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Sonde système

En sport comme ailleurs, on peut faire dire n'importe quoi aux sondages, surtout ce qu'on a envie qu'ils disent. Par exemple : les Français n'aiment plus leur football.
Auteur : Eugène Santa le 20 Fev 2003

 

Le sondage est l'un des éléments clefs de la panoplie du parfait analyste, quel que soit son domaine de prédilection. C'est devenu aujourd'hui l'un des principaux indicateurs de tendance. La prolifération des "enquêtes d'opinion" est le symbole d'un certain recul de la réflexion au profit d'une simplification à outrance de la représentation des comportements des uns ou des idées des autres. Car dans la grande foire médiatique du prêt-à-penser, le sondage présente l'énorme avantage d'être particulièrement lisible et "ludique", et de donner une caution scientifique à toutes les théories. Mercredi 19 février, l'Equipe présentaient les résultats d'une commande faite à BVA et à l'Institut Louis-Harris sur l'intérêt suscité par les diverses compétitions footballistiques du continent auprès des amateurs de ballon rond. Au menu: deux pleines pages en ouverture du quotidien, avec une accroche tapageuse en une pour "vendre" un scoop: le football ne fait plus recette en France. Il ne s'agit pas tant ici de discuter du fond que de la forme: sur la méthode comme sur la présentation des résultats chiffrés, de sérieuses critiques peuvent être formulées.

