OMicide
Et l'on reparle de l'OM. En fait, on n'a jamais cessé d'en parler, mais c'est surtout notre filiale d'Issy-les-Moulineaux qui s'en est chargée. Le problème c'est qu'entre les enquêtes préliminaires, les informations judiciaires et les procès médiatiques, on ne sait plus très bien où l'on en est. Le dernier stade de la désespérance étant largement dépassé (en témoigne le calme relatif de supporters redevenus spectateurs), on ne s'étonne même plus vraiment, et les déboires marseillais intéressent de moins en moins de monde.
Droit au mur
Après le comique de répétition, l'OM a donc mis au point la déconfiture à répétition. A se demander si Robert Louis-Dreyfus ne va pas annoncer théâtralement son retrait de l'OM lors de sa convocation au tribunal de commerce (auquel il devra donner des éclaircissements sur la situation financière de son club — bon courage). A force de diriger le club depuis Levallois-Perret ou Lugano, il pourrait effectivement finir par se délocaliser complètement. Mais même à ça, on n'y croit plus. D'ailleurs RLD dément. Il n'a probablement pas lu dans Le Monde (19/03) les paroles d'Adriano Galliani, le vice-président du Milan AC: "A l'avenir, il ne faut plus que l'actionnaire principal comble le déficit avec ses propres fonds, sinon nous allons directement contre le mur."
Pourtant, aussi bien à Paris ou Lyon qu'à Marseille, les supporters se demandent si un départ des actionnaires ne serait finalement pas bénéfique, passée la crainte du manque de moyens financiers (c'est plutôt le dépôt de bilan qui menace à ce rythme), tant le bilan est médiocre et grande l'envie de renouer avec quelques valeurs.
Les rumeurs filtrées par la presse donnent une impression de confusion extrême, la théorie de l'emprise mafieuse revient à l'avant-scène, les doutes sur les innombrables transactions se multiplient, comme les spéculations sur l'avenir de Tapie et de RLD. On se demande comment il peut encore y avoir des règlements de compte (cf. Jean-Pierre Klein) dans cet OK Corral où tout le monde devrait être mort depuis longtemps. Et pendant ce temps, l'équipe première n'aura pas réussi à prendre une forme un peu identifiable cette saison.
Dernier gag, selon certaines informations, RLD conditionnerait son soutien financier à l'obtention d'une place dans la première moitié du tableau. L'objectif en dit long sur le ridicule de la situation. Parler simplement d'avenir semble une activité hors de portée de l'OM, habitué à des rebondissements de vaudeville et à l'intérim des techniciens.
Il faut se rappeler que l'OM est le meilleur "produit" du foot français (quoi qu'en dise Jean-Michel Aulas), et que sa "faillite" (appelons faillite le milliard et quelque englouti par l'actionnaire majoritaire) est celle des illusions entretenues sur la rentabilité du football. Les largesses de Louis-Dreyfus, les ambitions de Pinault, la puissance de Canal+ et même la gestion rigoureuse d'Aulas, toutes ont échoué à décrocher le jackpot. Tous ceux-là veulent encore y croire, mais ils sont de moins en moins nombreux.
Haro sur le plumitif
Pratiquant la confusion des genres sans vergogne, Freegoal publie le "Communiqué officiel" (sic) de Robert Louis-Dreyfus, introduit en des termes qui montrent toute la distance critique du site : "Dans un communiqué de presse, Robert Louis-Dreyfus a tenu, une fois de plus, à réagir aux attaques incessantes des journalistes de l'Equipe et de monsieur Rousseau en particulier".
Remarquons que le patron présumé de l'OM désigne à la vindicte un journaliste qui a mis un peu trop d'insistance - et peut-être, parfois, de maladresse - à mettre le doigt là où ça fait mal (et à Marseille, ça fait mal partout). L'élément déclencheur a été un article qui pronostiquait simplement le départ ou la mise à l'écart de Tapie, et la réaction semble bien disproportionnée. Chacun choisira entre la version officielle intangible qui prône la meilleure entente du monde entre les trois têtes du club et celle de permanentes luttes de pouvoirs et conflits d'intérêts.
Il est cependant rare que les règlements de compte avec les médias prennent ainsi une tournure personnelle et cela n'est pas de nature à rassurer sur les mentalités dans le milieu. On aimerait aussi savoir ce qu'il en est des plaintes pour diffamation que le club avait menacé de déposer contre le quotidien.