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Plaidoyer pour Djorkaeff

Peut-on vraiment reconnaître Youri Djorkaeff dans le sévère portrait qui en a été dressé la semaine dernière dans les Cahiers? Défendons l'artiste!
Auteur : Joseph Alfonsi le 11 Avr 2000

 

Dans un souci d’objectivité et pour rendre compte des différentes opinions qui partagent une rédaction, nous nous devions d’apporter la contradiction aux critiques qui ont frappé Youri Djorkaeff dans le précédent numéro.
Si tous les points de vue sont a priori respectables dans un espace de liberté comme les Cahiers, qu’il nous soit cependant permis de déplorer qu’un tel joueur puisse être la cible de reproches aussi virulents. Il nous semble qu’à ce jeu risqué, d’autres " clients " seraient peut-être plus méritants. Bref, si la critique est un exercice salutaire, encore faut-il qu’elle s’exerce au détriment de ceux, responsables ou décideurs, qui, par leurs choix ou leurs fonctions, ont une influence majeure sur ce sport. Concernant les joueurs, en revanche, la critique ouverte n’est recevable, selon nous, que pour dénoncer des comportements condamnables ou des déclarations qui contreviennent à l’éthique sportive. S’il n’est pas dans nos intentions de dénier aux observateurs le droit d’apprécier librement les performances des joueurs, nous mettons simplement en garde contre la menace d’une dérive: celle qui consiste à sortir du champ de la critique pour glisser vers la stigmatisation et le dénigrement. Pour le reste, il n’est bien sûr pas interdit de traquer la bêtise sous toutes ses formes. Et reconnaissons que certains footballeurs ont parfois tendance à briller davantage dans ce registre que sur le terrain. Néanmoins, si chaque "analyste" a le loisir d’exposer ses choix et de motiver ses préférences, il nous paraît dangereux d’attaquer un joueur sur sa personnalité ou sur des intentions supposées (mystificateur?).
Aussi, quels que soient ses qualités et ses défauts, Youri Djorkaeff mérite d’autant moins ce traitement que son palmarès est une réalité objective. Nous tenions donc à réparer cette injustice.

Youri, individualiste?
Cette étiquette lui colle injustement à la peau. Youri tente beaucoup, notamment sur les derniers gestes qui sont les plus difficiles à réaliser. Malheureusement celui qui tente est condamné à réussir sous peine de subir les foudres de ceux qui, bien souvent, n’en ont jamais été capables. Il est évidemment moins risqué de se cacher en laissant l'initiative aux autres ("c’est pas moi qui ai loupé…"). Youri considère au contraire que c’est ce que l’on attend de lui. Et il a raison ! Au lieu de le pourfendre, ses détracteurs feraient bien d’imaginer un instant ce que deviendrait un football abandonné aux réticents, s’il n’existait plus des joueurs de sa trempe et de son tempérament. Alors il prend ses responsabilités, le Youri, en même temps que des initiatives. Jouer à la passe à dix, très peu pour lui. La passe latérale, apanage d’un jeu à la française d’une autre époque, n’a plus sa place dans le football moderne. La remise en retrait systématique, Youri laisse ça aux trouillards, plus soucieux de se débarrasser à bons frais d’un ballon encombrant que de créer une brèche génératrice d’espace et de solutions pour leurs partenaires. S’enfoncer dans une défense, balle au pied, crée un véritable élan et une dynamique qui bénéficient à toute l’équipe. En effet, sur quatre possibilités, trois sont favorables : soit l’on passe, soit l’on obtient un contre favorable, soit l’on bénéficie d’une faute. Au pire, on perd le ballon, ce qui, on en conviendra, relève des aléas footballistiques élémentaires. Dans tous les cas de figure, aller provoquer l’adversaire fait encore partie des armes que tout joueur de talent doit utiliser, pour notre plus grand plaisir. Dans cette optique, les déchets sont donc plus importants, mais les réussites décisives.

Youri, buteur incontesté.
Ses détracteurs ont quand même l’honnêteté de reconnaître ses talents de buteur, son adresse face aux buts et son efficacité dans la surface. Mais bizarrement, au lieu de saluer des statistiques incontournables (cf le dernier numéro), on préfère disserter sur la pente baissière de sa courbe de buts au lieu de rappeler que, pour un joueur qui n’est pas un attaquant de pointe naturel, la performance est déjà remarquable. On fait curieusement preuve d’une plus grande mansuétude à l’égard de quelques uns de nos attaquants de métier dont le rôle serait précisément de concrétiser, alors qu’ils affichent un compteur très médiocre. Faux milieu, faux attaquant, faux meneur de jeu, neuf et demi, Djorkaeff est victime de la frilosité des entraîneurs "modernes" qui ont tendance a faire remonter tout le monde d’un cran pour éviter d’avoir à aligner de véritables attaquants de rupture. Il en est ainsi des Baggio, Del Pierro, et autres Zola, priés de monter s’user en première ligne en dépit de gabarits qui ne les prédisposent pas spécialement à cette tache. Du coup, Djorkaeff fait partie de ces joueurs dont on ne sait plus très bien ce qu’ils sont exactement. Ils paient cash leur capacité à s’adapter et sont victimes de leur talent et de leur polyvalence. Mais peu importe, finalement, le numéro avec lequel ils évoluent. Tous ces joueurs ont en commun cette capacité à faire basculer une rencontre sur leur génie. Pour le reste, comme nous tous, Youri vieillit, certes, mais plutôt bien…

