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L'Özil du désir

Issu d'une espèce de joueurs délicats, Mesut Özil quitte la Maison blanche pour migrer vers la petite colonie allemande d'Arsenal. Et trouver le bon milieu pour s'épanouir.

Auteur : Christophe Zemmour le 13 Sept 2013

 


Mesut Özil a donc signé, le 2 septembre 2013, un contrat de cinq ans en faveur d’Arsenal. Après avoir essuyé quelques échecs (Higuaín, Suárez, Navas), le club du nord de Londres tient là l’un des plus gros recrutements de ce mercato estival, un joueur dont la stature lui manquait depuis les départs de Cesc Fábregas et Robin van Persie. L’international allemand de vingt-quatre ans quitte le Real Madrid, club qu’il avait rejoint après sa très belle Coupe du monde 2010 – une compétition qui l’a fait si bien entrer dans le paysage footballistique qu’on en oublierait presque son jeune âge.


Parce que Mesut Özil est de ces milieux de terrain surannés, un représentant de l’âge perdu des numéros 10, bien qu’il ne corresponde pas totalement à certains de ses prédécesseurs plus “classiques”. Volontiers plus initiateur d’attaques et de contres, plus chercheur de décalages rapides et décisifs que buteur ou porté vers l'organisation du jeu de son équipe, l’ancien joueur du Werder Brême est un footballeur dont la classe va manquer du côté du Bernabéu.
 

 


Photo : Flickr / cc Jan Solo
 

Les raisons d’un départ tardif

Petit raisonnement en trois temps. Carlo Ancelotti aurait un projet de jeu pour son Real basé essentiellement sur la possession. Or, Gareth Bale est avant tout un homme de percussion, de puissance et de vitesse. Donc le départ d’Özil n’est pas à imputer réellement, sur un plan sportif, à l’arrivée du Gallois. Ou alors il y a des contradictions et des doutes du côté du Mister [1], voire des choix qui lui ont été imposés. Il y a surtout une excellente plus-value réalisée par le Real Madrid et une importante rentrée d’argent qui vient couvrir pour moitié le transfert de Bale. Özil aurait plutôt été en concurrence avec Luka Modric et surtout Isco, tout frais champion d’Europe Espoirs qui a signé un excellent début de saison (trois buts et une passe décisive en trois journées de Liga). Jusqu’aux dernières heures du mercato, le principal intéressé lui-même déclarait penser que son avenir était au Real, proche de son idole, Zinédine Zidane. Puis, le doute concernant la confiance de son coach et un appel téléphonique dans la langue de Goethe d’Arsène Wenger, imité par Per Mertesacker et Lukas Podolski, ont changé la donne.
 

Sergio Ramos a déjà fait part de son regret de ne plus côtoyer le futur numéro 11 d’Arsenal: “C'est un coéquipier et un ami. Il est différent. Si ça ne tenait qu'à moi, Mesut aurait dû être l'un des derniers à partir. Mais lui et le club ont pris leur décision et je ne lui souhaite que le meilleur.” De son côté, Alvaro Arbeloa s’est dit “surpris”, et a parlé d’une “perte pour le vestiaire au niveau humain et footballistique”. Il a également ajouté que “pour les socios, ça a été dur”. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas eu besoin de porte-parole, et l’ont fait directement savoir à Florentino Pérez lors de la présentation officielle de Bale.
 

On dit aussi que l’agent et père de Mesut, Mustafa, aurait demandé un salaire annuel net de 8,5 millions d’euros, revalorisation refusée par le Real Madrid. Dommage, Özil et la Maison Blanche allaient bien ensemble. L’élégance naturelle du joueur se mariait à merveille avec le prestige du club. Mais il a une carrière à poursuivre et à stabiliser, un Mondial en juin prochain où sa sélection aura un statut de favori, à n’en pas douter. Une échéance à laquelle il se préparera en foulant les pelouses de Premier League, dans une équipe assez proche de celle de Joachim Löw avec son profil de loser jouant bien au ballon... bien qu’il n’y aille probablement pas dans l’optique de faire perdurer cette image.
 


Tout bénéf pour Wenger et Löw ?

Lukas Podolski n'est pas le seul à avoir exprimé son excitation de voir arriver Özil dans la capitale britannique [2]. Arsène Wenger a parlé, lui, d’une “sensationnelle addition à [son] effectif” et d’un "crack qui va être un atout fantastique”. Fábregas, s’il a été d’abord surpris de voir partir du Real Madrid celui qu’il considère comme étant son “deuxième meilleur joueur, après Cristiano Ronaldo”, s’est ensuite ajouté à la liste des optimistes. Même son de cloche chez Joachim Löw: “C'est incompréhensible de voir le Real Madrid laisser partir un joueur si fantastique, qui est à l'origine d'autant de buts ces dernières saisons. Mais ce sont les affaires. On a cru comprendre que certains joueurs étaient tristes à Madrid [3]. Mesut est un joueur très sensible et a besoin de soutien de la part de son club et de son entraîneur. Manifestement, ces derniers jours, ce n'était pas le cas à 100% là-bas.”
 

