Paquet Fado
Matchbox : Suisse-Portugal, 2-0. Le moment le plus pénible, c’est exactement celui où Pauline, du service communication...
Auteur : Olivier Tomat
le 16 Juin 2008
Buts : Yakin (72e, 82e s.p.)
La nalyse
Le moment le plus pénible, c’est exactement celui où Pauline, du service communication institutionnelle, rentre de sa pause déjeuner radieuse en contemplant le paréo Inari Blanc qu’elle vient tout spécialement d’acheter pour le séminaire corporate de quinze jours (départ mercredi soir) à Antigua, auquel toute l’agence est conviée. Toute l’agence, sauf vous, puisqu’il faut bien quelqu’un pour rester s’occuper du dossier Molyneux, et que le hasard, ou les intrigues de vos collègues, vous ont désigné pour être celui-ci.
Le même genre de sentiment qui vous habite quand, alors qu’au même moment Tchèques et Turcs s’étripent dans un dernier match décisif, théoriquement susceptible de finir aux penalties, et dessinent un drame insoutenable, vous êtes scotché par devoir devant un Portugal-Suisse que l’on sait devoir être insipide par avance, puisque dépourvu du moindre enjeu qualificatif.
De fait, en dépit d’une composition qui ne laissait apparaître que quatre titulaires au coup d’envoi, les Portugais, emmenés par Quaresma et Nani, probablement ceux qui ont le plus à perdre, posent une emprise sereine sur le match. Rien de trop violent cependant (hormis la tendance pathologique de Ferreira à tester la résistance des chevilles de ses adversaires quel que soit le match), en dépit de deux poteaux et de quelques occasions franches, et une conclusion vieille comme le monde. Les Suisses, toujours en vie, desserrent peu à peu l’étreinte et concluent, eux, à la plus grande fureur du futur entraineur de Chelsea, sur une jolie frappe d’Hakan Yakin, qui doublera son capital but du jour sur un penalty concédé par Meira.
Köbi Kuhn et Pascal Zuberbuhler se retirent en offrant à leur nation la première victoire suisse en phase finale d’un Euro, et les Portugais se sont placidement décrassés pour leur quart à venir. Et vous pouvez tranquillement aller visionner Turquie-République tchèque – ou vous préparer mentalement pour Espagne-Grèce.
Le joueur à suivre
Ricardo Andrade Quaresma Bernardo dit Ricardo Quaresma. Le Gordon Brown du football portugais. Longtemps considéré comme plus doué que Cristiano Ronaldo en équipes de jeunes et par les supporters du Sporting, un choix de carrière hasardeux (remplaçant sans avenir au FC Barcelone) inversera la tendance et transformera dans l’imaginaire collectif ses qualités (finesse technique, qualités de percussion, habileté à marquer des buts ibrahimoviens et surtout capacité à prendre un match à son compte – se souvenir de Porto-Marseille) en défauts rédhibitoires (excès d’individualisme). Il est probablement un des rares pour lesquels ce match comportait un véritable enjeu, du fait de l’indigence assez notable de Simao Sabrosa jusqu’alors. Pari peut-être gagné ce soir.
Le joueur qu’on veut bien vous laisser suivre, hein, mais faudra pas venir vous plaindre après
Hélder Postiga. Le meilleur avant-centre de cet Euro à avoir porté le maillot stéphanois. D’un autre côté, nominé récemment à l’élection du pire joueur étranger ayant joué sous les couleurs de Tottenham – qui a pourtant accueilli des joueurs comme Hassan Mido –, affiche depuis cinq ans des statistiques dignes de Sidney Govou (sans en avoir par ailleurs les qualités). En légère progression depuis la Coupe du monde 1994 au cours de laquelle il apparaît pour la première fois comme doublure de l’éternellement jeune Nuno Gomes, mais pas de quoi exciter les foules. Ne sachant plus quoi faire pour se faire remarquer, il vient de signer au Sporting après avoir été découvert et consacré (?) au FC Porto. Probablement sa dernière apparition de cet Euro, mais reste évidemment partant probable pour les vacances d’été 2010 en Afsud, 2012 en Ukraine et 2014 au Brésil.
Les 814 gestes du match
Non, allez, le coup de foulard de Ricardo Quaresma, après renversement de jeu de Nani, centre décisif pour la tête au-dessus de Postiga.
Les observations en vrac
• Après le retourné de Semak et les montées rageuses de Rozenhal, le doublé d’Hakan Yakin: cette fois c’est certain, Alain Roche va faire chauffer la carte bleue.
• Que Ricardo joue même le match des coiffeurs laisse songeur quand au niveau de Rui Patricio, désigné second gardien.
• Si vous aussi, vous déprimez à l’approche de la quarantaine parce que vous êtes rouge et essoufflé après votre première montée sur le flanc droit, consolez vous en observant Ludovic Magnin.
• Si vous aussi, vous déprimez à l’approche de la soixantaine parce que vous devenez cramoisi en piquant des colères monstres sans vraie raison valable, inquiétez vous en observant Luiz Felipe Scolari.
• Sérieusement, Monsieur et Madame Barnetta, Rolf ou Pascal, ce n’étaient pas des jolis prénoms?