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Réforme de Ligue des champions : la lente mort de l'aléa sportif

C'est officiel: les quatre meilleurs championnats à l'indice UEFA enverront leurs quatre meilleurs clubs en C1 dès 2018. Si l'incertitude sur un match n'est pas encore tout à fait morte, cette décision va encore agrandir le fossé entre les riches et les autres.

Auteur : Christophe Kuchly le 29 Août 2016

 

 

Vendredi 26 août 2016. Le Bayern, pourtant pas spécialement réaliste, bat le Werder Brême 6-0 pour son premier match de championnat. Quelques heures plus tôt, l’UEFA a annoncé que la Ligue des champions serait composée (a minima) pour moitié de clubs venant des quatre grands championnats, les quatre premiers de chacun d’entre eux obtenant un droit d’entrée immédiat. Une décision soutenue par les entités les plus riches et impulsée par… Karl-Heinz Rummenigge, le président du conseil exécutif du club allemand et de l’Association européenne des clubs (ECA). L’ancien ailier a donc toutes les raisons de zouker dans son salon: en plus de bien lancer sa saison, le Bayern Munich vient virtuellement d’assurer sa présence en Ligue des champions pour les cinquante prochaines années.

 

 

 

Le monde des puissants Depuis 1978, les Bavarois n’ont terminé que deux fois hors du top 4, au début des années 90. C’est arrivé trois fois au Real Madrid, la dernière en 2000, et quatre au FC Barcelone, dont deux entre 1979 et 1981. À l’ère pré-Bosman, ces trois géants du football actuel n’étaient pas intouchables mais ne connaissaient quasiment jamais de saisons ratées, c’est-à-dire loin des premières places. Les saisons “sans” d’alors sont désormais des saisons sans titres. Des cas de figure devenus bien rares alors même que seuls trois trophées majeurs sont mis en jeu chaque année et que deux de nos trois compères évoluent dans le même championnat. Le suspense, le doute autour du résultat pourtant inhérent à ce sport parfois si injuste, ne les concerne presque plus en dehors de quelques affiches – et des rares fois où un plus petit les accroche. Michel Platini voulait modestement essayer d’inviter le peuple à leur table, son successeur Theodore Theodoridis a préféré accéder à la demande des puissants.

 

Dans l’épisode pilote de la série Mr. Robot, le personnage principal parle d’une “élite” à faire tomber en ces termes: “The top 1% of the top 1%. The guys that play God without permission.” Contrairement à ce monde (virtuel?) où le peuple se voit cacher ce qui pourrait le faire se rebeller, tout est ici étalé au grand jour. Pire, Rummenigge et les autres présidents de clubs assoient leur puissance sur l’intérêt populaire grandissant accordé au football. L’Asie, beaucoup plus que les États-Unis où la Premier League écrase tout, vient majoritairement au football pour ses stars et non pour le jeu. La victoire 10-2 du Real face au Rayo l’an dernier, si elle a déprimé une partie de l’Espagne, a enchanté la Chine, où la programmation (un dimanche à 22h heure locale) a permis d’attirer un nombreux public devant la télé. Et, par ricochet, d’installer encore un peu plus la marque du club. La promesse de vente de spectacle est tenue, que les autres passent leur chemin.

 

 

