Le rideau est tombé sur la phase de poules, la dernière journée a livré son lot de rebondissements en tous genres (Monaco a même marqué deux buts, Steven Gerrard un aussi mais il n’allait quand même pas refaire le même coup qu’il y a dix ans, Rudi a lui fait du classique Garcia). Le tirage au sort, lundi, séparera les premiers des deuxièmes de groupe, comme si les premiers valaient mieux que les seconds. Ce n’est évidemment pas si facile, compte tenu du niveau variable des poules.

Pour se faire une meilleure idée des forces en présence, on a voulu dresser notre petit classement, du premier au seizième. Seize points pour l’équipe classée première, un seul pour la dernière. Nous avons additionné nos quatre votes pour arriver à ce classement ultra-objectif, superbement pertinent et absolument incontestable.

Trois grands favoris se dégagent, une lanterne rouge également. Le ventre mou regorge aussi d’équipes au potentiel certain mais entourées d’incertitudes. Leur sort se jouera certainement en fonction du tirage. Ce n’est pas pour cela que le Real Madrid remportera forcément la compétition, ni que Schalke 04 sera éliminé dès les huitièmes. Après tout, le football n’est pas un sport de valeurs absolues mais de rapports de forces relatifs et que ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne.

1. Real Madrid 62 points

Le tenant du titre n’est pas complètement injouable, mais il dispose de tellement d’armes qu’il parvient à mettre des claques à tout le monde. Par rapport à l’an dernier, il y a désormais James Rodriguez pour faire la différence devant et Toni Kroos pour réguler le jeu et balancer des pralines… en plus de tous ceux qui ont progressé et étendu leur palette, à l’image d’un Isco capable de jouer relayeur. C’est complet, équilibré, profond, intelligent tactiquement et pour l’instant sans problèmes d’égo. Même Iker Casillas redevient excellent...

2. Bayern Munich 61 pts

Les quinze points pris en phase de groupe sont un bon reflet d’une qualité de jeu parfois proche de l’absurde, avec un pressing incessant et des décalages encore plus nombreux que ceux du Barça de Guardiola. Les trois laissés en route sont quant à eux un avertissement: les Allemands peuvent certes donner une leçon de football à City à dix et avec un wagon de blessés, leur beauté devient fragile dès que des erreurs techniques ou du relâchement s’invitent dans ce jeu sans cesse tourné vers l’offensive.

3. Chelsea 57 pts

Prenez un demi-finaliste de l'an passé, ajoutez lui le milieu créatif et l'avant-centre qui leur manquaient, continuez à faire grandir ses jeunes pépites... et vous obtenez l'un des favoris au sacre suprême. Les Blues de Jose Mourinho sont plus complets que jamais: toujours aussi bien organisés, ils sont capables de garer le bus comme de le conduire habilement sur de périlleux parcours dans le camp adverse. Chelsea a aussi plus d'individualités capables de faire la différence que la saison dernière. Et puis, cette saison, le catalyseur Nemanka Matic peut jouer en Ligue des champions.

4. FC Barcelone 49 pts

Alors que l'entente de l'attaque MSN (Messi-Suarez-Neymar) commence à prendre forme, pas de doute, le Barça reste une redoutable machine offensive, même si son rythme est bien moins élevé qu'au temps de son apogée guardiolesque. On demande encore à voir face à des équipes qui s'accommodent bien mieux de défendre pour le contrer que le PSG. La défaite à Santiago Bernabeu contre le Real (3-1) semble indiquer que les Blaugranas ont les mêmes défauts de leurs qualités que par le passé. Tout dépendra donc du profil des adversaires rencontrés.

5. Atlético Madrid 48 pts

Oublions la première journée et une défaite à l’Olympiakos qui ressemble fort à un accident de parcours. Sur les cinq journées suivantes, les hommes de Diego Simeone n’ont pris aucun but, quasiment pas concédé d’occasions et montré la même régularité que celle qui a failli les faire gagner l’an dernier. Miguel Moya est même moins sollicité que Thibaut Courtois tandis que Mario Mandzukic joue des coudes et de la tête devant. Et encore, Alessio Cerci n'entre jamais et Antoine Griezmann peut encore progresser.

6. Juventus Turin 43 pts

Les Turinois n’ont certes pas réussi à défaire le bloc de l’Atlético Madrid. Mais après tout, qui y est parvenu en 2014 en dehors du Real, en prolongation de la finale de la Ligue des champions? Emmenée par un Carlos Tevez enfin buteur sur la scène européenne et forte de la progression de Paul Pogba, la Vieille Dame a une chance de mettre fin à la morosité italienne en C1. Lâché par l’AS Roma, le champion d’Italie est le dernier représentant d’une nation qui doit rénover son football avant de retrouver le succès. Et ce losange sans véritable 10 est un sacré client comme deuxième de groupe.

7. Manchester City 40 pts

On aimerait parler de Yaya Touré, de Stefan Jovetic, de David Silva et des autres mais cette année, les Citizens ont surtout survécu grâce à Sergio Agüero, dans la forme de sa vie avant de se blesser. Alors que les comparaisons avec Romario fusent, l’Argentin a été frappé par la malchance. Pas de crainte, il sera prêt pour les huitièmes de finale, tout comme le collectif de Manchester City (et ses failles éternelles dans le replacement et la fermeture de l’axe).

