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Perdu d'avance

Même si plus grand-monde n'est dupe aujourd'hui, le bilan économique et humain des grandes compétitions est encore plus désastreux vu de l'intérieur. C'est ce que propose La Coupe est pleine, ouvrage collectif aux accents pamphlétaires.

Auteur : Nicolas P. le 7 Fev 2014

 

 

Ce n'est pas tant une “sorte d'omerta” qu'il s'agit de briser ici: les manifestations au Brésil comme la situation tragique des travailleurs népalais au Qatar ont été largement relayées dans les médias. Quiconque a suivi un peu attentivement l'actualité sportive de ces dernières années se souvient aussi de ces centaines de milliers de déplacés en Chine à l'approche des Jeux olympiques, ou des bilans désastreux de l'Euro portugais et des jeux d'Athènes. L'intérêt de l'ouvrage du CETIM (Centre Europe-Tiers Monde) n'est pas de dresser le catalogue de faits connus quoique révoltants, mais d'en offrir une présentation claire et de les inscrire dans la perspective plus large d'un monde néo-libéralisé.


  
 


Choc idéologique

Le premier des huit textes, signé Fabien Ollier, revient en quelque sorte à la source du problème: les "appareils hégémoniques gestionnaires du capital sportif" que sont la FIFA et le CIO, seuls gagnants, semble-t-il, de ces grand-messes dispendieuses. Il faut ici entendre ces institutions au sens large: c'est-à-dire accompagnées d'une longue traîne de sponsors et partenaires, toujours les mêmes et pas du genre PME locale, qui bénéficieront, entre autres privilèges, des "zones d'exclusion" que les instances internationales du sport imposent autour des stades (rayon de cinq-cents mètres en Afrique du Sud).


Rien ne sert d'empiler les chiffres attestant des coûts faramineux qu'entraîne l'organisation de ces manifestations pour les pays hôtes: il est généralement admis, aujourd'hui, qu'elles coûtent plus qu'elles ne rapportent. Le problème est qu'un tel événement agit aussi comme un "choc", à l'image d'une crise financière ou d'une catastrophe naturelle, qui permet de justifier des atteintes graves aux libertés et aux acquis sociaux, un urbanisme ségrégateur et sécuritaire, un creusement accéléré des inégalités, des dégâts écologiques. Le texte montre avec force chiffres et tableaux comment une minorité, constituée des instances sportives, des multinationales et de quelques patrons locaux du BTP, s'accapare la poule aux œufs d'or. En particulier dans les pays en développement, l'accueil de compétitions de cette envergure sert de tremplin au grand plongeon dans le capitalisme mondialisé.
 


Embarras démocratique

Les peuples ne sont guère consultés sur l'organisation de ces événements majeurs, ni sur les bouleversements qu'ils ne manquent pas d'occasionner. Il faut dire que les "festivités" telles que les imaginent la FIFA et le CIO s'accommodent assez mal du progrès démocratique. Ainsi, comme n'a pas craint de le dire Jérôme Valcke, secrétaire général de la première, "un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde. Quand on a un homme fort à la tête d'un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c'est plus facile pour nous, les organisateurs, qu'avec un pays comme l'Allemagne, où il faut négocier à plusieurs niveaux". Son patron Sepp Blatter estimait dernièrement que "le football est plus fort que l'insatisfaction des gens".


Pourtant, "les gens" sont les premiers à pâtir des contraintes écrasantes imposées par les règlements. Parmi les nombreux exemples relatés par les journalistes locaux qui ont participé au recueil, on retiendra celui de ces patients sud-africains relégués aux fonds de couloir de leur hôpital parce que la moitié des lits de celui-ci devaient rester vides le temps du Mondial. Le souci des pauvres et des travailleurs n'est certes pas la priorité première de la FIFA, dont la mascotte pour le Mondial sud-africain était fabriquée à Shanghai par des ouvriers payés trois dollars par jour.
 


Lois d'exception

Au fil du texte, la légalité semble elle aussi relever d'une gêne plus que d'une fin en soi. Les instances internationales du sport évoluent dans le cadre de juridictions spécifiques et leurs profits ne sont pas imposables. À Londres, elles agissent dans le cadre d'une "loi d'exception, à l'image des lois anti-terroristes", affirme Patrick Clastres. Pire, selon Patrick Bond, prenant exemple des concertations illégales des trusts du BTP pour surévaluer leurs ouvrages, la FIFA "perpétue" une "pure tradition de corruption et de connivence". L'illégalité, d'ailleurs, n'est jamais loin des stades: les violences entre supporters et le trafic de drogue sont souvent passés sous silence, de même que la traite de milliers de prostituées.


Au-delà du réquisitoire sans concession qu'il constitue, le mérite du CETIM est d'avoir cherché à comprendre les moyens de lutter contre le despotisme des institutions sportives. On mesure peut-être mal avec quel niveau de violence les contestations ont été, au mieux ignorées, au pire réprimées dans le sang. La contre-culture sud-africaine s'étant développée pendant le Mondial, la piste syndicale proposée par Eddie Cottle et Mauricio Rombaldi ou les grandes manifestations indiennes post Jeux du Commonwealth suscitent l'intérêt, et justifient peut-être à elles seules la lecture de La Coupe est pleine, qui parvient à montrer l'extrême cohérence d'un système nocif aux objectifs bien définis.


