Se laisser pousser la barbe
Invité - panenka.net. Regarde les jaunes tomber... Tel pourrait être le sous-titre de cette chronique d'une descente qui s'était annoncée.
Auteur : Benjamin Hauray
le 2 Mars 2007
Panenka.net, c'est "Le football d'un autre œil", un site ancré de longue date face à l'Atlantique et qui parle le football couramment – et avec beaucoup de talent. Il y a donc une certaine logique à la voir, à son tour, suivre d'un regard embué la chute du FC Nantes...
Valenciennes et Savidan en ont remis un coup pour un épisode du retour de la vengeance des smicards. Un voyage au Vélodrome en forme de poudre aux yeux pour continuer à espérer et ajouter une ligne à la légende de Fabulous Fab’. Deux semaines ordinaires dans la vie d’un club en voie de désintégration. Colère et tristesse se mêlent pour finir de commencer à faire pousser des larmes au coin des yeux de tous les grands nostalgiques. Et le regard d’un vieil admirateur qui tombe sur les paroles dorées de l’ancien maître des lieux, les reliques d’un temps révolu où Suaudeau faisait pousser un jeu délicat à l’abri de la Jonelière.
La rumeur court, elle enfle à mesure que les murs de la maison jaune et verte s’effritent. Tout est fini. Game over. La poésie s’est envolée et les fautes de style pullulent dans les copies rendues par des Nantais depuis trop longtemps redoublants. Alors on cherche. À qui la faute? Il faut trouver un responsable pour ôter le poids de l’infamie. L’alphabet est pourtant le même, mais les phrases ne sont plus construites, les mots se succèdent sans lien entre eux, des matchs comme des textes décousus où personne n’arrive à trouver de sens. Et les souvenirs qui reviennent à la surface pour aviver les regrets, pour assécher les cœurs.
Car c’est bien là tout le malheur du FC Nantes, Atlantique depuis sa première grande crise. Tout le monde l’a aimé, tout le monde est tombé amoureux devant ce football savoureux et ce romantisme forcené. Les inventions de José Arribas. La classe d’Henri Michel. Le triplé d’Éric Pécout. La beauté de ces couleurs jaunes et vertes. Marcel Saupin qui baigne dans la Loire. Le débordement de Loïc Amisse pour la reprise de Vahid Halilhodzic. José Touré qui grave dans le marbre du Parc des Princes un but d’anthologie. La disparition de Seth Adonkor. Le chapeau de Guy Scherrer. Le talent fragile de Reynald Pedros. Et tant d’autres choses encore. Les plus belles images sont peut-être encore enfouies au fond d’une malle dans un coin du grenier. Tout ceci est bien vieux et l’admirateur fatigué ne veut plus se rappeler. Trop douloureux… Mais quand même, cela avait vraiment de la gueule d’aller loin en Coupe de France.
Et de se laisser pousser la barbe.