Il fallait entretenir des trésors d'imagination pour imaginer qu'un match pareil, englué dans une léthargie profonde, allait – après six remplacements – s'achever sur un dernier quart d'heure aussi réjouissant? Le mystère est assez profond, tant tout était ligué pour que cette rencontre amicale si mal placée ne démarre jamais, en tout cas pas à partir de la 80e minute du temps réglementaire.

Il faut croire que les remplaçants Abidal, Ribéry, Malouda, Benzema et Diaby avaient décidé de concentrer dans ce laps de temps toute la motivation qu'ils avaient diluée durant Biélorussie-France. Pour plier la rencontre ou rétablir une hiérarchie? Cette dernière aura tout de même été un peu bousculée, du moins à la lecture de la liste des buteurs. Une liste étonnamment longue: l'ironie est que ces quelques instants ne sont pas allés seulement à contresens de ceux qui avaient précédé, mais aussi de la faible efficacité de l'équipe de France cette saison.




Des "cadres" décisifs et des jeunes buteurs: la rencontre n'aura dons pas été avare en paradoxes. Évidemment, on se gardera de tirer des conclusions générales: le match a basculé parce l'Ukraine, déjà peu appliquée, a plié bagage au moment où les Bleus se décidaient enfin à poser les valises. Auparavant, l'animation offensive avait été d'une pauvreté à faire regretter celle de l'époque Domenech, Rémy et Ménez en particulier ne parvenant pas à donner de l'inspiration au jeu, laissant Gameiro dans une solitude prononcée. Mais il faut souligner que, à défaut d'envie et de plaisir, l'équipe de France avait au moins retrouvé une certaine cohérence tactique, avec un ancrage assuré par les trois milieux "défensifs" de ce 4-3-3: un système dont une variante avait faite des étincelles en Bosnie. Si la sélection ne parvient pas à accomplir les ambitions de jeu de Laurent Blanc, voilà une solution qui pourrait être mieux qu'un pis-aller.

C'est tout de même dans un 4-2-3-1 classique chez le sélectionneur, avec Martin en meneur de jeu, que l'équipe de France a retrouvé de la vitesse et des capacités à combiner en parvenant enfin à déstabiliser la défense adverse. Puisse Ribéry retrouver sur quatre-vingt-dix minutes l'influence qu'il a eue en quinze à Donetsk. En attendant, Blanc serait bien inspiré de trouver une juste synthèse de ses deux dernières compositions d'équipe, afin de donner à Pologne-France un intérêt qu'on ne lui soupçonnait pas à la 79e minute hier soir.





Les observations en vrac

• Évra a-t-il eu l'impression de jouer avec des petits garçons?

• Un doublé pour une première sélection: Zidane d'accord, mais il faudrait ne pas oublier Gomis.

• Christian Jeanpierre est absolument parfait pour les lancements de question SMS. Ils ont dû le prendre pour ça.

• Il y aurait moyen d'interdire le short taille basse de Ménez?

• La dernière fois que l'équipe de France a gagné par trois buts d'écart face à une équipe d'un calibre supérieur aux Féroé, c'était la Géorgie en septembre 2006.

• Un but d'un Lorientais, un but d'un Sochalien, un but d'un ancien Auxerrois, la formation française ne se porte pas si mal.

• Dur pour Vincent Duluc, qui avait bouclé son papier à la 80e minute.

[avec le Bleu, hermines de rien et Tonton Danijel]



Les gars

Lizarazu n'a pas démordu de son "erreur de placement" ("C'est pas le coup franc de Roberto Carlos" – tout le monde ne peut pas avoir la même excuse que son copain Barthez), mais la trajectoire de la frappe de Timochtchouk a valu à Mandanda un but Jabulani – qui ne l'exonère pas totalement de sa responsabilité. Le reste a tenu dans une bonne prise de balle aérienne et un tir de Milevshi capté sans difficulté.

On n'a jamais grand-chose à dire de Réveillère, alors on ne va pas commencer ce soir. "Un match sérieux", écrit-on en pareil cas. Plutôt affûté, Évra a pris des initiatives intéressantes, contribuant à l'animation du côté gauche et distribuant quelques centres. C'était déjà beaucoup dans le marasme ambiant, d'autant qu'il a eu le mérite d'être encore très présent en fin de rencontre.



Sakho n'aura décidément pas accompli les débuts tonitruants que ses fans espéraient, avec des ratés criants (une occasion offerte à Voronine) et l'impression qu'il ne trouvait ni ses marques ni la confiance, alors que les Ukrainiens n'ont pas excessivement mis la charnière sous pression. Il a toutefois assuré un bon placement avec son compagnon du soir, sans mésentente majeure. Peu enclin à prendre des risques, Kaboul s'en est un peu mieux tiré avec des interventions adilramiesques et un but inscrit d'une tête très assurée.

