Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Plaidoyer en faveur d’une réévaluation de la jauge

La limitation des affluences dans les stades et la suspension des parcages visiteurs pénalisent clubs et spectateurs sans garantir la sécurité sanitaire. 

Auteur : Pierre Barthélemy le 1 Sept 2020

 

 

Aux termes de l’article 3 du décret n° 2020-860 du 10 juillet 2020, "Aucun événement réunissant plus de 5.000 personnes ne peut se dérouler sur le territoire de la République. Toutefois (…) le préfet de département peut accorder à titre exceptionnel des dérogations, après analyse des facteurs de risques".

 

Concernant les manifestations sportives, qui se déroulent dans des enceintes de capacité très variable, se pose la question du bien-fondé de cette jauge a minima et à valeur fixe. Il nous semble qu’il existe différents arguments, à soumettre à la réflexion, qui seraient de nature à justifier une réévaluation de cette jauge.

 

 

 

 


Une jauge en valeur absolue, pourquoi ?

La structure du décret démontre que la volonté du gouvernement est de traiter les manifestations sportives comme tout autre événement, sans régime dérogatoire.

 

Par ailleurs, il se comprend implicitement de différentes communications publiques que la détermination d’une jauge en valeur absolue est motivée par le fait que l’inquiétude porte davantage sur les flux de supporters vers le stade (notamment dans les transports en commun, clos, qui sont souvent saturés lors des rencontres sportives) et à l’entrée du stade (files d’attente aux buvettes extérieures, au contrôle des billets ou encore à la fouille).

 

Conséquemment, il se comprend qu’il n’existe pas d’inquiétude particulière à l’intérieur de l’enceinte, pendant la rencontre sportive, dès lors que les protocoles sanitaires des instances sportives (ligues et fédérations, notamment) ont été validés par la commission interministérielle de crise (CIC) et dès lors que, pour certains sports, ces stades sont de plein air.

 

Certes, le décret donne compétence aux préfets pour déroger à cette jauge fixe et pour autoriser, au cas par cas et pour une ou plusieurs manifestations sportives, une jauge plus élevée. Mais, pour autant, ne pourrait-on pas défendre le recours, par principe, à une jauge en valeur relative à la capacité du stade?

 


Des vertus d’une jauge en valeur relative

Premier constat: pour éviter de trop grandes dépenses en personnel de sécurité ou en matériel logistique, la plupart des clubs n’ouvrent qu’une partie des tribunes dans lesquelles les supporters sont assez densément regroupés. Le protocole sanitaire actuel de la LFP, validé par l’État, est donc parfaitement compatible avec une jauge très supérieure.

 

Second constat: des supporters qui pourraient venir dans l’ensemble du stade, tout en respectant les distances de sécurité, se regroupent sans respect des distances de sécurité soit autour des stades, soit dans des bars clos, soit dans des appartements clos. A fortiori lorsque l’offre télévisuelle éclate l’accès aux compétitions sportives en une multitude de diffuseurs dont les coûts d’abonnement sont prohibitifs.

 

Par conséquent, les objectifs de santé publique commandent de remplir les stades autant que le protocole sanitaire le permet afin de limiter a minima les regroupements extérieurs, notamment en milieu clos.

 

Alors, pourquoi ne pas exploiter au maximum la capacité des stades et recourir à une jauge en valeur relative tout en tenant compte des contraintes liées aux flux d’accès au stade?

 

C’est l’option retenue par de nombreux pays européens, lesquels ont choisi de déterminer la jauge en pourcentage de capacité du stade – en particulier, la Pologne, les Pays-Bas, la Belgique, la Slovaquie, la Turquie, la Russie ou l’UEFA pour la Supercoupe d’Europequi doit se jouer à Budapest.

 


Quelles solutions peuvent être envisagées ?

La détermination de la valeur relative de la jauge pourrait donc être fonction de tout ou partie des données suivantes:

 

i. la capacité du stade;

 

ii. la capacité maximale du stade dans le respect strict du protocole sanitaire;

 

iii. la capacité à gérer les flux, en particulier à la fouille;

 

iv. la capacité à substituer aux buvettes, au moins en partie, un système de commercialisation à la place (notamment de l’eau en cas de forte chaleur);

 

v. la capacité à installer davantage de toilettes, éventuellement éphémères, pour éviter les files d’attente;

 

vi. la capacité à étaler les heures d’arrivée et de départ du stade: soit en remplissant tribune par tribune selon des créneaux horaires (comme c’est le cas à Metz ou à Rennes, par exemple), soit en remplissant rangée par rangée dans l’ensemble de l’enceinte selon des créneaux horaires.
Pour inciter des supporters à arriver tôt et donc à patienter, il pourrait y avoir une dégressivité du prix du billet (plus on arrive tôt, moins le billet est onéreux) et le développement d’animations pour patienter (match des jeunes ou des féminines en lever de rideau?);

 

vii. la diversité de l’offre et des moyens de transport pour accéder au stade. Une situation très urbaine où seuls le métro et l’autobus permettent d’arriver au stade ne peut raisonnablement pas faire l’objet du même traitement qu’une situation où la majorité des supporters viennent en véhicules individuels (quid à cet égard de rendre gratuit les parcs de stationnements dédiés aux stades?);

 

viii. la situation épidémiologique locale: en Pologne, par exemple, les régions sont classées en trois couleurs, selon le taux de circulation du virus, qui commandent la valeur relative de la jauge (50% du stade en zone verte, 25% en zone jaune et huis clos en zone rouge);

 

ix. etc., liste non exhaustive et méritant réflexion.