8. Borussia Dortmund 32 pts

Difficile de juger le parcours du club allemand, brillant lors du match aller face à Arsenal et de moins en moins impressionnant au fil des rencontres, jusqu’à finir par une défaite et un nul. La qualification déjà acquise et la situation préoccupante en championnat (qui oblige forcément à revoir les priorités) permettent de relativiser mais, tout de même, la défense inquiète et on ne retrouve plus vraiment la force de frappe des deux dernières années. Si Marco Reus parvient à faire plus de deux mi-temps sans se blesser, la donne pourrait cependant vite changer.

- Arsenal 32 pts

Arsenal a-t-il déjà été autant sa propre caricature? Rejoint par Anderlecht dans les dernières minutes de la quatrième journée, le club londonien a payé son emblématique naïveté par une énième deuxième place. Histoire de tomber sur le Bayern Münich / le Barça et de sortir une fois de plus en huitièmes? Pour changer, on aimerait que les Gunners tirent une équipe qui veut bien leur laisser le ballon. Et puis il y a Alexis Sanchez, alors sait-on jamais...

- Paris Saint-Germain 32 pts

Laurent Blanc perd du crédit à chaque défaite et n’en gagne plus vraiment lorsque le PSG l’emporte. Une situation compliquée pour un entraîneur qui n’est pourtant pas passé loin d’une première place, tandis qu’on lui promettait une qualification ardue après le match contre l’Ajax. Si Blanc dérange, c’est surtout par son coaching en cours de match. La sortie de Marco Verratti au Camp Nou n’a plu à personne à part au Barça. Paris a les joueurs, un bout du jeu (il faut encore apprendre à contrer avec constance) et du temps d’ici février. Là, on saura si Paris a le coach...

11. FC Porto 27 pts

Quelques mois plus tard, la qualification des Portugais face à Lille en tour préliminaire apparaît encore plus implacable qu’à l’époque. Même si tout n’est pas encore abouti, l’équipe de Julen Lopetegui propose de belles choses grâce à quelques éléments forts comme Yacine “FIFA Street” Brahimi, le létal Jackson Martinez et Hector Herrera, qui s’affirme de plus en plus comme un relayeur de très haut niveau. Parfois fragile, l’ensemble manque peut-être un peu de qualité pour viser plus haut.

12. Bayer Leverkusen 17 pts

Si Leverkusen n’est pas derrière le FC Bâle, c’est parce qu’un des votants est un fan de leur pressing insensé, suicidaire parce qu’il condamne le Bayer lorsque l’efficacité le fuit. Ce qui arrive, il est vrai, assez régulièrement. Mais regarder un match des hommes de Roger Schmidt est si amusant et passionnant qu’on a envie de les voir réussir. “Les équipes qui prônent un jeu offensif et basé sur le pressing haut sur l'adversaire ont toujours les moyens d'aller très loin et je vois bien le Bayer Leverkusen réaliser un coup cette saison”, disait Ottmar Hitzfeld en septembre dernier. Pourvu qu’il ait raison.

13. FC Bâle 16 pts

Parce que les Suisses n’ont aucun sens de l’histoire (calme-toi, Yann Moix), ils ont éliminé Liverpool sans aucun scrupule. Pas de respect particulier pour Steven Gerrard ni pour un Anfield tristement silencieux. Il faut dire que l’équipe de Paulo Sousa mérite bien plus sa qualification et affiche un visage réellement séduisant, capable dans les petits espaces. À suivre, le jeune Paraguayen Derlis Gonzalez (vingt ans et beaucoup de talent) et l’encore plus jeune Breel Embolo (Camerounais de dix-sept ans), qui a décidé de contredire des parents un peu moqueurs.

14. Shakhtar Donetsk 13 pts

Quelqu'un les a vus jouer? On ne va pas vous mentir, nous, pas beaucoup. Mais cela reste le Shakhtar que l'on connaît: une arrière-garde rugueuse et solide, une ligne d'attaque brésilienne technique, rapide et fluide mais peu impliquée défensivement. Et, en plus, Luiz Adriano met désormais des quintuplés. Il leur a toujours manqué une certaine cohérence collective pour aller plus loin en Ligue des champions. Autre problème: en raison du conflit persistant en Ukraine, ils jouent leurs matches “à domicile” à Lviv, à 1.200 kilomètres de Donetsk.

15. AS Monaco 11 pts

Plus de James Rodriguez, plus de Falcao, plus d'investissements démesurés, des ambitions revues à la baisse... mais une première place surprise. Allez comprendre! Malgré sa solidité affichée dans un groupe toutefois peu relevé, l'ASM semble intrinsèquement moins bien armée que la plupart des autres qualifiés. Mais elle possède dans chaque ligne des éléments d'expérience à ce niveau (Carvalho, Toulalan, Moutinho, Berbatov...), un atout certain. Et qui sait, avec un peu de chance au tirage...

16. Schalke 04 4 pts

Il y a plusieurs manières de juger Schalke 04. On peut retenir le troisième huitième de finale consécutif. Ou on peut plutôt se souvenir de sa déroute contre le Real Madrid l'an dernier (2-9 sur les deux matches), une édition après avoir été sorti par Galatasaray. Certes, Schalke est un invité récurrent des huitièmes, mais la demi-finale 2011 prend chaque année un peu plus l'allure d'un heureux accident. La laborieuse phase de poules (défaite 0-5 contre Chelsea, 4-2 au Sporting...) ne nous a pas convaincus du contraire.