L’exemple du tennis Si l’UEFA avait un intérêt à réformer, ce n’était pas seulement pour des raisons financières. Évidemment, multiplier les affiches permettra a priori de créer plus de rendez-vous intéressant le grand public, là où une partie des rencontres actuelles de la phase de groupe ne plaisent, sur le papier, qu’à ceux engagés par l’une des deux équipes. Mais l’institution n’avait pas non plus le choix: la vieille menace de sécession, qu’on imaginait plus récemment sous la forme d'une Dream Football League – et dont la plausibilité avait fait tomber le Times dans le panneau –, se renforçait de mois en mois. Citons Rummenigge: “Il ne faut pas exclure que, dans le futur, on puisse créer un championnat européen avec les grands clubs d'Italie, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Espagne et de France, sous l'égide de l'UEFA ou d'une organisation privée. Il s'agirait d'une compétition avec une vingtaine d'équipes et peut-être que l'on pourrait jouer quelques matches en Amérique et en Asie.” Deuxième couche, sur la C1: “Il faut débattre de l’introduction de la ‘voie des champions’, qui est ouverte à tous les champions européens, même des petits pays, et voir si c’était une bonne idée.” Le meilleur pour la fin: “Ce qui ne me plaît pas c'est que l'on soit tous dépendant du sort. L'UEFA devrait considérer s'il ne faut pas penser à des têtes de série ou autre chose du genre. Ce n’est pas acceptable, j’en ai assez du sort.

 

En attendant que le foot devienne définitivement comme le tennis, où des tournois soporifiques pendant dix jours s’excitent quand les quatre mêmes joueurs se livrent de superbes mais répétitives batailles pour la victoire, il emprunte une partie de la philosophie de la NBA… mais sans ses avantages. La ligue de basket américaine, fermée, met le communisme au service du capitalisme. Le basculement des forces en présence au fil des années, provoqué par le système de draft et que le plafond salarial aide à maintenir, permet à tous les propriétaires d’avoir des chances raisonnables de réussir sportivement et donc de gagner de l’argent. Faute de pouvoir aller au bout de ses réformes côté portefeuille (voir le cas du fair-play financier, qui contribuait de toute façon à figer les positions), l’UEFA semble ne plus avoir de levier. Pour garder les quelques clubs qui la font vivre, elle doit exclure symboliquement tous les autres. Car, contrairement à la NBA, le football se joue hors des grands clubs. Ceux qui rêvent de ligue fermée passent 95% de leur temps à affronter la plèbe. Et les duels autrefois incertains peuvent vite devenir des exhibitions façon Harlem Globetrotters.

 

 

L’évolution continue Si l'on se projette, le vrai problème de cette réforme n’est pas sa teneur. Après tout, le changement n’est finalement pas radical, et seule l’Italie gagnera deux tickets, l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne réussissant régulièrement à qualifier quatre clubs. Non, c’est ce qu’elle dit du sport, de sa situation et de son avenir. Ce n’est ici qu’un pas, un de plus, vers la mort des championnats, écrasés pour la plupart par une ou deux équipes depuis plusieurs années. La menace que semblaient être les droits télé du football anglais, qui font de Bournemouth un club richissime à l’échelle européenne, pourrait presque constituer une bonne nouvelle. Surdimensionnés, ils empêchent les habitués de la C1 de faire d’énormes différences financières, les gains européens paraissant presque maigres en comparaison. La concurrence interne, permise par une répartition égalitaire en championnat, permettrait ainsi à un nouveau Leicester de se mêler à la lutte à l’avenir, laissant une deuxième compétition incertaine en plus de la Ligue Europa.

 

À moins que… Et si les Anglais, beaucoup plus riches et bientôt mieux équipés que la majorité des seize qualifiés des pays hors du top 4, demandaient quelques strapontins en plus? Et si des clubs légendaires en petite forme, comme ceux de Milan, demandaient des wild cards? Si, tout simplement, un investisseur pouvait acheter sa présence? Beaucoup de choses sont envisageables mais aucune n’implique un retour vers plus d’égalité. La concentration de talents au sein de quelques équipes a eu pour effet pervers de dégrader la qualité des matches des laissés pour compte, donnant une impression de beauté encore plus grande à ceux des gros. Si le nouveau supporter veut des stars, beaucoup de passionnés, quand bien même ils déplorent la tendance, veulent du spectacle et détournent les yeux de leur championnat national. C’est aussi compliqué à justifier qu’humain. Et ça arrange bien les puissants, pour qui le cercle vertueux semble sans fin...

