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PSG: l'ombre des doutes

Est-il trop tôt pour dresser un premier état des lieux de l'un des grands favoris du championnat, recordman des transferts? Pourtant, on voit déjà quels problèmes essentiels le PSG devra résoudre s'il veut réaliser ses objectifs...
Auteur : Jamel Attal le 15 Sept 2000

 

Qu'est-ce que c'est que ces Norvégiens rapides, techniques, et même pas spécialement grands? Les Parisiens avaient montré une certaine désinvolture avant leur déplacement à Trondheim, avouant ne pas connaître leurs adversaires. Les présentations sont faites. On s'étonne de cette arrogance qui rappelle celle des clubs italiens dans les années 90, tout surpris de se faire secouer par des équipes françaises qui comptaient quelques futurs champions du monde. Pourtant, étant donné les qualités tactiques et techniques de Rosenborg, une étude approfondie n'aurait pas été inutile.
Après une défaite significative sur de nombreux points, où en est le PSG?

Brouillard sur les objectifs
Difficile de savoir à quelle hauteur sont placés les objectifs du club parisien. On avait cru comprendre que la saison de transition, c'était la saison dernière, mais voilà que Bergeroo évoque ces derniers temps une "équipe en reconstruction". L'entraîneur parisien parle maintenant d'un délai de deux ou trois ans avant d'arriver à niveau. C'est une échéance risquée dans la mesure où les contrats des meilleurs joueurs dépassent de plus en plus rarement cette durée. Dans trois ans, faudra-t-il une nouvelle saison de transition? Cet effectif est certes composé de nombreux jeunes, mais tout de même pas exclusivement, et leur potentiel est tel que cette raison n'est pas suffisante.
Les objectifs du club cette saison, comme le titre et les quarts en Ligue des champions, impliquent que l'équipe atteigne rapidement un rendement suffisant. De plus, les investissements gigantesques consentis durant l'été placent mécaniquement et immédiatement la barre très haut. Dans ce contexte, combien de temps le staff parisien pourra-t-il se cacher derrière ces arguments?

Des lacunes durables?
Ce que le championnat laissait entrevoir, y compris lors des victoires parisiennes, a été confirmé de façon assez cuisante pour cette entrée dans la LDC, c'est-à-dire des limites dont on ne sait encore si elle sont seulement temporaires. Car les premières impressions flatteuses des débuts de championnat sont fréquemment refroidies à l'approche de l'automne. Le deuxième mois de compétition agit souvent comme un révélateur du vrai niveau des équipes, dans un sens ou dans l'autre.
Or, le PSG 2000 semble souffrir d'abord d'un net déficit dans la maîtrise du jeu, ne réussissant pas à laisser les clés à un ou deux meneurs, et reste dans les dispositions de l'équipe de contre qu'il fut déjà l'an passé. Le 4-4-2 très en vogue un peu partout, avec deux milieux offensifs excentrés, a tendance à laisser l'entrejeu sans réel leadership. Okocha qui revient de blessure a du mal à y trouver sa place, Ali Benarbia est resté intermittent et lorsque Stéphane Dalmat est moins bien, c'est toute l'équipe qui semble souffrir. La série de défaites à l'extérieur souligne cette carence: dans des conditions plus difficiles, l'équipe se décompose trop vite.

La défense en procès
Les inquiétudes les plus grandes touchent la défense. Après avoir pris un unique but par match jusqu'à la cinquième journée, son compteur s'est affolé à Troyes et en Norvège. L'impression de visu est même plus alarmante que les statistiques: si Jimmy Algerino semble avoir les moyens de remettre les choses en ordre sur le côté droit, Sylvain Distin est à la peine sur l'autre flanc. La défense centrale elle-même fait les frais d'une étrange baisse de régime, et doit intégrer un Déhu en perte de repères.
L'association Rabesandratana-El-Karkouri ne retrouve pas ses assurances, surtout du fait du Marocain qui semble avoir égaré son football pendant les vacances. Un grand coup dans l'ego pour celui dont les déclarations fracassantes (sur son niveau ou son salaire) du début d'année avaient suscité quelques antipathies. Il est aujourd'hui aligné par nos confrères, depuis Jean-Michel Larqué qui s'acharne (il devient méchant avec l'âge) à L'Equipe qui se moque. Ce n'est pas totalement usurpé.

Une attaque sur des charbons ardents?
Le bilan offensif est évidemment le plus satisfaisant, avec un Laurent Robert en pleine réussite et deux pointes qui pèsent sur les défenses. Anelka, surmédiatisé, a montré quelques échantillons de ses qualités, et Christian confirme les siennes. Mais ce dernier supportera-t-il longtemps de rester dans l'ombre de son associé? Les commentateurs ont très peu souligné la bonne entame du Brésilien. Son énervement, furtif sur le terrain lorsqu'il est "oublié" par ses partenaires et clairement exprimé au moment de sa sortie prématurée mercredi soir, indiquent que l'entente pourrait ne pas rester cordiale... Pendant ce temps, on n'accorde à Laurent Leroy que des bouts de matches, sans considération pour son excellente saison précédente aux côtés de Christian.
Bergeroo devra aussi gérer les frustrations grandissantes au fil de la saison, et tâcher de conserver un état d'esprit positif...

