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Neymar, prophète du foot décroissant

L’arrivée de Neymar au PSG, qui semble se confirmer, révèle surtout l’incohérence des supporters de football. Et s’il nous invitait, en fait, à cesser d’être schizos? 

Auteur : Rémi Belot le 2 Août 2017

 

 

Difficile de lister l’ensemble des critiques entendues depuis quelques semaines et l’annonce de la possible signature de Neymar au PSG. En vrac, on peut citer l’atteinte au fair-play financier, la dérive du football business à des sommets encore jamais atteints ou encore le caractère inédit de l’intervention d’un État souverain dans l’économie du football…

 

Il n’est pas question ici de savoir qui a tort ou qui a raison: tous ces arguments se défendent plus ou moins, et chacun hiérarchise son courroux en fonction de son échelle de valeurs. Pour autant, dans ce concert d’indignations, on découvre avant tout une forme d’incohérence, pour ne pas dire d’hypocrisie, chez une grande partie des observateurs et supporters de football.

 

 

 

Indignation à géométrie variable

Soyons clairs: si Frank McCourt, Jean-Michel Aulas ou tout autre président de club avait mis les mêmes montants sur la table pour recruter le Brésilien ou l’un de ses semblables lors de ce mercato d’été, nul doute qu’une grande majorité des suiveurs de chacun des clubs concernés aurait applaudi des deux mains. Que ces formations ne puissent pas économiquement réaliser une telle transaction ne change rien à l’affaire: la question, au fond, n’est pas celle de l’équité économique et sportive. Car voilà bien longtemps que cette notion cède sous les coups de boutoir du football business sans émouvoir outre mesure les supporters des clubs à qui cela bénéficie.

 

Prenons deux exemples, parmi tant d’autres: on a peu vu les Lyonnais s’emporter contre les prises de position de Jean-Michel Aulas lorsqu’il militait pour une répartition moins égalitaire des droits TV. Quant aux supporters de l’OM, pour beaucoup, ils ne concevaient pas de souci éthique particulier à ce que Robert Louis-Dreyfus investisse à fonds perdus dans leur club, en dépit de toute rentabilité économique, à la fin des années 90.

 

Disons-le tout net: la signature de Neymar ne révolutionne pas le modèle économique du football actuel, et ne justifie en rien un changement de paradigme. Elle n’est que l'aboutissement logique des évolutions navrantes des vingt dernières années: inflation exponentielle des transactions, montages financiers et fiscaux douteux, jeux d’influences et manipulations médiatiques… À la limite, concédons qu’elle puisse en être la caricature. Il n’en reste pas moins que l’exaspération, aujourd’hui, est avant tout à géométrie variable, selon les intérêts de son propre camp.

 

 

Pour un football décroissant

Il y a donc là une forme de schizophrénie flagrante chez la plupart des amateurs de football. Elle se cristallise d’ailleurs souvent pendant cette période de marché aux bestiaux estival, où les supporters guettent la moindre rumeur de transfert avec un appétit de Biafrais. Ces mêmes supporters, qui, bien souvent, verront d’un très mauvais œil qu’un joueur quitte leur équipe fétiche au bout de quelques mois seulement. Comment réclamer la fidélité au maillot quand on demande, dans le même temps, un perpétuel renouvellement de chair fraîche dans son club favori?

 

Cette dérive consumériste, au final, nous touche tous, dans nos comportements de supporters comme dans nos choix de consommation du spectacle sportif: quand il s’agit d’accumuler les abonnements aux chaînes à péage pour profiter d’une offre de matches XXL; ou lorsque nous dépensons chaque saison une année de baisse des APL pour arborer le maillot flambant neuf de notre team favorite. Chacun de ces choix cautionne la dérive ultralibérale du monde du ballon rond. Rien ne nous empêche pourtant, à notre échelle, de cesser de nourrir la surenchère ("plus de transferts dans mon club", "plus de foot à la télé", "plus de maillots dans mon armoire")…

 

Et si, paradoxalement, l’arrivée de Neymar au PSG nous invitait à nous convertir en consommateurs raisonnés, apôtres d’un football décroissant? 

Réactions

  • Toni Turek le 03/08/2017 à 05h13
    Un "football décroissant" ?
    Tout un programme.

    Quand on voit comment la notion de décroissance est généralement accueillie (au mieux, "OK pour consommer/produire moins... mais que les autres montrent l'exemple d'abord"), je crois que c'est un doux rêve.

