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On y était : France-Albanie au Vélodrome et Irlande-Suède dans la fan zone

Double témoignage qui sent bon le foot, les chants et la bière. À Marseille d'abord, où les Français ont frustré leur public pour mieux le faire exploser en fin de match. À Paris ensuite, au milieu de supporters irlandais et suédois dans la fameuse fan zone.

Auteur : Sens de la dérision et Doc Martins le 18 Juin 2016

 

 

18h moins des bananes. Le métro marseillais voit se croiser des supporters français aux maillots bleus et aux peintures tricolores sur la tronche et quelques Albanais, tout de rouge vêtus. La sortie Vélodrome se fait dans un tel calme que rien ne pouvait nous prévenir de ce qui nous attendait en plein air: une marée de maillots rouges, de drapeaux ornés de l'aigle noir à deux têtes remplissent le boulevard Michelet, tandis que seules quelques flaques bleues montrent la présence des Français. À quelques pas d'une camionnette à l'effigie de Marcelo Bielsa, une Marseillaise retentit.

 

 

Le match est lancé dans une ambiance bon enfant: faut-il préciser que les supporters se croisent sans aucun problème, que certains se mêlent le temps d'une photo? Si la presse retient la majeure partie du temps les heurts, c'est évidemment le plus souvent sans aucun incident que se déroulent ces matches de l'Euro. Un hot dog réglementaire vite avalé, nous nous pointons devant le stade où des vigiles vêtus du maillot de l'OL saison 2008/09 nous attendent. De plus près, il s'avère, ô cruelle déception, que ce ne sont que des gilets fluos. Une petite appréhension nous étreint au moment de passer sous le regard rébarbatif des matons chargés de vérifier les billets: et si, comme l'UEFA l'avait précisé, il y allait avoir une vérification stricte du nom inscrit sur le billet? Finalement, si la fouille est plus complète, la vérification est ultra-sommaire.

 

 

Drôle d'avant-match 

Nous voilà dans le stade Vélodrome où la tribune jaune est, en réalité, rouge de maillots albanais. Niveau visuel, l'Albanie mène aux points. Vocalement, elle est aussi présente mais il y a du répondant en face, même si les supporters français se pointent en mode tranquille. L'ambiance monte petit à petit tandis que l'UEFA a apparemment préféré organiser une foire à la saucisse: une musique de mauvaise qualité est hurlée dans les hauts-parleurs et le toit du Vélodrome en profite malignement pour la transformer en une bouillie inécoutable, ce qui ne nous empêche pas de reconnaître Freed from desire de Gala à l'entrée des joueurs français pour l'échauffement. Le réalisateur cherche fébrilement les quelques jolies filles de la foule, il trouve notamment une blonde albanaise qu'il ne lâchera pas de tout le match.

 

Le MC qui anime la pré-soirée tente de faire monter l'ambiance avec le summum: un karaoké géant sur l'air de Magic in the air de Magic System. Oui, ça craint sérieusement mais c'est sans doute plus marquant que le tour du stade de Super Victor, qui passe globalement inaperçu. Une centaine de danseuses se trémoussent un peu partout tandis que des maillots géants sont dépliés sur la pelouse, tournés en direction de la tribune présidentielle, dont le vide contraste avec le reste du stade. Belle ironie du football qui tourne le dos à la ferveur populaire pour la télévision et les invités. L'ensemble se déroule dans l'indifférence générale, ce qui n'est pas le cas de l'arrivée du bus sur grand écran et surtout la sortie de l'incarnation de Dieu sur terre: Dimitri Payet fait rugir un Vélodrome schizophrène qui hue son ancien capitaine, Lorik Cana. Les premiers pas de Didier Deschamps sur le terrain sont également accompagnés d'applaudissements et de chants nourris.

 

 

Première période endormie

Désormais, les tribunes sont pleines. Le bleu côtoie le blanc et le bleu ciel, quelques maillots suédois ou allemands complètent le tableau. L'hymne albanais retentit dans le stade, repris par la tribune rouge mais c'est évidemment la Marseillaise chantée, hurlée, braillée qui emporte tout sur son passage! Un chœur qui bat à l'unisson, tous derrière l'équipe. Une dernière salve d'applaudissements pour les deux policiers tués et le match est lancé dans une ambiance magique (in the air)! Des Allez les Bleus sont lancés, encore et encore. La Marseillaise est chantée plusieurs fois. Quelques "Aux armes" sont même chaleureusement tentés et parviennent à fonctionner pas si mal. Seven Nation Army réussit son petit effet, de même que les "Qui ne saute pas n'est pas Français, Hé" qui font vibrer le stade.

