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«Quand le jeu se meurt, on change les règles»

L'historien Ludovic Tenèze nous emmène dans l'histoire méconnue des lois du jeu et de leurs évolutions, entre conservatisme et révolutions. 

Auteur : Jérôme Latta le 14 Sept 2021

 

 

En se plongeant dans les archives de la FIFA et du "Board", dans les comptes rendus manuscrits de réunions du XIXe siècle qui détaillaient même les menus des repas et les horaires des promenades, Ludovic Tenèze a reconstitué la saga des lois du jeu, enterrant au passage quelques idées reçues.

 

Si les changements de règles ont été relativement peu nombreux et très progressifs, du moins jusqu'à récemment, celles-ci ont toujours fait l'objet de propositions d'évolutions et d'expérimentations.

 

Extrait du numéro 5 de la revue des Cahiers du football. Illustration Quentin Faucompré.

 

 

 

Est-ce que la première révolution des règles du football date leur "écriture", c'est-à-dire leur première unification en 1863?

 

La création de la Football Association est le point de départ du football moderne. Ces cinq ou six réunions entre les différents clubs de Londres, en l'espace de dix mois, pour établir un code commun, ont révolutionné le football. On s'est mis autour d'une table pour passer de règles orales à des règles écrites. Dès lors qu'une institution écrit des règles dont elle est garante, le jeu devient un sport, une discipline institutionnalisée.

 

D'où est venu ce besoin d'un code commun?

 

On joue au sein des Public Schools depuis le milieu du XIXe siècle, mais pas avec les mêmes règles, et on ne se rencontre jamais. Les règles peuvent changer d'un jour à l'autre, voire d'une mi-temps à l'autre – les capitaines se mettent d'accord avant le match –, il n'y a pas de lignes de terrain… Des jeux de balle, plutôt à la main ou plutôt au pied, coexistent. D'ailleurs, dans le règlement de 1863, l'arrêt de volée du rugby sera encore autorisé! Or d'anciens étudiants de ces écoles ont envie de jouer ensemble, de créer des clubs et ont besoin de ce code commun, qui arbitre entre différentes tendances, partisanes de plus ou moins de violence. Il y a les tenants du hacking, du "droit de charge" – mais c'est en partie fonction des champs de jeu très différents que peuvent être une cour pavée ou une pelouse grasse, entourées ou non de murs, etc. Cette codification de 1863 permet de jouer au même jeu et, progressivement, les associations provinciales de Sheffield, de Birmingham, du Lancashire, adhérent à la Football Association.

 

 


Les "Cambridge rules" dans une édition de décembre 1863. 

 

Comment en arrive-t-on à la création de l'International Football Association Board en 1886, qui s'assure un monopole sur la définition et les évolutions des lois du jeu?

 

La nécessité de l'harmonisation se renforce après 1863. Les trains permettent d'aller jouer dans d'autres villes, la Cup est créée en 1871, le football prend une dimension nationale. Alors on se met d'accord: onze joueurs, une cage, un gardien, etc. Les quatre nations britanniques organisent un Championship pour se rencontrer, et cette internationalisation incite à créer une institution commune. Le Board se forme en 1882, même s'il n'aura d'existence officielle qu'en 1886. Après l'étape cruciale de 1863, les règles évoluent encore sensiblement durant plusieurs décennies, jusqu'en 1925. Entre-temps, l'internationalisation du football aura incité le Board à intégrer la FIFA, en 1913, mais les Britanniques conservent 80% des sièges… et le contrôle du jeu qu'ils ont inventé.

 

Les changements de 1891 marquent-ils un tournant?

 

Dès lors que les umpires (juges) sortent du terrain pour devenir des linesmen (arbitres de touche) et que le referee y entre pour exercer comme arbitre central, il y a une révolution dans la dévolution du pouvoir: les joueurs perdent celui de contrôler le match, et ils cessent de discuter pour se mettre d'accord sur les décisions. Celles de l'arbitre sont sans appel, et il dispose de toute une gamme de sanctions: avertissement, expulsion, coup de pied de réparation – le point de penalty est créé à ce moment. L'objectif reste de "mettre tout le monde d'accord" autour des règles.