Joe Brewin, sur le site de FourFourTwo, est quant à lui persuadé qu’Özil apportera une vraie valeur ajoutée à Arsenal et l’amènera “au niveau supérieur”. L’avenir le dira, mais on peut déjà se demander, comme cet observateur, où l’international allemand va se positionner dans l’équipe de Wenger et comment celle-ci va jouer avec lui. Si le schéma en 4-3-3 n’est pas remis en cause, et si l’idée d’Arsenal est de faire évoluer son onéreuse recrue à son poste de prédilection, il y aura donc concurrence avec Santi Cazorla – voire Tomáš Rosický, dont la forme physique semble se stabiliser après de nombreuses saisons émaillées par des blessures à répétition. Mais la profondeur de banc n’est probablement pas vue d’un mauvais œil par Wenger, qui a manqué de vraies solutions alternatives dans son effectif ces dernières années.
 

Son sélectionneur pense d’ailleurs qu’un temps de jeu supérieur et que le style d’Arsenal vont aider à son épanouissement. Il voit même plus loin: "C’est très bien pour nous car il a un top manager et un top club, et joue avec deux Allemands déjà installés dans l’équipe." Rien d’étonnant à voir l’entraîneur de cette génération allemande joueuse être en accord avec le choix d’Arsenal. Le club londonien récupère, quoi qu’il en soit, un vrai tireur de coups de pied arrêtés, faculté qui profitera certainement à Olivier Giroud ou Laurent Koscielny.
 


Old fashioned

Interrogé après le Mondial sud-africain sur son statut de joueur-vedette d’une grande sélection nationale à tout juste vingt-et-un ans, Özil avait déclaré aimer “la confiance du staff et de l’équipe” et de ne ressentir “aucune pression sur le terrain”. Ce besoin de confiance et les doutes quant à la présence de Mesut Özil dans les rendez-vous importants depuis 2010 ne datent pas d’hier. Pour justifier son départ, Florentino Pérez aurait évoqué en off le comportement "non professionnel" d'un homme devenu obsédé par les femmes [4], amateur de virées nocturnes et à qui la capitale espagnole aurait fait tourner la tête. Pourtant, en trois saisons au Real, il a délivré pas moins de 81 passes décisives et a prouvé une certaine force de caractère en s’imposant dans l’équipe de Mourinho. Ni l’arrivée de Modric, avec qui il a dû d’abord composer un duo peu performant, ni la pression et l’exigence du Special One n’ont eu raison de la qualité de ses performances sous le maillot merengue. Lors des matches les plus importants de la saison 2011/12, c’est lui qui sert Cristiano Ronaldo d’un amour de passe délicate du plat du pied gauche, respectivement face au FC Barcelone et au Bayern Munich [5].
 

Özil est de cette espèce de grands joueurs discrets, dont les pieds parlent plus que le visage. Comme son illustre modèle, Zidane, dont il est un admirateur depuis l'enfance. Il fait partie d’une génération pauvre en créateurs de petite taille (Sneijder, Iniesta), dont il pense qu’elle a son mot à dire dans un jeu devenu de plus en plus physique. Özil “aime jouer la passe qui fait le décalage, offrir et marquer des buts.” On tient certainement là la définition la plus concise du meneur de jeu positionné derrière ses attaquants. Sa conduite de balle gracieuse donne à Mesut des airs de nonchalance: la vitesse, c’est au ballon qu’il la donne et il a peu de concurrents dans cette capacité à créer des situations en peu de touches, et à accélérer les contre-attaques.
 

Tout en ce joueur est délicatesse. Özil est cependant conscient que seul le travail lui permettra de rester l’un des meilleurs footballeurs du monde. Mais il est avant tout un élégant. Il est écrit sur la page d’accueil de son site Internet officiel: "Pourquoi devrais-je soumettre le monde, si je peux l’enchanter”. Qu’importe finalement si Özil gagne des titres ou pas: ce qu’on lui demande d’abord, c’est de continuer à jouer son football.
 


[1] Comme la rumeur qui court sur une éventuelle alternance au poste de gardien de but entre Diego López, qui officierait en Liga, et Iker Casillas qui serait titulaire en Ligue des champions.
[2] “C'est sûr, Mesut Özil et moi allons secouer Arsenal. Notre objectif est d'avoir ensemble du succès à Londres. (...) On joue déjà un très beau football. La seule chose qui nous manquait c'était l'élément de surprise. Exactement ce que Mesut peut nous apporter.” (Bild).
[3] Carlo Ancelotti a révélé le mécontentement du joueur quant à son statut de remplaçant lors du match face à l’Athletic Bilbao.
[4] La saison dernière, Özil prenait régulièrement des jets privés après les entrainements pour aller voir sa petite amie à Milan, avant de revenir le lendemain matin.
[4] Özil est d’ailleurs le meilleur passeur que l’international portugais ait connu dans sa carrière (27 assists contre 17 pour Karim Benzema et 16 pour Ryan Giggs lorsqu’il évoluait à Manchester United).

 

Réactions

  • Gronaldal le 13/09/2013 à 11h50
    La minute fayot : merci pour cette analyse / hommage à un footballeur unique ! Et tant pis si c'est lui qui nous élimine en demie finale de la prochaine coupe du monde !

  • Bouderbala le 13/09/2013 à 13h43
    Bel hommage à Otto Sander.

  • Toni Turek le 14/09/2013 à 09h13
    Vielen Dank pour ce texte !

    Comme beaucoup, j'espère qu'Özil va bien régaler ses nouveaux coéquipiers en Angleterre.
    Histoire de faire comprendre aux Madrilènes qu'ils ont fait une "kolossale" bourde en laissant partir un joueur pareil, quand bien même ce serait pour 50 M€ (franchement, Bale vaudrait deux Özil ?!).

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