    Pour un fan du PSG ou d'un foot français décroissant, combien voudront d'autres transferts à la Neymar pour remporter cette C1 qui fait faux bond et permettre au club ou à la L1 de briller sur la scène européenne ?


    Quand je pense qu'à l'époque j'avais tiqué devant la somme mise par le Bayern pour le transfert de Ribéry...!

  • Fugazi le 03/08/2017 à 07h38
    L'indignation à géométrie variable : oui, bon çà ne date pas d'aujourd'hui. On ne refera pas certains supporteurs et présidents de club. Aulas changera peut-être d'avis si à terme les performances du PSG permettent de faire grimper l'indice UEFA de la France au point de faciliter l'accès à la LDC de son club.

    Et malheureusement cette attitude n'est pas spécifique au football. Par rapport aux discussions politiques du moment, chacun s'offusque du moindre écart de favoritisme d'un représentant politique tout en recherchant pour soi-même un petit piston pour un job ou une faveur quelconque. On parle de la nature humaine, tout simplement. Le mot schizophrénie est un peu fort.

    Quant au mot décroissance, il est un peu balancé comme une tarte à la crème et juste (volontairement ?) provocateur le jour de l'arrivée du messie Neymar. C'est un sujet en soi, qui mérite une autre exposition qu'une simple mention en fin d'article et n'a pas vraiment de rapport avec le thème de l'indignation variable du début de l'article. Les exemples sont peut-être à tirer de certains clubs de foot anglais (FC United) ou du rugby amateur français.

  • Simon Jérémy le 03/08/2017 à 07h59
    Globalement d’accord avec l’article.
    En revanche, il n’aborde pas le point qui me « gonfle » le plus avec ce transfert, à savoir le côté soi-disant démesuré et fou.
    Tous les médias et autres rezosocio ne parle que du montant astronomique de ce transfert sans même :
    - Parler de la valeur intrinsèque du joueur (je ne l’apprécie guère, mais c’est p-e le meilleur joueur actuel, d’un tout autre calibre à mon sens que Ibrahimovic)
    - Et surtout sans parler du fait que ce transfert est probablement économiquement rentable : le gonz a quand même de grande chance de faire franchir un cap au PSG en Ligue des Champions (là encore, bien plus qu’un Ibrahimovic à mon sens) et surtout le montant du transfert sera amorti par les gains marketing et merchandising ainsi générés. Mettre 200 brouzoufs sur Neymar, c’est un investissement, pas un craquage de slip. Il y a une part de risque non négligeable, certes, surtout quand Neymar va perdre son genou sur un terrain gelé à mi-décembre, mais c’est aussi la possibilité de 1/changer de statut pour le club et de ne pas rester un Man City bis 2/générer du pognon dans les grandes largeurs
    Plutôt que de s’offusquer du montant du transfert, j’aimerais que les médias grattent davantage du côté du financement, des subventions, du montant délirant des droits TV, du bénéf sur les produits dérivés (pour le coup, bien vu l’anecdote sur le maillot en fin d’article) et les maillots non réplica à 70€ et les réplicas à 120€… (pour le coup, l’article le souligne dans le côté « caricatural » du transfert, il est 100% raccord avec le modèle économique actuel)
    Et enfin, je n’ai aucune sympathie pour le PSG, et encore moins pour le Qatar, mais le discours sur le FPF de la Liga et du Barça m’est clairement insupportable. Bien content qu’un nouvel arrivant parvienne à faire bouger les lignes (en plus clairement à 25 piges, c’est un vrai bon coup).

    Bref, j’enfonce une porte qui est largement ouverte ici.

  • gurney le 03/08/2017 à 09h09
    On peut toujours compter sur les cahiers pour pondre un petit article à la rescousse du PSG verson qatari.
    Depuis "le psg a fait une excellente saison" de 2012, on a là un vrai parti pris éditorial !
    Et comme souvent, les articles s'appuient sur la mauvaise foi de JMA pour transformer l'essai.

  • Lucho Gonzealaise le 03/08/2017 à 09h20
    Simon Jérémy
    aujourd'hui à 07h59
    ----------

    Ton commentaire vient surtout de me rappeler violemment à quel point le transfert de Neymar est le symbole de l'incompétence sportive du PSG sous QSI.

    Prenons les exemples de l'Atletico Madrid et du Borussia Dortmund, 3 finales de C1 à eux deux durant les années QSI. Avaient-ils un joueur de la trempe de Neymar dans leur équipe ? Non, au mieux pourrait-on comparer le Götze de l'époque avec Di Maria et Lewandowski avec Ibrahimovic ?