 

« La réforme du hors-jeu en 1925 est le dernier grand changement des lois du jeu, et c'est une révolution. »

 

Par la suite, quels sont les moments d'évolution des règles les plus notables?

 

Sans aucun doute, 1925! Un problème vient alors d'apparaître, exclusivement au sein du football professionnel anglais car on n'en trouve aucune trace ailleurs: à l'époque, Newcastle United abuse de la règle du hors-jeu pour empêcher tout jeu d'attaque, ce qui multiplie les interruptions et fait baisser le nombre de buts. Alors, le Board décide que ce ne seront plus trois, mais deux défenseurs qui seront pris en compte pour établir une position de hors-jeu. Je dis souvent que quand le jeu se meurt, on change les règles. Là, il ne se mourait qu'en Angleterre, mais cela a suffi (rires). C'est le dernier grand changement, et c'est une révolution – ce que comprend bien le journaliste français Gabriel Hanot à l'époque, qui emploie le terme.

 

Il y a peu de bouleversements, ensuite?

 

Du fait de la mondialisation croissante du football, les règles sont relativement peu retouchées entre 1925 et les années 70. Les principaux bouleversements concernent la création des grandes compétitions internationales. Toutefois, en 1937, Stanley Rous, ex-arbitre international, membre du Board, président de la FA, futur président de la FIFA, toilette les règles sans les modifier significativement, mais en les réécrivant sous la forme des dix-sept lois du jeu qui perdurent jusqu'à aujourd'hui. Rous a écrit des Tables de la loi, des règles d'or faciles à apprendre par les arbitres, quasiment intangibles puisque même quand on introduira les tirs au but ou la VAR, on n'ajoutera pas une dix-huitième loi!

 

La morne Coupe du monde 1990 ouvre une phase de réformes pas forcément spectaculaires, mais significatives…

 

Elles constituent une importante phase de rénovation des lois du jeu, notamment parce qu'on fait le constat du plus faible nombre de buts inscrits lors d'une Coupe du monde, et d'un temps de jeu effectif en forte baisse. La fin de l'autorisation, pour le gardien, de prendre avec les mains une passe au pied d'un coéquipier est la plus notable de ces réformes, en 1992. Avec la mise à disposition de multiples ballons autour du terrain, un décompte plus encadré du temps additionnel, la sanction plus systématique des fautes d'antijeu, le joueur qui n'est plus hors-jeu s'il est sur la même ligne que le défenseur, etc., on va redonner du dynamisme au jeu et du pouvoir aux attaquants. Aujourd'hui encore, on essaie d'accélérer les remises en jeu pour regagner du temps de jeu effectif avec, par exemple, les nouvelles dispositions pour les coups de pied de but ou l'engagement.

 

Les réformes luttent également contre les brutalités…

 

De nos jours, les joueurs, les "artistes" sont beaucoup mieux protégés, les tacles beaucoup moins dangereux, moins nombreux et de moins en moins utiles – c'est entré dans notre culture du jeu avec l'idée qu'il faut "défendre debout". La tolérance envers la violence a considérablement diminué, de même qu'envers les provocations contre les adversaires et le public, par exemple. Aujourd'hui, aucun mauvais geste n'échappe aux caméras, et la manière de considérer les meilleurs joueurs a changé. Loïc Perrin peut blesser accidentellement Kylian Mbappé, cela arrive, mais il ne faut pas que cela arrive trop souvent… Le même processus s'observe dans le rugby, et on peut même imaginer une disparition progressive des contacts.

 

« On rééquilibre toujours les règles au profit de l'attaque, parce que les défenses trouvent immanquablement la solution. »

 

Il s'agit aussi de préserver l'équilibre des chances entre l'attaque et la défense…

 

Toujours au profit de l'attaque, parce que les défenses trouvent immanquablement la solution, parce que les systèmes défensifs s'adaptent aux nouvelles règles. La volonté de réduire la part de l'aléatoire est une autre constante: on a introduit la séance de tirs au but pour que les matches ne se dénouent plus à pile ou face. Adopter les filets pour les cages en 1895 procédait de la même logique que la Goal Line Technology (GLT) beaucoup plus récemment: il faut que le but soit correctement validé ou invalidé. Avec la VAR, on cherche aussi à ce que que le football soit moins aléatoire et à améliorer une forme de justice sportive. Même s'il n'y a que la FIFA qui estime que ça s'améliore vraiment (rires).