La Coupe est pleine – Les désastres économiques et sociaux des grands événements sportifs, (collectif, CETIM 2014).

 

Réactions

  • le Bleu le 07/02/2014 à 08h03
    REVOLUCION !

  • On meinau score le 07/02/2014 à 11h15
    Je me trompe peut être mais j'ai quand même le sentiment qu'on arrive au bout du modèle.
    Ce n'est pas pour rien si les derniers pays sélectionnés sont la Russie et le Qatar ou si l'UEFA tâte le terrain pour "multinationaliser" la coupe d'Europe.
    Valcke, pour son plus grand desespoir, ne pourra toujours trouver des dictatures pleines aux as.

    Je pense que la coupe est pleine, que effectivement plus personne ne croit que son pays (au sens large, ces citoyens) a quelque chose a y gagner, que le plus grand nombre a conscience de la corruption et des conflits d'interêt et il va forcément falloir revenir à quelque chose de plus raisonnable.

    Il y aura toujours des pattes graissées, des sponsors tout puissant, des arrangements avec les lois, mais probablement moins d'argent public dépensé, ce sera déja ça.

  • Tonton Danijel le 07/02/2014 à 11h31
    En terme de modération, l'IRB est beaucoup moins contraignante quand il s'agit d'organiser des coupes du monde de rugby (du moins, on n'a pas eu besoin de refaire des stades pour la coupe du monde 2007), et accepte volontiers que le pays-hôte emprunte de grands stades à l'étranger (comme Murrayfield ou le Millenium Stadium en 2007, pour avoir ainsi 4 enceintes de plus de 60,000 places avec le Vélodrome et le Stade de France). Sans doute un exemple de sobriété à suivre.

    Certes, il y a moins de hooligans dans le rugby et c'est plus facile de réguler un sport dans les invités sont tout le temps les mêmes, à 2 exceptions près.

  • Espinas le 07/02/2014 à 11h38
    On meinau score,

    Il reste encore l'Espagne et la Turquie comme candidats "permanents" aux JO et à l'organisation de l'Euro de foot.

    Ce qui n'a évidemment aucun lien avec le poids du BTP dans leur économies, ce serait inconvenant de le penser...

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 07/02/2014 à 12h34
    Je suis sceptique quant à l'idée qu'on arriverait au bout du modèle. Au milieu des attributions des grandes compétitions à des pays douteux (Chine, Qatar, Russie) ou pour des raisons foireuses (ah, Atlanta 1996 pour le centenaire des JO, quel beau symbole), les JO de Londres resteront dans ma mémoire comme la plus belle claque dans la gueule de la démocratie : mise en place de règles autoritaires, abolition de libertés élémentaires (certes temporairement et localement mais ça fait un peu mal aux principes quand même), tout ça sous l'impulsion de multinationales et l'État se couche sans problème.

    Le pire c'est que la plupart des gens ont trouvé ça super dans l'ensemble et comprennent parfaitement qu'on leur interdise de manger ce qu'ils veulent dans un rayon de 500 mètres des aires sportives et que des vigiles de société privée remplacent la police (avec les erreurs qui s'ensuivent naturellement) - après tout c'est pour avoir une fête réussie. Tout ça dans un pays avec une démocratie et une culture des libertés bien ancrées.

    Donc dans l'ensemble on en redemande et malgré les belles horreurs qu'on lit sur l'organisation par la Russie ces derniers temps, et la mobilisation de façade des Google et cie je suis à peu près sûr qu'une fois les jeux commencés, on aura ue bonne vieille ferveur médiatique et on ne saura plus trop poser les questions qui fâchent. Faut pas gâcher la fête surtout.

  • On meinau score le 07/02/2014 à 13h08
    Oui mais il y a aussi un contexte économique. Les dépenses deviennent compliquer à expliquer, on le voit au Brésil.
    Le choix de l'Euro 2016 en France date un peu, les choses suivent leur cours, mais si l'annonce était faite aujourd'hui, vu l'ambiance, ce serait sans doute un peu plus chaud.
    Et comme ça ne va probablement pas s'améliorer à l'avenir un peu partout dans le monde, la contestation risque d'être de plus en plus forte et les gouvernements (ceux qui y mettent un peu les formes) hésiteront peut être à appuyer ce genre de projets.
    Mais possible que je sois à coté de la plaque, vu le pognon que y'a à se faire pour certains, c'est sûr.

  • Tonton Danijel le 07/02/2014 à 13h37
    Zorro et Zlatan fouillent aux fiches
    aujourd'hui à 12h34

    Il y aura toujours une ferveur médiatique autour des athlètes, et je ne vois pas en quoi ne pas allumer le poste empêchera Poutine de dormir.

    Cela n'empêche pas Obama et Hollande de boycotter la cérémonie d'ouverture (boycott qui ne gênera pas Poutine, mais le CIO un peu plus). Et la ferveur médiatique a aussi son revers: on n'a jamais autant parlé des droits de la communauté LGBT russe que ces dernières semaines...

  • Julow le 07/02/2014 à 15h39
    Soyez pas conservateurs comme ça. Donne ton pain pour des Jeux, ou Des pains dans ta gueule et des Jeux, c'est intéressant comme innovations politiques.

  • Pas d'Ibra pas de chocolat le 08/02/2014 à 08h45
    Je profite de cet article pour remercier tous ceux qui participe à l'édifiant forum "Pendant le foot les affaires continuent" (et l'auteur de cet article par la même occasion)

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