 

Les premières minutes semblent étouffantes pour les Albanais mais l'équipe de France devient petit à petit plus brouillonne, moins conquérante. Le stade semble retenir son souffle quand Rami, au plus fort de sa relance, tente une passe très osée vers Kanté ou Sagna. Les spectateurs se prennent la tête sur une énième perte de balle de Martial ou de Coman. Au fil des minutes, l'ambiance retombe comme un soufflé monté trop vite. Et la léthargie gagne le public: tout juste reste-t-il concentré pour entonner un "Oh hisse enc***" typique du Vélodrome à chaque fois que le goal albanais dégage volontairement du côté d'Évra pour que ce dernier ait la meilleure note sur Whoscored. L'arbitre signale la fin de la première période et quelques légers sifflets montent du stade.

 

 

Fin de match enflammée

L'écran géant est implacable: quatre tirs pour la France, quatre pour l'Albanie. Aucun cadré. Pogba s'échauffe tandis que des effluves canabinoïdes viennent chatouiller les narines, sous l'air étonné du "No smoking" qui s'affiche sans honte sur l'écran. Les Bleus changent de côté et vont donc attaquer juste sous nos yeux. La seconde période est de meilleure facture: si un frisson passe dans le stade sur un poteau albanais, ce sont les Français qui mettent le pied sur le ballon. Giroud et Koscielny échouent plusieurs fois à planter leur tête dans la cage albanaise. Il va falloir avertir Tonton Arsène de travailler ce geste technique! Pogba a clairement apporté du liant: Coman a maintenant des jambes de feu, Payet parvient à jouer entre les lignes et même Matuidi vient montrer son nez aux avant-postes. Griezmann remplace Coman et Giroud trouve le poteau. Le Vélodrome gronde et réclame son ancien bouc émissaire: Gignac, Gignac, Gignac!

 

 

Gignac, comme le Messi, c'est presque aussi incroyable qu'une volée de Sagna qui aura fait se lever le stade qui, apparemment, ne se souvient pas de l'inutilité de l'intéressé dans cet exercice. Les minutes défilent, l'ambiance va et vient, comme les vagues bleues sur la cage albanaise. Allez les Bleus! Allons enfants de la patrie! Qui c'est les plus forts (euh non excusez-moi de l'erreur)! Aux armes (partagé entre la tribune de gauche et la nôtre)! Mais ce diable de cadre se dérobe toujours au dernier moment. Le chronomètre est impitoyable et va siffler la fin de la partie quand le miracle se produit: Griezmann claque une tête parfaite. 1-0. La foule applaudit, chante, rit, se prend dans les bras. La victoire est là. Enfin! On note mentalement qu'il faudra quand même dire à Griezmann de montrer à Giroud comment marquer sur une tête.

 

Mais les Albanais ne rendent pas les armes et se ruent sur le but français. Encore une Marseillaise et Pogba passe à Gignac qui parvient, à moitié glissant, à donner le ballon à Payet qui aligne le goal albanais. 2-0. L'arbitre siffle. C'est fait! Le stade est en folie. Tout le monde saute, saute, saute car ceux qui ne sautent pas ne sont pas Français! Les joueurs font de lointains coucous, Payet est applaudi à tout rompre. Le départ se fait dans le calme, les Albanais semblent dépités et personne ne les chambre. On refait le match, on tente de se rassurer, on klaxonne à tout va, on chante encore et encore la Marseillaise: chacun vit cette fin de match comme il l'entend. Et c'est le cœur léger qu'on reprendra la voiture pour rejoindre son lointain chez-soi, doublant quelques Albanais sur l'autoroute, en croisant sur les aires de repos. Avec l'envie de les prendre dans les bras, de leur dire que c'était quand même bien joué. La soirée est terminée, le match n'a pas tenu toutes ses promesses mais les supporters étaient bien là, et l'ambiance soir a été vraiment magique. On aurait presque envie de chanter Magic System.

 

 

Irlande-Suède, vu de la fan zone

À l’arrivée au métro Bir-Hakeim, on peut voir deux types de personnes: les vendeurs de drapeaux et les touristes cherchant leur chemin. Entre les indications pour l’accès à la Tour Eiffel et ceux pour la fan zone du Champ de Mars, il est en effet difficile de s’y retrouver. Après avoir tourné un peu, l’un des six accès à la fan zone est en vue. Un bruissement s’élève de l’autre côté des barrières: Jeff Hendrick vient de frapper la barre transversale d’Isaksson. L’un des derniers retardataires irlandais s’en rend compte et presse le pas. Les deux contrôles de sécurité se passent sans problème, avec fouille et contrôle des sacs. Je m’installe au milieu d’une marée verte pendant une première période où il ne se passe rien.