Chiffres manipulables "Le foot en baisse", "Du foot ? Ouais, bof…". À la lecture des gros titres de l'Equipe, un doute nous assaille. Après la folie furieuse de 98, mais surtout après la douche coréenne du dernier mondial, le peuple de France serait-il revenu à plus de raison? Aurait-il délaissé cornes de brume et écharpes multicolores pour la lecture d'essais philosophiques et le retour au bon goût vestimentaire? Pour Fabrice Jouhaud, qui a analysé avec attention les chiffres fournis par BVA et L'Institut Louis-Harris, la réponse est clairement positive: "L'intérêt que suscite [la Ligue 1] est incontestablement en baisse" affirme-t-il en préambule de son étude. Point de conditionnel dans la sentence. Le sondage a parlé. Le sondage a dit. Le Français n'aime plus son championnat domestique. Il faut dire que 39% des personnes interrogées ont jugé que la compétition est "plutôt moins intéressante" que par le passé. Ce qui est nettement supérieur aux 24% qui estiment qu'elle est au contraire "plutôt plus intéressante". Ou que les 34% qui pensent qu'elle est "aussi intéressante" que par le passé. D'ailleurs, dans le tableau récapitulatif, l'infographe du quotidien a grisé les 39% "majoritaires", ce qui prouve bien que le chiffre est accablant. Trêve d'ironie. Si 39% des personnes interrogées estiment que la compétition est moins intéressante, c'est bien qu'il y a 61% de ce même panel qui juge que le championnat est au moins aussi intéressant qu'avant. Le désintérêt pour la compétition phare de l'hexagone est-il donc aussi massif et flagrant? Un peu plus loin dans l'article, on lit, toujours sous la plume de Fabrice Jouhaud, que "89% des sondés estiment que la L1 est moins intéressante "parce que les meilleurs joueurs s'en vont à l'étranger à la fin de chaque saison". Ici, on ne parle plus de manipulations maladroites des chiffres, mais tout simplement de raccourci hâtif. Si 89% des personnes interrogées ont bien évoqué ce motif comme justification principale à leur désamour, il s'agissait en fait de 89% des 39% d'amateurs de foot précédemment cités, à savoir ceux qui jugent le championnat moins intéressant que par le passé. Mais 89% de 39% ne représentent en fait que 35% du panel total de personnes interrogées (1). Panels pas nets et questions cons Le sondage c'est aussi une question de panel. Pour conclure au désintérêt des amateurs de football pour leur sport favori, BVA et Louis-Harris ont ainsi interrogé un "échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus". Concernant l'intérêt pour le championnat de France, ce sont 613 hommes qui ont été questionnés. 613: moins de 1% de la contenance du Stade de France. Sans doute moins que le nombre d'abonnés à certains clubs de National. Quant aux 239 amateurs mécontents du niveau de notre élite (les fameux 39%), ils ont tout simplement eu droit à un tableau d'un quart de page pour expliquer les raisons de leur désaffection. Beaucoup d'honneur pour une poignée de grincheux, mais quelle représentativité au final? Parmi les hommes interrogés (les femmes n'avaient pas droit de cité), on pourrait aussi légitimement se demander quelle est la part des supporters habitués des stades, des ultras, des ralliés à la cause footbalistique un soir de juillet 98 ou de simples clients passifs de spectacle télévisuel. Car l'amateur de ballon rond n'a rien d'un individu formaté, et les raisons du (prétendu) désenchantement pour son sport fétiche doivent être bien différentes selon qu'il s'agit d'un inconditionnel ou d'un amateur dilettante… Pourtant, impossible de disposer de ce genre d'informations: le sondage est trop souvent une machine à écraser les particularismes, à lisser les points de vue pour ne plus obtenir au final qu'une caricature de citoyen (ou de consommateur). Ce flou statistique est entretenu à tous les niveaux: concernant le suivi des différentes compétitions européennes, on constate ainsi que 2.541 personnes ont été interrogées au sujet de la Coupe de la Ligue en 2001-2002 contre 478 l'année précédente. Quelle crédibilité donner à une comparaison qui prend pour base, d'une année sur l'autre, six fois plus de personnes que la saison précédente? Ce phénomène est loin d'être isolé, puisqu'il se reproduit pour quasiment toutes les compétitions, passant de 1.450 sondés à 5.050 pour la Coupe de l'UEFA par exemple. Sans compter également qu'en suggérant certaines réponses, les sondeurs orientent les choix de leurs sondés autant qu'ils les restreignent. Quand les amateurs de foot sont interrogés sur les raisons de leur désintérêt pour le championnat de L1, dix propositions sont présentées, mais l'une d'entre elles est curieusement absente: l'irrégularité des grands clubs hexagonaux, due en partie à leur mauvaise gestion sportive et financière. Que Marseille et le PSG — les clubs les plus soutenus dans l'hexagone — ne parviennent pas, depuis cinq ans, à enchaîner deux saisons satisfaisantes, apparaît pourtant comme l'une des justifications plausible (et consensuelle?) du déclin de la passion des amateurs de foot pour le championnat. Le sondage : sujet à caution Le sondage ne peut être étudié seul en tant que tel : il doit être un élément parmi d'autres dans l'argumentaire d'un analyste. Pour juger de l'intérêt des amateurs de foot pour les diverses compétitions organisées en Europe, des éléments comme l'évolution de la fréquentation des stades, de l'audience télévisée des retransmissions de matches, ou encore des ventes de journaux spécialisés apporteraient un intéressant complément d'information. Des comparaisons avec d'autres pays permettraient également d'éclairer nos lanternes: le désintérêt des français pour la Ligue des champions est-il dû à la mauvaise représentation de clubs nationaux dans cette compétition, comme le souligne l'Equipe, ou ce désamour doit-il plutôt être imputé aux changements de formules successifs? Seul un rapprochement avec des statistiques issues de nos voisins européens pourrait répondre à cette question. Le sondage est une représentation assez peu fidèle de la réalité, ou tout du moins partielle, et la pertinence de son utilisation dépend grandement du travail d'analyse qui est réalisé en aval. Présenter une quinzaine de tableaux de statistiques en les commentant de façon superficielle, sans jamais relativiser ni mettre les résultats en perspective est une méthode assez douteuse et pour tout dire, journalistiquement hasardeuse. C'est d'autant plus douloureux que le mal est profond: des agences de presse aussi "sérieuses" que l'AFP ou Reuters ont repris ces informations dans leurs dépêches du jour sans apporter plus de précisions que ne le fait le quotidien sportif national. À quand une inscription au fronton des sièges des principaux médias pour leur rappeler que "l'abus de sondage est dangereux pour le journalisme"? (1) Pour ceux qui n'ont pas compris ce passage : relire deux fois le paragraphe, respirer bien fort, s'armer d'une machine à calculer, et prendre une aspirine. Ou alors nous faire confiance.