Une véritable carrière
A la différence de ces jeunes "start-up" du football auxquelles on promet trop vite une carrière qui reste à bâtir, Youri achève la sienne sereinement. Sans brûler les étapes et en suivant une progression aussi régulière que cohérente, Le lyonnais s’est constitué une carte de visite plus parlante que bien des commentaires. Du jeune espoir qu’il fut à Grenoble en D2 à la courageuse expérience allemande qu’il vit aujourd’hui, sa présence a été unanimement saluée dans tous les clubs qu’il a fréquentés. Ses passages à Monaco et à Paris ont fait de lui une valeur sûre du football hexagonal et européen (une Coupe des Vainqueurs de Coupe avec le PSG). Sa première saison à l’Inter fut de toute beauté. Il fut victime au cours de la seconde, comme nombre d’autres grandes stars, de la concurrence destructrice et du turnover qui prévalent aujourd’hui dans ces clubs prestigieux. On ne dira jamais assez a quel point ces politiques de recrutement sont dommageables pour le football. Rappelons nous les Savicevic, Gullit, et autres Leonardo, contraints d’assister aux succès de leur partenaires du Milan depuis les tribunes, des Baggio et des Zamorano, à l’Inter, de Litmanen aujourd’hui au Barça… La liste est longue. Toutes ces vedettes font régulièrement banquette. Non pas pour méforme mais parce que tout le monde ne peut pas jouer en même temps. Dès lors, les choix se font au gré des humeurs des coaches, des circonstances et des tactiques à mettre en place. Le gâchis est énorme. Peut-on dire, dans ces conditions, que de tels joueurs font une saison médiocre ? Bien évidemment, non. Et pour cause, ils ne jouent pas suffisamment pour que l’on puisse apprécier. Ce fut hélas le cas pour Youri, la saison passée, condamné à subir à son tour, les méfaits de ces nouvelles usances.

Une mentalité de champion
Pas évident de se faire un nom quand on est le fils de personne. Pas évident non plus de se faire un prénom quand on est le fils de son père. Youri y est parvenu en faisant montre d’une force de caractère qui lui vaut paradoxalement des reproches injustifiés. Le garçon est sûr de lui, dit-on. Or, c’est précisément cette confiance en lui qui l’a mené vers les sommets. Cette capacité à ne pas douter dans les moments cruciaux. Cette faculté à prendre sa chance et à ne pas renoncer même face aux meilleurs. Il fut, aux dires mêmes de ses partenaires, un exemple pour toute une génération élevée dans le traumatisme de la défaite imméritée (deux demi-finales perdues en Coupe du Monde). C’est bien grâce à des joueurs comme lui que les Français ont pu faire le deuil de certaines expériences douloureuses et s’inscrire dans une dynamique positive, simplement en prenant conscience de leurs possibilités. Si Youri est fort à l’approche du but, c’est qu’il ne doute pas. C’est qu’il a la conviction qu’il est fort. C’est qu’il croit en lui. Peut-on lui reprocher? Au contraire, cette force, il la communique, il la répand.
Insinuer que cette qualité serait surfaite en prétextant son refus de faire partie des tireurs en quart de finale contre l’Italie démontre une certaine méconnaissance de la psychologie du jeu et des joueurs. Nous rappellerons en effet que le gardien de but de la Squadra Azzura n’était autre que le goal de son propre club, l’Inter, chaque joueur connaissant parfaitement les habitudes de l’autre. Dès lors, nous préférons voir dans cette abstention, un signe de maturité et de sagesse. Nul doute pourtant que l’envie ne devait pas manquer après un match d’une telle intensité.

Pas aidé par les critiques
Dire que Youri a bénéficié d’une extrême bienveillance de la part des journalistes relève d’un bien mauvais procès. Non seulement il a fallu attendre patiemment avant qu’il ne soit aligné dans le onze tricolore (il brillait déjà en club depuis longtemps), mais ses prestations furent très vite mises en cause dès lors qu’il ne trouvait pas le chemin des filets. C’était oublier, entre autres, son jeu sans ballon, son isolement fréquent à l’attaque des Bleus et les multiples actions dont il était souvent à l’origine. Enfin, nous rappellerons que les matches de l’équipe de France sont retransmis par TF1 où Jean-Michel Larqué, c’est connu et perceptible, n’est pas vraiment un inconditionnel de Djorkaeff.
Quant à sa complémentarité avec Zidane, le débat a couru pendant trois ans, sans qu’il soit, à ce jour, véritablement tranché. Sachant que même le meilleur entraîneur du Monde n’a pu y parvenir, doit-on en tenir rigueur au joueur ?

N’en déplaise à ses détracteurs, Youri est bel et bien un cadre de l’équipe de France qui, des éliminatoires de l'Euro 96 à la victoire mondiale en 98, aura été maintes fois décisif. C’est un champion du monde qui a pris sa part au succès, pas plus, mais sûrement pas moins que l’ensemble de ses partenaires.
La relève est assurée, qui le poussera petit à petit vers la sortie. C’est la loi du sport et de la vie. Peut-être ne sera-t-il plus une pièce maîtresse de L'Euro 2000. Jusqu’à ce jour en tout cas, ses performances en Allemagne lui permettent toujours de prétendre à une place dans le groupe de22. Joker de luxe ou pas? C’est au nouveau sélectionneur de décider. Mais eu égard à ses prestations et à celles de certains autres postulants (Pires, Dugarry), sa candidature est loin d’être usurpée.
En attendant, pour son parcours exemplaire et son immense talent, nous tenions à saluer un grand joueur. Bravo Youri!

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