 

Par ailleurs, dans quelle mesure une tribune ne pourrait-elle pas être réservée, avec protocole sanitaire assoupli et sans prise en compte dans le calcul de la jauge, aux personnes guéries et munies d’anticorps? À cet égard, la fourniture d’un test sérologique récent à l’achat d’un billet ne pourrait-elle pas être une piste de réflexion?

 


Suspension du droit au parcage visiteur : l’incompréhension

À la demande de présidents de clubs de L1 et de L2 (qui n’hésitent pas, auprès de leurs supporters, à lâchement accuser la LFP d’en être à l’initiative), l’article 511 du règlement des compétitions a été suspendu en ce qu’il réservait 5% de la capacité du stade aux supporters visiteurs.

 

Cette décision précipitée et manifestement irréfléchie porte une atteinte directe à un symbole fort de la gestion intelligente du supportérisme: l’absence de discrimination entre supporters locaux et supporters visiteurs.

 

La décision est précipitée car de nombreux arguments auraient pu plaider en faveur d’une comptabilisation du parcage en plus de la jauge de 5.000 personnes. De telle sorte qu’en croyant maximiser des recettes (la place en parcage est de dix euros en L1 et cinq euros en L2, à la suite d’une initiative remarquable de Mme Boy de La Tour), ces présidents de clubs ont manifestement perdu une chance d’augmenter leurs recettes (billetterie et buvettes).

 

En effet, comme évoqué, la jauge de 5.000 est exprimée en valeur absolue et non en valeur relative à la capacité du stade dans la mesure où l’inquiétude sanitaire porte sur les flux de supporters et non sur la distanciation sociale dans le stade. Or les supporters visiteurs viennent dans un espace dédié (avec parking dédié) qui est hermétiquement séparé du reste du stade.

 

Il aurait ainsi pu être imposé la venue en voiture individuelle ou en minibus pour éviter (i) tout risque d’importation du virus d’un département à un autre et (ii) le recours à des transports collectifs de plus de dix personnes (le protocole sanitaire acceptant à ce jour des groupes de dix personnes sans distanciation sociale).

 

La décision est manifestement irréfléchie car, rappelons-le, le parcage n’est pas un droit au déplacement. Il est uniquement un outil de sécurité. En l’absence de parcage, rien n’interdit à des supporters visiteurs d’acquérir des billets dans des tribunes traditionnellement réservées aux supporters locaux.

 


Pour le dialogue et la gestion du risque

Ainsi, la suppression du parcage crée un risque sécuritaire général et place le club visiteur (responsable du comportement de ses supporters) dans l’incapacité d’encadrer ses supporters. La situation est tellement irréfléchie que des clubs pourraient se trouver face à une décision de la Préfecture imposant l’ouverture d’un parcage pour garantir la sauvegarde de l’ordre public.

 

Par ailleurs, si l’objectif est sanitaire, on peut craindre un risque de regroupement de supporters visiteurs hors du stade, ce qui crée un risque de trouble à l’ordre public majeur. La présence de nombreux supporters parisiens et lyonnais à Lisbonne l’illustre: ce n’est pas parce que l’accès au stade est impossible que les supporters ne se déplacent pas.

 

En tout état de cause, cette situation risque de provoquer ce que tous les acteurs du dialogue sur le supportérisme ont réussi à freiner ces derniers temps: la multiplication des arrêtés préfectoraux et la marginalisation des référents-supporters.

 

À cet égard, le temps de la réflexion et du dialogue aurait pu permettre, au-delà de la comptabilisation des supporters visiteurs en plus de la jauge de 5.000, d’établir un protocole qui aurait pu être le suivant:

 

• maintien du quota de 5% ;
• à J-14, le club visiteur indique de combien de places en parcage il a besoin dans la limite du quota;
• à J-14, le club visiteur paie les places au club local, sans possibilité d’obtenir un remboursement en cas d’annulation, par des supporters visiteurs, de leur venue;
• à J-3, le club visiteur informe le club recevant du nombre de supporters inscrits qui ne se déplaceront finalement pas afin que le club recevant puisse rouvrir sa billetterie à due concurrence.


 

Réactions

Aucune réaction

La revue des Cahiers du football