Réactions

  • peterelephanto le 20/02/2003 à 01h45
    Tout est dit et bien dit: on sent bien que c'est l'inconscient qui parle et qu'Eugène Santa se revoit encore voter Besancenot au premier tour.

    Afin de prolonger le débat de manière ludique grâce à des données simples :

    lien

    lien


  • Agora le 20/02/2003 à 09h25
    N'ayant pas lu l'Equipe d'hier, j'ai réagi dans l'un des forums aux données que j'avais sur ce sondage. En particulier, je m'estimais fier d'être parmi les 11% qui considéraient la L1 n'avait pas baissé d'intérêt malgré le départ des meilleurs français vers l'étranger. Piégé, l'Agora, par des diffuseurs malicieux? Alors je demande à quelqu'un qui aurait l'Equipe d'hier : Est ce que la question sur les raisons principales du désamour est uniquement posée aux personnes ayant déclaré une baisse d'intérêt ou est elle posée à tout le monde (c'est peut être écrit en tout petit dans un coin).

    Pour l'analyse globale du role du sondage dans le "journalisme", je vous rejoins à 100% d'autant plus que je suis un féru de stats et de sondages en tout genre. Mais c'est aussi peut être pour cela que je sais détecter dans un sondage rapidement, ce pour qui (ou pour quoi) il a été fait et donc, par là même, sa valeur intrasèque. Rien ne m'énerve plus qu'un article de journal fait à partir de tableaux d'un sondage où le journaleux s'applique à simplement décrire les tableaux.

    "alors on voit bien que la part des français aimant le camembert (75%) est supérieure à celle qui aiment l'huile de foie de morue (14%)" Bien, Intéressant. Et tu en conclus quoi? Rien bien souvent. Parfois que les français préfèrent le fromage aux oléagineux purs (balaize). Très rarement que la comparaison de ces 2 chiffres ne veut rien dire dans cette étude commandée par les producteurs de camembert réunis.

  • kalle le 20/02/2003 à 09h33
    Je suis plus que circonspect à l'endroit des sondages. Entre les "réajustements" des sondeurs, l'orientation des questions, l'absence de certains choix et l'analyse partiale au final, on leur fait dire absolument ce que l'ont veut. (Voir les brillants faits d'arme de tous les instituts lors des elections.....)

  • beppo le 20/02/2003 à 09h53
    La question sur les raisons du desinteret n'a bien été posée qu'aux personnes l'ayant déclarée...
    D'autres remarques concernant l'ineptie de ce sondage :
    - Les chiffres donnés pour les années précédentes sont la moyenne des chiffres obtenus mensuellement...
    Il y a d'ailleurs une remarque pour expliquer "l'anomalie" de l'interet important pour la coupe de France 2000 mentionnant Calais...
    Cette remarque montre bien que les chiffres donnés pour cette année ne présentent aucun interet, puisqu'on compare des années pleines, avec une demi-saison, or chacun sait que l'interet augmente en phase finale de competition...
    On a pas besoin de sondage pour savoir qu'une finale de coupe de France ou de champion's league interesse plus le grand public qu'un 32eme de finale ou qu'un match de poule...

  • gb13 le 20/02/2003 à 10h23
    C'est la différence entre statistiques et sondages. Il y a suffisament de chiffres utilisables dans le foot ( fréquentations dans les stades, taux d'audience télé ... ) pour cerner précisement l'intêret des français pour le football, sans avoir à poser des questions perfides ou évasives. Je bosse pour le plus grand institut de sondages de France ( l'INSEE ). La réalisation des échantillons ( de sondés ) est primordiale pour une bonne vision du problème.

