Pas de printemps pour les Bleus
Deux coups de tête décisifs de Trezeguet ont décidé du nul entre la France et Israël, et aggravé les incertitudes sur la qualification pour la Coupe du monde...
le 31 Mars 2005
L'équipe de France occupe la première place de son groupe, mais elle est assurée de la perdre en juin: alors qu'elle s'envolera (peut-être) pour la Chine, l'Eire, Israël et la Suisse auront l'occasion de prendre des points (les Irlandais pouvant même en glaner six puisqu'il recevront Israël et iront aux Féroé). Autant dire que les cinq mois qui nous séparent des prochains matches des Bleus vont être pénibles. À Tel-Aviv, on a longtemps pu croire qu'ils s'en sortiraient dans la douleur, au terme d'une soirée plus chargée en dramaturgie qu'en qualité technique, et ponctuée de nombreuses fautes israéliennes. Ils ont cédé sur des faiblesses qui compromettent donc leurs chances de qualification, même si la configuration atypique du groupe 4 ménage peut-être d'autres surprises. Le match Le match s'est divisé en deux parties distinctes, dont la charnière a évidemment été le but et l'expulsion de Trezeguet, entre les 50e et la 54e minutes. La première a été logiquement tendue, entre deux équipes sous pression dont les entraîneurs avaient fait des choix plutôt restrictifs. Résultat: une bataille rude et indécise au milieu de terrain, mais une possession à l'avantage des Français et des occasions consistantes. On retiendra le tir en pivot de Malouda (9e minute), la frappe envolée de Pedretti sur une remise en retrait de Trezeguet (18e), un beau mouvement entre Wiltord et Malouda, aboutissant sur un centre de Gallas que Trezeguet réceptionne sans pourvoir placer sa reprise du gauche (30e), et surtout une superbe volée de Wiltord sur laquelle Aouate fait un miracle (37e). Deux corners chauds (23e) et une frappe de Malouda au-dessus (39e) n'auront pas eu un meilleur sort. À la reprise, une tentative de percée de Wiltord précède de peu le but, que le Lyonnais amena en débordant à droite pour un centre que Trezeguet parvient à smasher de la tête sous le gardien. Ça ressemble à une libération, mais avec des Bleus réduits à dix quelques minutes plus tard, le match change d'âme, comme on dit dans la presse sportive. L'arrêt de Barthez, après une sortie au devant de Belili, sur le tir violent de Nimni (77e) laisse pourtant penser que la réussite sourit enfin à la sélection française, qu'elle pourra résister aux poussées de ses hôtes. Mais à la 83e minute, Barthez ne peut que dévier le centre de Keisi pile sur la tête de Badir qui égalise. La fin du match laisse les Bleus en suspension entre le miracle et la catastrophe, avant que le nul ne s'impose au tableau d'affichage. La nalyse L'ouverture du score avait donné raison à Domenech pour son 4-3-3 avec un milieu renforcé, après cinquante minutes plutôt maîtrisées. En revanche, le recul excessif d'une ligne de quatre milieux — incluant un Malouda plus replié et un Pedretti décalé à droite — a permis aux blancs de prendre confiance et d'exercer une forte pression sur le but de Barthez, entraînant la rupture et l'encaissement du premier but depuis le début des éliminatoires. Laissé seul en pointe, Wiltord n'a reçu quasiment que le renfort de son coéquipier de l'OL, pour des tentatives de conservation du ballon vite déjouées par leurs adversaires, ou pour recevoir de longues balles aériennes sur lesquelles il n'allait pas exceller. La solidarité affichée n'a pas suffi, d'autant que l'absence de remplacements n'a pas permis de compenser un épuisement progressif. La faute, aussi, à un manque assez manifeste d'intelligence tactique sur le terrain, s'agissant de conserver le ballon, de casser le rythme ou de placer des contres. On fera donc, dans les prochains jours, le procès du coaching, du leadership et du Trezeguet... Et accessoirement, de l'abus d'anglicismes. Les gars Barthez a semblé avoir fait l'essentiel avec sa parade de la 77e minute, de taille à nourrir sa légende, mais il a été dépassé par le centre décisif de l'égalisation. La défense centrale a permis à Boumsong de faire valoir son volume physique et sa maîtrise des duels aériens, tandis que Givet, valeureux (cela va désormais sans dire), évoluait dans un style plus discret et toujours aussi peu orthodoxe. Sagnol a pesé sur les débats en