Omelette nantaise : les Jaunes battent les Blancs
Même si les enjeux n'étaient pas les mêmes pour les deux équipes, on a rapidement eu l'impression d'assister à un match au sommet, pressentant peut-être la confirmation du retour des Nantais sur le devant de la scène, ne serait-ce que pour un soir. Les spectateurs y croyaient aussi, puisqu'en pleine semaine et malgré la retransmission, la Beaujoire était comble. Elle a également été comblée…
L'entame est en effet intéressante pour les Jaunes, renforcés par Yepes en défense centrale et qui montrent très vite leur envie de bien faire: engagement dans les duels, jeu à une touche, recherche d'ouvertures… Seul la finition reste imparfaite. Plus sporadiques, les actions lyonnaises n'en sont pas moins incisives, et au bout des ouvertures de Linarès ou Carrière, qui joue sous les sifflets, les attaquants (Anderson un peu diminué par une récente blessure) et Govou (plutôt maladroit) font planer la menace.
En guise d'intermède, Coupet manque une splendide Arconada (le ballon file au pied du poteau) sur un tir de Vahirua, puis Moldovan décoche un coup de coude assez spectaculaire à Müller, mais c'est le Suisse qui voit le rouge (couler de sa lèvre). Les visiteurs s'installent un peu mieux dans la rencontre, mais au moment où nous remarquons la faible participation de Quint, l'ex-Sedanais, après un relais avec Moldovan, chaloupe sur le côté gauche de la surface, remet en retrait pour Ziani dont la reprise est repoussée par Coupet. Vahirua surgit pour marquer de près malgré le retour du gardien.
Accablés par un but qui paye mal leur bonne prestation, les Blancs réagissent pourtant, envahissant notamment l'espace aérien de Landreau par Müller et Caçapa, déjà en quête de rachat. La physionomie du match reste la même, mais l'aiguille de la balance penche cette fois du côté des hommes de Marcos. Carrière a beau se démener, toutes les portes restent closes. Son homologue Ziani, lui, passe par la fenêtre pour adresser à Vahirua un centre d'autant plus parfait que la charnière centrale a curieusement laissé le Tahitien s'intercaler. 2-0 à quelques secondes de la mi-temps, Marcos va pouvoir travailler tranquille.
Au retour des vestiaires, la défense lyonnaise alourdit son casier en laissant Moldovan clore prématurément le suspens, au terme d'un échange avec Vahirua, auteur d'une passe pas très volontaire. Santini avait préféré Caçapa à Edmilson, et ce choix tourne au pari hasardeux…
La situation tourne même à la panique, la Loire et l'Atlantique débordent dans le Rhône. Berson allume une frappe lourde qui met une nouvelle fois Coupet à l'épreuve, et Carrière doit faire office de dernier défenseur pour stopper une énième pénétration aux abords de la surface. Quint et André nourrissent ce tir d'artillerie sous les vivas de la foule, qui ne siffle plus leurs échecs et venge sa frustration en cherchant les Lyonnais partout. Même Laspalles se sent pousser des ailes d'avant-centre (et non plus des centres de l'aile). Objectivement, les Canaris vendangent même beaucoup, mais leurs tentatives enthousiastes témoignent de la libération ressentie.
Malgré les changements tactiques à l'heure de jeu (Delmotte à la place de Deflandre, pour faire permuter un Chanelet perdu sur le flanc gauche, Luyindula et Née pour épauler Govou dans un 4-3-3 très santinien) et quelques séances de tricot devant la surface nantaise, les comptes resteront bloqués.
Son inconstance a encore coûté cher à l'OL, qui n'arrive pas à enclencher la même dynamique que l'an passé. Il lui a manqué de façon presque palpable la volonté nécessaire pour faire basculer le match quand il était encore temps. La large victoire à Guingamp avait été douchée par le nul de Bastia à Gerland, et c'est cette fois le carton marseillais qui n'a pas de suite. L'équipe a montré quel niveau elle pouvait atteindre, sans en recueillir les bénéfices sur le plan comptable, et l'écart avec Lens ne se réduit pas. Le spectre d'une saison sans titre se profile de nouveau, à moins d'un exploit en Coupe de l'UEFA…