    Bof, sinon, je suis globalement d'accord avec ce sentiment. L'intêret s'effrite ( je regarde même plus l'EdF, plus de flammes ). Les coupes européennes sont des championnats, vivement les phases finales et le retour à l'élimination directe.
    Heureusement j'ai encore l'OM, malgrè un effectif "moldave" ( mais très compétitif en France ), mais plus par amour que par le jeu.

  • harvest le 20/02/2003 à 10h58
    Le sondage est effectivement un outil à double tranchant selon le degré de malhonnêteté de celui qui le publie. Pour celui de l'Equipe avec les mêmes chiffres et la même mauvaise foi , on pouvait dire que :
    Les français s'intéressent de plus en plus à la L1 : 61% des sondés trouvent le championnat français aussi voire plus excitant qu'avant.
    Toujours basés sur les chiffres du sondage , 65 % ( 100 % des 61 + 11% des 39 ) estiment que le départ des meilleurs joueurs n'a aucun impact sur la qualité de la L1
    Quant au panel , on se demande bien pourquoi les femmes en ont été exclues ( et si on émettait l'hypothèse qu'elles ne l'ont pas été mais que leurs opinions ne cadraient pas avec ce que l'Equipe voulait publier ). Avec les mêmes intentions ( ? ) il suffisait de sélectionner les sondés plus habilement , et ils auraient eu presque 100% de désintéret.
    Tiens , à mon tour je lance un grand sondage parmi les cédéfistes :
    1) Est ce que vous êtes absolument surs que vous êtes prêt à parier votre paye que vous lisez vraiment beaucoup plus l'Equipe qu'auparavant ?
    2) Aimez vous vraiment l'Equipe , c'est à dire est ce que vous donneriez votre vie pour que l'Equipe puisse continuer à apparaitre
    3) à part plumitif , quels sont les journalistes de l'Equipe dont vous connaissez l'age du capitaine ?
    4) Dans le cas ou vous lisez l'Equipe , pourriez vous le prouver en récitant par coeur , les douze derniers articles que vous n'avez pas lus ?

  • kalle le 20/02/2003 à 11h14
    L'Equipe c'est comme tout, y a du bon et du moins bon. Des journaleux intègres et d'autres moins (aîe,non..... pas sur la tête, plumitif). Une ligne éditoriale à géometrie variable au gré de ses propres interêts (groupe Amaury, Tour de France, Dopage...) mais aussi quelques prises de position courageuses.
    Mais, dans l'ensemble, le propos semble nettement plus mesuré et argumenté que ce qu'on peut lire ou entendre par ailleurs, que ce soit en France ou à l'étranger.

  • eio2 le 20/02/2003 à 11h40
    patrick champagne pour tout le monde !

  • CoinCoin le 20/02/2003 à 13h06
    Faut surtout pas faire le procès de l'Equipe ici (plumitif et Fabrice Jouhaud m'ont promis des places gratoches pour aller voir l'EdF (de rugby, tu penses, sinon je me déplacerais même pas;-)).
    D'une manière générale, le journaliste lambda (hors presse spécialisée) n'a pas la culture statistique, mathématique ou scientifique lui permettant de tirer des conclusions de ce genre de données. Le problème est qu'il ne s'en rend même pas compte.

  • electron libre le 20/02/2003 à 13h09
    Bon j'ai refait tous les calculs du lien indiqué par Peter.
    C'est juste. ;-)

    Juste pour dire que la précision d'un sondage sur 1000 personnes est de l'ordre de 3%. Donc quand un journal vous parle de frémissement (+ 1%), ou de hausse (+3%), il se fout de votre gueule. Ca n'a aucune signification.

    Et ça c'est juste l'erreur statistique. Il faut rajouter, l'orientation des questions, l'humeur du sondé, la tendance de certains sondés à cacher leur vraie opinion (cf. vote Lepeniste), les redressements à la va-comme-jte-pousse, etc.

La revue des Cahiers du football