 

Ce besoin de réduire l'aléatoire a toujours existé, mais ne s'est-il pas radicalisé ces dernières années?

 

La pression du résultat est devenue celle des enjeux économiques. C'est ce que rappellent des présidents de club comme Jean-Michel Aulas quand ils chiffrent le manque à gagner d'une non-qualification en Ligue des champions, pour une entreprise de deux ou trois cents personnes. Alors on croit qu'une erreur, qu'un arbitre a coûté des dizaines de millions d'euros. On va dramatiquement dans le sens de l'extension de l'arbitrage vidéo.

 

L'adoption à marche forcée de l'assistance vidéo résulte-t-elle aussi de la mainmise récente de la FIFA sur le Board?

 

Quand je rédigeais ma thèse, dans les années 2008-2010, j'avais conclu que l'arbitrage technologique n'avait aucune chance. Il y avait eu des propositions, des essais (comme pour le ballon à puce d'Adidas), mais le Board n'avait jamais donné suite. Il voulait que la révolution technologique s'arrête au bord du terrain et que les décisions restent humaines. Or ses décisions avaient presque toujours été définitives au cours de l'histoire, à plus forte raison sur des problématiques "éthiques". Mais, deux ans plus tard, la FIFA est revenue à la charge, portée par la polémique sur le but non-accordé à Frank Lampard lors de la Coupe du monde 2010. Sepp Blatter a changé son fusil d'épaule et la FIFA, avec ses quatre représentants au Board, en produisant des études, en mobilisant ses commissions, a fait pencher la balance de son côté et conduit le Board à se désavouer.

 

La GLT a-t-elle ouvert la porte à la VAR, alors qu'elle est de nature très différente?

 

On a mis un doigt dans l'engrenage. Quand Gianni Infantino prend la tête de la FIFA en 2016, il lance pour la VAR l'expérimentation la plus folle de l'histoire du football, sur deux ans et mille matches. Mais, au bout de trois mois, il annonce que la VAR sera à l'œuvre lors de la Coupe du monde 2018, et il sait déjà le bilan qu'il veut présenter: "On a corrigé des erreurs, il y a moins de contestations, plus de temps de jeu". Il le présentera en effet, quitte à l'appuyer sur des statistiques extrêmement contestables.

 

Peut-on parler d'un déficit de réflexion sur l'arbitrage, de la part des instances, qui a conduit à mal anticiper les conséquences négatives de la VAR?

 

Les instances avaient identifié les difficultés, comme le risque de prendre trop de temps ou l'augmentation des interruptions du jeu. Elles se sont persuadées que la technologie allait s'améliorer, et se sont par exemple basées sur les données de la NBA pour fixer l'objectif que les interruptions restent sous les quarante secondes… Elles ont pareillement sous-estimé leur nombre, lui aussi supérieur à la moyenne espérée de moins de deux par match. Le plus problématique est que la FIFA s'était assignée depuis plusieurs années l'objectif d'améliorer la fluidité du jeu et la qualité du spectacle, avec une vision à long terme pour le football de demain. Son mot d'ordre était de "redynamiser le football". Pourtant, elle a autorisé la VAR, qui a des effets inverses.

 

« Si le football respecte ses cinq ou six règles essentielles, si on procède par retouches, il conservera sa spécificité. »

 

Alors que le Board a toujours été très prudent, on l'a vu adopter dans la précipitation des modifications destinées à "coller" aux évolutions provoquées par la vidéo…

 