 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 29/08/2016 à 02h29
    Le paramètre financier assez etrange qui perturbe l'équation ligue des champions = superligue = ligue fermée, c'est, et tu le mentionnes, le fait que la ligue des champions c'est de la deuxième division par rapport à la premier league, et c'est nouveau.

  • Paul Paquebot le 29/08/2016 à 04h49
    Moi je pense que c'est la Premier league qui fera office de superligue à l'avenir. Sachant qu'au fur et à mesure des années leurs clubs risque de devenir de plus en plus riche et l'écart avec les autres club européens (y compris Real, Bayern et Barça) de plus en plus grand, tous les meilleurs joueurs et coachs se retrouveront là-haut et ce sera la NBA du foot.

  • Jean Luc Etourdi le 29/08/2016 à 05h47
    Je suis content de n'avoir transmis ma passion du foot à aucun gosse autour de moi

  • Tricky le 29/08/2016 à 09h46
    Remarque, c'est assez simple.
    Qu'ils la fassent, leur sécession. On peut aussi considérer que cette CL présente de moins en moins d'intérêt, ne plus la regarder (je ne suis pas naif, je me doute bien que 3 milliards de gens feront l'inverse) et se focaliser sur l'UEFA ou des compétitions de seconde zone.
    Tu me diras, c'est plus facile quand ton club d'origine est le FC Metz.

  • betomar le 29/08/2016 à 10h28
    ça rappelle ce qui se passe pour les fringues des jeunes: ce qui compte, c’est la marque.
    Sait-on si les 8 champions nationaux gardent leur place dans le chapeau 1? C’est ce qui permet aux meilleurs français/portugais/russes de conserver une chance. Si ce privilège disparaît, au premier accident sportif, la dégringolade vers le chapeau 3 sera rapide et définitive….

  • Espinas le 29/08/2016 à 10h49
    De mon côté, il y a une chose qui me pose question:
    Comment ces grandes marques survivraient sans les faire- valoirs de leur championnat?
    Je m'explique, structurellement, les "grands clubs" sont bien mieux outillés niveau joueurs, budget, stade que leurs adversaires nationaux et gagnent donc très souvent , développant une image positive, attirant les joueurs des clubs moins huppés, etc.

    Si on les met tous ensemble, comment Porto par exemple garderait son prestige en étant les LA Clippers de la superligue, ou même le Milan ou l'Inter, wild cards ou pas, qui se seraient fait marcher dessus par les vrais cadors sportifs que sont le Bayern, le Real Madrid ou le Barça si une telle ligue avait existé sur les 4-5 dernières saisons.

  • osvaldo piazzolla le 29/08/2016 à 11h06
    @Espinas, je suis d'accord, ils n'y ont peut être pas pensé ou au contraire ils se sont dit qu'il fallait faire ça avant que l'italie s'effondre et se fasse dépasser par france/russie/ukraine/portugal.

    Parce que le cas italien dans le top four, vu ses problèmes structurels, ça risque de faire régulièrement des Bournemouth 10-2 Inter Milan dans un futur proche.

  • Mik Mortsllak le 29/08/2016 à 12h26
    "Beaucoup de choses sont envisageables mais aucune n’implique un retour vers plus d’égalité"

    -----------

    L'UEFA est tout de même déjà allé dans le bon sens par le passé en supprimant la seconde phase de poules en 2003 puis en permettant à plus de champions nationaux de participer en 2009.
    Tout espoir n'est donc pas encore perdu, même si la formule actuelle est déjà loin d'être parfaite.

  • osvaldo piazzolla le 29/08/2016 à 12h38
    Je crois que de ce point de vue là, le remplacement de Platini par Infantino tombe à point nommé pour revenir dans le sens de l'ECA.

  • dugamaniac le 29/08/2016 à 13h52
    Ce sont 4 places garantis aux 4 1ers du classement UEFA?
    Ou 4 places garantis à l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie?

La revue des Cahiers du football