Dans la position qui lui avait bien réussi contre l'Angleterre en particulier, seul devant la défense, M'vila a assuré une large part de l'emprise française dans l'entrejeu, non sans connaître des difficultés à enchaîner vers l'avant. Avec son habituel volume de jeu, Matuidi a défendu avec assiduité et il s'est démarqué de l'apathie générale en tâchant de percuter, de trouver des décalages et de rester disponible... sans grande influence. Sa réussite variable sur les coups de pied arrêtés n'a pas rehaussé la performance d'ensemble de Cabaye, convenable. Le champion de France a eu plus d'éclairs dans le regard que sur le terrain.

Auteur de deux ou trois départ en dribbles, Ménez n'a pas fait office de détonateur, noyant quelques ballons, obtenant des coups francs – pour peu d'actions abouties. Plus batailleur, Rémy est bien entré dans le match et a su y rester, par exemple pour mettre deux fois Gameiro en position de tir.

Touchant à peu près autant de ballons que Trezeguet en fin de carrière internationale, Gameiro en a exploité un, gagnant, à la façon de son aîné: sans états d'âme, avec une frappe aussi rectiligne que celle de Timochtchouk avait été torve cinq minutes plus tôt. À y regarder de plus près, c'était sa troisième occasion: les deux premières avaient contraint Dikan à concéder le corner (45e+1 et 55e).

Du côté des entrants, Abidal a été peu sollicité, et Diaby a permis d'augmenter la pression sur les Ukrainiens. Si Malouda est resté discret sur un flanc droit qui lui est d'ordinaire étranger, Ribéry a été de presque tous les bons coups des dernières minutes, et son engagement a eu des effets tangibles: il obtient le corner du but de Kaboul et récupère, au pressing, le ballon du 4-1. Benzema a eu une influence analogue, sans réussite devant le but (un festival côté droit mal conclu par une frappe trop enlevée, une parade du gardien sur son tir la minute suivante) mais en offrant à Martin le droit de clore la marque.

Sans complexe: Martin y est allé les épaules un peu voûtées, mais résolument. À la limite du manque de respect pour le maillot de la sélection. Il s'est débarrassé de son vis-à-vis d'un simple extérieur, avant de partir décocher une praline poteau rentrant. Un corner décisif et un but plus tard, le jeune Sochalien avait acquis le droit d'alimenter la chronique et la machine à comparaisons.





Le match de TF1

La minute adverbiale d'Arsène Wenger
"Un stade inquiétamment vide à un an de l'Euro."

L'info "Figurez-vous Arsène" de la soirée
Christian Jeanpierre : "Timotchouk est venu ici avec son coiffeur".

La minute "Jean-Michel Larqué" de Bixente Lizarazu
"Légèrement trop en arrière au niveau de sa frappe."



Vu du forum

=>> leopardinho - lundi 6 juin 2011 - 21:22
Je rêve ou si on fait le total de tous les buts mis en équipe de France par le 11 sur la pelouse, on arrive au total vertigineux de 1?

=>> Tonton Danijel - lundi 6 juin 2011 - 21:24
(...) s'ils font le nul contre l'équipe de France B, sachant que l'équipe de France A a déjà fait le nul contre l'équipe de Biélorussie B, ils passent pour quoi, là?

=>> Full Metal Caennais - lundi 6 juin 2011 - 21:37
Il commence à quelle heure le Djokovic-Federer? Qu'on puisse zapper.

=>> Ryan Geek - lundi 6 juin 2011 - 21:43
Elle se termine quand, la suspension de Toulalan ?

=>> Tonton Danijel - lundi 6 juin 2011 - 21:49
Et dire qu'à la place, on aurait dû avoir droit à un épisode de "Joséphine, ange gardien".

=>> Eugène Sacomoino - lundi 6 juin 2011 - 21:51
Boghossian : "Bougez les gars ! Bougez !"
Les gars : "Ah ben oui, mais quand on bouge on rate nos passes parce que le gars a qui on passe le ballon, ben il n'est plus là où il était y a trente secondes."

=>> Number Juan - lundi 6 juin 2011 - 21:58
Vous êtes durs, moi, voir Ménez avec une coupe de cheveux normale me suffit.

=>> Ryan Geek - lundi 6 juin 2011 - 22:57
C'est écrit, Mandanda aura la carrière internationale de Frey et Létizi, et Martin aura celle d'Ibrahim Ba.

=>> Pan Bagnat - lundi 6 juin 2011 - 23:10
Bon, la bonne nouvelle du soir, c'est qu'en tant que futur Zizou qui joue à Sochaux, Martin va signer à Nice d'ici une dizaine d'années.

=>> Number Juan - lundi 6 juin 2011 - 23:21
On entend déjà résonner les rolalalacépacroyab' du reportage de Téléfoot qui sera calé entre le portrait sur Drogba et celui sur Messi. En même temps, il est normal de lui chanter ses louanges dimanche, Martin.