Un engagement trop faible
L'âge moyen de l'équipe est effectivement une explication du manque de maturité tactique constaté, mais une autre observation s'impose: contre Rosenborg, le PSG a montré un très net manque de combativité et d'engagement en comparaison de son opposant. Les duels du milieu de terrain ont été largement perdus et la construction des actions vers l'avant a été assez aléatoire. Avec un effectif largement pourvu en récupérateurs de qualité (Luccin, Ducrocq, E. Cissé, plus Okocha, Dalmat ou même Déhu), le rendement dans ce secteur devrait être bien meilleur.
Il est prématuré de conclure déjà au manque d'abnégation de cette formation, à un syndrome "de la grosse équipe", mais il faudra bien s'interroger sur sa capacité à se faire violence, rencontre après rencontre. On a pu constater ces dernières années à quel point la solidarité et la volonté collectives faisaient la différence à ce niveau. Malgré tous ses talents, le PSG n'échappera pas à cette évaluation.

Pour répondre à ses objectifs réels, l'équipe de la capitale devra conquérir rapidement sa marge de progression, et montrer qu'elle peut prendre son destin et ses matches en main. Lyon, qui se trouve dans une position assez similaire, aborde mieux ce tournant de septembre en semblant prendre ses responsabilités. Les Parisiens, s'ils veulent rester à lutte sur les différents tableaux, feraient bien de trouver leurs marques et d'aller au combat...

Réactions

  • Tocardinho le 15/09/2000 à 00h00
    Absolument d'accord avec votre analyse. J'aimerais rajouter que le pire est peut-être le flou tactique dans lequel évolue le PSG. P. Bergeroo ne fait que réagir, souvent trop tard, par rapport à une tactique hasardeuse mise en place. L'absence de meneur se faisait sentir depuis 20 bonnes minutes à Rosenborg, avant que le coach ne rentre Okocha. Las ! Trop tard, puisque trondheim venait de marquer. Il ne semble pas avoir de convictions, au contraire de la saison dernière, ou il évoluait dans un schéma de jeu immuable, quels que soient les blessés ou suspendus (avec L. Leroy milieu droit, Alliou CIssé arrière gauche, ou edouard milieu droit). Deplus, faire jouer Distin Arrière gauche, avec son manque d'expérience à ce niveau, relève du suicide. Yanovski ou même Paisley (mais que se passe-t-il avec ce joueur?)seraient plus à même d'intégrer le flanc gauche.
    Quant à Talal, n'en jetez plus. Les grandes gueules du foot (Youri, Stoichkov, entre-autre), compensaient leur arrogance par un jeu incisif et souvent décisif. Talal est un piêtre joueur, mauvais relanceur, défenseur moyen. Qu'on lance distin au centre à la place, car on le sent vraiment plus à l'aise quand il s'agit de venir couper les trajectoires dans l'axe (cfr le match de Champion's league).
    Personnellement, en ma qualité d'abonné indéfectible, je me sens aussi perdu que les joueurs devant les choix tactiques de Bergeroo. Même si je n'oublie pas d'où il nous a sorti, il faut qu'il assume ses choix et impose un schéma de jeu où tout le monde ne trouvera peut-être pas sa place. Anelka doit tourner, comme tout le monde, et laisser L. Leroy batailler, puisque c'est aussi cela qui nous fait défaut aujourd'hui...

  • babas le 15/09/2000 à 00h00
    Complète d'accord avec votre article et Tocardinho.
    Abonné du PSG, comme vous, je regrette vraiment la présence d'un réel meneur de jeux. A mon avis Benarbia est tout désigné car Okocha, malgré son talent, "tricote" trop pour être un vrai meneur...
    Benarbia peut mettre le pied sur la balle au bon moment ou pousser ses partenaires... Dans ses bons jours evidemment.
    Ceci dit, il faut tout de même relativiser, aucune équipe dont les titulaires ont été renouvelés à 80% ne peut esperer avoir un collectif performant au bout de 7 matchs de championnat !! Je penses effectivement qu'on en saura plus sur cette équipe fin octobre... D'ici là il faut, soit sortir Distin, soit le faire jouer dans l'axe ! Contre l'ASSE il se faisait engueller par Rabé en permanence et son placement rappele celui des minimes du PSG !!! En bref, il faut au PSG un peu de stabilité tactique et défensive pour espèrer les voir aussi performants à domicile qu'a l'extérieur !

  • Georgio le 15/09/2000 à 00h00
    Sincerement je ne suis pas d'accord
    avec vos critiques. Paris, comme Nantes
    d'ailleurs que je supporte, offre au
    championnat francais une belle moyenne
    de buts. Les errements defensifs rendent
    humaine cette equipe et de plus font
    plaisir a une bonne partie de la France.
    Ne vivant pas en France je ne vois
    qu'episodiquement les buts francais, mais
    j'avoue que je prends plaisir et meme
    parfois ris de bon coeur lorsque je
    peux les voir. A Marseille je crois
    bien qu'ils viennent de decouvrir leur
    futur meneur de jeu : Ingesson.
    Objectivement et pour rester dans le
    sujet, Paris sera champion cette annee.
    Il n'a pas de reel adversaire. Alors
    digressez tant que vous voulez sur leur
    defense a 4 ou 5 avec tel ou tel joueur,
    mais laissez les s'egarer de temps en
    temps sans en faire une montagne.
    Allez vive le championnat francais...