C'est évidemment ulcérant de voir que presque toutes les mains sont sifflées dans la surface, surtout si on a déjà été joueur, ou de constater la fétichisation du hors-jeu. La VAR devait aider à mieux interpréter les lois du jeu, en postulant que si la situation à juger était compliquée, il valait mieux s'y mettre à plusieurs. C'est aberrant et incohérent mais, pour cautionner la VAR, on est en effet obligé de modifier les lois du jeu. Michel Platini invitait les partisans de l'arbitrage vidéo à inventer un autre jeu. Aujourd'hui, c'est ce qu'on est en train de faire. Il faut montrer que l'on se sert d'un outil qui coûte cher, convaincre les spectateurs qu'il est utile, qu'il y a un progrès. En regardant la finale de la Ligue des champions, je n'ai pas vu le progrès quand les arbitres vidéo se sont inexplicablement abstenus d'intervenir à deux reprises. Bon, je ne suis pas sûr qu'il y en aurait eu un s'ils étaient intervenus (rires).

 

On en revient à l'idée que la FIFA n'est pas vraiment armée pour penser l'arbitrage, les règles…

 

Elle a créé deux importantes commissions sur le jeu et les règles, elle a missionné Marco van Basten pour réfléchir au football du futur, elle a nommé Arsène Wenger directeur du développement et l'a placé au Board… Mais, en effet, je doute qu'elle ait une réflexion en profondeur sur ces sujets, sur l'essence du football. En tout cas, jamais personne n'a réagi aux livres que j'ai envoyés à Zürich (rires). On peut ainsi parier que les cinq remplacements seront pérennisés sans réel débat.

 

Marco van Basten a fait en 2017 une dizaine de propositions, allant jusqu'à envisager la suppression du hors-jeu. Est-ce qu'on entre dans une phase de bouleversements?

 

La plupart de ces propositions n'étaient pas nouvelles, comme les remplacements temporaires ou la séance de shoot-out [duel entre un joueur lancé et le gardien] pour remplacer les tirs au but. Certaines pouvaient tout à fait être expérimentées, comme l'interdiction des remplacements en fin de match ou le temps de jeu effectif durant les dix dernières minutes. Mais quasiment aucune n'a été testée depuis…

 

Le football connaît-il une tardive révolution technologique?

 

Au début des années 2010, le football avait l'image d'un sport rétrograde à l'égard des technologies, à la traîne des autres sports collectifs. Aujourd'hui, on vend l'image d'un football connecté dans des stades connectés, que les spectateurs suivent sur l'écran géant comme sur leur écran de smartphone. C'est la logique du "sport augmenté", dans lequel les joueurs eux-mêmes sont connectés avec des GPS – le Board a autorisé les staffs à utiliser les données en temps réel –, à l'instar des oreillettes pour les coureurs cyclistes. Le football devient un peu plus un sport de laboratoire.

 

Ces envies de modifier les règles, voire de les bricoler, mettent-elles le football en danger?

 

Quand on regarde un match de Ligue des champions, on se dit qu'il n'y a pas de problème de règles, que le spectacle est assuré. Ce n'est peut-être pas aussi évident dans d'autres compétitions de moindre niveau. Certains acteurs, les diffuseurs notamment, cherchent à exercer une influence, à rendre les rencontres plus spectaculaires, notamment au travers de la réalisation télévisuelle. On supprime déjà les prolongations dans certaines compétitions, pour rester dans le format des quatre-vingt-dix minutes… Ce sont des influences externes qui s'exercent, plus que des réflexions "internes" sur le jeu. Je suis cependant très optimiste pour le football, un peu moins pour ce qu'on va faire des compétitions. Si le football respecte ses cinq ou six règles essentielles, si on procède par retouches, il conservera sa spécificité. Même l'arbitrage vidéo ne le menace pas vraiment, aussi exaspérant soit-il. Le football, c'est le miracle des treize lois devenues dix-sept, le miracle d'un jeu pratiqué sur toute la planète, et il faut faire en sorte de le sauvegarder.

 

 

 

 

De Ludovic Tenèze
• 150 ans de football. 1863-2015. Histoire des lois du jeu (éd. Raison et Passions, 2015)
• Et si on modifiait réellement les règles du football? 99 propositions (éd. L'Harmattan, 2019).
VAR? Le miroir aux alouettes (éd. Panthéon, 2021)

 

LES LOIS DU JEU ET LEUR(S) HISTOIRE(S)
« Quand le jeu se meurt, on change les règles » – entretien avec Ludovic Tenèze
Une brève histoire des lois du jeu
Les Bleus bétatesteurs des nouvelles règles
Les règles auxquelles on a échappé

 

 


 

Réactions

  • Pascal Amateur le 15/09/2021 à 05h37
    Le Board démission.

