris la présidence du G14, le lobby des gros clubs européens, que pour se trouver au premier rang de son enterrement quelques mois plus tard, son activisme devait forcément trouver un nouvel exutoire. Ce fut chose faite avec la création de FAP – Football avenir promotion –, cénacle des "clubs premiers" (comprenez "ceux qui investissent"), placé sous le haut patronage d'un Jean-Claude Darmon en plein come back. Paris, Bordeaux, Monaco, Lens, Lyon, Toulouse et Lille sont de l'aventure.
Il en résulte d'abord un règlement de comptes au sein de l'OM, indûment représenté par des rivaux de Pape Diouf dont celui-ci se débarrassera opportunément, ainsi qu'une jacquerie de la part des clubs de bouseux non invités. Mais c'est surtout le programme – officiel ou non – qui fait peur: mainmise sur la Ligue aux dépens des clubs moyens et de la L2, mise à l'écart des autres "familles" du foot, individualisation et répartition encore plus "élitiste" des droits télé, suppression de la taxe Buffet pour le sport amateur, retour du sponsoring par les fabricants d'alcool, championnat à dix-huit clubs avec une seule relégation, défiscalisation accrue des salaires de footballeurs, etc.
Atout
Ce sera une façon de punir doublement Gervais Martel, l'élitiste de L2, pour sa complicité dans l'affaire.
Faiblesse
Le petit peuple n'en a même pas entendu parler.
"Je tiens à féliciter Fredo pour le travail remarquable qu'il effectue à tête de la Ligue, en toute indépendance évidemment".
L'arrêt Webster
L’étrangeté du football fait que, paradoxalement, ce sont les défenseurs qui cassent les remparts d’un football équitable. Si l’arrière gauche belge Bosman restera comme la figure emblématique de la dérégulation du sport, le défenseur central écossais Webster marquera peut-être la politique de transfert dans les années à finir. Une sombre discorde entre lui et son ancien club de Hearts of Midlothian, et tout le système de période de stabilité mise en place par la FIFA risque de péricliter. Désormais, par décision du Tribunal arbitral du sport, si un joueur met fin à son contrat de manière unilatérale, seuls les salaires restant seront dus par l’employé à son employeur.
Le footballeur est devenu un salarié (presque) comme les autres. Les critères subjectifs de valeur économique, comme la qualité du joueur ou sa renommée médiatique deviennent dénués de tout fondement, tout comme la notion d’indemnité de formation. La masse salariale des clubs n’est donc pas prête de se réduire. L’écart entre les clubs riches et pauvres non plus, d’ailleurs.
Atout
Bientôt ce sera le travailleur lambda qui réclamera la spécificité de son activité professionnelle par rapport aux footballeurs.
Faiblesse
On peut quand même trouver des circonstances atténuantes à quelqu’un qui veut quitter Hearts of Midlothian.
"Alors là, j’en reviens pas: vous imaginez les carrières qu’on aurait pu faire nous, les anciens, si on n’avait pas été contraints de rester aussi longtemps dans nos clubs?"
La plainte de Denis Balbir contre Jean-Patrick Sacdefiel
Avons-nous involontairement débusqué une des personnalités les plus susceptibles de la profession? Toujours est-il que pour prendre au premier degré une chronique de Jean-Patrick Sacdefiel, puis traîner celui-ci devant un tribunal correctionnel pour "injures publiques", il faut singulièrement manquer de dérision et ne pas craindre d'encombrer la justice. Quant à chiffrer à 50.000 euros les dommages et intérêts cet outrage, c'est se montrer très inéquitable – à vouloir, ainsi, délibérément annihiler les Cahiers du football.
Après dix-sept années pépères au sein de Canal+, Denis Balbir aura en tout cas connu une très grosse saison sur France 2, jalonnée par l'allumage de ses anciens collègues, une campagne de dénigrement contre Laurent Roussey, le laminage en direct des deux arbitres des finales de Coupe, l'animation d'un calamiteux "débat" dominical et, pour finir, le cautionnement de l'humour très premier degré de Guy Carlier – avec un singulier commentaire, après un droit de réponse pour une chronique de ce dernier sur Daniel Hechter: "C’est de l’humour, bien entendu (...) il faut savoir bien lire entre les lignes, quelquefois, pour pouvoir être à même de juger". On ne saurait mieux dire.
Atout
Comme en plus, il a fait appel du jugement de première instance qui relaxe les Cahiers, il est déjà placé pour remporter une deuxième Spirale de suite l'an prochain.
Faiblesse
On ne peut pas être juge et partie.
"Et vous entendez quoi, exactement, par «Jean-Patrick Sacdefiel est un personnage fictif»?"
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