    Je comprends bien l'idée qu'il est urgent de gagner la Ligue des Champions pour les qataris. Mais ils auraient pu s'économiser ce transfert en étant cohérent les cinq dernières années, en recrutant intelligemment par une cellule de recrutement et un DS efficaces, en nommant un entraîneur charismatique capable de transcender un groupe derrière lui, en appliquant une politique salariale cohérente, en ayant un président suffisamment intelligent pour éviter de créer des tensions dans le vestiaire en se mêlant trop de la vie de ses joueurs, en s'assurant que les supporters feront le plus de bruit possible et pourront aider à renverser un match.

    En fait, en voulant gagner la Ligue des Champions le plus vite possible, on connaît l'histoire, QSI a dépensé sans compter alors qu'il l'aurait peut-être déjà décroché en bossant intelligemment. On est quasiment sur le lièvre et la tortue. Mais Manchester City a mis 10 ans a le comprendre en finissant par prendre Guardiola, le PSG est loin d'être le plus ridicule dans l'affaire.

    Pour en revenir au post sur lequel je réagissais :
    - Si on ne retient que le sportif pour justifier le recrutement pharaonique de Neymar, c'est donc une preuve de l'incompétence des dirigeants parisiens de l'ère QSI.
    - Si on ne retient que l'aspect extra-sportif par contre, c'est une preuve de la politique de communication voulue par les qataris pour redorer leur image depuis qu'ils sont là, et c'est limite plus cohérent.

  • Di Meco le 03/08/2017 à 09h36
    Donc en gros, si on émet des critiques concernant ce transfert, c'est qu'on est des supporters jaloux d'un autre club. Ça valait le coup d'en faire un article.

  • l'homme de la pampa le 03/08/2017 à 09h42
    gurney
    aujourd'hui à 09h09
    - - - - -
    Heureusement que tu es là, seul contre tous, pour faire entendre la voix de l'objectivité, la seule, la vraie.

  • Tonton Danijel le 03/08/2017 à 09h52
    gurney
    aujourd'hui à 09h09

    On peut toujours compter sur les cahiers pour pondre un petit article à la rescousse du PSG verson qatari.
    - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

    C'est rigolo parce qu'il y a quelques années (au lendemain de l'exploit contre le Real en huitièmes de finale de LdC, notamment), on accusait les CdF d'être trop pro-Lyonnais.

    Sinon, l'article dénonce surtout les sommes de plus en plus folles mises sur les transferts, de manière globale. Et c'est rigolo (bis) de voir les représentants de la Liga s'insurger d'un marché qu'ils ont eux-mêmes grandement contribué à déréguler.

  • gurney le 03/08/2017 à 09h56
    l'homme de la pampa
    aujourd'hui à 09h42
    Disons que sous 5 ans de qatarisme aigüe, on a eu beaucoup moins d'articles apportant des perspectives critiques autour de Nasser que sur le règne lyonnais.
    Et pour le coup j'ai pas non plus souvenir d'avoir lu un article expliquant que l'apport de Pathé et de Seydoux à l'OL ne changeait rien, ou que non Lyon ne detruisait pas la L1 comme on l'entendait souvent à cette époque.
    A la place on avait plutôt des articles qui nous expliquait pourquoi on était détesté et ce qu'il faudrait faire pour que ça change.

    Mais bon, j'imagine que la suprématie parisienne gène moins. Il y a quelque chose de logique.
    On dans un pays centralisé, c'est normal que le foot reflette ça, même si ça prend du temps et beaucoup de centaines de millions d'euros.

  • Tonton Danijel le 03/08/2017 à 10h08
    Tu exagères, gurney. Jamel a souvent exprimé des positions très critiques vis-à-vis du PSG, sur le blog "Une balle dans le pied" ou sur Politis.

    En fait, les articles du CdF reflètent souvent les prises de position de leur auteur. Jamel a les siennes, Rémi Belot en a d'autres.

    Là où je rejoins l'auteur, c'est qu'il est amusant de voir de nombreuses victimes se plaindre d'une situation qu'ils ont, chacun à leur tour, progressivement contribué à installer. J'aimerais vraiment que cette bulle éclate, peut-être que cela arrivera le jour où on réalisera que ces sommes n'ont aucun sens. Mais bon, j'ai pas trop envie de compter sur des présidents de club qui s'offusquent surtout parce qu'ils n'ont pas les mêmes moyens.

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