Question de point de vue
Tribune des lecteurs – La vérité d’un match est-elle soluble dans le commentaire d’un journaliste? Palinodie a répondu sur le fil "Observatoire du journalisme sportif" en déterrant le FC Metz, un peu.
Auteur : Palinodie
le 20 Sept 2007
L’angle, l’angle, voilà le mot magique qui conditionne les résumés des rencontres de L1 dans Jour de foot. Étant à St Symphorien ce samedi pour le match Metz-Lyon, mais ayant malheureusement raté deux buts suite au fait que ma vessie m’a contraint à quitter ma place de la 35e à la 38e minute (celui qui attend la mi-temps pour aller aux WC n’a jamais été dans un stade rempli au quatre cinquièmes), j’ai donc regardé attentivement le résumé concocté par Philippe "mèche plaquée" Bruet.
Gones au top
Ce bon Philippe avait manifestement choisi l’angle "Les Lyonnais sont les plus forts, ça y est, l’ambiance est super bonne entre eux, ils reviennent au bon moment, juste avant la Ligue des champions". Du coup, Bruet insiste bien sur les buts lyonnais et insinue que finalement, 5-1, c’est un minimum. En nous introduisant deux ralentis sur un éventuel penalty non sifflé pour les l’OL avec une petite pique lancé à Mr Malige, l’arbitre, plus la barre de Govou.
On n’oublie pas tous les compliments (mérités) adressés à Benzema, le plan de Perrin hilare qui, avec sa main, mime l’appel de Benzema qui part dans le dos des défenseurs messins sur le premier but. Et puis, côté ambiance, plus de problème entre eux. Regardez, nous dit Bruet, ça rigole chez les joueurs à la sortie des vestiaires! Tu m'étonnes, il y a 5-1 et il y a Miss Moselle qui exhibe son décolleté sous leurs yeux. Les mecs, ils ne vont pas pleurer!
Pas un mot sur la compo messine (deux nouveaux: Cubilier et Effa. Un débutant à ce niveau: Thomas titularisé en lieu et place de François. Deux revenants: Gygax et Bassong). Pas un mot sur les deux blessures successives de deux défenseurs en première mi-temps (Vivian remplacé par Strasser qui se blesse à son tour) qui n’ont quand même rien du arranger côté messin. Pas une image de l'action de Effa en première mi-temps à 0-1, qui parait à tout le moins retenu par le maillot – sinon descendu, du moins déséquilibré dans la surface. Une seule action messine retenue en deuxième mi-temps en sus du but messin, alors que Perrin reconnaît lui-même que son équipe a concédé trop d’occasions dangereuses...
Le téléspectateur, s’il est lecteur des Cahiers du foot se dit: "Qu’est que les Messins vont prendre encore dans le Classement à l’envers de la semaine prochaine". S’il habite en Lorraine: "Je ne suis pas prêt d’aller voir des chèvres pareilles". S’il habite à Lille, Paris, Saint-Étienne: "Tiens, voyons voir quand ils viennent chez nous… décembre, janvier, non ben non, ça ne vaut pas le coup de se les geler au stade". Tous pensent: "5-1 c’est un minimum, 7-1 aurait été plus approprié. Lyon va tout casser encore cette année, à commencer par Barcelone mercredi".
Version alternative
Introduisons donc maintenant Felipe Buret, the opposite of Philippe Bruet (ceux qui auront suivi Seinfeld comprendront). Grand, élancé, brosse drue sur le dessus du crâne. Lui, son angle, c’est "OK les Lyonnais sont forts, mais Metz, quelle poisse". Visionnons maintenant son reportage avec beaucoup d’images communes à celui de Philippe Bruet.
Premières images : le front soucieux de Francis de Taddeo devant son paperboard, avec tous ces nouveaux qui débutent. Commentaire qui énumère la litanie des blessés messins depuis le début de saison. Plan de coupe avec des Lyonnais rigolards (on resserre un peu, on vire la poitrine de Miss Lorraine, on croit que ce sont des images de leur arrivée au stade).
Le match débute, gros plan de Vivian qui se tord de douleur à coté du but messin en tenant sa cheville. On enchaîne immédiatement sur le premier but lyonnais, sur lequel Vivian est laissé sur place par Benzema. Commentaire navré de Felipe. On enchaîne avec un ralenti de ce que Felipe appelle le fauchage de Effa (une petite allusion sur M. Malige avec le plan de coupe de Perrin hilare qui fait donc un geste de la main de haut en bas). On continue avec un gros plan au ralenti du tacle/contre de Strasser qui se blesse. On enchaîne bien sûr sur les deux buts suivants de Lyon, avec toujours un peu de commisération dans la voix.
Pour la deuxième mi-temps, on insiste sur le remplacement de Strasser, on montre toutes les actions (trois ou quatre, faut pas rêver non plus) messines et simplement les deux buts lyonnais. Fin du match, interview de Perrin dans laquelle on ne laisse que la partie où il parle des actions concédées en seconde période, et on termine par une interview de Carlo Molinari qui évoque des lendemains qui vont forcément chanter après tous ces malheurs (plans de coupe successifs: Vivian et Strasser grimaçants et puis, ça doit se trouver: Aulas serrant la main de M. Malige).
Le match débute, gros plan de Vivian qui se tord de douleur à coté du but messin en tenant sa cheville. On enchaîne immédiatement sur le premier but lyonnais, sur lequel Vivian est laissé sur place par Benzema. Commentaire navré de Felipe. On enchaîne avec un ralenti de ce que Felipe appelle le fauchage de Effa (une petite allusion sur M. Malige avec le plan de coupe de Perrin hilare qui fait donc un geste de la main de haut en bas). On continue avec un gros plan au ralenti du tacle/contre de Strasser qui se blesse. On enchaîne bien sûr sur les deux buts suivants de Lyon, avec toujours un peu de commisération dans la voix.
Pour la deuxième mi-temps, on insiste sur le remplacement de Strasser, on montre toutes les actions (trois ou quatre, faut pas rêver non plus) messines et simplement les deux buts lyonnais. Fin du match, interview de Perrin dans laquelle on ne laisse que la partie où il parle des actions concédées en seconde période, et on termine par une interview de Carlo Molinari qui évoque des lendemains qui vont forcément chanter après tous ces malheurs (plans de coupe successifs: Vivian et Strasser grimaçants et puis, ça doit se trouver: Aulas serrant la main de M. Malige).
Théorie de la relativité
La vérité, pour peu qu’elle existe, se trouve entre les deux, bien sûr: Francis de Taddeo aligne une compo comme s'il s’agissait d’un match d’avant-saison, le onze lyonnais était samedi soir bien plus fort que le onze messin, individuellement et collectivement. Lyon a bien profité des lacunes messines et Benzema a converti trois occasions sur trois. Metz aurait pu, avec un peu de réussite, terminer à 5-2 ou 5-3. La défense lyonnaise n’a pas paru si forte que ça (c’est l’équipe qui a concédé le plus d’occasions aux Messins). Quant à l’ambiance lyonnaise, il faudra attendre d’autres tests un peu plus sérieux pour pouvoir en juger. M. Malige, lui, a l’air d’être ce genre d’arbitre qui ne se décide qu’à coup sûr...
Caricatural, tout ce qui précède ? Pas plus que le reportage de Mr Bruet. Terminons par ces plans coupés au montage: Aulas glissant à l’oreille de Philippe Bruet: "Je ne vois qu’ OL coiffure qui peut faire quelque chose pour toi". Carlo Molinari affirmant à Felipe Buret: "Le créateur du Classement à l’envers, je le connais, mais certains arbitres le connaissent aussi…"