première période, mais il a été assez peu servi, son influence décroissant après la pause — peut-être en raison du nombre record de coups qu'il a subis. Il a été bien inspiré de contrer Balili sur une occasion très dangereuse. Bien placé, Gallas a été moins en difficulté contre la Suisse, mais son apport offensif a été sporadique. Diarra a rendu une copie trop anonyme pour être satisfaisante, son activité n'ayant pas spécialement libéré ses proches coéquipiers de leurs tâches de récupération. Vieira été décevant, avec un déchet trop important et une influence insuffisante, tandis que Pedretti, plus actif que productif, n'a pas suffisamment animé le jeu vers l'avant. Les satisfactions sont lyonnaises, avec le Wiltord qu'on adore, pour son volume de jeu, sa volonté, sa participation aux tâches défensives et ses gestes décisifs. Sa volée de la fin de première période aurait pu l'être, ce la aura finalement été son centre pour le but de Trezeguet. Malouda ne fait plus de complexes, il a provoqué les duels, franchit des lignes et créé des situations dangereuses. Trezeguet... Du très bon jusqu'à la 54e minute, avec des décrochements intéressants, des impulsions offensives et un but qui aurait dû être celui du redressement de l'équipe de France dans cette campagne. Si le tacle de Ben Haïm était d'une brutalité qui justifiait un carton rouge, sa réaction n'est pas digne d'un joueur aussi habitué que lui à la pression. On a quand même mal pour lui. Le match de TF1 Tout commence par un prévisible et long couplet moraliste sur les hymnes qu'il ne faut pas siffler, sans rappel du fait qu'il faut aussi éviter les déclarations stupides avant de se rendre dans un pays. Thierry Gilardi se met au niveau de Thierry Roland en saluant l'arrivée d'Ariel Sharon alors que c'est le président israélien, Moshé Katsav, qui apparaît en tribune. En fait, TF1 c'est comme le PSG avec les joueurs de L1, ça rend mauvais les bons journalistes? Le transfuge de Canal+ a également bien pris le pli de l'autopromo, casant quatre fois Téléfoot au cours du match. Il s'est aussi docilement laissé sermonner par Jean-Michel Larqué à plusieurs reprises: il est coulant, c'est aussi pour ça qu'il a été embauché. Ainsi, Larqué fait référence à son ex-compère en lançant "Ils ne passeront pas leurs vacances ensemble, comme dirait un Thierry célèbre" (fallait-il comprendre "Et non gamin, c'est pas de toi que je parle"?). Et Gilardi, un peu mortifié, de répondre: "Oui, Thierry Roland que nous saluons". Prenant son propre contre-pied de défaitiste compulsif, notre Jean-Michel lui a ainsi intimé de "savourer cinq minutes" l'ouverture du score... sans respecter sa consigne puisqu'il lui a fallu bien moins de temps pour exprimer son pressant désir de "voir le ballon de l'autre côté" et clamer "On est en difficulté" en recommençant à dire aux joueurs qu'il fallait mettre la balle "à gauche, à gauche, à gauche". Jean-Mi sera également formel sur l'intention de Malouda au moment d'adresser un tir sur la barre (54e). Il a voulu centrer, même si le ralenti montre clairement que le Guyanais fixe le cadre du regard avant de frapper. Charles Biétry n'aurait pas été plus catégorique. Enfin, l'intervention majeure de Christian Jeanpierre aura été de nous révéler l'envoi par Jean-Michel Aulas d'un SMS à Gervais Martel. Et quand il nous a parlé du sens du vent sur la pelouse, on a pu y voir tout un tas de symboles. Les questions sans réponse > L'entrée de Dhorasoo dans le temps additionnel, c'était pour laisser trente secondes de plus aux Israéliens pour marquer? > Si M. Merk n'a pas ajouté ces trente secondes, c'est parce qu'il a trouvé ce remplacement stupide, lui aussi? L'intervention de Mme Martini La mi-temps vient d'être sifflée, l'écran montre des joueurs israéliens, de dos, se dirigeant vers les vestiaires. Mme Martini se dresse sur le canapé: "Rhôôô ! Il a pas de slip celui-là! Regarde! Ou alors, il a un string. Et ben dis donc, ça m'a réveillée, ça". Les titres auxquels vous avez échappé "Merk ou rage" "Une erreur payée cacher" "La fronde de David" "David est golio" "C'est l'Aouate qu'ils préfèrent" Pronostics : devinons les titres de L'Équipe "Au bord du néant" "Un énorme gâchis" "Nuls sur toute la ligne" "Domenech moins ultra" "Raymond la fiente" "Opération commando : Laurent Blanc candidat"