  • Bof le 15/09/2021 à 22h34
    Passionnant. J'ignorais totalement que dans sa forme initiale, la règle du hors-jeu interdisait la passe à n'importe quel coéquipier plus proche de la ligne de but adverse... je serais curieux de voir comment le foot peut se jouer avec une telle règle.

  • theviking le 16/09/2021 à 11h03
    Ben, c'était l'idée du "dribbling game" ? tu fonces tout droit en éliminant le maximum d'adversaires, et quand tu es bloqué, tu passes en retrait.

  • Mangeur Vasqué le 24/10/2021 à 23h00
    Merci, bonne interview, avec en prime une récap utile de l’évolution des lois du jeu, lien

    Pour le 150è anniversaire de la création de la Football Association en 2013, j’avais publié un dossier en deux parties sur ce sujet fascinant, la genèse des lois du jeu à partir de 1830, les premières lois, la nécessité de régulation et codification unifiée, leur évolution, etc.

    Pour référence : lien et lien

    En complément de cette interview avec Ludovic Tenèze, il convient de noter que deux fait majeurs se sont avérés déterminants pour les règles du jeu ("lois du jeu" aujourd’hui), aussi bien dans leur application que dans l’évolution de ces règles :

    1) la professionalisation du football anglais en 1885 (officialisée cette année-là mais quasi effective dès la toute fin des années 1870/débuts années 1880, avec ce qu’on appelle le “shamateurism”, l’amateurisme marron).

    2) la création de la Football League en 1888 (le premier championnat professionnel, 12 clubs, avec ajout d’une D2 en 1892).

    Ces deux évènements charnières furent de gros accélérateurs de l’évolution des règles du jeu.

    Les fameuses premières règles officielles, celles de 1863 donc, étaient en fait peu observées jusque là tant que le football était désorganisé et largement resté à l'état d'amateurisme, aussi bien sur le terrain terrain (où les Lois du jeu de 1863 n’étaient guère respectées) qu’en dehors, jusqu’à l’avénement du professionalisme donc qui changea considérablement la donne. Je parle de cette désorganisation chronique dans ce commentaire sous article, lien

    Par ailleurs, dans l’interview Ludovic dit ceci : "D'ailleurs, dans le règlement de 1863, l'arrêt de volée du rugby sera encore autorisé!"

    Une précision sur ce point s’impose. Comme je le l'indique dans mon renvoi #7 sous la deuxième partie lien l’expression “fair catch” (règle 8) est traduit dans le wiki français par “arrêt de volée”, or cette traduction peut induire en erreur (comme d’autres dans le wiki sur ce sujet, voir mon renvoi #5 sur la traduction wikipedia du terme “gutta-percha” utilisé dans la règle 13, risiblement traduit par wiki par “écarte-narines” (!). Il s'agissait en fait d'une sorte de caoutchouc ou résine dure).

    Voici la définition officielle de “fair catch” telle qu’elle figure dans le livre “The Rules of Association Football 1863” : “A Fair Catch is when the ball is caught after it has touched the person of an adversary or has been kicked or knocked on by an adversary, and before it has touched the ground or one of the side catching it; but if the ball is kicked from behind the goal line, a fair catch cannot be lien

    Afin d’éviter toute confusion, précisons donc que :

    a) la position de gardien n’existait pas en 1863 (le terme fut officiellement introduit dans les règles en 1871 par la FA), il ne s’agissait donc pas d’un arrêt mais plutôt d’une prise ou réception de balle.

    b) jusqu’en 1871, l’usage des mains était permis mais se limitait à une “réception franche” (fair catch) : on pouvait passer le ballon avec la main mais “à condition qu’il soit réceptionné franchement ou au premier rebond par un coéquipier”.

    L’usage de la main sera définitivement proscrit en 1871, date de l’introduction du terme goalkeeper dans les lois du jeu publiées par la FA.

La revue des Cahiers du football