 

La mi-temps est l'occasion de faire le tour des lieux. Les sponsors de l’Euro ont droit à un pavillon chacun, réunis dans un village à une extrémité. Il y a même un McDonald’s provisoire, seul point restauration à ne pas avoir surgonflé ses prix. Cela donne une situation assez ironique où une bière coûte plus cher qu’un menu Best Of™. Le bon côté des choses est que cet espace consumériste a été consigné tout au fond de la fan zone et qu’il est facile de l’occulter. Il y a aussi un mini-terrain ouvert à tous. Au même moment, Hoolahan envoie sa demi-volée termine dans le petit filet opposé. Un groupe de supporters irlandais en train d’attendre sa commande s’aperçoit que Julien Brun (qui commente le match sur beIN Sport) élève la voix, se retourne vers l’écran le plus proche et se met à sauter partout. Les frites seront froides.

 

 

 

 

 

Des buts et des bières

Retour vers l’espace de visionnage. Il se découpe en fait en deux parties. Côté Tour Eiffel, les quelques milliers d’Irlandais qui n’ont pas eu de billet pour le match sont tous debout devant l’écran géant. Côté École Militaire, la plupart des fans sont assis sur la pelouse et neutres: non seulement ceux des autres équipes jouant le même jour (Espagne, République Tchèque, Belgique et Italie), mais aussi des Anglais, Allemands, Suisses... et même quelques Écossais, dont l’équipe ne s’est pas qualifiée. Au milieu de ce joyeux mélange, on peut voir un journaliste de Sky Sports demander à un Croate de poser dos à la caméra pour montrer le numéro 10 de Luka Modric sur son maillot. En infériorité numérique, les supporters Suédois peuvent enfin exulter avec l’égalisation de la 72e minute. Dans la zone neutre, un murmure collectif peut s’entendre lorsque les ralentis montrent qu’il s’agit en fait d’un but contre son camp de Clark.

 

Les Suédois poussent mais les Irlandais ne s’inquiètent pas, aidés par l’alcool qui commence à monter. Ils plaisantent avec les jeunes de la buvette venus les ravitailler dans une ambiance bon enfant. Certains chantent une adaptation locale du désormais célèbre “Will Grigg’s on Fire” de leurs voisins du Nord. Le débordement le plus grave à signaler survient lorsque l’un d’entre eux sermonne un ami pour n’avoir acheté que deux bières au lieu des trois promises. Plus rien ne sera marqué. Les supporters des deux équipes n’ont pas vraiment l’air de s’en faire, même s’il leur reste les deux favoris du groupe à affronter. La soirée se terminera dans les rues de Paris.

 

Réactions

  • le petit prince le 18/06/2016 à 04h55
    "On y était : France-IRLANDE au Vélodrome [...]".

    Ce titre a le mérite de l'originalité.
    Le reste est un petit peu plus convenu.

  • Richard N le 18/06/2016 à 07h18
    Les écrans géants et la musique assourdissante d'avant-match sont les plaies du football moderne.

  • bcolo le 18/06/2016 à 08h17
    Hormis la légère erreur dans le titre (!), le compte-rendu du match de Marseille est très fidèle. J'y étais aussi, dans le virage sud à moitié albanais, et l'ambiance était vraiment superbe. Beaucoup de supporters albanais autour du stade avant le match, très bon état d'esprit, aucune agressivité ni provocation d'un côté ou de l'autre. Ils ont fait presque autant de bruit à 15 000 que le reste du stade, au moins jusqu'à la mi-temps. Bravo à eux.

  • lyes le 18/06/2016 à 10h33
    Ok les titres c'est dilletante en ce moment les mecs.
    Sinon très fidèle sur France Albanie, j'étais au stade et je dirais tout pareil.

  • Tonton Danijel le 18/06/2016 à 10h48
    Comme précisé par Tonton Arsène, le remplacement décisif, ça a surtout été la sortie d'Ajeti côté Albanais qui faisait un abattage énorme en défense...

  • Chuck Lloris le 18/06/2016 à 12h17
    Effectivement, un récit très fidèle (tout pareil, au stade). J'ajouterais quand même deux petites choses:
    - Hors du terrain: une ambiance bon enfant, des stadiers très efficace (e.g. pas d'attente lors des fouilles, signalisation efficace, ...) et bière sans alcool dans le stade (gné ?)
    - Sur le terrain (que je ne qualifierai pas de pelouse): un non-jeu moche / cassage de rythme tout à fait détestable de la part des albanais. Avec une apogée en en fin de seconde période (genre "je me roule par terre", "je prends tout mon temps pour dégager le ballon et plus encore"...).

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