  • gif animé le 15/09/2000 à 00h00
    je suis d'accord avec vous. Je trouve que le psg ressemble à s'y méprendre à l'OM de l'an passé au niveau de son plan de jeu et de sa façon d'appréhender les adversaires (attention, je ne parle ni des résultats, ni du classement, mais vraiment du fond de jeu et de l'ambiance naissante, pas très solidaire). Talal est le symbole d'une flagrante fausse humilité que Bergeroo à son tour n'arrive plus à dissimuler. Vont-ils connaître les errements olympiens de l'an passé je ne le pense pas car ils ont une attaque incroyable que l'OM n'avait pas. En revanche, comme Marseille, ils ne s'organisent que très rarement au milieu, Robert prenant le couloir plutôt que l'axe comme Pirès l'an passé et Luccin et Dalmat rejouent la même partition que celle qu'ils ont joué l'an passé, le tout sans meneur (je crois que si Benarbia ne joue pas plus c'est parce que sa fin de saison a prouvé qu'il avait moins de souffle). Luccin a du brio, Dalmat est d'une inconstance impressionnante, allant du génie jusqu'à l'inconsistance totale (drôle de bonhomme qui risque de passer tel Touré à l'époque à côté de sa carrière). La défense est friable comme celle que gouvernait tant bien que mal Dumas (Déhu le remplaçant dans le rôle du mercenaire qui a échoué, juste après un titre de champion). C'est dommage pour tout le foot français si ce club échoue. Car il est le symbole de nouveau foot plein de fric et si les résultats ne suivent pas, ce sera la preuve qu'en France on a très peu de chance de revoir une équipe gagner la champions league comme feu les olympiens. La pression est-elle trop grande? Si c'est le cas, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

  • sam suffit le 15/09/2000 à 00h00
    Je ne pense pas Tocardinho qu'Anelka sortira du groupe. Il vaut 220 millions et dès qu'il pète on parle de lui partout. C'est l'homme sandwich du psg, celui qui porte le maillot que les directeurs du marketing du club veulent vendre. S'il sort, c'est le risque de ne pas vendre dix maillots au moins. Alors tout le monde attend qu'il plante ses buts. Quitte à le pousser à bout comme Ronaldo. Je suis sûr qu'il va se lasser de jouer autant comme il s'est lassé de ne pas jouer. La fatigue aidant, Anelka redeviendra humain. Je précise que j'adore son jeu et qu'à mon avis il est indispensable à l'équipe de France (avec Henry), mais il est super fragile et on le prend pour un jouet. Protégeons-le en lui imposant le banc. Il symbolise tellement le psg de cette année qu'on en oublie le petit mec de banlieue qu'il est. Enfermons-le dans les chiottes, avec une playstation, après tout, Canal lui doit bien ça.

  • MrVINCE le 16/09/2000 à 00h00
    Le probleme, a mon avis, concerne surtout la gestion de la "tournante". Celle-ci a commencer des le 2eme match de championnat, alors qu'il aurait fallu, je pense attendre de trouver un certain équilibre et une assise défensive fiable. Généralement, quand une équipe pratique le turn-over c'est la défense qui change le moins souvent. Or, au PSG, c'est sans doute le secteur de jeu qui a le pus changé. Pas étonnant qu'il y est alors un manque de repéres. Par ailleurs, le fait que Bergeroo change souvent de schéma de jeu (4-4-2 avec milieu plat ou en losange) est également révélateur. Les grandes équipes sont celles qui sont sures de leur force, donc qui ne changent pas de schéma de jeu. Pourquoi abandonner partiellement, un systeme qui a fait ses preuves l'an dernier et qui est utilisé par de nombreuses équipes aujourd'hui (MU, Real, Monaco, Lazio...) ?
    Par ailleurs, pourquoi se priver de Benarbia et d'Okocha pour un match aussi important que celui de mercredi dernier alors que ces 2 joueurs étaient les dépositaires du jeu parisien la saison passée ?
    Bref, autant de questions qui me donnent envie de voir le PSG enfin à la hauteur de son formidable potentiel.

  • Van Basten years after le 18/09/2000 à 00h00
    les norvégiens ont battus les parisiens !!!!
    Alors
    pendons Bergeroo

  • Van Basten years after le 18/09/2000 à 00h00
    Comment ? le PSG est 3eme à 1 point du leader ??
    c'est inadmissible !!!!
    Il faut réagir, n'hesitons pas !, brisons des pare-brises !, lynchons les joueurs, le staff.
    ne laissons pas cette situation intolerable perdurer.
    Pour l'amour du foot, du jeu !

La revue des Cahiers du football