Fin de partie
Le fait le plus notable de la retransmission de Nantes-Boavista, c'est l'irritation des Roland-Larqué, coincés depuis une heure et demi devant ce spectacle invendable.Non seulement TF1 se retrouvait avec un prime-time pourri, le match sans enjeu d'un loser français, mais en plus ce match était passablement insipide. Et pour finir, Manchester-Bayern et Barcelone-Liverpool accouchaient pendant ce temps de deux mornes 0-0.
Les deux gars se sont scandalisés d'abord du manque de motivation des Nantais. "Il y a des joueurs qui jouent la Ligue des champions comme des matches amicaux", réprimande Jean-Mi. S'il faut lui faire un dessin, disons que le FCNA est une équipe qui joue le maintien en championnat, éliminée avant même le début de cette deuxième poule de Ligue des champions, dans lequel elle vient de se faire sérieusement cartonner. Alors match amical, l'appellation s'impose en effet, le jeu se mettant au niveau de l'enjeu.

Il fallait surtout remarquer la petite sortie de Thierry Roland contre cette formule de poules "auxquelles on ne comprend pas grand chose". Ce n'est pas la profondeur de l'analyse qui est importante, c'est cette prise de position en elle-même. Car si la vedette de Boulogne s'exprime ainsi, c'est qu'elle a le feu vert de sa hiérarchie. Le front des médias s'est constitué autour des radios, il s'est étendu à la presse, et il pourrait atteindre finalement les télévisions, qui s'exaspèrent d'une aussi coûteuse mascarade sportive.

Grosse fatigue ?
Vous aurez remarqué des thèmes rabâchés sur ces pages : la Ligue des champions, ça craint, l'inflation des droits télé, ça craint. Les médias, c'est quand ça les arrange. Le foot français, c'est la panade, les dirigeants, c'est des Guignols. Et le jeu, c'est pas la fête.
Le spectacle de la chute n'est pas réjouissant, et l'absence manifeste de solution n'est pas non plus très rafraîchissante. Difficile dans ces conditions d'inventer un angle nouveau, genre "le lynchage des arbitres, c'est fun", ou "L'ultralibéralisme, une philosophie incomprise", difficile de dire quoi que ce soit de neuf ou d'éviter de parler des mêmes personnages. Difficile même d'avoir vraiment envie. Alors autant préparer notre Coupe du monde, peaufiner nos prochaines leçons de journalisme sportif, préparer des surprises, aller au cinéma.

——————————————————————
Si jamais notre absence se prolongeait, voilà en tout cas
LE RÉSUMÉ DES MOIS À VENIR

Avril
Un arbitre est abattu d'un coup de fusil par un supporter mécontent de l'exclusion de l'entraîneur. Gérard Bourgoin déclare : "C'est ce qui arrive quand on veut faire le malin devant les médias". La ligue refuse de prendre en charge les obsèques de la victime, sauf si le corbillard est sponsorisé par But.
En l'absence d'arbitres, ce sont les commentateurs de télévision qui font office, à l'aide de la vidéo. Ils ont été regroupés dans un lieu tenu secret, protégés par des forces spéciales.
Dans des circonstances troubles, Charles Biétry est victime de violences en réunion en pleine salle de rédaction. Plusieurs de ses collaborateurs auraient craqué en même temps.
Après une nouvelle défaite du PSG qui le relègue en Intertoto, Luis Fernandez rentre dans le vestiaire des arbitres (avec sa voiture). Frédéric Déhu, auteur d'un tacle qui lui avait valu un carton rouge déclare : "J'ai revu les images dans tous les sens pendant un quart d'heure, et il n'y a même pas fracture ouverte".
Michel Mézy pénètre à nouveau sur la pelouse en plein match, mais tout le monde s'en fout.
Guy Roux simule un arrêt cardiaque pour permettre à son équipe de marquer le but qui envoie l'AJA en Ligue des champions.

Mai
Gérard Bourgoin, démis de ses fonctions, s'enferme dans son bureau présidentiel et menace de tout faire sauter.
Lorient fait le doublé Coupe de France-Coupe de la Ligue et finit le championnat en position de relégable. Mais en raison des six rétrogradations prononcées par la DNCG, les Merlus se maintiennent.
Lens est sacré champion en battant Lyon sur des erreurs de Muller, Caçapa, Edmilson et Bréchet, malgré un retourné d'Anderson et un doublé de Govou. Jacques Santini est démis de ses fonctions et nommé directeur de la communication de l'OL. Il est remplacé par un courtier.
Pierre Blayau est élu président de la Ligue avec un programme libéral allégé. Son premier geste est de renommer le championnat "Trophée François Pinault", qui vient de transférer Batistuta à Rennes et Gourcuff à Concarneau.
Le plateau de Téléfoot est envahi par la rédaction des Cahiers du football, qui s'empare de la régie et communique son programme en 10 points pour sauver le football.
Le Deportivo bat le Real Madrid en finale de la Ligue des champions. Zidane veut prendre sa revanche à la Coupe du monde.

Juin
Après le scandale de l'affaire Kirch, dont les comptes avaient été truqués et qui n'a pas réglé les droits du Mondial, la FIFA est en faillite. Sepp Blatter est contrôlé positif à la nandrolone juste avant l'élection pour la présidence de la confédération. Michel Platini, candidat de dernière minute, est élu sur le slogan "rendre le football au ballon". Son premier geste est de nommer Jean-Michel Moutier au poste de secrétaire général.
Lionel Jospin prend ses fonctions de président. Son premier geste est de nommer Marie-George Buffet Premier Ministre. Gervais Martel s'enfuit en Belgique.
Jean-Michel Aulas déclare que l'OL est la plus grande marque sportive du 21e siècle et fonde l'OL League, un championnat privé diffusé sur OLTV qui n'oppose que des équipes de l'OL, entraînées par Bernard Lacombe, Jacques Santini, Guy Stéphan et Joël Bats.
Des scientifiques prouvent que Patrick Proisy n'a jamais existé.
Jean-Pierre Pernaud et Flavie Flament animent la pire émission de football de tous les temps.
L'équipe de France est championne du monde. Les ressortissants français à l'étranger sont victimes d'agressions gratuites.

Juillet
Sous l'impulsion du nouveau PDG de Vivendi, Canal+ annonce son retrait du Paris Saint-Germain, dont les repreneurs pressentis sont Jean-Luc Lagardère, Alain Afflelou et Daniel Hechter. Ronaldinho et Arteta étant partis à Barcelone, il faut reconstruire une équipe autour de Francis Llacer et Jérôme Leroy.
Les supporters lyonnais lancent une insurrection et séquestrent Jean-Michel Aulas dans son bureau. Ils nomment un comité de salut public qui gère le club en attendant des élections générales. Un tournoi gratuit sans sponsor ni télé est organisé à Gerland.
Robert Louis-Dreyfus se retire de l'OM en déclarant : "heureusement, il me reste un milliard". On lui prête l'intention de racheter l'écurie Prost ou de reconstruire le Titanic. Après un putsch raté de Pierre Dubiton, une descente de police, une bagarre entre les journalistes et les joueurs et une rétrogradation administrative en D2, Bernard Tapie reprend le club pour le franc symbolique. Son premier geste est de ne pas nommer Jean-Pierre Papin manager général. Marseille se passionne pour le recrutement d'Endoume.