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« On ne vous reverra jamais, signor Mazzola »

Les joueurs d\'exception – Au panthéon des héros et des martyrs du Calcio, Valentino Mazzola a une place de choix – pas seulement celle qu\'il occupait dans l\'avion qui s\'écrasa sur la basilique de Superga.

Auteur : Grégory Charbonnier le 27 Nov 2007

 

C’est un vieux bouquin trouvé dans le fatras du grand-père, au grenier ou à la cave. 15 exploits sportifs, qu’il s’appelle. Parmi ces pages, un texte de Max Urbini qui, quinze ans plus tard, s’est rappelé à moi durant ce mois "mortel".
 

Le Duce est à peine froid que le pays est pris par les cornes du Toro. Maillot grenat, âme turinoise – la vraie, pas celle de la Vieille Dame –, le Torino a embroché trois titres consécutifs. Le début de saison 1948-1949 l’emmène en tournée chez Tintin, à Bruxelles. Dans ses bagages, un record exceptionnel: le nombre de buts marqués en championnat: 125 en 1947/1948. Et un magicien: Mazzola, Valentino Mazzola.
Ces stars de l’après-guerre attisent les curiosités belges. À l’hôtel des Colonies, c’est l’émeute. On veut voir, on veut toucher le gardien Bacigalupo, le mec qui a bouffé la pelouse de Colombes, Gabetto le buteur racé, Maroso un défenseur technique et pas manchot des pieds. Et puis Ballarin, Loik, Menti, Bongiorni, Mazzola. Mazzola.


mazzola_valentino.jpgPlus hardi que les autres


"Soyez chic, signor, une signature", demande un gamin. "Avec mon prénom", ajoute un autre. Dans la légende – au moins dans mon histoire –, Valentino signe, signe, signe. Jusqu’à ce qu’un gosse, plus hardi que les autres, avance: "Venez avec nous, signor Mazzola. Venez seulement un quart d’heure. Nous apprendrons un tas de choses". Jouer la veille d’un match avec des gamins, pas possible. Quoique. Et si tous mes équipiers faisaient ainsi? Quoi? Je n’aime pas les jeunes? Moi? Le champion piqué au vif s’annonce absent pour quinze minutes maximum et part avec la bande. Qui n’en revient pas: Mazzola est avec nous, dans le tram en direction du terrain.
Sur la pelouse ou le stabilisé, le rêve est devenu réalité. Une leçon par un champion, un gars qui passe à la radio, qu’on admire dans les journaux. Passes de l’intérieur, de l’extérieur, volées, penaltys. Mais l’heure tourne. Le quart d’heure est devenu une moitié d’après-midi. Il est l’heure de rentrer alors que les garçons proposent un match. "Vous n’y pensez pas? Il est déjà tard. Regardez, dans une demi-heure, il fera nuit. Et on m’attend..."
Tombe la réplique d’on ne sait qui, d’un, de tous: "Une demi-heure de plus ou de moins qu’est-ce que c’est pour vous? On ne vous reverra jamais, signor Mazzola..."
Argument choc, Mazzola forme les équipes, joue alternativement dans l’une et l’autre. Le ballon anesthésie le temps. Le soir vient, la journée remplie, les gosses en ont pris plein la vue, pour toute la vie.

A l’hôtel, c’est l’affolement, Mazzola, si sage, n’est pas rentré d’en ville. À peine arrivé, on lui demande si elle était belle, blonde ou brune et si on aura le plaisir de faire sa connaissance bientôt. "Non, M. le président, j’ai passé l’après-midi à jouer avec des gosses. Non, ce n’était ni bête, ni gratuit. Il jouent sans arrière pensée, ils ramènent à la source, on s’aperçoit que le foot est un jeu".

Le 4 mai 1949, le Toro rentre d’une tournée au Portugal et en Espagne. L’avion s’écrase sur la colline de Superga. Le gosse avait raison. On ne vous reverra jamais, signor Mazzola.


> Lire aussi l'article de Paul Dietschy sur We Are Football, "Le désastre de Superga".
superga2.jpg

Réactions

  • Tricky le 27/11/2007 à 00h06
    Ca ne sert a rien, mais :

    Classe mondiale.

  • sansai le 27/11/2007 à 00h35
    Y'a pas d'autre mot. Enfin si y'en a plein : sublime, merveilleux. Je sais pas ce que j'aurais donné pour être l'un de ces gosses. Drôle de conte de fées.

  • Loul le 27/11/2007 à 01h09
    Emouvant ce court article.
    Je regrette seulement de ne pas en apprendre plus sur le joueur mis ici en exergue (oui quand on apprécie on en veut plus).
    Peut-être n'existe-t-il pas de film d'époque montrant subrepticement le joueur, mais un descriptif un peu plus fourni de son style de jeu, de ses qualités spécifiques aurait apporté une petite touche en plus et commencé à combler très petitement mon immense inculture footballistique que j'étale sans pudeur.

    Et cliquez sur le lien vers wearefootball, l'article en lien, moins émouvant, apporte un éclairage historique intéressant.

  • MMM le 27/11/2007 à 08h26
    "on s’aperçoit que le foot est un jeu"
    Même avant les années 50, le foot n'était déjà plus un jeu :(

  • doumdoum le 27/11/2007 à 10h02
    Bien frais, bien agréable.

  • Olf le 27/11/2007 à 10h12
    MMM
    mardi 27 novembre 2007 - 08h26
    "on s’aperçoit que le foot est un jeu"
    Même avant les années 50, le foot n'était déjà plus un jeu :(

    ------------------------

    Difficile d'y voir un jeu quand il devient un gagne pain. A défaut, même si on y joue en amateur, quand la célébrité s'en mêle, difficile également de continuer à jouer au foot aussi "naturellement" que penadnt ses jeunes années. Hélas, c'est vrai aujourd'hui et sûrement depuis bien longtemps.

    Article bien sympa, en tout cas. La chute est très réussie.

    Et c'est vrai que gamin, j'aurai accepté de me passer de goûter pendant des semaines pour quelques heures passées à jouer sur un terrain avec n'importe quel joueur de l'épopée mexicaine en 1986.

  • Tricky le 27/11/2007 à 10h35
    Y compris Yvon le Roux ?

  • Olf le 27/11/2007 à 10h48
    Oui. Même lui.

    Même un joueur de Thonon-les-Bains dont j'avais la vignette Panini, j'aurais accepté.

  • hoyt pollard le 27/11/2007 à 10h55
    "Article bien sympa, en tout cas. La chute est très réussie."

    ah, fallait oser la faire celle-là...

  • Olf le 27/11/2007 à 11h15
    Et en plus, c'est involontaire...

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